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Le pardon divin
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Chapitres

Prologue Les yeux rivĂ©s sur l'Ă©cran de mon ordinateur, je contemple l'une de ses photos, ses prunelles qui enfiĂšvrent, ses lĂšvres gourmandes qui soustraient du monde sensible, ses courbes gracieuses qui enflamment. C'est moi qui avais pris cette photo. Nous Ă©tions Ă  Akouango Village (site touristique au Nord de Libreville). Je me surprends Ă  sourire, les souvenirs affluent dans ma mĂ©moire. J'entends sa voix aux notes chaudes qui ensorcellent, je sens sa fragrance naturelle et ses doigts se promener sur mon visage pour m'apaiser, me caresser. Quelqu'un a dit qu'on ne peut aimer vĂ©ritablement que ce qui vous domine, une femme qui nous soumet par sa beautĂ©, son tempĂ©rament, son esprit et sa volontĂ©, une femme qui agit en despote envers nous et ce ne sont pas que des mots... Je l'ai vĂ©cu et je ne peux vous dire si je suis sorti indemne de cette expĂ©rience. Ma femme m'appelle de sa voix fade, me tirant ainsi de ma rĂȘverie. Elle a sommeil et ne veut pas s'endormir sans moi. Moi aussi j'ai sommeil et je ne veux pas m'endormir sans elle. Je ne parle nullement de ma femme, je parle de cette femme Ă  qui j'Ă©tais dĂ©vouĂ©, cette femme qui a dĂ©cidĂ© de me libĂ©rer de son emprise. A t-elle un autre homme dans sa vie ? Je suis pris d'un vif sentiment de jalousie en y pensant. Je devais ĂȘtre le seul homme qui appartenait Ă  Mona. A contrecƓur, je rejoins mon Ă©pouse. La vie me contraint Ă  me contenter de ce que j'ai Ă  portĂ©e de main. Je referme mes bras sur elle et mes pensĂ©es se tournent vers Mona, ma Mona. Qu'est-ce qu'elle me manque ! Quelle est cette femme qui m'obsĂšde, pour qui je vendrais mon Ăąme avec majoration sur le prix ? Je ne connais malheureusement pas toute sa vie. Elle ne m'en a livrĂ© qu'un bout, un bout que je chĂ©ris. J'ai maintenant excitĂ© votre curiositĂ© et il faudrait que je la satisfasse. Venez donc, entrez dans le monde de Mona et vous, femmes, rĂ©jouissez vous de votre nature, vous auriez succombĂ© comme moi si vous Ă©tiez du sexe opposĂ©.

Chapitre 1 01

Episode n°1

[Kayvon]

Je sors de la salle d'eau, marque un arrĂȘt. Il y a du bruit en provenance de la cuisine. Inutile de me demander qui s'y trouve. Nous ne sommes que deux dans le studio. Je l'entends parler. Il Ă©tait trois heures quand je quittais la chambre. Avec qui peut-elle bien discuter Ă  pareille heure ?

Je suis assis sur le lit quand elle entre dans la chambre.

Elle : Ça va mon beau ?

Je ne réponds pas sur-le-champ. Je me laisse bercer par le timbre de sa voix si ensorcelante.

Moi : Oui, je me suis levé pour uriner et tu n'étais pas dans le lit.

Elle : J'Ă©tais Ă  la cuisine.

Moi : Avec qui discutais-tu ?

Elle, me regardant droit dans les yeux : Avec personne.

Moi : Mona, ne me prends pas pour un con!

Elle : Et toi, ne me prends pas pour une menteuse.

Moi : Alors dis-moi avec qui tu parlais.

Elle : Je parlais toute seule. Ça m'arrive de le faire depuis la mort de Perle (sa meilleure amie) et si tu veux savoir ce que je faisais debout à cette heure, sache que j'ai fait un cauchemar mais. Je me suis rendue à la cuisine pour boire un verre d'eau.

Moi : Tu veux en parler ?

Elle : De quoi ? Ma conversation avec moi-mĂȘme ? Pfft !

Elle s'étend sur le lit, me tourne le dos. Je pose ma main sur sa hanche et elle me demande de la retirer. Je me tourne et me retourne dans le lit. Savoir que je l'ai froissée ne m'aide pas à trouver le sommeil. Elle se rapproche de moi. Elle sait ce dont j'ai besoin.

Je lĂąche un gĂ©missement quand je sens ses douces mains sur «ma famille». Elle fait un long monologue avec le frĂšre aĂźnĂ© avant d'inclure les sƓurs jumelles dans la conversation. Elle accĂ©lĂšre ses mouvements et je l'encourage Ă  continuer.

Elle fait de moi ce qu'elle veut et j'aime ce qu'elle fait. 08, 09, 10, 11 minutes... Je suis ivre de plaisir. Elle pose sa tĂȘte sur mon torse, Ă©coute le rythme saccadĂ© de mes battements cardiaques.

Elle : Merci.

Moi : Pourquoi ? C'est Ă  moi de te dire merci.

Je passe mes doigts dans ses longues tresses.

Elle : Je suis une femme Ă©panouie avec toi.

Perle serait encore de ce monde si elle était tombée sur un homme comme toi. Je...

Moi : Je sais que tu m'aimes ma chérie.

Je l'embrasse avant d'essuyer les larmes sur ses joues. La perte de son amie date d'il y a neuf mois mais elle en souffre encore.

Je la contemple dans son sommeil. Qu'est-ce qu'elle est belle ! Qu'ai-je fait pour mĂ©riter l'attention d'une beautĂ© pareille ? Je ne suis ni riche ni un canon de beautĂ© masculine. Je suis un homme ordinaire aimĂ© d'une femme exceptionnelle. Je l'embrasse dĂ©licatement avant de sourire. J'aime cette femme plus que moi-mĂȘme...

[Mona]

Ouf ! Il s'est enfin endormi. Je m'écarte délicatement de son corps, vérifie que ses yeux sont bel et bien fermés avant de me rendre au salon.

Il doit ĂȘtre encore debout. Pensais-je en lisant l'heure sur mon tĂ©lĂ©phone.

Je le bipe. Un sourire se dessine sur mes lĂšvres quand il me rappelle l'instant d'aprĂšs. Pendant une heure, nous parlons de choses et d'autres, Gil et moi. Il a hĂąte de rentrer, de me serrer dans ses bras. J'ai aussi hĂąte qu'il rentre de cette mission Ă  Londres. J'espĂšre qu'il ne repartira pas avant un semestre. J'ai besoin qu'il soit continuellement Ă  mes cĂŽtĂ©s. Quand il n'est pas lĂ , je ne suis plus la mĂȘme, je fais des choses folles comme sortir avec des idiots comme Kayvon.

Notre premiÚre rencontre a eu lieu, il y a trois mois. Gil venait de partir pour une éniÚme mission à Londres alors qu'il n'était rentré que depuis deux semaines. J'étais trop mal. J'ai donc fait un tour au Topaz et c'est là-bas que j'ai rencontré le personnage atypique qu'est Kayvon. Nous avons discuté tout en sirotant nos verres, la semaine suivante, j'acceptais son invitation à déjeuner dans un restaurant à la portée du Librevillois de base. Un mois plus tard, il réclamait la chaleur de mon corps contre le sien. Je ne lui ai accordé le privilÚge qu'il y a deux semaines.

Mon chĂ©ri revient Ă  Libreville dans une semaine et il faut que ce musicien ivoirien sorte de ma vie au plus vite. Je dois me sĂ©parer de lui mais je ne veux pas ĂȘtre la mĂ©chante de l'histoire, celle qui s'amuse avec les sentiments et tout. Je n'aime pas les regrets et pour cela, je ne me mets jamais en situation de tort.

Demain, il faut que je trouve un stratagÚme avec Ursule, mon amie et accessoirement collÚgue, pour me débarrasser de ce Kayvon, hyper dépendant de moi mais je le comprends. Omeki Okufi (tu as goûté, tu es mort en lingala). C'est Ursule qui m'a appris cette phrase.

La femme que je suis ne laisse aucun homme indiffĂ©rent. Quand on a ne serait-ce qu'effleurer ma joue, on ne peut s'imaginer s'arrĂȘter lĂ . C'est ce qui s'Ă©tait passĂ© avec Kayvon.

** Cinq jours plus tard **

J'ouvre grand les yeux, veux m'Ă©tirer mais des bras vigoureux refermĂ©s sur mon corps m'empĂȘchent de le faire. Je reste quelques minutes dans cette position avant de me dĂ©cider Ă  le rĂ©veiller en douceur. Un quart d'heure plus tard, il me prend dans ses bras direction la salle d'eau. Durant le petit-dĂ©jeuner, il me parle de son programme de la journĂ©e que je fais semblant d'Ă©couter. Sa vie et ses spectacles musicaux ne m'intĂ©ressent pas.

Il quitte mon studio non sans m'embrasser langoureusement. Je me rue sur mon téléphone dÚs que je suis seule. Un large sourire se dessine sur mes lÚvres. Mon Gilou m'a envoyé un tendre message.

Quoi ? Qui n'a jamais eu deux « dossiers » sous le coude en mĂȘme temps ? ArrĂȘtez ça ! Pourquoi ce ne serait que les hommes qui auraient le monopole de la « gestion » sentimentale ? Votre Kayvon lĂ , il peut me gĂ©rer sur le long terme ? Il a les reins et les poches solides ? Vous ĂȘtes lĂ  Ă  me traiter de tous les noms d'oiseaux, vous me connaissez ? Tchiiip ! Pour la peine, je ne me prĂ©sente pas ! Puisque vous m'avez dĂ©jĂ  cataloguĂ©e, continuez Ă  dealer avec « votre » Kayvon, et moi je gĂšre ma vie. Dans la paix ooh !

Bon, il faut que je me presse, j'ai mon rendez-vous au Spa Yacine pour mon Ă©pilation intĂ©grale et mes soins, je dois ĂȘtre top pour le retour de Gil !

Brrrbrrrr...

Moi : Allo ?!

... : Salut mon bébé !

Moi : Je t'Ă©coute.

... : ma puce, tu vas me bouder encore longtemps ?

Moi : C'est tout ce que tu as Ă  dire ?

... : ChĂ©rie, arrĂȘte s'il te plait. Tu me manques...

Moi : Tchiiip, tu me perds le temps ! Bye!

Clic! Pfff! No sense. Donc lui il pense que j'ai son temps en ce moment ? N'importe quoi !

Ping !

Je parie que c'est lui qui est passé au message... «Dis-moi ce que je dois faire pour que tu me pardonnes. Je ne te demande pas grand-chose, juste te voir, le temps que tu voudras... Ton esclave !»

Kiakiakiakiakia ! Pathétique ! Mieux je vais à mes soins. Je passe une heure à me faire dorloter, à entourer mon corps de soins rien que pour mon Gilou. Plus que deux jours et il sera dans mes bras. Je lui ferai savoir combien il m'a manqué...

Ma messagerie vocale est saturée quand je quitte le spa. Nul besoin de vérifier qui a essayé de me joindre. Je ne vais pas m'étendre sur le cas de «mon esclave ». J'ai d'autres choses plus importantes à faire.

Un taxi emprunté et je me retrouve à l'immeuble d'Ursule. Elle habite un deux-piÚces à Louis.

Nous travaillons à BGFIBANK depuis quatre ans. Elle est assistante chargée du recrutement et moi responsable du recrutement au pÎle sous régional du Groupe. Elle n'est en charge que de la premiÚre étape des recrutements. Le reste c'est moi qui m'en occupe. Elle a intégré le Groupe un an avant moi mais j'ai changé de grade avant elle.

Qui parle de promotion-canapé ? Vous me prenez pour qui ? Désolée de vous décevoir mais je ne mange pas de ce pain-là. Il n'y a que mes compétences qui m'ont permis d'accéder à ce niveau. Rien de plus, rien de moins.

Je la suis jusqu'Ă  sa cuisine oĂč elle me sert un verre de djino. Nous devisons avant d'aborder le pourquoi de ma venue. Elle secoue la tĂȘte quand je le lui annonce. Va-t-elle me dire non ?

Elle : Mona, ma rupture d'avec Léonce est encore récente. Je ne me sens pas apte à feindre des sentiments.

Moi, avec une douce voix : Susu, j'ai besoin de toi.

Elle : Mais pourquoi tu ne lui dis pas clairement que tu veux mettre fin Ă  votre relation ?

Moi : Je ne veux pas me sentir coupable. Les hommes sont ceux qui trompent et qui bafouent les sentiments. Pourquoi changer la rĂšgle ?

Elle : Et moi dans tout ça ?

Moi : Ça pourra t'ĂȘtre utile.

Elle : Ah bon ?

Moi : Bien sûr que oui... je vide mon verre, le dépose sur le plan de travail... Ta vie est trop monotone, Susu. Mets-y un peu de folie. Tu vieilliras moins vite.

Elle : Tchippp

J'Ă©clate de rire.

Moi : Kayvon est un mec sympa. Je l'aurais gardé si je n'étais pas aussi amoureuse de Gil.

Elle : Quand revient-il déjà ?

Moi, toute excitĂ©e : AprĂšs-demain. J'ai hĂąte... je lui prends les mains... Rends service Ă  ta copine, Susu. Je ne te demande pas de coucher avec lui. Juste essayer de lui faire croire qu'il t'attire. Tu organises un rendez-vous avec lui et on s'arrangera pour que je vous attrape en train de vous embrasser. Ne fais pas cette tĂȘte. Ses baisers sont dĂ©licieux. Tu ne regretteras pas. Tu veux que je te donne du temps pour y rĂ©flĂ©chir ?

Je le demande sur un ton implorant.

Elle : Non ça va mais c'est la premiÚre et la derniÚre fois que je le fais.

Moi : Tape ici. Dis-je en levant mes mains vers elle. Je te le revaudrai, sois en sûre.

Elle : J'espĂšre bien. DĂ©jĂ  que je ferai un effort pour ĂȘtre en prĂ©sence de ce Kayvon.

Moi : T'exagÚre. Ne te fie pas aux apparences. C'est un homme qui prend soin de lui. Que fais-tu de ta soirée ?

Nous bavardons encore un peu avant d'aller dĂźner Ă  l'Odika, un restaurant situĂ© dans son quartier. Ursule ne s'offusque pas lorsque je me charge de rĂ©gler l'addition, je l'ai invitĂ©e alors c'est Ă©vident que je paye. Je reçois un message de Kayvon lorsque je rejoins mon appartement, message auquel je ne prĂȘte guĂšre attention. Je lui ai assez donnĂ© de mon temps aujourd'hui.

****

Le jour tant attendu est enfin arrivé. J'éteins mon ordinateur, ferme mon bureau avant de quitter les locaux de l'Agence en fredonnant un air d'Arielle T (http://youtu.be/JazlhVmiNJA).

Je passe une heure aux fourneaux avant d'aller prendre une douche parfumĂ©e. J'applique ma crĂšme de corps qui satine ma peau avant d'enfiler mes sous-vĂȘtements immaculĂ©s. Gil adore me voir en blanc. J'hĂ©site entre mettre une robe ou une jupe qui dĂ©voilerait mon physique callipyge.

Une heure puis deux passent. Recroquevillée dans la causeuse, je ne cesse d'envoyer des sms à Gil. J'ai essayé de le joindre mais sans succÚs. Je commence à angoisser. Nous avons échangé hier au téléphone et il m'a assuré qu'il rentrerait aujourd'hui.

Pourquoi ne m'appelle-t-il donc pas ? OĂč est-ce qu'il peut ĂȘtre ? Mon ventre se met Ă  gargouiller. Je me dirige vers la cuisine, dĂ©pitĂ©e. Et moi qui rĂȘvais d'un dĂźner Ă  deux. Pfft !

Je réchauffais le dßner quand j'entendis sonner. Je me presse d'aller ouvrir et là...

Continuer

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