Yvan est un brillant entrepreneur animé par un esprit de bravoure et le désir de transmettre le bonheur à sa descendance. Menant une vie tranquille avec sa famille, ce dernier se doute qu'un incident majeur viendra perturber cet équilibre qu'il chérit tant, au moment où il s'y attendra le moins. Toutefois, une rencontre et une opportunité le ramèneront à ses jours heureux et lui feront devenir l'homme qu'il a toujours voulu être. À PROPOS DE L'AUTEUR Avec Catherine, Claude Grabier rend hommage à un ami qui a connu la joie, la peine et l'envie de se reconstruire.
Catherine
Au moment où l'on s'en doute le moins, on est rattrapé par le naturel de la vie. Catherine ma femme m'apportait tout ce que l'on peut attendre de la vie à deux, puis trois. L'aisance d'une part, la solidité de notre affaire, son petit job à elle pour le cas échéant, se retrouver mieux si un mauvais coup du sort avait été jeté. L'insouciance complète, la vie qui se déroule tranquille sans trop de souci du lendemain. Il est vrai que nous avions, elle comme moi, nos idées qu'on n'exprimait jamais en public. Les seules expressions que nous pouvions échanger sans hésiter c'étaient modestement les voyages et le goût de lectures diverses. Le sport tenait une grande place dans la famille. Elle adorait nager et courir. Nous laissions les intéressés par d'autres centres d'intérêt se défouler ailleurs. Nous étions loin des conversations, surtout politiques, celles-là nous les gardions secrètement pour nous. Cependant, nous avions entre nous des échanges sur la bonne marche de notre couple. Notre souci permanent, élever notre fille vers des valeurs très saines. Enfin, le bonheur tel que quelques années auparavant nous en avions rêvé. Aujourd'hui, je dirais presque de l'égoïsme pleinement vécu. Nos familles respectives ne se souciaient plus de nous. Ses parents, militaire de haut rang pour le papa, une maman digne dans ses relations, une sœur d'un an son aînée et un frère plus jeune qui avait adopté l'armée comme carrière. Les relations n'étaient pas tendues, simplement discrètes et courtoises. Mes parents, fortunés, issus de la bourgeoisie, nous avaient, mon frère plus jeune et moi, éduqués avec les principes religieux catholiques de l'époque. Ils nous avaient légué un confortable patrimoine nous invitant à la prospérité. Ils vivaient en retraités jusqu'au jour où dans un avion, ils ont perdu la vie en se rendant en Corse. Mon père nous avait déjà délégué ses pouvoirs. Il dirigeait une entreprise de travaux publics nationalement connue et internationalement appréciée. Nous en avions repris la direction en association avec mon frère.
Lorsque j'ai rencontré Catherine, mon futur beau-père n'envisageait pas ce mariage pour sa fille. Il aurait souhaité qu'il y ait une continuité dans l'armée. Je la chahutais quelques fois en lui disant que j'avais terminé mon service militaire caporal et pas général.
Heureux, nous l'avons été pendant vingt ans. Pas d'ombre au tableau, elle supportait mes incartades sportives mais saines avec le club de rugby et ses sorties souvent festives, elle m'accompagnait dans les rencontres et participait par le fait à ces loisirs de gens qui n'ont pas de soucis particuliers. Nous nous étions connus justement au cours de ces entrevues qui se produisaient pour la prospérité du club et souvent en tant que chef d'entreprise. La caserne était pour le club un réservoir de joueurs. Les jeunes qui arrivaient étaient souvent pris en charge dans les casernes, jouissaient d'une certaine liberté pour venir jouer. C'était la raison pour laquelle l'armée nous les conservait le temps du service.
Nous sommes en vacances, il y a la fête autour de nous et nous en profitons largement. C'est au ski, après une chute, que commença le petit trouble à notre édifice. Catherine se plaignait par moments de douleurs dans l'estomac, le ventre, sans beaucoup de violence mais toujours un petit malaise. Elle était courageuse et résistait bien à tous ces petits bobos de la vie. Nous étions jeunes, enfin un couple bien dans sa peau. Nous avions juste passé la ligne qui nous amenait à la quarantaine. Tout allait pour le mieux, à part ces petites douleurs qui passaient vite mais sur le moment devenaient fulgurantes. Nous avions eu un enfant, une fille, elle a fait notre bonheur. À cause de ses maux de ventre, nous n'avons pas voulu tenter le doublé. Nous avions depuis très longtemps une famille vivant d'une façon très confortable. Le désir d'entreprendre, et chaque fois avec réussite, nous avait amenés avec mon frère à une condition de vie très confortable. Notre dernière entreprise nous avait invités à un investissement plus conséquent mais combien confortable dans nos projets de vie. Nous étions l'équipe gagnante au-delà de nos espérances. Mon frère, qui était vraiment mon binôme, s'entendait à merveille avec moi. Marié lui aussi, il avait le bonheur d'avoir deux enfants. Sa femme, comme Catherine, avait un emploi sécurisé dans le secteur scolaire. Professeurs toutes les deux, elles défendaient leur milieu éducatif avec des justificatifs amusants, mais souvent pertinents. Elles voulaient surtout participer avec la collectivité publique, organisant des rencontres festives au sein de leur établissement. Elles étaient aussi les actrices de la décision dans le courant de cette vie avec des idées féministes très aiguisées. La grande lutte contre la violence dans les couples. Elles avaient à toutes les deux créé un centre d'accueil et d'éducation pour assurer la sécurité aux victimes de ses outrages. Notre fille, nous l'avions accompagnée le plus longtemps possible et lâchée lorsqu'elle avait désiré rentrer dans le monde du travail. Nous l'avions encouragée dans ses études, elle a été suffisamment sérieuse pour réussir ses examens. Elle a trouvé un emploi qui lui convenait dans la comptabilité et la gestion d'entreprise. Nous avions souhaité qu'elle ait une expérience étrangère à notre groupe. Tout roule pour nous tous. Tout nous paraît merveilleux.
Comblés encore lorsque notre Isabelle a rencontré un petit copain. Ils sont autonomes, se suffisent, ont acheté une petite voiture. Ils nous rendent visite deux fois par mois. Daniel est son compagnon, la liaison dure mais évidemment avec maman, on souhaiterait le mariage, le vrai, pas le Pax comme il devient courant maintenant. J'ai un petit doute quand même sur leur relation. Je trouve Daniel un peu brusque, même dans ses propos il en arrive à un peu d'agressivité dans ses conversations. Il démontre aussi une instabilité insouciante qui nous contrarie un peu. Catherine me fait remarquer que je paterne un peu trop. Ma fille, pour moi, est intouchable. Un jour, je la rencontre, elle avait son entreprise dans le Bordelais, nous allons au restaurant ensemble. J'adorais ces moments où nous pouvions nous retrouver. J'avais dû venir régler une affaire commerciale dans sa région. Je l'avais trouvée bizarre mais enfin je me suis raisonné. Je sais, on me reproche suffisamment que ma fille est toujours mon bébé. Mais là, je l'ai trouvée triste, elle avait perdu un peu de son entrain et de son dynamisme. On le sait, avec la vie trépidante que l'on a aujourd'hui, il peut arriver que l'on manifeste moins de bonheur. J'ai insisté, je la connais trop bien. Entre nous, on ne se cache rien ou du moins rien de grave. Elle a la liberté de gérer son couple comme elle l'entend. On ne pouvait pas penser que sans donner mon avis je ne surveille pas cette liaison.
- Ma fille tu vas bien ?
Un peu agacée, elle me répond :
- Mais oui, enfin papa je n'ai plus quinze ans !
- Oui mais je te sens bizarre depuis ta dernière visite.
Ses yeux se sont tout à coup mouillés. À son regard, j'ai eu la confirmation qu'elle vivait un petit problème. Je n'osais pas trop insister, je lui avais tendu la perche, elle pouvait l'attraper. Elle avait toujours eu le droit de se piloter et elle le faisait très bien. Après tout, un petit dysfonctionnement dans le couple, ça arrive.
- Papa, juste un souci de couple, ne t'inquiète pas. Tu as bien dû connaître ça avec maman ?
- Bien sûr. As-tu besoin d'argent ? C'est souvent de là qu'arrivent les problèmes.
- Non, mais je te promets de te dire ce qui ne va pas. Pour le moment, je gère. Merci papa, promis, je t'aime et je te parlerai de mon souci, tu peux rassurer maman aussi. Comme je te connais, tu vas imaginer le plus négatif de notre relation et dramatiser la vérité alors que tout va bien.
Nous nous sommes quittés sur ces paroles. Je n'étais pas rassuré pour autant, cependant, j'étais prêt à lancer la bouée.
J'avais beaucoup d'occupations. C'était voulu, il me fallait me dépenser. J'avais joué au rugby, moyennement brillant mais assidu aux résultats. Arrivé à un âge où la rudesse des coups se faisait davantage douloureuse, je m'étais tourné vers l'entraînement des juniors qui répondait favorablement à mes conseils de jeu. Évidemment, avec l'entreprise c'était le parrainage. Très souvent, les fins de semaine nous promenaient dans les clubs voisins pour disputer les matchs de la série. J'avais besoin de ce défi. J'avais toujours l'envie de prospérer. Il me fallait constamment me perfectionner. J'avais un désir de création qui était permanent. Avec mon frère, nous avions eu la chance d'avoir des éléments de départ conséquents. Nous étions devenus un gros pool d'entreprise avec la modernisation qui avait suivi. Nous avions dans le même système formé nos employés pour satisfaire à nos résultats. Nous avions instauré une participation aux bénéfices et une gestion des cadres qui faisaient de nous le plus gros et moderne employeur de la région aquitaine. Nous avions également des ramifications dans toute l'Europe. Il fallait souvent partir en voyage d'affaires.
Toujours avec mon frère nous partagions ces moments pour ne pas rompre le climat familial.
Chapitre 1 No.1
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Chapitre 2 No.2
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Chapitre 3 No.3
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Chapitre 4 No.4
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Chapitre 5 No.5
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Chapitre 6 No.6
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Chapitre 7 No.7
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Chapitre 8 No.8
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Chapitre 9 No.9
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Chapitre 10 No.10
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Chapitre 11 No.11
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Chapitre 12 No.12
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Chapitre 13 No.13
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Chapitre 14 No.14
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Chapitre 15 No.15
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Chapitre 16 No.16
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Chapitre 17 No.17
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