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Ayé : Dans ma chÚre et dans mon ùme

Ayé : Dans ma chÚre et dans mon ùme

LENEY

5.0
avis
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17
Chapitres

C'est l'histoire d'une jeune fille maltraitĂ©e et abusĂ©e, prĂȘte Ă  tout pour obtenir une rĂ©paration Qu'en sera-t-il de son sort ?

Chapitre 1 Prologue

*Ayé, dans ma chair et dans mon ùme*

Prologue

*Calavi, BĂ©nin*

La lune ! Comme elle Ă©tait belle cette chose en forme de croissant qui illuminait Ă  elle seule tout un monde.

Toute heureuse, de pouvoir profiter de cette parenthÚse heureuse que l'absence de sa tante lui procurait, Abeni leva les mains en direction du ciel, les yeux fermés, savourant la brise fraßche de cette saison des pluies et l'éclat lumineux de l'astre dans la nuit.

Quand elle ne vendait pas ou ne servait pas sa tante, Abeni aimait bien venir dans ce coin de Calavi trĂšs peu habitĂ© profitant du calme et de la douceur contrastant avec le bruit auquel elle Ă©tait habituĂ©e. Et puis, cela lui rappelait un peu Parakou. La ville oĂč elle avait vĂ©cu, enfant avec ses parents avant qu'ils ne soient emportĂ©s dans ce tragique accident. Abeni Ă©tait perdue dans sa contemplation lorsqu'une voix la ramena Ă  la rĂ©alitĂ© :

-Cette ruelle à une heure aussi tardive n'est pas un lieu sûr pour une jeune fille innocente.

Parcourue d'un frisson et d'une sensation étrange et grisante, Abeni s'éloigna avant de faire volte-face. Elle se retrouva en face d'un homme noir, élancé, mince portant un jean et une chemise blanche avec sur ses lÚvres un sourire qui ne lui inspirait rien de bon.

-Hey ! Mais qu'est-ce-que tu fais Cheikh ! Allons plus loin, on trouvera mieux. Dit un autre homme depuis une voiture noire garée au beau milieu de la voie

-Non mec ! C'est la perle rare. J'ai un flair pour ces choses. RĂ©pondit le fameux Cheikh en faisant glisser son doigt sur la joue nue d'Abeni

Elle tenta de reculer puis d'entrer en mouvement de course quand il la pris violemment par le bras, lui arracha le petit voile qui cachait ses cheveux et son cou. Tendue comme un arc, Abeni trouva néanmoins le courage de parler :

-LĂąchez-moi ou je crie. Les gens vont sortir et vous tabassez !

Il ricana et pris Abeni par la taille de sorte à plaquer son corps contre le sien. La jeune femme tenta de se dégager et se mis à crier mais rien.

-Alors, tu comprends ma belle ? Il n'y a personne ici. Juste toi et nous. Je veux bien allez doucement si tu promets d'ĂȘtre sage pendant qu'on bosse. Dit-il contre son oreille en attrapant une de ses fesses

C'en Ă©tait trop pour Abeni. Elle se mit Ă  pleurer tout en essayant de repousser l'homme. Elle finit par le mordre trouvant ainsi une issue de secours pour au final se retrouver entre les herbes hautes et quatre autres types avec le mĂȘme regard pervers. Elle refoula en elle la peur de tomber sur des serpents ou d'autres animaux dangereux et se jeta dans les herbes.

- « Aie » lùcha-t-elle en se touchant la zone douloureuse

Son genou venait de rencontrer une pierre. Sans se soucier du sang qui coulait dĂ©jĂ , Abeni tenta de se lever pour partir Dieu seul sait oĂč mais loin.Inutile, deux bras aussi durs que le marbre l'avaient dĂ©jĂ  rattrapĂ©s. Elle se dĂ©battit encore un long moment mais elle su que c'Ă©tait peine perdue quand l'homme qui l'avait abordĂ© la dĂ©posa ou plutĂŽt la jeta sur la terre argileuse entourĂ©e d'un ensemble de murs avec des pores : une maison en construction. Il voulu lui Ă©carter les jambes mais Abeni se dĂ©battit : NON ! Jamais ! Ils n'avaient pas le droit. Pas ça. PitiĂ©, que quelqu'un arrive. Pensait-elle de plus en plus effrayĂ©e

-Tu as sans doute raison beauté. Une aussi belle femme que toi ne mérite pas qu'on y aille précipitemment. Adonis, je te laisse commencer ? Je sais que tu adores les grosses poitrines. Dit Cheikh en montrant ses dents blanches à Abeni

Abeni blĂȘmit Ă  cette Ă©vocation et entoura sa poitrine de ses mains :

-Tu as vraiment trouver la femme parfaite Cheikh. Je vais me régaler avec ce chaton. Dit le fameux Adonis en passant une langue sur ses lÚvres en signe d'appétit.

Abeni elle, sanglotait de plus en plus sous les rires de ces hommes.

Adonis saisit ses mains avec une violence infernale, usa de ce qui semblait ĂȘtre une lame puis dĂ©chira sans mĂ©nagement le haut d'Abeni ainsi que son dessous rĂ©vĂ©lant sa poitrine ronde, pleine et ferme. Il se mit Ă  y passer ses mains puis sa langue avant de les avaler tour Ă  tour mordillant de temps en temps la chair de la jeune fille qui n'arrĂȘtait pas d'hurler sous les youyous de ses compagnons.Deux autres passĂšrent malgrĂ© les larmes d'Abeni ne s'arrĂȘtant que quand la peau de la jeune femme menaçait de libĂ©rer du rouge puis ce type, Cheikh, se plaça au dessus d'elle, souleva sa jupe puis dĂ©chira ses collants et son slip en coton :

-Regarde-moi ma belle. Regarde-moi dans les yeux.Tu vas adorer. Tu verras que c'est comme de recevoir un bonbon. Et puis, tu n'allais pas rester Ă©ternellement Vierge Sainte Marie. Dit-il en prenant son visage en coupe et en souriant face Ă  la peur et Ă  la douleur qu'il lisait dans son regard.

C'était si beau ! Une vierge sans défense, les yeux larmoyants qui invocait un Dieu qui bien entendu n'interviendrait pas pour que lui Cheikh Bah ne lui prenne pas son innocence. Dans une autre vie, il aurait pu ne pas le faire mais là, il avait besoin de cette fille. Il devait se libérer à tout jamais de cette pauvreté qu'il avait connu à Conakry et à ses débuts à Cotonou :

-Vous pouvez commencez les gars.

Comme un seul chƓur, les autres se perdirent dans un laĂŻus dont eux seuls avaient le secret au moment oĂč d'un puissant coup de rein, Cheikh dĂ©chirait Abeni. Il ignora ses cris et se mit Ă  bouger en elle libĂ©rant sa rage contre la vie. La vie qui l'avait fait naĂźtre pauvre, la vie qui avait fait que sa copine l'ait abandonnĂ© parce qu'il n'avait pas trouvĂ© de travail plus dĂ©cent que vendeur ambulant de portables, contre toutes ces portes fermĂ©es, contre ce monde injuste:

-Cheikh, Cheikh, calme-toi, elle saigne trop. Tu vas finir par la tuer. Disait son ami Adonis

Cheikh l'ignora se vengeant sur Abeni jusqu'à libération de sa semence en elle. Il se retira, se plaça au-dessus d'elle, prÚs de sa bouche qui tremblait et était mouillée de liquide transparent salé, lui ouvrit violemment les lÚvres l'obligeant à accueillir son membre en elle :

-Allez. Je t'offre un petit cadeau. Goutte. Goutte ma belle. Si tu savais Ă  quel point tu es magnifique ainsi : nue avec juste quelques lambeaux de vĂȘtements sur la peau, les jambes et les lĂšvres bien Ă©cartelĂ©es, toute ensanglantĂ©e et les larmes aux yeux comme un petit agneau immolĂ©. Tu es sublime ! J'ai tellement envie d'immortaliser ce moment. Ah tu as une si belle gorge. Je te prendrais toute ma vie mais bon, le rituel doit se poursuivre.

Les autres hommes passÚrent tour à tour entre les jambes d'Abeni comme des enfants à la cantine avant de l'abandonner là : seule, nue, sans défense, lasse et surtout vide.

Abeni sanglota pendant une Ă©ternitĂ© avant d'ĂȘtre libĂ©rĂ©e de ce lieu sordide par deux bras. Elle finit par tomber dans un profond sommeil qu'elle espĂ©rait Ă©ternel...

****

*Au réveil d'Abeni*

Tout Ă©tait flou. Une douleur vive lui vrillait les tempes. Elle n'avait qu'une envie : mourir. Mais non, elle distingua une silhouette : sa tante.

-Ah ! Dr, Abeni s'est réveillée. Venez voir. Dit cette derniÚre en se penchant au-dessus d'elle

Un homme en ensemble pagne fit son entrée et tenta d'approcher Abeni mais elle replia aussitÎt les jambes et se remit à pleurer et à hurler en agitant les mains:

-Ne m'approchez pas...ne me touchez pas...nooon

-Mais c'est quoi ton problÚme Abeni ? Ce docteur veut simplement t'aider. C'est lui qui t'a retrouvé et t'a sauvé. Dit la tante en secouant vivement sa niÚce

-Non, ça va tantie. Je vais appeler ma collĂšgue. Abeni est encore trop fragile. Il ne faudrait pas la brusquer. Ça ira. Ne vous en faĂźtes pas. RĂ©pondit le mĂ©decin en dĂ©taillant la jeune fille avec pitiĂ©

C'est alors qu'Abeni se souvint de tout. De tout ce qui s'Ă©tait passĂ© cette nuit. De leurs mots, de leurs gestes, de la douleur, du sang, de ses vĂȘtements en lambeaux...Non ! Non !

-Noooon. Noon, ce n'est pas possible. Nooon. Iyaaaaa (maman). Hurla-t-elle en larmes

Elle se redressa vivement tirant sur ses cheveux, se griffant, pleurant encore et encore.

Une nuit. Une seule nuit et tout avait volé en éclats. Elle se sentait sale. Elle avait peur. Elle avait mal. Une douleur terrible dans tout son corps.

***

Abeni passa quelques jours encore à l'hÎpital. Un peu plus calme sauf en présence de mùles mais toujours aussi vide.

De retour, chez sa tante, elle se renferma entiĂšrement. La seule chose qu'elle faisait, c'Ă©tait pleurer.

Pourquoi dans ce monde ce sont toujours les bonnes personnes qui souffrent pendant que les mauvais sont heureux ?

Abeni se lamentait une fois de plus cette nuit ne trouvant guÚre réponse à cette question quand elle sentit une chaleur un peu trop forte et une odeur de fumée.

Prise d'un frisson soudain, Abeni sortit de son lit et réveilla sa cousine qui dormait sur le lit :

-Moumina, quelque chose ne va pas. Il faut qu'on prévienne tante Kara.

-Abeni, laisse-moi dormir encore un peu. Il fait simplement chaud. Tu devrais dormir aussi. Dit sa cousine avant de se retourner dans son lit

Abeni sortie néanmoins de la chambre pour se retrouver en face d'un mur de flammes grandissant:

-Non non non nooon. Pas ça s'il vous plaßt.

Elle retourna dans sa chambre pour rĂ©veiller sa cousine mais c'Ă©tait peine perdue. AffolĂ©e, elle ouvrit les fenĂȘtres en mĂ©tal puis chercha un objet pour les briser et s'Ă©chapper tout en criant pour que quelqu'un vienne lĂ  libĂ©rer des flammes. Abeni en pleurs hurla sans jamais s'arrĂȘter de cogner contre les costras mais personne ne venait. Personne comme la derniĂšre fois.

***

* Deux semaine plus tard*

*Parakou, BĂ©nin*

-OĂč suis-je ? OĂč est tante Kara ? Moumina ? Zakia ? Ali ? Karim ? OĂč sont-ils ? Dit Abeni en ouvrant les yeux et en croisant un plafond de bĂ©ton blanc qui n'avait rien Ă  voir avec le plafond boisĂ© de la maison de sa tante

Elle tenta de se redresser mais elle avait mal partout. C'est lĂ  que malencontreusement, un de ses doigts rencontra quelque chose de liquide, visqueux, douloureux et puant.

Prise d'une nausée de dégoût, Abeni remonta son doigt pour découvrir qu'il y avait beaucoup de liquide et de creux douloureux sur son corps :

-Ce n'est pas possible Seigneur. Quelle est cette nouvelle punition ? Encore un cauchemar ?

-Calmez-vous. Je suis Lina Okereke. C'est moi qui vous ait retrouvĂ©e et vous ait emmenĂ©e ici. Dit une femme claire et mince vĂȘtue d'une robe rouge plutĂŽt Ă©lĂ©gante en se plaçant au dessus d'Abeni tout en peinant Ă  masquer son envie de se boucher le nez ou de fermer les yeux

-OĂč suis-je ? OĂč est ma famille ? Dit Abeni paniquĂ©e

-Nous sommes Ă  Parakou. RĂ©pondit Lina

-Parakou ? Au Nord ? OĂč est ma famille ? Que leur avez-vous fait ? RĂ©pondez bon sang ! dit Abeni en se redressant vivement tout en essayant d'atteindre le cou de la femme, ignorant la douleur qui lui rongeait le corps tout entier

-Calmez-vous, ce n'est pas bon pour vous et l'enfant. Dit calmement Lina

-Enfant ? (en regardant partout pour s'assurer qu'elle Ă©tait bien sur Terre et non prisonniĂšre d'un cauchemar)

-Votre enfant. Dit Lina en souriant

-C'est faux, je ne suis pas enceinte.

Lina, perdue, se calma néanmoins et dit :

-Abeni, je comprends que vous souffriez et vous posez pas mal de questions mais recouchez-vous. Vous en avez besoin.

-Je le rĂ©pĂšte oĂč est ma famille ? Qu'est-ce qui s'est passĂ© ? Dit Abeni comme si elle sentait d'avance que quelque chose d'anormal se passait

Lina soupire bruyamment en fixant Abeni avec pitié avant de conter :

-Comme je le disais tout à l'heure, je suis Lina Okereke. Je suis nigériane et je bosse pour une mission caritative au Bénin. C'est dans l'exercice de mes fonctions que je vous ai retrouvée seule, trÚs mal en point et pratiquement sans vie sur un pagne dans un couloir d'un hÎpital à Cotonou. J'ai cherché à savoir qui vous étiez et pourquoi on ne s'occupait pas de vous et c'est là que j'ai appris...

La voix de Lina venait de s'étrangler et ses yeux s'étaient baissés pour masquer les larmes qui menaçaient de sortir.

-Que quoi Mme ? Regardez-moi dans les yeux et enfoncez-moi un autre couteau dans le cƓur. C'est ce qu'est ma vie depuis quelques jours. Je ne suis qu'un pauvre torchon sur lequel tout le monde passe et repasse sans penser que je peux ressentir quelque chose...Enfoncez-moi un autre couteau Mme. De toute façon, qu'est-ce que ça va changer ?

-Ne dßtes pas ça Abeni. Dit Lina en avançant ses doigts vers l'une des mains brûlées d'Abeni sans pour autant parvenir à la toucher

Abeni ignora ce geste et aprÚs avoir déglutit parvint à dire :

-Achevez votre phrase.

Lina dit alors :

-Il y a eu un incendie dans votre maison. Tout a Ă©tĂ© emportĂ© par les flammes sauf vous. Vous ĂȘtes vivante Abeni. Vous n'ĂȘtes pas trĂšs bien en point mais vous ĂȘtes vivante Abeni et je ferai tout pour vous sauvez.

-Ma famille... ma maison...je n'ai plus rien. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Se lamenta Abeni en pleurant Ă  nouveau

-Ne dĂźtes pas ça. Vous ĂȘtes en vie et votre bĂ©bĂ© aussi. C'est un miracle. Tenta Lina

-En vie vous dĂźtes ? DĂźtes-moi de quelle vie il s'agit quand 05 hommes ont abusĂ© de moi et m'ont traitĂ© comme une vulgaire chose ? Quelle est cette vie oĂč j'ai perdu la famille qu'il me restait et qu'en plus j'ai le corps en lambeaux ? Vous avez mĂȘme de la peine Ă  me regarder ou Ă  toucher ma main et vous vous retenez de vous boucher le nez Madame Okereke. Vous auriez dĂ» me laisser mourir dans cet hĂŽpital... au moins, j'aurais Ă©tĂ© dĂ©livrĂ©e. Par votre faute, je dois vivre en sachant que je n'ai plus ni famille ni rien, que je vais fermer les yeux et revoir leurs regards, leurs mains sur mon corps. A cause de vous Mme, je n'ai que mes yeux pour pleurer ce qui me reste de corps et pour avoir dĂ©finitivement peur de me regarder dans un miroir. Vous auriez dĂ» me laisser mourir. A quelle vie m'avez-vous condamnez Mme Okereke ? J'aurais dĂ» mourir dans ce couloir.Personne ne se serait soucier de cette fille de 18 ans morte brĂ»lĂ©e. Un mĂ©decin, une ou deux infirmiĂšres me plaindront et on m'enterrera quelque part loin des regards indiscrets. L'hĂŽpital recevra d'autres patients, certains parleront d'Abeni Tidjani, la disparue mais le monde va continuer d'avancer. Comme toujours. DĂ©bita Abeni en haussant les Ă©paules, le regard empli de tristesse

-Il y a une justice en ce monde et surtout il y a la justice divine. Avança Lina

-Mensonges. Dit Abeni en fermant les yeux

-Tout va s'arranger Abeni. Les médecins vont s'occuper de vous maintenant et je suis là. Je ne vous laisserai pas tomber. Dit Lina en touchant finalement la main d'Abeni

Abeni détourna le regard avec difficulté ne tenant plus à voir le visage de celle qui l'avait retenue prisonniÚre sur cette Terre.

****

AprĂšs ce jour, Abeni se mura davantage dans le silence. La seule chose qui rĂ©ussit Ă  faire sortir un son du gosier d'Abeni fĂ»t le traitement de ses blessures. A rythme lent presque comme un gardien de l'enfer, le mĂ©decin qui s'occupait d'Abeni retira la surface de peau brĂ»lĂ©e. C'Ă©tait dĂ©jĂ  dur d'ĂȘtre brĂ»lĂ©e mais rien ne pouvait Ă©galer cette douleur. C'Ă©tait comme si on lui versait de l'eau bouillante sur le corps avant de la plonger dans les flammes encore et encore sans jamais s'arrĂȘter ou littĂ©ralement, comme si on se servait d'un couteau pour lui enlever petit Ă  petit chaque parcelle de peau.Avait-elle dĂ©jĂ  autant hurler de sa vie ? Non, jamais. A quoi rimait cette vie oĂč seule la douleur rĂšgnait ?

A force de crier et de pleurer, Abeni n'avait plus de force. Elle voyait bien que cette Lina Okereke Ă©prouvait de la compassion pour elle mais il n'y avait plus rien Ă  faire Ă  part prier de cƓur avec elle pour qu'une tĂąche de sang apparaisse enfin sur sa culotte. Elle ne voulait plus rien de ce Dieu qui l'avait abandonnĂ© depuis belle lurette sinon qu'au moins ça.

Elle comptait les heures, les jours, les semaines puis les mois sans qu'aucune tĂąche rouge ne se dessine sur sa culotte.

C'était bien réel, il y avait bien cette chose qui grandissait en elle.

*Pendant ce temps, Ă  Akpakpa Quartier Jacques, Cotonou*

Comme la vie était belle ! AprÚs des années et des années de souffrance pour des raisons diverses, ces 05 hommes que la pauvreté et le désir de devenir riche à tout prix avaient réuni , pouvaient enfin se réjouir.

Cheikh Bah, guinĂ©en, 26 ans qui faisait en quelque sorte office de leader du groupe Ă©tait si heureux. Il avait commencĂ© Ă  amasser ses premiers millions avec lesquels il avait pu s'acheter la villa dans laquelle lui et ses amis faisaient la fĂȘte ce soir. Dans un an, il prĂ©voyait de rentrer chez lui en GuinĂ©e oĂč il Ă©pouserait une belle guinĂ©enne et s'installerait dĂ©finitivement tout en Ă©largissant ses entreprises de commercialisation d'objets Ă©lectroniques en effectuant de temps Ă  autre des voyages au BĂ©nin, pour bien entendu assurer ses arriĂšres.

-Santé les amis ! Buvons et profitons de ces belles femmes ! On a réussit. On est riche ! Dit Cheikh en collant contre lui une des filles qu'ils avaient invité pour la soirée

Les autres répondirent à l'exception de Mohamed, le « puceau » du groupe comme ils aimaient l'appeler. Il finit par dire :

-Je ne peux pas Cheikh. Je ne peux pas.

-Et comme toujours Mohamed le rabat-joie intervient ! Si tu ne veux pas, tu peux toujours t'en aller ! Répliqua Georgio, l'un d'entre eux, agacé.

-Je m'en vais Georgio. C'est bon. Bien loin de vous et de vos magouilles. Vous profitez aujourd'hui mais le sang des innocents finira par vous rattraper. Adieu. Dit Mohamed en fixant avec dépit ses 04 amis

-C'est ça. Tu joues les saints alors que tu n'as pas moins de sang que nous sur tes mains. Tu as Ă©galement enfoncĂ©e ta ver*** Ă  l'intĂ©rieur de cette fille. Tout comme nous Mohamed, tu as tuĂ© ce petit garçon et tu as participĂ© aux rituels exigĂ©s par le SuprĂȘme. Tu es sans Ăąme comme nous, djellaba ou pas. Nous en revanche, nous assumons ce que nous sommes et je peux te dire que je ne regrette pas d'avoir dĂ©florĂ©e cette gamine. Pour rĂ©ussir dans la vie, il faut certains sacrifices. J'en ferai autant que nĂ©cessaire pour boire Ă  la table des plus grands. Adieu Mohamed Bio Zato. Dit Cheikh

Mohamed regarde une derniÚre fois ses compagnons de route occupés avec une demi-dizaine de femmes qui allaient sans doute finir la gorge tranchée aprÚs qu'ils aient fini de profiter d'elle puis sort de la villa qu'avait acheté Cheikh, son meilleur ami.

Depuis cette nuit, il n'avait cessĂ© de rĂȘver de cette fille, de ses larmes, de son corps, de ses gestes de protestation, ce corps nu abandonnĂ© lĂ , exposĂ© Ă  tout puis de revoir les images de cette maison brĂ»lĂ©e. Il s'en voulait tellement d'avoir cĂ©dĂ©, d'avoir suivi Cheikh sur ce chemin pour se faire facilement de l'argent...

Aujourd'hui, il partirait loin, bien loin de cet univers, lĂ  oĂč il recommencerait tout Ă  zĂ©ro. Au moins, son Ăąme serait soulagĂ©e.

*Quelques mois plus tard*

*Parakou, BĂ©nin*

Abeni avait de plus en plus mal. Entre le traitement douloureux de ses brĂ»lures et cette chose qui grossissait et lui dĂ©formait le ventre dĂ©jĂ  douloureux, Abeni Ă©tait devenue nĂ©gligente envers elle et envers le monde entier. Elle avait mĂȘme essayĂ© une fois d'en finir avec le fil de la perfusion mais non, elle Ă©tait toujours en vie et Lina ne lĂ  quittait presque jamais sauf pour retrouver son fils de 2 ans. Elle criait en yoruba, sa langue d'origine son malheur quand une douleur vive se rĂ©pandit dans son corps tout entier. Elle se mit Ă  hurler comme une folle tout en se tenant le ventre du mieux que son Ă©tat de santĂ© lui permettait :

-Dr ! Dr ! Je crois qu'Abeni va accoucher. A l'aide. Hurla Lina en se plaçant à l'entrée de la chambre qu'elle payait pour les soins d'Abeni en jettant toute les 40 secondes un regard à Abeni de crainte qu'elle ne se fasse du mal à elle ou au bébé.

Au bout de quelques heures de souffrance, Abeni sentit un soulagement passager l'envahir rattrapée rapidement par une sensation cauchemadersque en entendant ses cris :

-Félicitations Abeni ! Tu as une belle petite fille. Regarde ce petit ange. Dit Lina en approchant le bébé d'Abeni

-Je ne veux pas voir cette chose. Je ne veux pas la voir. Dit Abeni en mettant ses mains devant son visage

-D'accord. Ce n'est pas grave. RĂ©pondit Lina, attristĂ©e en s'Ă©loignant avec le bĂ©bĂ© qui n'arrĂȘtait pas de pleurer

-Lina, fais-là taire s'il te plait. Je veux dormir. Je suis épuisée. Dit Abeni en se bouchant les oreilles

-D'accord. Je le ferai Abeni. Maintenant, ferme les yeux et ne pense Ă  rien. Dit Lina en chantant une berceuse tant pour la mĂšre que pour la fille.

Les deux finirent par se calmer et Lina continua de border la petite en contemplant ses traits de bébé :

-Ah ma petite, tu es si belle et si délicate. Tu n'as rien demandé et tu te retrouves sur cette Terre, au milieu du KO. J'espÚre que tu auras un meilleur destin que ta pauvre mÚre.

-Appelle-là donc Ayé. Dit Abeni

-Abeni, tu ne dors pas ? S'enquit Lina surprise tout en s'éloignant comme l'avait souhaité Abeni

-EmmĂšne-lĂ  moi. Dit Abeni en regardant le pagne qui enveloppait l'enfant

-Abeni, tu es sûre ? On peut attendre encore si tu veux. Dit Lina inquiÚte et protectrice

-Lina, je ne vais pas me répéter. Dit Abeni qui montait déjà le ton

En soupirant tout en contemplant l'enfant, Lina l'emmena auprÚs d'Abeni qui la prit dans ses bras. AprÚs avoir promené un doigt sur son visage comme l'avait fait cet homme cette fameuse nuit, Abeni déclara :

-AyĂ© : dans la vie, la chance n'existe pas surtout pour les gens comme toi et moi. Mais peut-ĂȘtre que tu en auras un peu plus que moi, aprĂšs tout, tu as trouvĂ© le moyen de survivre malgrĂ© tout et surtout, tu es la fille du diable... Mais je te fais une promesse AyĂ©, aussi longtemps que tu vivras avec moi, je te montrerai Ă  quel point, le ciel n'a que la couleur grise pour les femmes comme toi et moi. Bonne chance AyĂ© Tidjani.

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