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Ayé : Dans ma chère et dans mon âme

Ayé : Dans ma chère et dans mon âme

LENEY

5.0
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315
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17
Chapitres

C'est l'histoire d'une jeune fille maltraitée et abusée, prête à tout pour obtenir une réparation Qu'en sera-t-il de son sort ?

Chapitre 1 Prologue

*Ayé, dans ma chair et dans mon âme*

Prologue

*Calavi, Bénin*

La lune ! Comme elle était belle cette chose en forme de croissant qui illuminait à elle seule tout un monde.

Toute heureuse, de pouvoir profiter de cette parenthèse heureuse que l’absence de sa tante lui procurait, Abeni leva les mains en direction du ciel, les yeux fermés, savourant la brise fraîche de cette saison des pluies et l’éclat lumineux de l’astre dans la nuit.

Quand elle ne vendait pas ou ne servait pas sa tante, Abeni aimait bien venir dans ce coin de Calavi très peu habité profitant du calme et de la douceur contrastant avec le bruit auquel elle était habituée. Et puis, cela lui rappelait un peu Parakou. La ville où elle avait vécu, enfant avec ses parents avant qu’ils ne soient emportés dans ce tragique accident. Abeni était perdue dans sa contemplation lorsqu’une voix la ramena à la réalité :

-Cette ruelle à une heure aussi tardive n’est pas un lieu sûr pour une jeune fille innocente.

Parcourue d’un frisson et d’une sensation étrange et grisante, Abeni s’éloigna avant de faire volte-face. Elle se retrouva en face d’un homme noir, élancé, mince portant un jean et une chemise blanche avec sur ses lèvres un sourire qui ne lui inspirait rien de bon.

-Hey ! Mais qu’est-ce-que tu fais Cheikh ! Allons plus loin, on trouvera mieux. Dit un autre homme depuis une voiture noire garée au beau milieu de la voie

-Non mec ! C’est la perle rare. J’ai un flair pour ces choses. Répondit le fameux Cheikh en faisant glisser son doigt sur la joue nue d’Abeni

Elle tenta de reculer puis d’entrer en mouvement de course quand il la pris violemment par le bras, lui arracha le petit voile qui cachait ses cheveux et son cou. Tendue comme un arc, Abeni trouva néanmoins le courage de parler :

-Lâchez-moi ou je crie. Les gens vont sortir et vous tabassez !

Il ricana et pris Abeni par la taille de sorte à plaquer son corps contre le sien. La jeune femme tenta de se dégager et se mis à crier mais rien.

-Alors, tu comprends ma belle ? Il n’y a personne ici. Juste toi et nous. Je veux bien allez doucement si tu promets d’être sage pendant qu’on bosse. Dit-il contre son oreille en attrapant une de ses fesses

C’en était trop pour Abeni. Elle se mit à pleurer tout en essayant de repousser l’homme. Elle finit par le mordre trouvant ainsi une issue de secours pour au final se retrouver entre les herbes hautes et quatre autres types avec le même regard pervers. Elle refoula en elle la peur de tomber sur des serpents ou d’autres animaux dangereux et se jeta dans les herbes.

- « Aie » lâcha-t-elle en se touchant la zone douloureuse

Son genou venait de rencontrer une pierre. Sans se soucier du sang qui coulait déjà, Abeni tenta de se lever pour partir Dieu seul sait où mais loin.Inutile, deux bras aussi durs que le marbre l’avaient déjà rattrapés. Elle se débattit encore un long moment mais elle su que c’était peine perdue quand l’homme qui l’avait abordé la déposa ou plutôt la jeta sur la terre argileuse entourée d’un ensemble de murs avec des pores : une maison en construction. Il voulu lui écarter les jambes mais Abeni se débattit : NON ! Jamais ! Ils n’avaient pas le droit. Pas ça. Pitié, que quelqu’un arrive. Pensait-elle de plus en plus effrayée

-Tu as sans doute raison beauté. Une aussi belle femme que toi ne mérite pas qu’on y aille précipitemment. Adonis, je te laisse commencer ? Je sais que tu adores les grosses poitrines. Dit Cheikh en montrant ses dents blanches à Abeni

Abeni blêmit à cette évocation et entoura sa poitrine de ses mains :

-Tu as vraiment trouver la femme parfaite Cheikh. Je vais me régaler avec ce chaton. Dit le fameux Adonis en passant une langue sur ses lèvres en signe d’appétit.

Abeni elle, sanglotait de plus en plus sous les rires de ces hommes.

Adonis saisit ses mains avec une violence infernale, usa de ce qui semblait être une lame puis déchira sans ménagement le haut d’Abeni ainsi que son dessous révélant sa poitrine ronde, pleine et ferme. Il se mit à y passer ses mains puis sa langue avant de les avaler tour à tour mordillant de temps en temps la chair de la jeune fille qui n’arrêtait pas d’hurler sous les youyous de ses compagnons.Deux autres passèrent malgré les larmes d’Abeni ne s’arrêtant que quand la peau de la jeune femme menaçait de libérer du rouge puis ce type, Cheikh, se plaça au dessus d’elle, souleva sa jupe puis déchira ses collants et son slip en coton :

-Regarde-moi ma belle. Regarde-moi dans les yeux.Tu vas adorer. Tu verras que c’est comme de recevoir un bonbon. Et puis, tu n’allais pas rester éternellement Vierge Sainte Marie. Dit-il en prenant son visage en coupe et en souriant face à la peur et à la douleur qu’il lisait dans son regard.

C’était si beau ! Une vierge sans défense, les yeux larmoyants qui invocait un Dieu qui bien entendu n’interviendrait pas pour que lui Cheikh Bah ne lui prenne pas son innocence. Dans une autre vie, il aurait pu ne pas le faire mais là, il avait besoin de cette fille. Il devait se libérer à tout jamais de cette pauvreté qu’il avait connu à Conakry et à ses débuts à Cotonou :

-Vous pouvez commencez les gars.

Comme un seul chœur, les autres se perdirent dans un laïus dont eux seuls avaient le secret au moment où d’un puissant coup de rein, Cheikh déchirait Abeni. Il ignora ses cris et se mit à bouger en elle libérant sa rage contre la vie. La vie qui l’avait fait naître pauvre, la vie qui avait fait que sa copine l’ait abandonné parce qu’il n’avait pas trouvé de travail plus décent que vendeur ambulant de portables, contre toutes ces portes fermées, contre ce monde injuste:

-Cheikh, Cheikh, calme-toi, elle saigne trop. Tu vas finir par la tuer. Disait son ami Adonis

Cheikh l’ignora se vengeant sur Abeni jusqu’à libération de sa semence en elle. Il se retira, se plaça au-dessus d’elle, près de sa bouche qui tremblait et était mouillée de liquide transparent salé, lui ouvrit violemment les lèvres l’obligeant à accueillir son membre en elle :

-Allez. Je t’offre un petit cadeau. Goutte. Goutte ma belle. Si tu savais à quel point tu es magnifique ainsi : nue avec juste quelques lambeaux de vêtements sur la peau, les jambes et les lèvres bien écartelées, toute ensanglantée et les larmes aux yeux comme un petit agneau immolé. Tu es sublime ! J’ai tellement envie d’immortaliser ce moment. Ah tu as une si belle gorge. Je te prendrais toute ma vie mais bon, le rituel doit se poursuivre.

Les autres hommes passèrent tour à tour entre les jambes d’Abeni comme des enfants à la cantine avant de l’abandonner là : seule, nue, sans défense, lasse et surtout vide.

Abeni sanglota pendant une éternité avant d’être libérée de ce lieu sordide par deux bras. Elle finit par tomber dans un profond sommeil qu’elle espérait éternel…

****

*Au réveil d’Abeni*

Tout était flou. Une douleur vive lui vrillait les tempes. Elle n’avait qu’une envie : mourir. Mais non, elle distingua une silhouette : sa tante.

-Ah ! Dr, Abeni s’est réveillée. Venez voir. Dit cette dernière en se penchant au-dessus d’elle

Un homme en ensemble pagne fit son entrée et tenta d’approcher Abeni mais elle replia aussitôt les jambes et se remit à pleurer et à hurler en agitant les mains:

-Ne m’approchez pas…ne me touchez pas...nooon

-Mais c’est quoi ton problème Abeni ? Ce docteur veut simplement t’aider. C’est lui qui t’a retrouvé et t’a sauvé. Dit la tante en secouant vivement sa nièce

-Non, ça va tantie. Je vais appeler ma collègue. Abeni est encore trop fragile. Il ne faudrait pas la brusquer. Ça ira. Ne vous en faîtes pas. Répondit le médecin en détaillant la jeune fille avec pitié

C’est alors qu’Abeni se souvint de tout. De tout ce qui s’était passé cette nuit. De leurs mots, de leurs gestes, de la douleur, du sang, de ses vêtements en lambeaux…Non ! Non !

-Noooon. Noon, ce n’est pas possible. Nooon. Iyaaaaa (maman). Hurla-t-elle en larmes

Elle se redressa vivement tirant sur ses cheveux, se griffant, pleurant encore et encore.

Une nuit. Une seule nuit et tout avait volé en éclats. Elle se sentait sale. Elle avait peur. Elle avait mal. Une douleur terrible dans tout son corps.

***

Abeni passa quelques jours encore à l’hôpital. Un peu plus calme sauf en présence de mâles mais toujours aussi vide.

De retour, chez sa tante, elle se renferma entièrement. La seule chose qu’elle faisait, c’était pleurer.

Pourquoi dans ce monde ce sont toujours les bonnes personnes qui souffrent pendant que les mauvais sont heureux ?

Abeni se lamentait une fois de plus cette nuit ne trouvant guère réponse à cette question quand elle sentit une chaleur un peu trop forte et une odeur de fumée.

Prise d’un frisson soudain, Abeni sortit de son lit et réveilla sa cousine qui dormait sur le lit :

-Moumina, quelque chose ne va pas. Il faut qu’on prévienne tante Kara.

-Abeni, laisse-moi dormir encore un peu. Il fait simplement chaud. Tu devrais dormir aussi. Dit sa cousine avant de se retourner dans son lit

Abeni sortie néanmoins de la chambre pour se retrouver en face d’un mur de flammes grandissant:

-Non non non nooon. Pas ça s’il vous plaît.

Elle retourna dans sa chambre pour réveiller sa cousine mais c’était peine perdue. Affolée, elle ouvrit les fenêtres en métal puis chercha un objet pour les briser et s’échapper tout en criant pour que quelqu’un vienne là libérer des flammes. Abeni en pleurs hurla sans jamais s’arrêter de cogner contre les costras mais personne ne venait. Personne comme la dernière fois.

***

* Deux semaine plus tard*

*Parakou, Bénin*

-Où suis-je ? Où est tante Kara ? Moumina ? Zakia ? Ali ? Karim ? Où sont-ils ? Dit Abeni en ouvrant les yeux et en croisant un plafond de béton blanc qui n’avait rien à voir avec le plafond boisé de la maison de sa tante

Elle tenta de se redresser mais elle avait mal partout. C’est là que malencontreusement, un de ses doigts rencontra quelque chose de liquide, visqueux, douloureux et puant.

Prise d’une nausée de dégoût, Abeni remonta son doigt pour découvrir qu’il y avait beaucoup de liquide et de creux douloureux sur son corps :

-Ce n’est pas possible Seigneur. Quelle est cette nouvelle punition ? Encore un cauchemar ?

-Calmez-vous. Je suis Lina Okereke. C’est moi qui vous ait retrouvée et vous ait emmenée ici. Dit une femme claire et mince vêtue d’une robe rouge plutôt élégante en se plaçant au dessus d’Abeni tout en peinant à masquer son envie de se boucher le nez ou de fermer les yeux

-Où suis-je ? Où est ma famille ? Dit Abeni paniquée

-Nous sommes à Parakou. Répondit Lina

-Parakou ? Au Nord ? Où est ma famille ? Que leur avez-vous fait ? Répondez bon sang ! dit Abeni en se redressant vivement tout en essayant d’atteindre le cou de la femme, ignorant la douleur qui lui rongeait le corps tout entier

-Calmez-vous, ce n’est pas bon pour vous et l’enfant. Dit calmement Lina

-Enfant ? (en regardant partout pour s’assurer qu’elle était bien sur Terre et non prisonnière d’un cauchemar)

-Votre enfant. Dit Lina en souriant

-C’est faux, je ne suis pas enceinte.

Lina, perdue, se calma néanmoins et dit :

-Abeni, je comprends que vous souffriez et vous posez pas mal de questions mais recouchez-vous. Vous en avez besoin.

-Je le répète où est ma famille ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Dit Abeni comme si elle sentait d’avance que quelque chose d’anormal se passait

Lina soupire bruyamment en fixant Abeni avec pitié avant de conter :

-Comme je le disais tout à l’heure, je suis Lina Okereke. Je suis nigériane et je bosse pour une mission caritative au Bénin. C’est dans l’exercice de mes fonctions que je vous ai retrouvée seule, très mal en point et pratiquement sans vie sur un pagne dans un couloir d’un hôpital à Cotonou. J’ai cherché à savoir qui vous étiez et pourquoi on ne s’occupait pas de vous et c’est là que j’ai appris…

La voix de Lina venait de s’étrangler et ses yeux s’étaient baissés pour masquer les larmes qui menaçaient de sortir.

-Que quoi Mme ? Regardez-moi dans les yeux et enfoncez-moi un autre couteau dans le cœur. C’est ce qu’est ma vie depuis quelques jours. Je ne suis qu’un pauvre torchon sur lequel tout le monde passe et repasse sans penser que je peux ressentir quelque chose…Enfoncez-moi un autre couteau Mme. De toute façon, qu’est-ce que ça va changer ?

-Ne dîtes pas ça Abeni. Dit Lina en avançant ses doigts vers l’une des mains brûlées d’Abeni sans pour autant parvenir à la toucher

Abeni ignora ce geste et après avoir déglutit parvint à dire :

-Achevez votre phrase.

Lina dit alors :

-Il y a eu un incendie dans votre maison. Tout a été emporté par les flammes sauf vous. Vous êtes vivante Abeni. Vous n’êtes pas très bien en point mais vous êtes vivante Abeni et je ferai tout pour vous sauvez.

-Ma famille… ma maison…je n’ai plus rien. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Se lamenta Abeni en pleurant à nouveau

-Ne dîtes pas ça. Vous êtes en vie et votre bébé aussi. C’est un miracle. Tenta Lina

-En vie vous dîtes ? Dîtes-moi de quelle vie il s’agit quand 05 hommes ont abusé de moi et m’ont traité comme une vulgaire chose ? Quelle est cette vie où j’ai perdu la famille qu’il me restait et qu’en plus j’ai le corps en lambeaux ? Vous avez même de la peine à me regarder ou à toucher ma main et vous vous retenez de vous boucher le nez Madame Okereke. Vous auriez dû me laisser mourir dans cet hôpital… au moins, j’aurais été délivrée. Par votre faute, je dois vivre en sachant que je n’ai plus ni famille ni rien, que je vais fermer les yeux et revoir leurs regards, leurs mains sur mon corps. A cause de vous Mme, je n’ai que mes yeux pour pleurer ce qui me reste de corps et pour avoir définitivement peur de me regarder dans un miroir. Vous auriez dû me laisser mourir. A quelle vie m’avez-vous condamnez Mme Okereke ? J’aurais dû mourir dans ce couloir.Personne ne se serait soucier de cette fille de 18 ans morte brûlée. Un médecin, une ou deux infirmières me plaindront et on m’enterrera quelque part loin des regards indiscrets. L’hôpital recevra d’autres patients, certains parleront d’Abeni Tidjani, la disparue mais le monde va continuer d’avancer. Comme toujours. Débita Abeni en haussant les épaules, le regard empli de tristesse

-Il y a une justice en ce monde et surtout il y a la justice divine. Avança Lina

-Mensonges. Dit Abeni en fermant les yeux

-Tout va s’arranger Abeni. Les médecins vont s’occuper de vous maintenant et je suis là. Je ne vous laisserai pas tomber. Dit Lina en touchant finalement la main d’Abeni

Abeni détourna le regard avec difficulté ne tenant plus à voir le visage de celle qui l’avait retenue prisonnière sur cette Terre.

****

Après ce jour, Abeni se mura davantage dans le silence. La seule chose qui réussit à faire sortir un son du gosier d’Abeni fût le traitement de ses blessures. A rythme lent presque comme un gardien de l’enfer, le médecin qui s’occupait d’Abeni retira la surface de peau brûlée. C’était déjà dur d’être brûlée mais rien ne pouvait égaler cette douleur. C’était comme si on lui versait de l’eau bouillante sur le corps avant de la plonger dans les flammes encore et encore sans jamais s’arrêter ou littéralement, comme si on se servait d’un couteau pour lui enlever petit à petit chaque parcelle de peau.Avait-elle déjà autant hurler de sa vie ? Non, jamais. A quoi rimait cette vie où seule la douleur règnait ?

A force de crier et de pleurer, Abeni n’avait plus de force. Elle voyait bien que cette Lina Okereke éprouvait de la compassion pour elle mais il n’y avait plus rien à faire à part prier de cœur avec elle pour qu’une tâche de sang apparaisse enfin sur sa culotte. Elle ne voulait plus rien de ce Dieu qui l’avait abandonné depuis belle lurette sinon qu’au moins ça.

Elle comptait les heures, les jours, les semaines puis les mois sans qu’aucune tâche rouge ne se dessine sur sa culotte.

C’était bien réel, il y avait bien cette chose qui grandissait en elle.

*Pendant ce temps, à Akpakpa Quartier Jacques, Cotonou*

Comme la vie était belle ! Après des années et des années de souffrance pour des raisons diverses, ces 05 hommes que la pauvreté et le désir de devenir riche à tout prix avaient réuni , pouvaient enfin se réjouir.

Cheikh Bah, guinéen, 26 ans qui faisait en quelque sorte office de leader du groupe était si heureux. Il avait commencé à amasser ses premiers millions avec lesquels il avait pu s’acheter la villa dans laquelle lui et ses amis faisaient la fête ce soir. Dans un an, il prévoyait de rentrer chez lui en Guinée où il épouserait une belle guinéenne et s’installerait définitivement tout en élargissant ses entreprises de commercialisation d’objets électroniques en effectuant de temps à autre des voyages au Bénin, pour bien entendu assurer ses arrières.

-Santé les amis ! Buvons et profitons de ces belles femmes ! On a réussit. On est riche ! Dit Cheikh en collant contre lui une des filles qu’ils avaient invité pour la soirée

Les autres répondirent à l’exception de Mohamed, le « puceau » du groupe comme ils aimaient l’appeler. Il finit par dire :

-Je ne peux pas Cheikh. Je ne peux pas.

-Et comme toujours Mohamed le rabat-joie intervient ! Si tu ne veux pas, tu peux toujours t’en aller ! Répliqua Georgio, l’un d’entre eux, agacé.

-Je m’en vais Georgio. C’est bon. Bien loin de vous et de vos magouilles. Vous profitez aujourd’hui mais le sang des innocents finira par vous rattraper. Adieu. Dit Mohamed en fixant avec dépit ses 04 amis

-C’est ça. Tu joues les saints alors que tu n’as pas moins de sang que nous sur tes mains. Tu as également enfoncée ta ver*** à l’intérieur de cette fille. Tout comme nous Mohamed, tu as tué ce petit garçon et tu as participé aux rituels exigés par le Suprême. Tu es sans âme comme nous, djellaba ou pas. Nous en revanche, nous assumons ce que nous sommes et je peux te dire que je ne regrette pas d’avoir déflorée cette gamine. Pour réussir dans la vie, il faut certains sacrifices. J’en ferai autant que nécessaire pour boire à la table des plus grands. Adieu Mohamed Bio Zato. Dit Cheikh

Mohamed regarde une dernière fois ses compagnons de route occupés avec une demi-dizaine de femmes qui allaient sans doute finir la gorge tranchée après qu’ils aient fini de profiter d’elle puis sort de la villa qu’avait acheté Cheikh, son meilleur ami.

Depuis cette nuit, il n’avait cessé de rêver de cette fille, de ses larmes, de son corps, de ses gestes de protestation, ce corps nu abandonné là, exposé à tout puis de revoir les images de cette maison brûlée. Il s’en voulait tellement d’avoir cédé, d’avoir suivi Cheikh sur ce chemin pour se faire facilement de l’argent…

Aujourd’hui, il partirait loin, bien loin de cet univers, là où il recommencerait tout à zéro. Au moins, son âme serait soulagée.

*Quelques mois plus tard*

*Parakou, Bénin*

Abeni avait de plus en plus mal. Entre le traitement douloureux de ses brûlures et cette chose qui grossissait et lui déformait le ventre déjà douloureux, Abeni était devenue négligente envers elle et envers le monde entier. Elle avait même essayé une fois d’en finir avec le fil de la perfusion mais non, elle était toujours en vie et Lina ne là quittait presque jamais sauf pour retrouver son fils de 2 ans. Elle criait en yoruba, sa langue d’origine son malheur quand une douleur vive se répandit dans son corps tout entier. Elle se mit à hurler comme une folle tout en se tenant le ventre du mieux que son état de santé lui permettait :

-Dr ! Dr ! Je crois qu’Abeni va accoucher. A l’aide. Hurla Lina en se plaçant à l’entrée de la chambre qu’elle payait pour les soins d’Abeni en jettant toute les 40 secondes un regard à Abeni de crainte qu’elle ne se fasse du mal à elle ou au bébé.

Au bout de quelques heures de souffrance, Abeni sentit un soulagement passager l’envahir rattrapée rapidement par une sensation cauchemadersque en entendant ses cris :

-Félicitations Abeni ! Tu as une belle petite fille. Regarde ce petit ange. Dit Lina en approchant le bébé d’Abeni

-Je ne veux pas voir cette chose. Je ne veux pas la voir. Dit Abeni en mettant ses mains devant son visage

-D’accord. Ce n’est pas grave. Répondit Lina, attristée en s’éloignant avec le bébé qui n’arrêtait pas de pleurer

-Lina, fais-là taire s’il te plait. Je veux dormir. Je suis épuisée. Dit Abeni en se bouchant les oreilles

-D’accord. Je le ferai Abeni. Maintenant, ferme les yeux et ne pense à rien. Dit Lina en chantant une berceuse tant pour la mère que pour la fille.

Les deux finirent par se calmer et Lina continua de border la petite en contemplant ses traits de bébé :

-Ah ma petite, tu es si belle et si délicate. Tu n’as rien demandé et tu te retrouves sur cette Terre, au milieu du KO. J’espère que tu auras un meilleur destin que ta pauvre mère.

-Appelle-là donc Ayé. Dit Abeni

-Abeni, tu ne dors pas ? S’enquit Lina surprise tout en s’éloignant comme l’avait souhaité Abeni

-Emmène-là moi. Dit Abeni en regardant le pagne qui enveloppait l’enfant

-Abeni, tu es sûre ? On peut attendre encore si tu veux. Dit Lina inquiète et protectrice

-Lina, je ne vais pas me répéter. Dit Abeni qui montait déjà le ton

En soupirant tout en contemplant l’enfant, Lina l’emmena auprès d’Abeni qui la prit dans ses bras. Après avoir promené un doigt sur son visage comme l’avait fait cet homme cette fameuse nuit, Abeni déclara :

-Ayé : dans la vie, la chance n’existe pas surtout pour les gens comme toi et moi. Mais peut-être que tu en auras un peu plus que moi, après tout, tu as trouvé le moyen de survivre malgré tout et surtout, tu es la fille du diable… Mais je te fais une promesse Ayé, aussi longtemps que tu vivras avec moi, je te montrerai à quel point, le ciel n’a que la couleur grise pour les femmes comme toi et moi. Bonne chance Ayé Tidjani.

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