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Je me prĂ©sente : Igondjo Quentin Edowiza MaĂ«va. Ouvrez bien vos yeux. Quentin c'est mon nom aussi. Bon, celui de mon ancien pĂšre. Je dis ancien parce que je ne sais pas si il est mort ou toujours en vie, mais dans les deux cas, je sais juste que je n'ai plus de pĂšre. Pourtant je me rappelle qu'avant je l'avais prĂšs de moi, mais ça, c'Ă©tait avant. Je n'ai pas besoin de vous dire que je suis mĂ©tisse. Mon pĂšre, un expatriĂ© français travaillant pour le compte de Elf, Ă©tait mal nase (amoureux) de ma mĂšre. Il a commencĂ© Ă  la draguer quand elle avait 16 ans, puis un bon matin, quand elle a eu 20 ans, elle a cĂ©dĂ©. Mais on vous parle d'une premiĂšre fois, et c'Ă©tait dedans. Je crois qu'il avait fait la cotis des spermatozoĂŻdes. lol Je suis nĂ©e en 1987, et jusqu'en 1994, on Ă©tait toujours une petite famille trĂšs heureuse. On passait mĂȘme les vacances en France. Et puis un jour, quand papa m'a dit qu'il partait en voyage lĂ , na neno, vendĂ© n' Ă©bobo z' Ă©zango, myĂ©rĂ© denguĂ© (jusqu'Ă  maintenant, mĂȘme l'Ă©chantillon de la lettre, je n'ai pas reçu). Quand je demandais Ă  maman, elle me disait juste de laisser. Maintenant, c'est trop tard. Il ne me reste comme souvenirs que mon vieux passeport, des photos et la maison d'Abela qui est Ă  son nom... En 1998, Tonton Henri a fait son entrĂ©e dans nos vies. L'annĂ©e qui a suivi, Rapombia Edowiza christopher Martin, mon petit frĂšre, est nĂ©. Mais en 2002, le divorce du mariage qui n'avait mĂȘme pas commencĂ© entre maman et tonton Henri est officiel, voici comment nous sommes retournĂ©s vivre Ă  trois, Ă  Abela. Bon Ă  quatre avec Mamie, vu que mon Grand-pĂšre a cassĂ© la pipe dans la mĂȘme pĂ©riode. Mais bon, Mamie Ă©tait toujours entre deux pirogues (lol), pour aller faire son manioc au village et revenir le vendre Ă  POG. On vivait bien rien qu'avec le salaire de maman et les recettes de la vente du manioc de Mamie. Elle nous gĂątait, elle nous cognait (surtout moi quand j'Ă©tais Ă©chouĂ©e en classe), mais on Ă©tait Ă  l'aise, c'Ă©tait notre mĂšre. Je donnerai cher pour qu'elle soit toujours lĂ . MĂȘme si c'est pour me raser les cheveux, ou bien me frotter le piment sur tout le corps quand je rentre en retard ou que je dĂ©couche, je m'en fiche, je veux juste qu'elle soit en vie. En 2007, rien ne nous avait prĂ©parĂ© Ă  ce dĂ©part si brusque. MĂȘme Mamie qui souffre d'hyper-tension tous les jours que Dieu fait, avec en prime les maladies de la vieillesse (lol), elle est toujours lĂ  (je n'ai pas dit qu'elle doit mourir). C'est Ă  ce moment qu'on a fait la connaissance de tous ceux qu'on appelait « parents » depuis tout ce temps. Entre les ingrats, les aigris et les m'en-foutistes, on ne savait plus oĂč mettre la tĂȘte. Et puis il faut dire que moi avec ma sauvagerie et ma dĂ©linquance, les gens ne se bousculaient pas trop pour que j'aille vivre chez eux. Personne ne pouvait prendre aussi mon petit frĂšre parce que j'ai dit il ira oĂč je j'irai, et vice versa. Maman qui supportait nos bĂȘtises n'est plus lĂ , je ne voulais pas que quelqu'un tente de reproduire l'histoire de cendrillon ou de cosette avec moi ou mon petit Bijou, mieux, on reste chez nous. On comptait sur les doigts d'une main, le tonton ou la tantine, qui nous a dĂ©posĂ© le petit sac de riz Ă©lĂ©phant non parfumĂ© qui coute 1700fcfa lĂ , ou bien le paquet de sucre. Peut-ĂȘtre parce que maman Ă©tait fille unique, je ne sais pas ... Tonton Henri donne souvent des sous, mais comme il a la bougeotte et beaucoup de copine, il faut compter au moins 3 mois avant que les prochains 70.000fcfa n'arrivent. Les deux amies et collĂšgues de maman de SDV, je n'allais les embĂȘter que si vraiment la situation Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ©e. Dans le petit argent qui est restĂ© aprĂšs le dĂ©cĂšs, Mamie a besoin de mĂ©dicaments, il faut payer « La Fontaine'' pour Bijou, moi ici je repasse encore le bac et je veux faire les cours de maths. Impossible. Heureusement que Franck Ă©tait lĂ . Bon c'Ă©tait un heureux Ă©vĂšnement Ă  l'Ă©poque, aujourd'hui je crois que j'aurais prĂ©fĂ©rĂ© manger les badĂąmes tous les jours, que de l'avoir connu. Bref, Quand c'est fini avec Franck, j'ai jugĂ© bon de mettre la maison en location, ça nous faisait un revenu mensuel au moins sĂ»re, et nous sommes venus vivre dans la vieille maison de Papi Dodo (Edowiza), Ă  OmbouĂ© central. Avec mon petit diplĂŽme de l'IST, Moov m'a embauchĂ© depuis 8 mois maintenant. Petit-Ă -petit, on vit mieux.

Chapitre 1 IGONDJO

« Tata pessu pessuéeeeeeee »

Je ne sais mĂȘme pas comment ça commencĂ©, il est 22h, j'ai encore la tenue du lycĂ©e, ntchozo nkowa (les chaussures sont Ă  cĂŽtĂ©) et entrain de danser avec le blouson de je ne sais qui attachĂ© autour des reins. MĂȘme pas deux semaines que maman m'a bastonnĂ© et foutu le piment, je suis dĂ©jĂ  de retour dans la dĂ©linquance.

On se demande bien ce que je fais Ă  trainer avec une bande de gars qui ne school plus, dans un bar au quartier ''Mini-Prix''. Vous savez qu'on ne choisit pas ses ''vrais amis'' non ? Eux ce sont mes amis. On joue ensemble depuis kala, quand on passait tous les vacances Ă  Enyonga.

Celui qui danse avec la bouteille sur la tĂȘte c'est Francis. Le koudou (court) qui dort sur la chaise c'est Alino. Tita c'est celui qui a remplacĂ© le DJ dans le bar. Parfois moi-mĂȘme je nous regarde et je comprends pourquoi on m'insulte Ă  la maison du 1er janvier au 31 dĂ©cembre. Mais on va encore faire comment ?

« A pandi r'ébongo, ébongo za missema okoukouÚ, « a pandi r'ébongo, ébongo za missema »

Je vous parle que le son d'Egniga tape, nous aussi on lance avec les pas de danse. Moi je suis déjà montée sur la chaise. On y va, le show continu...

Quand je me dĂ©cide enfin Ă  rentrer, il est pratiquement minuit. Pour une fois, maman ne m'attend pas au salon avec sa ceinture. J'ai presque 22 ans mais je me fais encore cognĂ© parce que je suis tĂȘtue. Bon, si j'ai mon bac cette fois-ci, je crois que la femme-lĂ  va se calmer. Elle doit s'estimer heureuse que je ne fais juste que me balader avec des fous, je ne fume pas, je ne bois pas, je ne regarde pas les hommes. Bon, je vais dormir

Zwa zwa zwa !

Je saute seulement du lit en vitesse.

-moi : ayooohhhh !

-Maman : tu pensais que tu allais t'en sortir comme ça ?

Ah Emilienne, je pensais que tu avais quand mĂȘme eu pitiĂ© de moi hier, mais apparemment, je suis l'oiseau qui a oubliĂ© le piĂšge.

J'espĂšre aussi que tu es prĂȘte pour ton footing du samedi matin...

-Maman : tu vas oĂč comme ça ?

Merde, la porte est fermée. Oh ? Mais on dirait que ce matin je vais mourir...

-Maman : Igondjo a awéré dwané nkala ? indé z' épanga yeno ? (tu ne restes jamais à la maison ? qu'est-ce qui se passe ?

Chaque mot est bien sĂ»r accompagnĂ© d'un coup de ceinture. Comme je suis une comĂ©dienne aussi, je suis entrain de crier comme si on m'assassinait alors que j'esquive le Ÿ des coups...

Si je savais que ce jour compterait parmi les derniers avec maman, je serais restée sagement à la maison. Mais bon, tÎtÎ mÚnÚ é myo (qui sait de quoi est fait demain) ?

Le mois qui a suivi, maman est rentrée à l'hÎpital à cause d'un palu. LÚwa, nongwa, (le temps de dormir et de se lever) maman n'était plus de ce monde...

(Présent)

Tin tin tin tin tin...

Je tends ma main vers mon portable pour stopper le bruit. Je regarde Christopher qui dort encore Ă  point fermĂ© sur le lit voisin au mien. J'ai ce petit pincement au cƓur comme Ă  chaque fois que je dois le rĂ©veiller pour aller Ă  la pompe. Je vais faire un gros trou dans le budget mensuel pour pouvoir placer un compteur d'eau Ă  la maison, je n'ai pas le choix. La vie n'a pas toujours Ă©tĂ© tendre avec nous ces dernier temps, mais bof, on finit par s'habituer.

-moi : Bijou ? Debout, il est déjà 5h passé

-Christopher : ohhhh Mayou, je t'ai déjà dit de ne plus m'appeler comme ça. Un name casse-filling comme ça,

-moi : pourtant toi tu continues Ă  m'appeler Mayou. Bon bouges, debout, le temps passe.

J'ajuste mon pagne et je mets un vieux tee-shirt, mes babouches aux pieds, je sors de la chambre. Je vais ouvrir la cuisine qui se trouve à l'extérieur de la maison principale et je fais sortir la brouette, la touc bleue de 10 litres, 2 seaux et les bouteilles vides.

Je charge le tout dans la brouette, direction la pompe public.

Je dis bonjour aux quelques personnes dĂ©jĂ  prĂ©sentes sur les lieux, eux qui comme moi ont compris que pour Ă©viter les longues attentes pour puiser de l'eau au mĂȘme moment que tout le monde, il faut sacrifier son sommeil.

Je rince mes récipients un-à-un puis, je place la touc au centre de la brouette et je commence à la remplir à l'aide d'un seau. Christopher me rejoint trÚs vite avec les 3 seaux de la douche. Il en remplit deux avec lesquels il retourne à la maison. Moi je reste à remplir les bouteilles. Il revient quelques minutes plus tard récupérer un autre seau pour aller le déposer aussi à la maison. A son retour, je prends les deux seaux restant, lui il pousse la brouette et on rentre.

-moi : Christopher vas déjà à la douche,

Je me mets Ă  laver les quelques assiettes de la veille. Je fais sortir 3 morceaux de pain du congĂ©lateur que je mets dans le four. Je transporte le lait, sucre et nescafĂ© jusqu'au salon oĂč je trouve ma grand-mĂšre dĂ©jĂ  assise, la tĂȘte entre ses mains.

-moi : ah madame mbolo wéh (bonjour)

-Mamie : humm mbolo.

-moi : a wa dewa sĂš (comment as-tu dormi) ?

-Mamie : ahhhhh ka vÎvÎ (comme ça)

-moi : tavoulou ya kĂ©ki (la table est prĂȘte)

-Mamie : vendĂš myĂ©rĂ© nya, ma diassi ro dwana ro tchĂ© yino (mĂȘme si je ne mange pas, je suis fatiguĂ©e d'ĂȘtre sur cette terre).

Et elle commence Ă  pleurer.

Ma poitrine se serre, et je retourne dans la cuisine. Je fais disparaitre les deux larmes qui menacent de s'Ă©chapper de mes yeux avec mon pagne. J'allume un feu et je chauffe de l'eau dans la petite casserole.

5 ans aujourd'hui qu'elle nous a quitté mais, il ne se passe pas un seul jour sans que nos pensées ne se tournent vers elle. Tout est devenu si compliqué depuis qu'elle est parti...

Maman...

Bref...

Je prends le pain, l'eau chaude et je retourne au salon. J'ouvre le frigo et je fais sortir le beurre et le jambon. Je récupÚre les médicaments de Mamie dans sa chambre, et je place le tout sur la table.

Je toc devant la porte de la chambre histoire de ne pas tomber sur mon frĂšre Ă  poil

- Christopher : rentres !

-moi : pardon, vas dire à ta grand-mÚre de manger et de prendre ses médicaments. Tu sais qu'elle ne peut rien te refuser.

Je tire ma serviette qui est accrochée derriÚre la porte et je ressors en direction de la douche.

Je donnerai cher pour un bon bain dans une baignoire, mais pour le moment, je vais me contenter de mon seau d'eau. Au moins avec ça, je passe le moins de temps possible à la douche, et qui dit moins de temps à la douche, dit pas de retard au boulot.

Je repasse par le salon oĂč je remarque que Mamie mange avec appĂ©tit en compagnie de son petit-fils, direction la chambre. En deux, quatre, six, j'applique ma crĂšme sur le corps et je porte mes sous-vĂȘtements. Aujourd'hui c'est vendredi donc, je ne vais pas trop casser le corps. Un slim noir, un polo blanc, paire de ballerines noires, je suis op. Je brosse mes cheveux que j'attache en un chignon bien enroulĂ©, je mets un peu de fard Ă  paupiĂšres rose, du gloss sur mes lĂšvres, et le tour est jouĂ©.

-Christopher : Mayou il est déjà 7h

-moi : je suis prĂȘte. Tu as dĂ©barrassĂ© la table ?

-Christopher : oui !

Je mets les seules bijoux de valeur que je possĂšde, les seuls que j'ai jamais eu d'ailleurs, et derniers souvenir qui me reste de Franck en dehors de mes larmes (lol). Je tire mon sac Louis Vuitton (merci moutouki) et j'y mets mon calepin ,stylo, porte-monnaie, etc..., je me parfume avec idĂŽ-dĂŽ d'oyombo (le fond de parfum) qui me reste et je sors trouver les deux autres au salon.

-moi : madame Edowiza, ce n'est pas la peine de te torturer Ă  cuisiner, bijou finit Ă  11h, il va revenir avec le cassoulet et le manioc. Oh ? il faut te reposer.

-Mamie : ehhh (oui)

-moi : bon, on se voit le soir. Quand je termine, mi bé piarana ri kassa (j'irai au marché).

-Mamie : ehh, owendj'ombia (bonne journée)

-moi : merci. Bijou, oka (on y va).

On quitte donc notre pivot d'Omboué-central, et on marche jusqu'au carrefour 3 métisses pour attendre le taxi. Je propose 500f une place 25 logements et 1 place pharmacie Von'okuwa, et on monte.

-moi : prends les 5000Fcfa lĂ , tu vas acheter la grosse boĂźte de cassoulet et 3 bĂątons de manioc au grand village. oh ?

-Christopher : l'argent du taxi ?

-moi : tu prends dans la monnaie

-Christopher : hummmm tu es devenue trop chiche han ?

-moi : le mois est loin...

-Christopher : mais je sais qu'on te paye aujourd'hui

-moi : je dois payer la bouffe et faire placer le compteur d'eau. Ce sera serré ce mois-ci.

-Christopher : si c'est seulement pour placer le compteur lĂ , j'accepte de damer la moĂŻse tous les jours

-moi : tu es trop maboul ! ArrĂȘt avant le centre Missy.

-Christopher : bonne journée ohhh

-moi : ahhh disparaĂźs ! krkrkrkrkr

Il a vraiment grandi mon petit Bijou... que le temps passe vite !

-moi : arrĂȘt au carrefour.

Je descends juste devant la BGD. Je tends un billet de 1000f, le taximan me remets ma monnaie et redémarre.

Je mets mes écouteurs aux oreilles et je traverse la route. Je prends bien tout mon temps pour marcher parce que MOOV ce n'est pas la société que mon pÚre que je ne connais plus m'a laissé en héritage avant de retourner en France, je me vois mal entrain de me pointer là à 7h20. Tchhhrrrrr

Je me dirige d'abord vers la boulangerie '' les délices de mandji'', juste tout prÚs de MGV. Ce n'est pas un petit croissant et un yaourt qui vont me rendre plus pauvre que je ne le suis déjà. Je me poste juste devant ce qui sert de parking, et je me connecte sur facebook depuis mon portable. Je remarque un inbox de quelqu'un que je ne connais pas. Je l'ouvre donc,

« bonjour Maëva, je tente de te joindre par tous les moyens, mais tu ne fais pas signe. Je suis sur Port-Gentil ce soir, je passe à la maison. Bisou ma puce, Franck. »

Regardez les choses de la malédiction ? Pardon, je mange trÚs vite et je fais le chemin dans le sens inverse et je vais me mettre à mon poste. Apres tout c'est la fin du mois, je dois justifier mon salaire.

Bon comme la journée est calme, je vais vous faire un petit résumé de ma vie oh ?

Je me présente : Igondjo Quentin Edowiza Maëva. Ouvrez bien vos yeux. Quentin c'est mon nom aussi. Bon, celui de mon ancien pÚre. Je dis ancien parce que je ne sais pas si il est mort ou toujours en vie, mais dans les deux cas, je sais juste que je n'ai plus de pÚre. Pourtant je me rappelle qu'avant je l'avais prÚs de moi, mais ça, c'était avant. Je n'ai pas besoin de vous dire que je suis métisse.

Mon pÚre, un expatrié français travaillant pour le compte de Elf, était mal nase (amoureux) de ma mÚre. Il a commencé à la draguer quand elle avait 16 ans, puis un bon matin, quand elle a eu 20 ans, elle a cédé. Mais on vous parle d'une premiÚre fois, et c'était dedans. Je crois qu'il avait fait la cotis des spermatozoïdes. lol

Je suis nĂ©e en 1987, et jusqu'en 1994, on Ă©tait toujours une petite famille trĂšs heureuse. On passait mĂȘme les vacances en France.

Et puis un jour, quand papa m'a dit qu'il partait en voyage lĂ , na neno, vendĂ© n' Ă©bobo z' Ă©zango, myĂ©rĂ© denguĂ© (jusqu'Ă  maintenant, mĂȘme l'Ă©chantillon de la lettre, je n'ai pas reçu). Quand je demandais Ă  maman, elle me disait juste de laisser. Maintenant, c'est trop tard. Il ne me reste comme souvenirs que mon vieux passeport, des photos et la maison d'Abela qui est Ă  son nom...

En 1998, Tonton Henri a fait son entrĂ©e dans nos vies. L'annĂ©e qui a suivi, Rapombia Edowiza christopher Martin, mon petit frĂšre, est nĂ©. Mais en 2002, le divorce du mariage qui n'avait mĂȘme pas commencĂ© entre maman et tonton Henri est officiel, voici comment nous sommes retournĂ©s vivre Ă  trois, Ă  Abela. Bon Ă  quatre avec Mamie, vu que mon Grand-pĂšre a cassĂ© la pipe dans la mĂȘme pĂ©riode. Mais bon, Mamie Ă©tait toujours entre deux pirogues (lol), pour aller faire son manioc au village et revenir le vendre Ă  POG.

On vivait bien rien qu'avec le salaire de maman et les recettes de la vente du manioc de Mamie. Elle nous gùtait, elle nous cognait (surtout moi quand j'étais échouée en classe), mais on était à l'aise, c'était notre mÚre.

Je donnerai cher pour qu'elle soit toujours lĂ . MĂȘme si c'est pour me raser les cheveux, ou bien me frotter le piment sur tout le corps quand je rentre en retard ou que je dĂ©couche, je m'en fiche, je veux juste qu'elle soit en vie.

En 2007, rien ne nous avait prĂ©parĂ© Ă  ce dĂ©part si brusque. MĂȘme Mamie qui souffre d'hyper-tension tous les jours que Dieu fait, avec en prime les maladies de la vieillesse (lol), elle est toujours lĂ  (je n'ai pas dit qu'elle doit mourir).

C'est Ă  ce moment qu'on a fait la connaissance de tous ceux qu'on appelait « parents » depuis tout ce temps. Entre les ingrats, les aigris et les m'en-foutistes, on ne savait plus oĂč mettre la tĂȘte. Et puis il faut dire que moi avec ma sauvagerie et ma dĂ©linquance, les gens ne se bousculaient pas trop pour que j'aille vivre chez eux. Personne ne pouvait prendre aussi mon petit frĂšre parce que j'ai dit il ira oĂč je j'irai, et vice versa. Maman qui supportait nos bĂȘtises n'est plus lĂ , je ne voulais pas que quelqu'un tente de reproduire l'histoire de cendrillon ou de cosette avec moi ou mon petit Bijou, mieux, on reste chez nous.

On comptait sur les doigts d'une main, le tonton ou la tantine, qui nous a dĂ©posĂ© le petit sac de riz Ă©lĂ©phant non parfumĂ© qui coute 1700fcfa lĂ , ou bien le paquet de sucre. Peut-ĂȘtre parce que maman Ă©tait fille unique, je ne sais pas ...

Tonton Henri donne souvent des sous, mais comme il a la bougeotte et beaucoup de copine, il faut compter au moins 3 mois avant que les prochains 70.000fcfa n'arrivent. Les deux amies et collĂšgues de maman de SDV, je n'allais les embĂȘter que si vraiment la situation Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ©e. Dans le petit argent qui est restĂ© aprĂšs le dĂ©cĂšs, Mamie a besoin de mĂ©dicaments, il faut payer « La Fontaine'' pour Bijou, moi ici je repasse encore le bac et je veux faire les cours de maths. Impossible. Heureusement que Franck Ă©tait lĂ .

Bon c'était un heureux évÚnement à l'époque, aujourd'hui je crois que j'aurais préféré manger les badùmes tous les jours, que de l'avoir connu. Bref,

Quand c'est fini avec Franck, j'ai jugé bon de mettre la maison en location, ça nous faisait un revenu mensuel au moins sûre, et nous sommes venus vivre dans la vieille maison de Papi Dodo (Edowiza), à Omboué central.

Avec mon petit diplÎme de l'IST, Moov m'a embauché depuis 8 mois maintenant. Petit-à-petit, on vit mieux.

Han ? il est déjà midi, laissez, je vais vite à UGB toucher quelques billets pour aller faire les courses. Je vais profiter à prendre du crédit pour draguer Alino avec son taxi. Au moins, je ne vais pas subir le Grand-village seule.

Je retourne ensuite bosser jusqu'Ă  15h.

Quand Alino se pointe, c'est direction GĂ©ant CKDO d'abord, je prends quelques trucs et on fonce au GV (grand-village). Quand je finis de prendre ce dont j'ai besoin au marchĂ© mĂȘme et chez le libanais, je reste Ă  la pharmacie pour prendre les mĂ©dicaments de Mamie et Alino va dĂ©poser les courses en case. Je ne vais pas le rĂ©quisitionner pour tout l'aprĂšs-midi quand mĂȘme, en plus je ne le paye pas. Lol

Imaginez juste le monde à la pharmacie du Grand-village un vendredi soir, hummm. J'attends tranquillement mon tour, puis je sors de là. Je mets mes écouteurs, et je commence à marcher. Comme je ne veux pas prendre le taxi, je retourne vers le marché et j'emprunte la petite route de derriÚre Codev.

Pendant que je marche, je vois seulement un Toyota hilux gris qui arrive en vitesse comme si il faisait le Paris-Dakar. Comme nous sommes en saison de pluie, voyez seulement comment les creux sont pleins d'eau boueuse. C'est de cette eau sale que je suis Ă©claboussĂ©e par le pilote de rallye en question. J'ai juste eu le temps de me mettre sur un cĂŽtĂ©, mais ça m'a tout de mĂȘme touchĂ©. La voiture se gare un instant, et un homme en sort bien furieux.

- : vous le faites exprĂšs ou bien vous ne savez pas marcher ? quoi c'est la nouvelle technique de se faire Ă©clabousser sciemment pour ĂȘtre transporter gratuitement ou bien quoi ?

Je regarde derriĂšre moi d'abord, on ne sait jamais, peut-ĂȘtre il parle avec quelqu'un d'autre. Personne.

- : je parle avec vous !

-moi : je suis déjà en plusieurs personnes pour m'appelez, vous ?

- : dĂ©cidĂ©ment vous ĂȘtes complĂštement idiote on dirait ?

-moi : regardes mon frĂšre, si je commence Ă  rĂ©pondre maintenant Ă  ta bĂȘtise, tu risques de me bastonner aujourd'hui. Tu es passĂ© dans ta caisse, tu m'as Ă©claboussĂ©, je n'ai mĂȘme pas fait un petit signe pour que tu t'arrĂȘtes. Pardon, prends tous tes dĂ©mons et remontes dans ta voiture. J'ai dĂ©jĂ  assez de pĂ©chĂ©s accumulĂ©s sur la tĂȘte, je ne vais pas rajouter pour toi. Tchrrrrrr

Je continue ma route tranquillement sans me retourner. Moi j'Ă©vite les problĂšmes au maximum. Avec les temps qui courent, on ne sait plus qui est saint de corps et d'esprit...

J'arrive doucement, doucement Ă  la maison.

Je prends ma douche, je me change et je relaxe un peu avec Mamie devant la tv. Vers 19h, Alino vient me chercher et on va retrouver les deux autres au bar les ''9 provinces''. Francis arrose un peu ce soir, comme il est sorti de site hier.

Lorsqu'on arrive, la table est déjà mwa-mwa avec les bouteilles de castel. Il y a aussi 3 maboules filles assises avec eux.

-moi : les gars, doucement oh ? Francis pardon, ton salaire ne doit pas finir ici.

-Francis : oh Mayouyou ma bonne petite. Viens tou tou tou (t'asseoir), ton orangina est lĂ 

-Alino : mais vrai han, Maeva, il faut arrĂȘter tes choses . Tous les jours ont dĂ©marre en groove ensemble mais tu es toujours dans l'Orangina, genre nous sommes les ivrognes quoi ?

-moi : pardon, laissez-moi en paix, occupez-vous de vos gens que vous avez emmené ici. Krkrkrkr

On commence Ă  rigoler, la musique suit. Pendant que je suis assise, il y a au moins 10 bouteilles de biĂšre vide devant moi.

C'est Ă  ce moment que j'entends,

- : mais Justin, voici la maboule dont je te parlais tout-Ă  l'heure ?

Je me tourne pour voir le gars de la Toyota de derriĂšre Codev. Vous voyez les choses ?

- : toi qui disais que j'exagĂšre, regardes toi-mĂȘme l'animal !

Et ils se dirigent hors du bar.

Vous ĂȘtes tous tĂ©moins de la scĂšne non ? Si je ne rĂšgle pas cette histoire aujourd'hui, ça ne va jamais finir.

Je sors aussi du bar et je vais direct attraper le type par le col de son polo.

Continuer

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Vraiment je vais commencer Ă  m’inscrire sur meetic.fr pardon, les hommes que je vois lĂ , sont des anesthĂ©sistes. MĂȘme docteur Semega Ă  l’époque Ă  Paul Igamba n’était pas aussi efficace avec son anesthĂ©sie au 7eme Ă©tage (c’est lĂ  que se trouve le bloc opĂ©ratoire). Ehhhh pardon, je ne suis pas folle, si vous me voyez entrain de parler seule et en marchant, et bien sachez juste que la vie me dĂ©passe. Mais je vous jure qu'aujourd'hui lĂ , hiii (le bruit de l’ongle sous la dent lorsqu’on jure lĂ ), Sylvain va me sentir. Il va savoir qui est « mabolantongo » ce soir. Han ? Quoi ? Ce n’est pas mon nom oh, pardon, mabolatongo c’est un truc lĂ  (oui, je ne sais pas ce que c’est) qu’on appelle pour faire peur aux petits la nuit au village. C’est comment encore ? Han ? Que je vous dise mon nom ? Bon je suis Ossamepa Nkorouna Marie-Christine et j’ai 25ans. Ne me demandez pas le pourquoi des prĂ©noms aussi lourds. Apparemment, monsieur mon pĂšre, dans son immense dĂ©sir de me bĂȘtia (donner le nom de) sa mĂšre, il m’a donnĂ© son gros nom qui commence par « O », et en bonus, j’ai eu droit Ă  ses jolies prĂ©noms aussi qui datent de son baptĂȘme depuis kala-kala Ă  la mission Ste Anne. Bref, on m’appelle plus « titine » sinon, donc vous aussi, faites comme tout le monde . Donc je disais queeeeee, je vais faire la peau Ă  cet enc*lĂ© de Sylvain lĂ . Quoi encore ? Vous voulez savoir qui est Sylvain ? Mais vous ĂȘtes pointus hannnnnnn ? N’est-ce pas Sylvain c’est le couillon avec qui je sors depuis prĂšs de 1 an maintenant ? Le bon monsieur, au lieu de me dire qu’il est fiancĂ© mĂȘme, comme ça je devais savoir Ă  quoi m’en tenir avec lui, rien. Il me fait miroiter un presque foyer. A base de je vais passer les weekend chez lui et tout, je range la maison, je fais les courses, on nous voit dans la ville que collĂ©s-collĂ©s, ayĂš ni bosso, myĂš ni nyuma (lui devant, moi derriĂšre) , tout ça pour apprendre un an plus tard que monsieur est dĂ©jĂ  engagĂ© avec quelqu’une , donc je suis mĂȘme souvent assise chez lui lĂ , je dors mĂȘme avec lui, sans savoir que monsieur est entrain de prĂ©parer son mariage. Je crois que les philosophes lĂ  ont oubliĂ©s une dĂ©finition majeure de l’Homme : l’Homme est un sorcier !

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