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Boss of my Heart

Boss of my Heart

UntilWeDie_

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À presque vingt-ans Violette n'a qu’une ambition : celle de devenir financièrement indépendante en devenant chef d’entreprise. Partie aux États-Unis lors d’un stage universitaire, elle y fait la rencontre de Paul, son patron, mais aussi tuteur de stage. Trentenaire, autoritaire, il est arrogant, distant, mais l’attire comme un aimant. Elle est jeune, française, et touche du bout des doigts son rêve américain. La seule chose qui les lie est leur acharnement au travail. Malgré l’écart d’âge et leurs différences, se peut-il qu’une alchimie vienne troubler leurs plans professionnels ?

Chapitre 1 Chapitre 1 -

1 -

Qui n’a jamais rêvé de partir aux États-Unis ? L’Amérique, ce pays d’opportunités et de promesses, l’Amérique…

Enfin bon, j’ai dix-neuf ans et ce rêve est sur le point de se réaliser. J’ai l’impression d’être Rose dans Titanic, sauf que je ne pars pas d’Angleterre, mais de Paris et que je ne prends pas le bateau, mais l’avion. Je croise les doigts pour que l’avion ne finisse pas sa course dans l’Atlantique comme l’a fait ce si célèbre paquebot. Un semestre au pays de l’oncle Sam, voilà ce qui m’attend. En optant pour ce BTS en management, je savais que j’avais la possibilité de partir faire mon stage de fin d’études à l’étranger. « L’étranger » était évident pour moi, je n’ai pas eu matière à réfléchir, mon choix s’est directement tourné vers cette terre promise, terre d’Indiens et de colons, blablabla. La petite Frenchie au milieu de tous ces English speakers. Mon anglais n’est pas mauvais, pas parfait non plus, mais j’arrive aisément à me débrouiller. J’espère simplement que leurs accents ne me porteront pas préjudice et que je serai capable de comprendre tout le monde. J’ai fini ma valise il y a déjà une semaine et à en juger son poids, je suis prête à affronter ces six mois loin de la maison. Mon père est fier, ma mère trop émotive et les aux revoir s’éternisent. Je m’efforce de les rassurer, leur promets qu’on fera des appels visio toutes les semaines, mais en réalité mon estomac est tordu par l’appréhension. L’appréhension de prendre l’avion pour la première fois— toute seule —, de partir sans eux, pour la première fois aussi, de découvrir un monde à l’opposé du mien, de faire de nouvelles rencontres, mais aussi de découvrir la vie professionnelle. J’ai été prise chez Eagle Investing, l’une des plus grosses boîtes de marketing des États-Unis. J’ai postulé à la maison mère et en moins de dix jours j’avais une réponse positive dans mes e-mails qui me disait « bienvenue à bord ». Les modalités m’ont été données par la secrétaire, celle dont je partagerai le bureau visiblement, mais nous n’avons pas énormément échangé. Plus tard, je serai à la tête d’une entreprise comme celle-ci, je serai la présidente d’une maison aussi reconnue et brasserai des millions. Oui, je suis pleine d’ambition, il parait que c’est la jeunesse qui veut ça. Dernier signe de main à mes parents et je disparais dans l’aéroport. J’ai mal au ventre, il faut bien l’admettre. Six mois loin de tout ce que j’ai connu, ça a beau être excitant, ça n’en reste pas moins terrifiant. Je me contorsionne pour retirer ma veste, et mon sac de voyage qui pèse une tonne pour passer la sécurité. Personne ne sourit, ils sont si malheureux que ça ceux qui travaillent là ? Quand je présente ma carte d’embarquement, on me laisse vulgairement passer après un contrôle rapide et je monte dans l’avion, des perles de sueurs me coulant le long de la colonne vertébrale. Purée, j’imaginais ça plus grand quand même. Pourquoi je ne voyage pas en première classe ? Je suis coincée entre deux personnes à l’avant-dernière rangée. Mon écran vidéo est cassé, les dix heures de vol promettent d’être longues.

— Mesdames et Messieurs, ici votre commandant de bord, dans quelques minutes nous procéderons au décollage, veuillez attacher vos ceintures, relever vos dossiers ainsi que vos tablettes.

Je ne me fais pas prier, mes mains tremblent, je m’attache fermement à mon siège alors que l’avion s’élance sur la piste à toute blinde. Putain, j’espère que la carlingue va tenir le choc ! On décolle, et je ferme les yeux.

C’est long, les minutes me semblent être des heures et les heures une éternité. Les hôtesses sont aux petits soins, entre goûter, repas, verre d’eau… J’hésite à me souler à la vodka, mais je doute que la personne qui m’accueille à l’aéroport voie ça d’un bon œil. Je déambule dans les allées minuscules, m’asperge le visage d’eau dans les toilettes et passe un moment à parler avec le personnel de bord à l’arrière de l’avion. Quand enfin on nous annonce l’atterrissage, j’exalte. Les roues heurtent le tarmac, on ralentit si fort que je suis scotchée à mon siège et quand enfin, on s’arrête, je vois par la fenêtre cet énorme drapeau tricolore qui m’a tant fait fantasmer : je suis en Amérique.

Évidemment, débarquer prend longtemps et je soupire en voyant la file immense qui attend de passer les douanes. Je piétine, et quand vient mon tour, je sors mon plus beau sourire. L’homme face à moi étudie mon passeport sous toutes les coutures, il me compare à la photo qui y est affichée et me pose des questions auxquelles il me faut de longues secondes pour répondre. Bien, il ne pourrait pas ralentir la cadence ? Je reste française tout de même !

— Très bien, vous pouvez y aller !

Je m’enfuis à grandes enjambées vers les tapis roulants et récupère ma valise assez rapidement. Une femme tirée par quatre épingles tient une affiche où mon nom est inscrit en lettres capitales. Je lui fais signe de la main avant de la rejoindre. Une petite quarantaine, un visage ferme, mais agréable, elle me sourit.

— Comment s’est passé votre vol Miss Dubois ?

— C’était long, mais ça a été.

Elle m’envoie un regard par-dessus son épaule alors qu’elle se dirige d’un pas décidé vers la sortie. Malgré ses talons de quinze centimètres, elle garde une démarche affirmée. Je me mets déjà à rêver.

— Nous allons vous montrer vos appartements, lance-t-elle en ouvrant la portière d’une berline noire.

Un homme ouvre le coffre, me débarrasse de mes bagages et je me glisse sur la banquette arrière.

— Vous rencontrerez Monsieur Sanders demain matin, à huit heures tapantes.

— D’accord.

On se met en route vers le centre-ville et je ne peux me retenir de sourire face aux paysages. Ma Vendée natale est bien loin. Les énormes gratte-ciels m’aveuglent, les bruits des klaxons m’assourdissent, le monde dans les rues me subjugue. Bienvenue à Boston, Violette.

La voiture se stationne face à un bâtiment plein de charme et la dame — dont j’ignore toujours le nom -, sort de la voiture en m’intimant d’en faire de même. Le chauffeur se charge une fois de plus de mes valises et je colle aux basques de celle qui vient de m’accueillir. On rentre dans un building plein de cachet et on s’enfonce dans un ascenseur. Cinquième étage, c’est parti.

— Vous serez logée ici pour les six prochains mois. Eagle Investing est sur le boulevard, à cinq minutes à pieds.

Ting, on est arrivés. On longe l’immense couloir et on s’arrête face au numéro cinquante-sept.

— Au fait, moi c’est Karen, secrétaire de direction.

— Et vous vous chargez d’accueillir les stagiaires ?

Elle pouffe, enfonce la clef dans la serrure.

— Vous n’avez pas idée à quel point mon rôle au sein de l’entreprise est varié.

La porte s’ouvre et je découvre un joli petit appartement. Pile ce qu’il faut, très lumineux avec une vue spectaculaire. Tout est agencé de façon à se sentir chez soi et le sentiment de bien-être qui m’envahit est délectable.

— Je vous laisse, demain, huit heures, n’oubliez pas !

Je n’ai pas le temps de rétorquer que Karen et son chauffeur s’enfuient déjà. Je prends possession des lieux. Ce n’est pas difficile, tout est fait pour bien s’y sentir. Les couleurs pastel aux murs, la bibliothèque remplie de livres en tous genres, la cuisine bien rangée et le frigo déjà rempli. Il y a même un plaid rose pâle parfaitement plié sur le fauteuil gris clair. Il est dix-sept heures ici donc vingt-trois heures chez moi. J’envoie un message à mes parents pour les rassurer, je joins une photo de ma tête souriante et de l’appartement à mes quelques mots. « Bien arrivée, tout va bien ! I LOVE YOU. ».

Après une douche — très très très longue — et m’être avalé un plat de pâtes au beurre, je me glisse sous les couvertures de mon - très confortable - lit. Je laisse une petite lumière allumée, parce que j’ai quand même besoin de m’habituer à être seule à l’autre bout du monde, et le sommeil finit par m’emporter.

Il est six heures quand j’ouvre les yeux et le stress commence à monter. Deux tranches de pain de mie tartinées de confiture à la myrtille, un grand bol de lait et je pars me préparer. Une jolie chemise, un pantalon noir en suédine et une paire de ballerines. Comparée à Karen, je n’ai pas fière allure, mais c’est déjà mieux que mon éternel jean et ma paire de vans. Un petit trait d’eyeliner puis de mascara et le tour est joué. Je dompte mes boucles grâce à deux barrettes à cheveux et pars en direction de l’entreprise où j’effectuerai mon stage. La ville vit déjà, des voitures parcourent les rues, des piétons se précipitent avec leurs cafés en mains et moi je m’émerveille de tout. Je prends des photos à l’aide de mon téléphone et mon cœur loupe un battement quand je me retrouve face aux portes de chez Eagle Investing. L’intégralité du bâtiment leur appartient. Le hall est épuré, immense et le bruit que font mes semelles contre le sol me fait grimacer. Sept heures quarante-cinq. L’hôtesse d’accueil est déjà à son poste et arque un sourcil vers moi.

— Je peux vous aider ?

— Je suis Violette Dubois, la stagiaire.

— Oh oui ! Vous devez aller au troisième étage, Karen est déjà là, elle vous attend.

— Merci.

— De rien, l’ascenseur est sur votre gauche. J’adore votre accent, by the way.

Son dernier compliment me fait rougir. Je ne suis pas habituée à ça. Les Français ne disent jamais rien de très gentil, surtout à des inconnus. Les Français sont pudiques, parfois un peu trop. Pudiques et plaignards. Il faut bien appeler un chien un chien.

Je monte jusqu’au troisième et écarquille les yeux face à l’étendue des lieux. Karen est effectivement là, la porte du bureau est ouverte et elle me fait signe d’y entrer. Elle me montre de la main un bureau adjacent fait de baies vitrées, je suppose que c’est celui du chef.

— Le bureau de Monsieur Sanders, confirme-t-elle.

Dans le mille.

— Le tien est ici, proche du mien. Je ne serai pas toujours là, comme tu l’as remarqué, mes missions sont vastes. Tu devras trier, classer, faire des photocopies, répondre au téléphone… Enfin, je ne vais pas commencer à te noyer d’informations, on verra ça tout doucement, chaque chose en son temps, sourit-elle.

Ça se voit tant que ça que je panique ?

Je pose mon sac à main aux pieds de mon dit bureau et étends ma veste sur le dossier du siège. Karen ouvre la bouche pour me faire une remarque, mais un homme entre dans la pièce au même instant. Bah merde alors !

— Bonjour, Karen, des messages ?

— Bonjour Monsieur, non, rien depuis hier.

— Bien, mon rendez-vous de huit heures est arrivé ?

Karen s’éclaircit la voix, l’homme arque un sourcil vers elle.

— Mademoiselle Dubois est ici, lui dit-elle en se tournant vers moi.

Il ose un regard dans ma direction, m’étudie brièvement du regard puis se dirige vers son cabinet.

— Vous viendrez me voir après avoir accroché votre manteau au porte manteau, ce n’est pas un bouiboui ici.

Sur ces dernières paroles, il part s’enfermer dans la pièce attenante. Il tire les stores pour nous cacher toute visibilité, et je pivote vers Karen, hébétée.

— Il n’aime pas quand les choses ne sont pas à leur place.

— Ça promet, marmonné-je.

— Il n’est pas méchant, on s’y fait à la longue.

J’accroche mon blouson là où il doit être et souffle un bon coup avant d’aller taper contre la porte de mon patron.

— Entrez !

J’ai les jambes qui tremblent si fort qu’elles s’entrechoquent, bientôt on pourrait faire de la musique avec mes os. Je referme la porte derrière moi et me tords nerveusement les poignets. Il m’étudie quelques secondes, assis sur son énorme fauteuil, derrière son bureau.

— Asseyez-vous.

Sa voix est ferme, sévère et j’obéis comme si j’avais cinq ans. Il est plus proche, mais je n’ose pas vraiment relever la tête vers lui. Il m’impressionne sacrément. Il s’accoude au bureau et se racle la gorge, m’obligeant à finalement l’observer.

— Qu’est-ce qui vous amène ici ?

Ses yeux sont gris clair, ses cils extrêmement longs. Ses cheveux sont parfaitement coiffés, sa barbe parfaitement taillée. Putain, pourquoi personne ne m’a prévenue que ce type était aussi canon ?

— J’aimerais devenir vous.

Il fronce les sourcils une fraction de seconde, se relaxe sur son siège en riant. Il met les mains derrière sa nuque et me sonde.

— Qu’est-ce que vous entendez par là ?

— Tout ça là, c’est ce que je veux, admets-je en remuant les mains pour englober l’entreprise.

Il s’essuie les commissures des lèvres, attrape un stylo et joue avec.

— C’est ambitieux.

— Je sais.

— Vous savez qu’il faut énormément travailler pour en arriver où j’en suis ?

— J’en ai une vague idée.

Il craque un sourire en coin, visiblement amusé et je ne peux m’empêcher de penser ce que ce mec serait mieux en une de magasine qu’enfermer dans un bureau toute la journée. Il ferait même de l’ombre à la version jeune de Leonardo Dicaprio, si c’est pour dire !

— Pourquoi un stage en tant que secrétaire ?

— Parce qu’il faut bien commencer quelque part.

Il approuve d’un geste de menton, attrape ma lettre de motivation qu’il parcourt rapidement du regard puis fait claquer ses lèvres entre elles.

— Votre anglais n’est pas parfait.

— Votre Français l’est ?

Il arque un sourcil, étonné.

— Je ne parle pas français, finit-il.

— Je vais m’améliorer.

— Montrez-moi ça, alors.

— Très bien, monsieur, vous pouvez compter sur moi.

— Vous pouvez partir. Et ramenez-moi un café.

Surprise, je me lève, et m’en vais. Il n’a même pas dit s’il-vous-plait.

Karen se charge du dit café et me montre la salle de pause. On fait le tour des lieux, en passant par la compta, la cafeteria et l’étage où les cadres fourmillent. C’est immense ici, Monsieur Sanders ne doit pas connaitre toute son équipe, c’est impossible. Je fais des photocopies, je trie des papiers, je ne comprends pas tout et j’ai la trouille de faire des erreurs, mais Karen se montre bienveillante et me rassure en me disant que je finirai par trouver mon rythme de croisière moi aussi.

Le patron ne se montre plus du reste de la journée, il reçoit ses rendez-vous, mange dans son bureau et quand je suis sur le point de m’en aller, il ouvre la porte et se dirige vers moi, les bras remplis de paperasse.

— J’ai besoin d’une synthèse de ces dossiers pour demain matin. Vous l’enverrez à Karen par e-mail pour qu’elle s’assure de votre travail.

— Une synthèse ? répété-je.

— Oui, une synthèse.

— Mais…

— Mais quoi ? Vous avez fini votre journée ?

Je bats des cils, incrédule, et hoche timidement la tête. Il prend un faux air désolé, puis soupire.

— Quand on veut arriver au sommet, il faut s’acharner. Vous pensez peut-être que travailler de huit heures à dix-sept heures va suffire ? Si c’est le cas, vous pouvez changer de voie.

Il tourne les talons, me laissant seule avec une pile de feuilles à lire.

Je reste au travail jusqu’à vingt heures puis décide de rentrer chez moi avec tous les documents. Je mange un sandwich sur le pouce, tape des notes sur mon ordinateur et trouve des incohérences dans certains dossiers. Je passe toute la soirée dessus, une bonne partie de la nuit aussi et j’envoie l’e-mail à Karen aux alentours de deux heures du matin, juste avant d’aller me coucher. La journée a été longue.

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