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La destinée de Jeneya CROFT

La destinée de Jeneya CROFT

SAPHIR

5.0
avis
1.9K
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34
Chapitres

Entre amour, souffrance, haine, boulot, quel sera le sort de Jeneya CROFT.?

Chapitre 1 Prologue

- Qu'as-tu encore Ă  faire ?

- Du step et du tapis roulant, répond-elle en souriant.

- Ok. Moi, j'ai une séance de Zumba.

- Durée ?

- Une vingtaine de minutes, répondis-je en faisant la grimace.

- La Zumba est plus physique qu'on ne le pense, ma chérie.

- J'en suis consciente, od.

- Bon, j'y vais et l'on se prend plus tard.

Nous nous séparons, je vais m'asseoir sur l'un des vélos afin de faire du Biking et me sers de mon portable pour aller sur Facebook. Je ne sais pas pourquoi je suis attirée vers la page de Louis-Joseph, mais j'y vais ; je fais confiance à mon intuition et me mets à naviguer dans sa page. Je clique sur l'onglet photos et tombe des nues en constatant qu'une fille a commenté en l'appelant chéri, cela ne date que de quelques jours.

La dĂ©tective qui sommeille en moi se rĂ©veille, je dĂ©cide d'aller sur la page de la fille regarder parce qu'avec les hommes, l'on ne sait jamais. Sur le mur, je regarde cinq Ă  six photos, tout va bien. Au moment de cliquer, mon sixiĂšme sens me demande d'aller regarder les photos, ce que je fais et manque m'Ă©touffer en voyant une photo de mariage oĂč Louis-Joseph, mon Louis-Joseph et elle, sont enlacĂ©s. Mon sang ne fait plus qu'un tour, je ferme les yeux et respire la bouche ouverte afin de calmer la dĂ©ferlante qui risque s'abattre.

Je m'exhorte au calme et continue la visite des photos, tu es maso, me direz-vous. Je craque en voyant au bas d'une des photos, « My heart belong to You », la photo date d'une semaine. J'arrĂȘte de pĂ©daler et ferme les yeux afin de ne pas laisser les larmes couler. Pourquoi faut-il toujours que cela m'arrive Ă  moi ? Mon cƓur est en lambeaux, je ne sais plus quoi faire penser ou faire et sens une certaine rage monter Ă  moi.

Je relĂšve son nom et le garde dans un coin de ma tĂȘte, Sylviane Talissa. Je referme ma page Facebook et prĂ©fĂšre mettre la musique afin de continuer ma sĂ©ance de sport, sinon je vais tout arrĂȘter et rentrer dans mon lit pour dĂ©primer ; la vie est vraiment injuste.

Une vingtaine de minutes plus tard, alors que Odessa et moi, nous rejoignions dans le coin cuisine du centre de sport pour nous désaltérer, je reçois un message de Louis-Joseph, « je pense à fort à toi ». Sans un mot, je passe mon portable à Od qui lit l'air de ne rien y comprendre.

- Mais c'est ton chéri, qu'y a-t-il d'étrange ?

- As-tu pu capter le wifi, cette fois ?

- Oui, ma belle, répond-elle en dégainant son téléphone.

- Vas-y dans ton Facebook et cherche le profil de Sylviane Talissa.

- Qui est-ce ?

- Vas-y, s'il te plait, insistai-je en avalant un verre d'eau.

Elle le fait et au bout de quelques minutes, a la bouche grande ouverte en se tournant vers moi.

- Est-ce notre Louis-Joseph ? Finit-elle par demander, les yeux écarquillés.

- En chair et en os, dis-je sobrement.

- Mais il a le culot, Seigneur ! Comment a-t-il pu ?

- Ma chérie, c'est la question que je me pose aussi. Les hommes sont vraiment des cons, soupirai-je en me levant et me dirigeant vers le casier, talonné par Od.

- J'ai du mal Ă  comprendre les camerounais. Mais pourquoi sont-ils ainsi ? Tu Ă©tais dans ton coin, ne demandant rien Ă  personne et voilĂ  qu'il s'emmĂšne avec sa longue tĂȘte pour te draguer et te faire miroiter, tout et rien.

- Hum, fais-je tout simplement en sortant mon sac du casier.

- Calme-toi, ma chérie, ça ira.

Nous sortons du centre de sport en silence et marchons durant quelques minutes, puis n'y tenant plus, je brise le silence.

- Tu comprends maintenant pourquoi je ne veux plus de black dans mon lit et ma vie ?

- Je te comprends mais tous ne sont pas ainsi.

- L'on dirait qu'ils sont nĂ©s du mĂȘme pĂšre et de la mĂȘme mĂšre.

- Les camerounais sont des menteurs, ceux-là ils peuvent te mentir la main sur la bible. Tu vas attraper celui-là sur et dans une femme, il sera capable de te dire avec les yeux mouillés, « Chéri, ce n'est pas ce que tu crois », alors que son phallus est encore en mouvement.

- J'ai l'impression d'ĂȘtre maudite, quoi, continuai-je choquĂ©e.

- Ce n'Ă©tait tout simplement pas le bon. Humm, que pouvait-on vraiment attendre d'un griot du parti au pouvoir.

- Comment ai-je pu tomber aussi bas ? Me demandai-je Ă  haute voix.

- Il n'avait pas d'alliance et sous ses airs de nounours, c'est en fait un bourreau des cƓurs.

- Il a le culot de m'envoyer des messages, dis-je Ă  haute voix.

- Calme-toi, ma belle, attends, attends.

Sans que je ne maitrise quoi que ce soit, les larmes que je refoule depuis prĂšs d'une heure, se mettent Ă  couler.

- Et dire que je prie tous les jours et j'avais dit au Seigneur que j'étais ouverte, sauf aux hommes mariés.

- Je sais, je sais, dit-elle en me prenant dans ses bras indifférente aux regards des automobilistes passant sur le boulevard de Laborie.

- Je serai obligée de prendre un virage à 360° et oublier les blacks, il faut que j'y arrive.

- Ce n'est pas en disant ou en te répétant que tu dois y arriver que cela se fera, ma belle.

- Et pourtant, il le faut, fais-je en me dégageant avec douceur.

- ...

- J'ai des sentiments Od, des sentiments ; j'avais vraiment commencé à y croire.

- Je sais, je sais. Malheureusement ton cƓur ne bat que pour les noirs et tu as la poisse,

- Je t'assure.

- Tu ne tombes que sur des camerounais, ils sont incorrigibles, des infidĂšles notoires.

- ...

Un quart d'heure plus tard, nous arrivons enfin Ă  la citĂ© universitaire Laborie et rentrons dans notre studio estudiantin. Je vais me laver les mains et sortir la pastĂšque que je dĂ©coupe en quarts, pendant qu'Od va prendre la douche. Une fois terminĂ©e, je tire une chaise et m'assieds Ă  la table Ă  manger. Je ne sais plus quoi faire et dĂ©cide d'envoyer un message Ă  Louis-Joseph, « Mes respects Ă  ton Ă©pouse, Sylviane Talissa. », avant de le bloquer sur tous les rĂ©seaux sociaux, mon tĂ©lĂ©phone et mĂȘme mes mails.

****FLASH-BACK DE SIX MOIS****

Je me souviens encore de notre rencontre comme si c'Ă©tait hier. Odessa, Amicie et moi, Ă©tions allĂ©es assister Ă  un spectacle, un concert donnĂ© en l'honneur du peuple Ekang Ă  l'Olympia. Nous Ă©tions attablĂ©s, les filles et moi avec le grand-frĂšre d'Amicie lorsque Louis-Joseph dĂ©boula de je ne sais oĂč pour nous saluer et sa main s'attarda plus qu'il n'en fallait sur la mienne et son regard, son regard pĂ©nĂ©trant semblait vouloir sonder mon Ăąme. A la minute oĂč nous nous sommes regardĂ©s, je sus que c'Ă©tait perdu d'avance surtout qu'il Ă©tait physiquement mon style d'homme.

Louis-Joseph, trentenaire de son état, avait tout pour physiquement plaire aux femmes. Son coté « Bad-boy » négligé et savamment étudié, avait un certain charme. Il s'occupa de nous toute l'aprÚs-midi, ne se ménageant pas pour nous faire plaisir en nous offrant des boissons et faisant la conversation. Nous nous sentßmes bien dans ce milieu de musiciens venus pour la plupart du Cameroun en vue de participer à l'évÚnement. La petite « Atanga » ou N'tagan » que je suis, se sentait à son aise car malgré ma couleur de peau, j'ai toujours été attirée par les blacks.

Quatre heures plus tard, alors que nous nous dĂ©cidions Ă  rentrer, Amicie qui savait oĂč prendre le mĂ©tro Ă  Paris, proposa de nous emmener mais Louis-Joseph s'y opposa tout de suite et se porta volontaire pour nous raccompagner. C'est ainsi qu'au lieu de nous ramener Ă  notre hĂŽtel dans le 92 Ă  Fontenay-Aux-Roses, nous fĂźmes un crochet par un restaurant camerounais dans le 18iĂšme et mangeĂąmes comme des reines. Louis-Joseph, toujours aux petits soins, ne manquait pas une occasion de nous complimenter.

Je remarquai et constatai que tous ceux qui causaient ou saluaient Louis-Joseph, le faisaient avec déférence. Je choisis de ne pas poser la question puisque je n'avais aucune intention de lui montrer qu'il m'attirait. AprÚs le manger, alors qu'il était garé devant notre hotel, il me retint dans la voiture en tenant ma main et me tendit son téléphone sans un mot ; je compris sa doléance et composai mon numéro avant de lancer l'appel.

- Merci, fit-il sobrement avant de me souhaiter une bonne nuit.

- Tu as vu, Amicie, je t'ai bien dit, commença Odessa en m'entendant rentrer.

- Ne viens pas mal avec un Bafang, ils aiment trop les femmes rouges ; entendez ici, brunes, claires de peau ou mĂ©tisses. L'argot camerounais, il faut y ĂȘtre habituĂ© et cela devient une deuxiĂšme langue lorsqu'on a une amie camerounaise.

- Vous avez déjà commencé le congossa, me défendis-je.

- Aka, Jen, nous avons tous vu comment il te dévorait du regard, répliqua Odessa.

- C'est ce que tu dis un peu comme ça ? Renchérit Amicie avec emphase.

- Si l'on partait en discothĂšque, il aurait pu acheter un nombre incalculable de bouteilles de champagnes pour impressionner Jen, lacha Od.

- Je te dis, ma co(copine, argot camerounais). N'est-ce pas, il a vu la femme de sa vie. Il fallait voir comment il tremblait en la regardant, les Bafang et les femmes brunes.

- Je te dis, la couleur taxi passe sur le marché. Ne vient pas mal avec eux, ma chérie.

Je réprimai le fou-rire qui menaçait de sortir en entendant Odessa et surtout Amicie qui s'exprimait maintenant avec le ton des camerounais.

****FIN DU FLASH-BACK****

- Eh ooo, ici Houston, fait une voix derriĂšre-moi.

- Ah oui, Od. As-tu terminé ?

- Oui, tu peux y aller et merci pour les pastĂšques.

- Il n'y a pas de quoi.

Je me lĂšve lourdement et vais prendre ma douche en cogitant, dĂ©cidĂ©e Ă  ne pas me laisser abattre ou m'apitoyer sur mon sort. J'ai appris dans la douleur qu'ĂȘtre sensible est un signe de faiblesse. Mon tĂ©lĂ©phone se met Ă  sonner, je coulisser la porte et tire lĂ©gĂšrement sur le rideau de bain avant de prendre le tĂ©lĂ©phone et dĂ©crocher.

- Bonsoir Roberta, fais-je d'une voix douce en souriant.

- Bonsoir ma petite. Comment vas-tu ?

- Bien, merci et toi ?

- Ça ne va pas ici, rĂ©pond-elle aprĂšs un temps qui me parait long.

Mon cƓur se met à battre la chamade, tout me passe par la tete. Je m'exore au calme et ferme les yeux durant quelques secondes afin de me calmer.

- Roberta, je t'coute...

PENDANT CE TEMPS...

...ELRIC...

- Louhann, je croyais t'avoir dit que je rencontre des difficultés ce mois.

- Et moi, que suis-je censée devenir ? Comment vais-je pouvoir payer mon loyer ?

- Tes parents sont censés t'envoyer des sous chaque mois, toi aussi !

- El, cela fait quatre(4) ans que nous sommes ensemble, c'est toi qui as toujours payé mon loyer, je te rappelle.

- Bah pour une fois, tu le feras.

- Je ne peux pas, répéta-t-elle d'une voix vibrante d'émotion.

- Et pourquoi ? Demandai-je en me redressant.

- Je me suis achetĂ©e des brĂ©siliennes de 450€, ce mois.

- Mais cela fait à peine deux mois que je t'ai donné les sous pour les brésiliennes, m'insurgeai-je.

- Oui mais je voulais changer.

- Ecoute, Louhann, tu commences sérieusement à me pomper le bazo ! Si tu n'es pas contente, tu te trouves un autre mec !

- Et depuis quand t'adresses-tu à moi de cette façon ? N'est-ce pas toi qui disais vouloir une copine toujours fraiche et dispo ? Crois-tu que pour s'entretenir que l'on puisse le faire avec des cailloux ?

- Louhann ! Tu fais semblant de ne pas comprendre ou quoi ? Ce mois j'ai des soucis au niveau de ma trésorerie.

- Non, fais le miracle. Déjà que je suis assez lache avec toi, tu aurais déjà du me prendre en charge et totalement depuis que l'on se connait.

- Pardon ?

- Cela fait quatre (4) ans que l'on se connait, tu connais toute ma famille mais n'as jamais pris la peine d'aller toquer chez mes parents. Tu m'as privatisée durant quatre longues années et aujourd'hui tu prétends ne pas avoir d'argent alors que ton pÚre est ministre au pays ?

- Louhann, combien de fois dois-je te le dire ? L'argent de mon pĂšre ne m'appartient pas !

- Et puis quoi ? Tu crois que je ne suis pas au courant que tu gĂšres d'autres petites au pays ?

Je préfÚre ne pas répondre sinon je vais non seulement perdre patience mais aussi dire ce que je vais regretter. Les femmes et la gueule, surtout les camerounaises, c'est encore pire lorsqu'elles sont de petites tailles. Les femmes du Centre et particuliÚrement les Beti sont de vrais cas sociaux mais paradoxalement, lorsqu'elles aiment elles le font bien.

Je soupire en m'allongeant, me fermant au bavardage de Louhann qui est en train de mettre les chaussures pour s'en aller. Ce mois, je sais avoir dépensé plus qu'il n'en faut, j'ai acheté deux voitures que j'ai envoyé au pays pour la revente, afin de maximiser plus ; résultat des courses, je suis à sec et vis sur mes restes.

Quelques secondes plus tard, j'entends la porte claquer et sentirai presque les murs de mon studio trembler. J'ai malgrĂ© tout, un pincement au cƓur mais ne regrette pas d'avoir Ă©tĂ© ferme avec elle. Avec le temps, Louhann qui Ă©tait trĂšs calme et douce, est devenue un vrai dragon. J'ai parfois l'impression qu'elle ne voit en moi qu'un tiroir-caisse, je ne sais plus quoi faire ou penser d'elle. J'envoie un message Ă  mon pote, Jude, qui rĂ©pond aussitĂŽt. Au lieu de continuer par sms, je rappelle.

- Comment peux-tu m'appeler à cette heure ? Ne sais-tu pas que c'est l'heure indiquée pour un examen approfondi ?

- Connard, comme tu as réussi à attraper une femme et peut maintenant faire des infidélités au savon, tu te prends pour un tombeur.

- El, que me veux-tu ? Au cas oĂč tu l'aurais oubliĂ©, je n'ai pas une paire de nibards, un postĂ©rieur intelligent et une bouche pouvant te gĂąter.

- J'aime la description que tu fais de ma belle-sƓur, n'oublie pas de prĂ©ciser que l'on ne sait oĂč le dos commence et s'arrĂȘte.

- Salopard !

Nous éclatons tous les deux de rire et lorsque nous sommes calmés, je me redresse et m'assieds confortablement.

- OĂč est loulou ? Demande-t-il en m'imitant.

- Tu la veux celle-lĂ  ? RĂ©pliquai-je.

- Celle de deux centimĂštres ? Tu es un vrai malade, toi, il faudrait dĂ©jĂ  arrĂȘter de fumer la moquette, El.

- Type, nous venons encore de nous disputer.

- Elles sont de plus en plus récurrentes, type, depuis que tu as commencé à diminuer la somme que tu alloues tous les mois.

- Ce mois, je ne lui ai rien donné, tu connais la situation.

- Et elle n'a rien voulu comprendre malgré le fait que tu ais expliqué que c'était pour le business ?

- Oui, Oan.

- Je ne comprends pas mais qu'est-ce qui lui prend ? Que lui arrive-t-il ?

- Je ne sais pas.

- Je t'avais bien averti, il ne fallait pas l'habituer Ă  la vie facile.

- Elle voulait d'abord que nous allions manger au Nganda (restaurant africain), j'ai refusé car je vis sur mes derniers sous.

- Ne pouvait-elle pas t'offrir ce restaurant ?

- Je ne sais pas, je suis dépassé.

- Je t'avais bien demandé de la mettre au pas. Finis les restaurants et les sacs de marque, n'importe quand et n'importe comment. Ma go, elle sait que je n'ai pas d'argent et que je fais le maximum en lui donnant quelque chose à la fin du mois.

- J'ai Ă©tĂ© honnĂȘte avec Loulou dĂšs le dĂ©but.

- Et c'est justement lĂ  que se situe ton erreur, elle sait de quoi tu es capable et joue dessus.

- Et dire que je me suis battu un an aprĂšs notre rencontre pour qu'elle vienne en France. J'ai dĂ» demander Ă  mon pĂšre de faire jouer ses relations pour qu'elle obtienne le visa, en plus de payer son billet d'avion.

- Et la nourrir dÚs son arrivée en France, rajoute Oan.

- Type, tu l'as trop gùtée et maintenant que tu veux couper le robinet d'argent, tu sauras vraiment qui elle est.

BZZZ...BZZZZ...BZZZZ....

Je regarde tout en gardant Oan en ligne, c'est un sms d'Amicie ; je souris automatiquement en pensant à sa bouille. Si je dis ne pas avoir pensé à la draguer ou penser à la mettre dans mon pieu, je mentirai mais avec le temps, j'ai préféré en faire une copine.

- Type, rĂšgle loulou, sinon vous allez droit au mur.

- Ok, bonne soirée.

Je raccroche et appelle de suite Amicie, qui décroche aprÚs la deuxiÚme sonnerie.

- Bonsoir ma belle,

- Bonsoir El. Comment vas-tu ?

- Bien, merci et toi ?

- Ça peut aller, rĂ©pond-elle en soupirant.

- Que se passe-t-il ?

- Clarel ou Yllan ?

- A ton avis,

- Que se passe-t-il ?

- Je suis dépassée, commence-t-elle ; j'entends le bruit d'une chaise que l'on tire.

- Calme-toi et raconte-moi.

- El, je suis dépassée, je ne sais plus quoi faire ou à quel saint me vouer. Te rendes-tu compte que je suis obligée de cacher certaines choses à mes meilleures amies pour protéger mon couple : à l'évocation de son couple, j'ai des grincements de dents.

- Huhum.

- Huit ans que nous sommes ensemble et nous avons un fils de quatre (4) ans, monsieur estime que ce n'est pas suffisant. Quand je lui pose la question de savoir quand est-ce qu'il ira voir mes parents, il fait celui qui n'entend pas.

- Humm.

- Il y a de cela trois mois, il était dans sa famille au Cameroun, il n'a pas fait semblant de chercher la mienne et au Gabon, il n'a pas cherché mon oncle qui réside là-bas.

- Que voudrais-tu entendre, je t'ai déjà demandé de le quitter car il ne t'aime pas. Il n'assume rien dans cette relation, ne t'aide pas à payer, le courant, l'eau, la nourriture et encore moins, les factures relatives à la cantine de Clarel. Mais qu'attends-tu de plus ?

- Sniff...sniff..si ce n'Ă©tait que cela, El...si ce n'Ă©tait que cela.

- Je t'Ă©coute.

- Cela fait prĂšs de trois (mois) que nous n'avons pas fait l'amour et je sais qu'il a une copine au Gabon, une copine qu'il prend en charge totalement.

- Mais pourquoi ne fais-tu pas valoir tes droits, toi ?

- Il dit que je travaille ; je préfÚre garder mon calme.

- Est-ce que cela devrait l'empĂȘcher de se conduire en responsable ?

- El, il m'a dit hier qu'il ne peut pas se marier sous le régime monogamique.

- Et donc ?

- Il accepte m'Ă©pouser si et seulement si j'accepte la polygamie et me marier avec lui en seconde noce.

- Alor que c'est toi qui lui as donné les papiers de la France en lui faisant un enfant ?

- Oui.

BZZZ...BZZZ...BZZZZ...

Je demande à Amicie de ne pas quitter et vais consulter le sms que je viens de recevoir, il vient d'un de mes « petits ». Je manque tomber à la renverse en prenant connaissance dudit sms.

- Amicie, je suis navré de te devoir raccrocher, j'ai une urgence, dis-je avant de raccrocher, prenant ma veste et mes clés de voiture.

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