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Un si je savais.

Un si je savais.

carlle

5.0
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Chapitres

Joseph, après avoir subit un affront, décide de tout abandonné derrière lui pour reprendre la vie à partir du bas. Il laisse de ce fait, famille, amies et alliés en quittant sa terre natale. Mais très vite, dehors, après plusieurs échecs, il se plonge dans l'acool qui, ne tarde pas à ruiner sa vie. Angèla, est sortie de sa famille pour éviter de nouvelles disputes. Toute sa personne est remplie de chagrin car elle reste incomprise et l'espoir a tari de son cœur. Le destin réunit alors ces deux êtres qui sont, chacun de son côté, fatigués du cours de la vie. Ainsi, commence pour eux une nouvelle histoire pleine de rebondissements. De surprise en surprise, ils finissent par hisser le flambeau de leur amour et deviennent des icônes pour la société qui a vu leurs malheurs dans le passé.

Chapitre 1 Chapitre 1: La où tout à commencé.....

Longtemps je restai décidée à me taire sur mon passé. Et ce ne sont même pas les inventions, les mensonges dont il a été chargé qui m'ont poussée à changer d'avis. Certains, il est vrai, ont fait de mon existence un roman un peu flou. La vérité est à la fois plus logique, plus inattendue et encore plus extraordinaire. De tant d'aventures, de gloires, de malheurs, il y a une leçon à tirer mais je laisse à chacun le soin de trouver celle qui lui convient.

Je pourrais camoufler la vérité en laissant les gens me peindre en saint. Mais ce serait juste une peine perdue. N'en déplaise à mes détracteurs, je suis déterminé à tout dire. Je ne crains le jugement de qui que ce soit. Quant à celui de Dieu, ayant toujours mis ma confiance en Lui, j'ai foi en sa miséricorde. Par ce récit, cette confession, je lègue à la postérité mon œuvre la plus précieuse, ma réussite la plus chérie, ma vie.

Notre famille est originaire d'un petit village du Bénin dont les fils ont la réputation d'être rusés et peu fiables alors qu'ils sont seulement adroits. Mon père, Fabrice, était gardien d'une antenne de réseau. Ma mère, elle aussi, appartenait au peuple. Je n'ai pas d'arbre généalogique mais lorsque je vois les gens orgueilleux, prétentieux, méprisants, paresseux et inutiles, je préfère ne pas appartenir à leur classe. Je suis une fille du peuple et fière de l'être.

Je suis née en plein vingt-et-unième siècle après la mort de notre seigneur Jésus Christ. Je n'ignore pas qu'on m'a toujours accusé de ne pas connaître la date, le mois et l'année exact. Mais je rejette la faute sur le feu qui a dévoré la maison de mes parents quand j'étais tout petite. À ma naissance, j'ai reçu le prénom de l'ex chancelière allemande. Angèla. Mes parents me voyaient comme un messager divin. Pour mon père, j'étais descendu du ciel pour pâlir à toutes les difficultés qu'ils subissent. Mais, ma mère a bien vite oubliée tout ça.

J'ai toujours éprouvé de la difficulté à me rappeler les mauvais souvenirs et je déteste tellement ceux de mon enfance que je les ai rangés dans le coin le plus reculé de ma mémoire. Néanmoins, m'étant promis d'être honnête envers moi-même, il me faut bien ouvrir cette porte hermétiquement fermée depuis tant d'années.

Je dois avoir dix ou douze ans. Nous sommes si pauvres que ma mère m'envoie mendier quelques déchets chez le boucher à une ou deux rues de la nôtre. Ce dernier, se prend pitié pour moi. Il devine chaque jour ma honte et, dans son effort de me la faire éviter, il me tendait un sachet rempli d'os sur lesquels il restait à peine une ligne de viande.

- Tiens, voilà pour le chien de ta mère, disait-il à chaque fois. Comme si ma mère était une personne à avoir un chien, comme si dans le quartier, il y avait quelqu'un d'assez riche pour nourrir les animaux domestiques.

Son visage me faisait peur. C'était un boucher. Mais pas un simple boucher. Tout le monde le craignait dans le quartier. Ce sont mes parents qui sont ses amis à cause du sachet que je ramène chaque jour.

Je ne savais pas pourquoi ma mère tenais tant à ce qu'on prépare notre sauce avec cette merde. Je ne mangeais pas ça. Mon père par contre, s'en raffole. Chaque soir, je lui amenait la nourriture et comme d'habitude, je restais jusqu'à ce qu'il finisse pour ramener les plats car nous utilisons les mêmes pour manger à notre tour ma mère, ma sœur et moi. Mon père, Mr Bankolé Fabrice, prenait son temps. Il cassait et fouillait dans chaque os avec une attention particulière comme si un trésor était caché dedans. À chaque fois qu'il finissait de manger, je ne retrouvais même plus le reste des os après qu'ils aient été cassé. Je ne perdais pas mon temps à demander ni à chercher où ils sont passés. C'était simple et facile à comprendre. Dans son ventre. Il prenait le soin de les casser, les grignoter, les broyer et d'avaler. Les gens aimaient la viande et la mangeaient à leur gré. Mon père lui, aimait seulement les os. C'était un signe de son statut social. Ma mère s'acharnait à préparer la même sauce sept jours sur sept durant toute une année juste pour faire plaisir à son mari.

Nous habitons dans la dernière rue près de la forêt où jadis, les villageois sacrifiaient des animaux pour renouveler l'alliance qui était entré les dieux et les humains. C'est une zone abandonné par l'histoire. Personne ne voulait vivre là. Mes parents oui puisque cela ne les coûtaient absolument rien. Malgré les évènements malheureux qu'ils connaissaient là, ils n'avaient nul part où aller. Nos fenêtres s'ouvraient sur un passage qui conduisait les gens curieux au cœur de la forêt. Notre maison s'appuyait à deux grands arbres qui, ensemble avec elle, formaient l'Arche de Noé.

Ce n'était pas la misère qui me répugnait. C'est le contentement. Nous n'occupions que deux pièces, l'une servant de cuisine et l'autre de chambre à coucher où nous nous serions mon père, ma mère, ma sœur Colombe et moi.

J'étais une petite fille innocente, avec de longs cheveux noirs. Ma maigreur et ma pâleur me donnaient un aspect maladif, mais en réalité j'étais plus résistante qu'il n'y paraissait. Je me moquais des gamines de mon âge qui pleuraient derrière leurs mères pour manger. Je ne résistais pas à les provoquer. Nous nous battions, et ce n'est pas toujours moi qui avais le dessous. Au fond, j'étais sauvage, peu communicative, je n'avais pas d'amies et je ne cherchais pas à en trouver.

Je ne m'entendais pas avec ma mère parce qu'elle préférait ma sœur aînée. Nous avons des caractères trop semblables. Et comme le dit-on souvent, l'enfant qui ressemble à l'un de ses parents ne s'entend jamais avec celui-ci. Il y avait pourtant en moi quelque chose qu'elle ne comprenait pas, qui lui échappait, et qui peut-être l'inquiétait. Elle n'avait pas tort de me gronder chaque jour. J'étais têtue. Mais la réprimande de ma mère me faisait sortir de mon gonds. Je me redressais de toute ma taille minuscule, je mettais les points sur les hanches et, avec les yeux rouges, je lui répondais du tac au tac, lui lançant des injures que jamais fille n'aurait dû proférer contre sa mère. Elle me giflait. Je sortais de la maison, je courais longtemps dans les champs et terrains vagues jusqu'à ce que ma colère se dissipe. Je ne me souciais point de mon ventre. Je restais dehors jusqu'au soir. Parfois, elle vient me supplier pour que je revienne à la maison. Je me sentais aimé pendant ces moments. Mais c'était temporaire. Elle redevient ce qu'elle est même après quelques minutes. C'était sa nature. Je la comprenais et je savais qu'au fond, elle avait un cœur d'agneau.

Cependant, je ne vivais plus au fond de moi. Sa méchanceté à mon égard, son dédain envers ma personne me faisait très mal. J'étais obligé de m'enfermer. Parfois, j'allais rejoindre mon père dans son lieu de travail. Il prenait souvent sa grosse voix pour me reprocher de ne pas rester à la maison, mais ma présence le délectait. Derrière la maison qui habritait l'antenne que surveillait mon père, il y avait la maison des jeunes du village. Certains étrangers étaient venus dans le village pour nous aider. Ils donnaient des formations gratuites dans divers domaines. Mon père a promis de m'inscrire chez eux mais, sa poche retardait toujours le temps favorable.

- Qu'as-tu fait à ta mère ?

- Rien, papa.

- Et pourquoi es-tu dehors à cette heure ? Tu es sensé l'aider à la cuisine je pense.

- Oui, mais ma grande sœur est là. Je suis juste venue te tenir compagnie.

Il me lança son sourire habituel. Je ne savais pas que c'était pour la dernière fois. La vie nous cache parfois beaucoup de choses. Cette fois, elle m'a caché la maladie de mon père jusqu'à sa mort car le soir même de ce jour où j'ai déserté la maison pour le tenir compagnie, il nous avait tourné dos. Alors que je le regardais pour mon avenir, il mourut d'une courte et brusque maladie.

Je me rappelle surtout son enterrement avec les pleureuses professionnelles qui rivalisaient de gémissements, les voisines qui prenaient des mines de circonstances... presque tout le village étaient touché. Bien qu'avec la disparition de son mari, ma mère n'était pas secouée. Il est probable qu'elle se sentait soulagée car elle avait des prétentions inavouées et mon père l'embarrassait. Quant à Colombe, ma sœur, elle sanglotait tout simplement parce qu'elle était impressionnée. J'étais la seule à le regretter.

Déjà du vivant de mon père, il y avait peu d'argent, maintenant, nous n'en avons plus du tout. Nous sommes tombés dans de petits emprunts et même de mendicité. Notre situation devint désespérée. J'avais beau détester ma mère, je dois reconnaître qu'elle se sacrifia pour assurer notre subsistance, car ce ne fut vraiment pas par plaisir qu'elle se mit à recevoir des hommes. Pendant ces visites, elle nous envoyait dehors, occasions inespérées pour moi de profiter de ma liberté.

Mes difficultés commencèrent le soir où ma mère revint à la maison au bras du fameux boucher et nous annonça que nous avions désormais un nouveau père. C'était comme si le ciel tombait sur ma petite tête. Ils étaient rentrés dans le coin qui servait de doctoir pour mon feu père. Je ne pouvais pas me taire. Je ne pouvais pas continuer par voir ma mère profanée notre toit.

- Je te prie de m'accorder quelques minutes, maman.

(Elle s'est excusée chez son client et nous vinrent dehors).

- Qu'y a-t-il Angèla, je n'ai pas assez de temps pour me disputer avec toi.

- Je ne veux plus aussi que nous nous disputons... mais je n'apprécie pas le fait que tu amènes les hommes dans le lit de mon père...

Je n'avais pas encore fini ma phrase quand une paire de giffle me fit taire. Ce soir là, je n'ai plus eu la force nécessaire pour dire mon véto. Pour la première fois, je perdis toutes ma capacité. Je perdis l'instinct de survie que j'avais. Elle retourna dans sa besogne et je restai assis là. Perdue dans mes pensées. Les larmes pleine aux yeux. À cet instant, j'avais besoin d'entendre la voix de mon père. Mais ce n'était pas possible. Il est parti. Et pour toujours, on ne le reverras plus.

Je n'ai jamais autant détesté ma mère qu'à ce moment-là, et seul ce sentiment me soutenait et me donnait la force de traîner une si lourde charge.

Quelques jours après, notre beau-père pris le volant de la maison. Il gouverna sur la famille comme un héritier insensé. Il n'a pas perdu de temps en cherchant à nous étudier Colombe et moi. Maman lui avait montré la place de chacun de nous dans la maison. Très vite, il commença à me mettre à part. Il n'hésitait pas à me frapper. Sans m'avertir, il me donnait des coups pour un rien. Les deux, dans un commun accord, me maltraitaient sans avoir froid aux yeux.

J'enviais Colombe d'échapper à ce traitement. Ma mère l'avait fait inscrire au centre où les étrangers formaient ceux qui voulaient. Elle s'était inscrit pour suivre la formation au théâtre.

Je rêvais de devenir une actrice. Je rêvais de jouer sur scène devant un public. C'était le vœu de mon cœur. Mais c'est ma sœur qui eût la chance d'être inscrite. Je ne faisais pas une jalousie. J'enviais simplement sa place. Et, chaque soir, l'envie remplissait mon cœur lorsqu'elle rentrait à la maison pour nous dire des récits mirobolants qui la peignait comme un personnage principal du centre. Elle ne faisait plus rien à la maison. J'étais la bonne à tout faire.

Depuis la mort de mon père, j'avais trouvé un nouveau refuge. C'était un endroit auprès de la rivière. Je m'y rendais de temps en temps pour parler avec mon âme. Elle était ma seule compagne. C'est elle, qui, après plusieurs réflexions, me conseilla de quitter. De fuir. D'aller loin. Et c'est ce que je fis sans penser à ce qui m'attendait dehors.

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