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Une vie en enfer

Une vie en enfer

carlle

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Chapitres

Le synopsis : Porto Novo, vers les années quatre-vingt dix sept, au cours de la démolition d'une vieille maison abandonnée, des ouvriers font une découverte terrifiante: une cage constitué d'ossements humains dans laquelle est enfermé un enfant. Décharné, marqué au pied comme du bétail, il est hospitalisé dans un état épouvantable. Le sergent Jean et l'agent Annicette pensent immédiatement à des sacrifices rituels: une odeur pestillente, des signes kabbalistiques sur les mûrs, une table sur laquelle des outils tranchants scintillent... Quelle sorte de monstre pourrait commettre de telles abominations ? Alors que l'inspecteur Faco et sa femme Inès l'infirmière sont chargés de l'affaire, des morts suspectes se succèdent. L'enquête les met bientôt sur la piste d'un tueur qui exerçait ce métier depuis fort longtemps. Plus inquiétant encore pour l'inspecteur, son propre père serait peut-être mêlé à l'affaire...

Chapitre 1 La maison de l'horreur

C'était une maison de secrets. De sombres et anciens secrets. De sinistres secrets.

Séraphin le comprit dès qu'il l'aperçut. D'instinct, il le sentit car en plus d'être abandonnée, cette maison est ravagée et écrasé par le poids de son propre désespoir. Une ombre massive, aussi noir que le malheur.

La vieille bâtisse s'élevait sur un bout de terrain en bord de rivière, face au marché "ahi daho mè", un marché situé à l'entrée de porto novo. La ville regorgeait d'antiques habitations, certaines datant de la période coloniale. Lorsque le vent de la démocratie commença par souffler, les dirigeants ont voulu rénover ces habitations mais quelques une parmi elle ont été laissé. Après deux ans de travaux de reconstruction, le visage de la ville de porto novo changea. Les derniers travaux de rénovation son en cour et ce fut après plusieurs difficultés que Séraphin trouva un poste de chef chantier.

Il dirigeait un groupe de travailleurs du haut de ses trente ans et ne faisait pas trop de bruit avant de se faire respecter. Son équipe, constitué de maçon, coffreur, menuisier, ferrailleurs et des ouvriers prêt à donner leurs mains d'oeuvres, devrait construire une immeuble sur place. Mais d'abord, il fallait déblayer le terrain. Ce qui implique la démolition de la vieille maison.

Ce jour là, Séraphin se sentait bien en traversant le pont qui relie porto novo à la ville de Cotonou. Arrivé à "houinta", il s'est même arrêter pour vérifier ces outils de travaille et les membres de son équipage car il savait qu'après avoir traversé le pont, ils ne reviendront qu'à la fin de la semaine. Il ne badinait pas avec son travail car il était, dans sa famille, le seul à enfin trouvé un vrai métier. Ce n'était pas exactement ce qu'il désirait mais comme on le dit souvent : "qu'à défaut du mieux, il faut se contenter de ce qu'on a", il se donne à fond pour mériter son salaire. Étant un lecteur avide, il aurait souhaité entrer à l'université afin d'y étudier l'anglais. Mais comme il n'est qu'un simple dirigeant, il met le sérieux qu'il faut dans son travail et fait ainsi la fierté de ses parents. En un mot, il était heureux. Heureux de s'occuper, de se trouver quelque part plutôt que chez lui en train de regarder la télévision. Heureux d'être à la tête d'un groupe d'hommes qui le comprend au mot. Mais tout à coup, cette joie disparaît de son visage une fois à l'entrée de la maison. Il eût l'étrange impression que les arbres se refermait au dessus de sa tête, étouffant la luminosité matinale. L'air ambiant devient très épais et chaux dans ses narines. Son sourit s'évanouit d'un coup. Le bruit de la circulation et de ses amis s'atténua derrière lui. Dans sa tête, le bruit augmentait, prenait de l'ampleur pour se muer en chuchotements sourds comme la sonate de Mozart. Il était debout devant l'équipage comme le chef d'une armée de combattants. Après un long moment de silence, les autres ont commencé par se poser des questions. Narcisse, le plus courageux du groupe s'avance pour voir ce qui n'allait pas. Tout le monde derrière retient son souffle car jamais Séraphin n'a eut ce genre de comportement devant eux. Dès qu'il se rapproche de lui et pose sa main sur son épaule, il sursauta et cria. Deux des ouvriers prient la clé des champs et les autres se dispersent pendant un instant. Narcisse réussi à calmer son chef qui après avoir rappelé les autres leurs parla sans témoins. Il leur dit la vérité. En effet, quelque chose l'attirait vers la maison. C'était comme une voix, un cri d'enfant, un signal de détresse qui résonnait fort dans sa tête.

Narcisse s'avance vers la maison et tout juste devant la porte d'entrée, il vu deux pancartes sur lesquelles était inscrit en lettre capitale "DÉFENSE D'ENTRER" et "DANGER-ACCÈS INTERDIT". Ces pancartes étaient fixées et retenues par des fils en plastique à peine visible au milieu de la végétation. Les curieux étaient prévenues. Mais pour ne pas perdre sa valeur aux yeux de l'équipage, Séraphin ignora ces inscriptions...tout en se félicitant intérieurement de ne pas se trouver là au coeur de la nuit ni seul. Ils entraient tous l'un après l'autre, les moins courageux en derrière position. Derrière la clôture, les herbes sauvages se disputaient le terrain. Il donna l'ordre afin que le travail commence. Sans plus tarder, et très rapidement, la terre ferme se montrait déjà car les coup-coup et les houes massacrent ces pauvres herbes. Séraphin entra dans le salon accompagné de Narcisse qui surveillait ses arrières. Ils se séparent dans un couloir puis brusquement, une forme surgit du côté droit du salon avant de se rabaisser dans un bruit sec. Telles d'imenses ailles de corbeaux. Tel le monstre d'un film d'horreur. Séraphin bondit en arrière et lâcha un cri étouffé...

Il fit volte-face, prêt à s'enfuir. Puis s'arrêta. S'efforça de se ressaisir. C'était ridicule.

- Qu'est ce qui ne va pas?

Narcisse revient sur ses pas et rejoint son chef qui n'est pas du tout dans son assiette.

- Non tout va bien.

Sa voix tremblait encore et il transpirait de partout. Il regarda de nouveau les mûrs autour de lui mais ne trouve rien de bizarre.

- Je vais prendre un peu d'air dehors pour me changer les idées dit-il à Narcisse.

- D'accord patron. Répondit Narcisse qui ne comprend pas encore ce qui se passe.

Séraphin sort. Il jette un coup d'œil vers les autres travailleurs qui gagnaient du terrain dans le sarclage. Le conducteur du tracteur s'apprêtait déjà à faire son entrée en jeu.

Après quelques minutes, Séraphin retourne dans le salon. La demeure ressemblait davantage à une grange en ruine qu'à une habitation. Elle était vieille. Très vieille. La vue du soleil a peut être fait du bien à Séraphin car dès son entré, il remarque que ce qu'il voyait comme des ailles de corbeaux n'était rien d'autre qu'un sachet en plastique qui dansait au rythme du vent. Un grain d'assurance naît en lui mais très vite le vent balaya ce sentiment car un bruit se fit entendre de l'intérieur. Cette fois-ci, c'était vrai, du "live" comme le dirais les musiciens béninois. Il dressa ses oreilles mais plus rien...silence radio. Il avance lentement vers la chambre où Narcisse était entré tout à l'heure avant sa sortie. Et là, la peur qui l'étranglait refait surface. Le chapeau du tout puissant Narcisse était par terre et on ne le voit nul part dans la chambre.

- Narcisse... Narcisse... mais à quoi tu joues là?

Pour toutes ces questions, il obtient un lourd silence en guise de réponse. Cela ravive le feu de la peur qui brûlait en lui. Il transpirait de plus en plus.

En bon chef, et comme un digne fils des Zountègni, Séraphin prit son courage à deux mains puis entra dans la chambre. Il vérifia dans les coins mais ne trouve rien. Il remua ciel et terre dans la chambre mais pas de Narcisse. Soudain, un autre bruit se fit entendre. Il tourne dans tout les sens mais ne vit personne.

- Mais qui est là!!! Qui fait ça!!!......

Le bruit d'un pas se fait entendre de derrière lui, il respire à fond et se retourne d'un seul coup en dressant son bras comme un nouveau boxeur à qui on apprend les premières prises de karaté.

- "Etê wê to jijò ogan"

Dossou était venu au nouvelle. Mais son chef ne pouvait rien lui dire car il ne comprenait même pas ce qui se passe dans cette maison abandonnée.

- "Nu dé ma jò...mi ko fo azon lò wê?"

- "Eèèè, gladê no lò to kikan mi sé"

- "yi bo yi dò nęn dò n'ja"

Dossou s'arrêta un instant devant la porte où le chapeau de paille que portait Narcisse est resté. Il regarde le chapeau puis regarde son patron comme pour demander à nouveau ce qui ne va pas mais celui-ci ressere sa mine pour lui rappeler son ordre. Il sort et Séraphin pousse un ouf de soulagement. Dire aux ouvriers que Narcisse a disparu serait synonyme d'arrêt immédiat du travail car c'était le plus courageux du groupe. Aussi, il n'avait pas encore fouillé dans les autres chambres donc le silence était la meilleure solution. Il quitte la chambre pour commencer l'inspection. La seconde chambre se trouvait derrière la première et un petit couloir les reliaient au salon. Il s'aventura dans le couloir la peur au cœur et le courage en main. Le battement de son cœur était fort et rapide. La voix qui résonnait dans sa tête reprit. Le message était clair, c'était comme un appel au secours. Il entendit le bruit métallique de la porte qui vibrait derrière lui. Refusant de céder devant cette qui commence par l'énervé, il fonça droit dans la chambre. Après avoir franchi le seuil, il s'arrêta net. Narcisse était là. Debout face à un mûr sur lequel il y avait une panoplie de dessins mystérieux. Il s'approche de lui en fixant toujours le mûr. Tous deux observèrent un long silence, puis Narcisse retrouva la parole.

- Qu'est ce que t'en dit?

- J'en sais rien...

Les deux hommes perdirent une fois encore l'usage de la parole. Séraphin va près du mûr pour bien lire ce qui est écrit. Tout était bien organisé. On allait dire un tableau récapitulatif des événements de plusieurs années. Des noms, des dates, des heures étaient gravés sur le mûr. Les informations étaient classées de façon méthodique. C'était un véritable chef d'œuvre. Un travail de pro devant lequel on ne peut rien dit. Chaque sacrifices laissaient sa trace sur le mûr et les signes justifiaient la nature de chacun d'eux.

- Sinistre, comme endroit, tu ne trouves pas?

Narcisse ne répond que par un signe de tête. Il lisaient le noms des enfants immolés sur l'autel. La liste est longue. Très longue mais celui qui a fait ce travail a pri le soin de tout marqué.

- Allez, viens. On se bouge, sinon c'est sûr que nos noms seront gravés en bas de la liste.

Séraphin tire Narcisse qui se retourne une fois encore pour contempler cette merveille terrifiante.

Séraphin se dirigea vers la sortie et Narcisse le suivit à regret...

Dehors, les ouvriers parlaient déjà. Une information circulait de bouche à oreille par rapport à ce que Dossou vit dans la chambre. Mais beaucoup ont fermés leurs oreilles car rien ne justifiait ses dits. Ceux qui ont doutés ont très vite eut raison quand le patron est ressorti accompagné d'un Narcisse bien vivant. A première vue, on ne pouvait rien remarquer dans leurs visages qui avaient changés compte tenu des mystères qu'ils ont découvert à l'intérieur. Ils viennent dehors et Narcisse posa la question que Séraphin craignait.

- Que faire à présent?

- Que me suggères-tu?

Cette réponse était une ruse que le chef employa pour ne pas perdre sa place car en réalité, si cela ne tient qu'à lui, ils allaient déguerpir. Ramasser leurs clic et clac pour filer aussi vite que le vent. Mais si ces phrases sortent de sa bouche, il serait peut-être vu comme un mauvais patron. Ce qu'il ne veut pas être.

- Nous allons continuer les travaux mais tu dois envoyer quelqu'un alerté la police afin qu'elle vienne constaté les faits.

- Et qui penses-tu que je peux envoyer?

- Vignon...mais je suis sûr qu'il parlera de ça à son ami Dossou qui racontera tout aux autres.

- Et comment faire alors?

- Taisons nous jusqu'au soir...à la fin des travaux, tu iras parler à la police.

- C'est une bonne idée...on se tais alors.

Les deux hommes se séparent et Narcisse rejoint les ouvriers devant la maison. Chacun apprêtait le nécessaire pour l'évolution du chantier. Les maçons faisaient des briques, les ferrailleurs travaillaient sur les fers pour gagner du temps. Tout le monde se donnaient à fond car c'était le premier jour de travail après le week-end.

Séraphin vérifie le déroulement des travaux puis sort pour rejoindre le chauffeur du tracteur qui l'avait fait appeler.

Dès qu'il sort de la maison, Narcisse fit signe à son ami Jacob qui le suivit sans mot.

En réalité, Narcisse est un jeune homme très curieux. Difficile à maîtriser quand il prend une décision. Il ne reculait devant rien. Séraphin même savait qu'il allait retourner dans la chambre mais il ne savait pas que ce serait aussi vite. Ils passent derrière la maison pour ne pas se faire voir. Jacob marchait rapidement derrière son ami qui pressait le pas.

De derrière, la maison paraissait plus menaçante encore. Le mûr de derrière était tapissé de toiles d'araignées. Avec le temps, les fers s'étaient désolidarisés des parois de briques, prenant l'allure de capes noires suspendus à une série de crochets, et prêtes à servir à une messe sacrificielle.

Jacob fut saisi de frisson.

Au milieu de ces semblants de capes apparaissait ce qui avait dû être une entrée. Le cadre était pourri du haut en bas, et sa peinture avait presque totalement disparu.

- Vas-y, ouvre, lança derrière lui la voix de Narcisse qui était passé derrière entre temps.

Jacob tourna la poignée, et poussa. Rien. Il recommença en appuyant d'avantage. Rien non plus. La porte ne bougeait pas d'un millimètre. Il insista, avec encore plus de force. En vain. Il se tourna alors vers Narcisse espérant que celui-ci s'arrêtera là. Mais son chef avait d'autres idées derrière la tête.

- T'es vraiment nul. Laisse moi faire...

Il tourna la poignée et poussa de toute sa puissance. Sans plus de résultats. La colère lui empourpra le visage et lui raidit les bras. Il recula, s'arrêta puis chargea pour venir asséner au battant un violent coup d'épaule. Le bois laissa entendre un craquement mais tint bon. Jacob était surpris de voir son ami s'acharner autant sur cette porte. Il se posa intérieurement des questions sur ce qu'il y a derrière la porte et pourquoi Narcisse tient tant à y entrer.

- Donne moi un coup de main au lieu de rester là sans rien faire.

- Excuse moi mais qu'y a-t-il de si important dans cette chambre et pourquoi veux-tu à tout prix enter?

- Ne me pose pas tes questions stupides...fait juste ce que je te demande.

Jacob se tut et s'approche de la porte. Narcisse aussi. Et ils repartirent à l'attaque. La porte resista encore une dernière fois puis, dans un grincement d'agonie, finit par céder. Les deux amis tombent dans la chambre. Narcisse se relève puis tend la main à son ami afin de le remettre sur pied. L'obscurité battait son plein dans la chambre et il leurs a fallut plusieurs secondes pour habituer leurs yeux à la noirceur des lieux.

Après avoir discuté avec le chauffeur du tracteur, Séraphin revient dans la cour où les autres ouvriers se donnaient toujours à fond. Il les encouragea. Lorsqu'il reprit le chemin de la sortie, il remarque l'absence de Narcisse. Il comprit en même temps qu'il est reparti dans la chambre qui conservait les secrets. Il se tourne aussitôt et va vers la maison.

De l'autre côté, Narcisse et Jacob essayaient de s'orienter dans la chambre. Le plancher qui craquait sous leurs pieds ne leurs inspirait guère confiance. Jacob traînait les pas.

- Allez, avance, l'encouragea Narcisse en arrivant derrière lui.

Séraphin retourna à nouveau dans la chambre contre son gré. Il ne trouva pas Narcisse. Mais à sa grande surprise, il remarqua qu'un nouveau signe a été fait sur le mûr. Il était sûr et certain de n'avoir pas vu cette inscription là.

Oui, son regard était resté accroché à cette partie du mûr tout à l'heure quand ils étaient venus. Une peur bleue s'empara de lui. Aussitôt, il entendit un grand bruit assourdissant au fond de la maison. Il sort de la chambre et continue dans le couloir vers la sortie de derrière.

Narcisse et Jacob entendirent aussi le bruit. Après quelques minutes d'attente, ils coururent vers la porte d'entrée principale. En chemin, ils rencontrent Séraphin.

- Dieu du ciel...que faites vous ici...lâcha le boss surpris.

Jacob recula et laissa Narcisse devant le boss qui voulait une réponse.

- J'ai pensé que ce serait mieux de surveiller la chambre avant l'arrivée des policiers.

- Et tu avais besoin d'être accompagné...

Un nouveau cri les rappellent à l'odre. Cette fois-ci, ils sont bien placés pour localiser la voix. Il y avait une petite porte à gauche dans le couloir. Arrivé devant celle-ci, une odeur de pourriture les accueillent leur agressant les narines.

- Bon sang de bon Dieu...articula Séraphin.

- Ça sent comme s'il y avait un mort ici...finit Jacob.

Narcisse le regarda et fit oui de la tête.

Ils ouvrirent la porte et entrèrent à l'intérieur. Il n'y avait rien dans la chambre à première vue. Mais lorsque Narcisse avança, il trouva une autre porte dans un coin. Elle était petite et ne ressemblait à rien.

- Le bruit venait de là. Dit-il en pointant la petite porte.

- Allons y. Répondit Séraphin qui semblait avoir repris courage.

Mais Jacob par contre, n'apprécie pas trop ce qui se passe. Il les suit quand même et ils ouvrirent la porte.

Posant lentement un pied après l'autre, Séraphin s'enfonça dans la pièce. L'odeur était toujours là. Sur la gauche, apparaissait un escalier qui menait vers le sous-sol. Des marches qui n'inspiraient guère confiance. En descendant, ils retenaient la respiration car l'odeur était de plus en repoussante.

- Retournons dehors...fit subitement Jacob.

Surpris par la puissance de sa voix, il baissa la tête pour que les autres ne lisent pas la peur sur ses yeux.

À dire vrai, il était effrayé. Depuis que le patron leur avait parlé le matin, Jacob ne se sentait plus à l'aise sur le chantier. Ça fait déjà deux semaines qu'on lui avait prédit un malheur qui devrait l'atteindre s'il ne fait pas attention à où mettre ses pieds. Ce message, cette prophétie lui ai revenu à l'esprit ce matin. Voilà pourquoi il a peur.

Les autres descendaient toujours et il les suivait comme un mouton. Lorsqu'ils finissent de descendre les marches, ils se retrouvèrent devant une autre pièce. Celle-ci n'avait pas de porte. Plus rien n'arrêtait Séraphin car ce fut lui qui fit le premier pas pour entrer dans la chambre. Les autres viennent derrière en regardant dans tout les sens. Dans l'ombre, tandis qu'ils y entraient à pas prudents, ils perçurent des mouvements dans la pièce. Des rats. Ils sursautent.

Dans la pièce où ils venaient de pénétrer, il découvrit les vestiges d'une cuisine avec des placards vides aux portes manquantes. Au fond de la pièce, se trouvait un autre passage, vers lequel Séraphin se dirigea. Il vit encore une autre porte. Fermée. Et dont le bois semblait plus frais et solide que tout le reste de la maison. La poignée, elle aussi, paraissait récente.

Le cœur battant, Séraphin la tourna.

Une lumière soudaine surgit derrière eux. Ils crient en chœur.

- C'est ma torche...fit Laurent qui venait derrière eux.

- Et que fais tu ici? Demanda Séraphin d'un ton sec.

- Je vous cherchais...on ne comprend plus rien dehors...si nous sarclons une surface, avant d'attaquer une nouvelle surface, les herbes repoussent sur l'ancienne.

- Ça veut dire quoi? Lança Narcisse qui regarde Jacob.

- On ne sait pas... Répondit Laurent...et vous, pourquoi êtes-vous coincé ici dans ce trou à rats?

La question n'obtient pas de réponse car la porte devant lequel ils étaient, s'ouvrirent lentement d'elle-même...

Les maçons continuaient la fabrication des briques mais une pluie soudaine se déversa sur ses briques et les detruits. Les autres sont restés étonnés devant les faits car l'eau s'est déversée seulement dans cette partie de la maison. C'était comme une pluie provoquée. On allait dire que quelqu'un était contre les travaux qui s'effectuaient dans la maison.

Jacob s'apprêtait à fuir mais Séraphin le retient.

- Attends!!! Nous n'allons quand même pas fuir...maintenant que nous sommes quatre, allons voir ce qui est à l'intérieur.

- Oui...finissons-en une fois de bon, dit Narcisse qui entrait déjà dans la pièce.

QUAND JE MARCHE DANS LA VALLÉE DE L'OMBRE ET DE LA MORT, JE NE CRAINS AUCUN MAL CAR TU ES AVEC MOI. TA HOULETTE ET TON BÂTON, ME RASSURE...

Comme l'indiquait son prénom, Séraphin était un chérubin séraphin. Et en tant qu'un fils de Mose Orimonlade, il ne devrait reculé devant aucune situation. Il disait ces prières avec sincérité et ses pas étaient désormais sûrs. Derrière lui, Jacob aussi envoyait un message de secours à son Dieu à sa manière. On l'entendait répéter en boucle deux mots:

JAH MICKEL-JAH MICKEL-JAH MICKEL-JAH MICKEL-JAH MICKEL-JAH MICKEL...

Laurent et Narcisse par contre ne disaient rien mais ils avançaient tous.

Dans un coin de la pièce, il y avait une table. Sur cette table, se trouvait des outils tranchants. Différentes sortes d'objets très très tranchants. Des larmes fabriquées pour un but spécifique. On voyait encore du sang frais sur quelques uns de ses instruments. Les quatre hommes se regardèrent à tour de rôle. Laurent rallume sa torche pour qu'ils puissent bien fouiller la pièce. Mais quelque chose scintilla sous le faisceau lumineux pour disparaître aussitôt. Une ombre repasse à nouveau sur leurs têtes.

- Allez, lâcha tout à coup Jacob, on sort d'ici.

- Non, attendez, s'entendit souffler Séraphin.

Son cœur battait à tout rompre, son sang courait à cent à l'heure dans ses veines. Mais panique ou pas, il voulait s'assurer de ce qu'il a vu. Ou cru voir.

- Dirigez votre torche là-bas, dans ce coin...fit Narcisse à Laurent en allant vers le coin.

Quelque chose bougea à nouveau dans le coin. Un très bref mouvement. Une ombre...qui semblait avoir une taille réelle.

- Gardez bien la torche braquée dans le coin...oh mon Dieu!!!

- C'est une cage!!! Cria Séraphin.

Oui, c'était une cage, une cage faite d'os. De vieux os. Bien reliés. Un travail digne d'un grand artiste. Ils sont plus près à présent et avant que Laurent n'éclaire l'intérieur de la cage par sa torche, quelque chose bondit vers eux. Elle attrapa Séraphin par le bras.

Il hurla, tenta de se dégager. Impossible. L'étau qui l'enserrait était bien trop puissant.

Très rapidement, Narcisse vint à son secours en tirant la chose. Un hurlement rauque retentit et l'étreinte se desserra. Laurent braque sa torche sur la chose et les quatre hommes, en un commun accord, prient la clé des champs.

Ils coururent jusqu'à la sortie et arriver dehors, tous les autres ouvriers se joignent à eux sans posé de question car ils étaient aussi terrifiés par la peur. Chacun d'eux cherchait un moyen pour quitter au plus vite cette maison diabolique.

C'est après de longue durée de course sans merci qu'ils se sont enfin arrêtés. Devant la place que l'histoire à surnommée "bayole" alors qu'on voyait notre géant Toffa 1er là, Séraphin parla à son équipage qui furent très surpris par son discours car avant de quitter la pièce, ils avaient bien vus ce qu'il y avait dans la cage. C'était un enfant.

Oui, un enfant. Un enfant sauvage.

Dans une cage faite avec des os humains...

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