Le fantôme d'Agathe
pit
aurait été le cas personne ne le remarquerait étant donné le temps qu'il fait. La pluie et le vent sont de sortie, en adéquation avec mon cœur. Il y a ma mère, dans mes bras, agrippée à mes épaules, qui pleure tout en collant son visage à un mouchoir déjà poisseux
de bras lorsqu'elle s'effondrait. C'était un homme discret, qui s'en va comme il était venu, dans le silence. Pour ses funérailles, avec maman nous nous étions mises d'accord – pour une fois – qu'à son image la cérémonie aurait lieu en petit comité que ce soit à l'église ou au moment de l'inhumation.
. D'ailleurs, je ne pense pas non plus que ma mère ait cessé de croire, mais elle est arrivée à saturation du message de l'Église catholique à la suite de la disparition d'Agathe. On lui vendait un Dieu qui ne connaît pas l'impossible, qui n'est qu'amour et miséricorde, mais sa fille vena
tout contrôler pour éviter un drame. Depuis l'annonce du cancer du pancréas de mon père, il y a neuf mois, elle avait pris tant bien que mal sur elle. Elle ne s'était jamais remise du décès d'Agathe, mais papa avait été son point de repère. Avant que mon père s'en
e dépasse les bornes avec cette grande réception sur mesure. Il s'agit d'un enterrement, pas d'une célébration de mariage. En plus, nous ne sommes pas
mal. Elle voulait lui rendre un hommage digne
à-dedans, il y a l'un de ses amants. Elle n'est pas la seule à avoir perdu un enfant, mon fils aussi. Je te l'ai déjà dit, mais il y a plus de cinquante ans, j'ai perdu moi-même un bébé de quelques mois. Mon petit Jean me manque chaque jour que
désolée, Lisandre, du comportement que ta grand-mère peut avoir en société. Elle n'a jamais su tenir sa langue dans sa
auras des enfants tu compr
t. Je n'en avais jamais fait part à quiconque si ce n'est mon père, mais je n'étais pas sans partager l'avis de ma grand-mère. Enfin, en ce qui concerne les enfants, ça fait déjà quelques années que l'on me demande si j'ai quelqu'un et quand est-ce que je compte avoir des enfants car mon ho
on père, devenu aussi celui de ma mère que je reconnais. Peut-être bien, son plus vieil ami, le seul véritable qu'il ait dû garder jusqu'à sa mort. Je le connais, un peu, il lui était arrivé de passer à la maison et de rester y dîner. Je sais qu'il est divorcé et sans enfant. Dès qu'il passait à la maison, il prenait le temps de jouer avec ma sœur et moi
lui remettre tous les malheurs de cette famille sur le dos, ainsi que le décès de son fils. Aucune n'est jamais ca
nsi, et de cet homme nous en sommes les trois plus proches parentes. Nous sommes, également, les seules femmes à cette cérémonie. A
C'était sa manière à elle, de nous signifier son mécontentement d'être traitée de la sorte. Ma mère, quant à elle, se retourna vers l'évier en essuyant du revers de sa manche les larmes qui malgré
te et ce sont pour les mêmes raisons. Seulement, c'était papa qui y mettait u
poque me jeter à ses pieds et la supplier de me dire comment je pourrais l'aider à sortir de cette torpeur. Combien de fois durant mon adolescence, je m'étais blottie dans ses bras ou menacée de me suicider dans l'attente d'une réaction. C'est
ne vais pas te laisser toute seule, ici. Je viendrais passer les week-ends avec toi, si tu veux, et
avoir mieux à faire que venir t'enferme
sa manière à elle,