Le fantôme d'Agathe
pit
s. Il y a également le fait qu'elle ait connu une occupation du IIesiècle jusqu'à nos jours sans interruption qui entre en jeu. Ce n'est donc pas une ville sans histoire, mais une histoire de cet acabit, ça n'arrivait jamais dans notre ville dite « tranquille », pour reprendre les mots de monsieu
il, ses cheveux étaient lâchés et elle tenait un sac à main. Elle avait des sandales blanches aux pieds. Je le savais et, contrairement à tant d'autres tenues qu'elle a pu porter, celle-ci restera gravée dans mon esprit. De plus, elle m'avait dema
t eu délit de fuite, de la part du conducteur. Ses amies étaient sous le choc et elle, elle avait été de toute urgence transportée à l'hôpital d'Orléans. Son pronostic vital était engagé. Quelques jours plus tard, au moment d'annoncer son
élèves ou des parents d'élèves ayant côtoyé le même établissement que ma sœur, des personnes habitant la même ville que nous c'est-à-dire des visages sans nom. Ça m'avai
p plus, non plus. Une fois garés, nous nous sommes rendus à l'accueil. On a commencé par prendre un ticket, pour faire la queue dans la file d'attente, jusqu'à ce qu'on soit appelés à un guichet, mais nous avons été appelés en priorité, ce qui eut pour effets quelques regards en coin de personnes qui patientaient. Nous allions nous asseoir, quand une infirmière nous a dit de bien vouloir la suivre. On s'est arrêtés quelques instants,pour décliner notre nom et on nous a indiqués que nou
vraiment pour des idiots à insister autant sur ce terme, comme si nous ne savions pas déjà ce que cela voulait dire. Le médecin nous accueillit, congédiant l'infirmière et nous serrant tour à tour la main avec un sourire qui exprimait davantage la compassion que la joie. Ensui
it parfaitement connaissance de l'état d'Agathe dans les moindres détails avant que nous mettions les pieds dans ce service. Il voulait gagner du temps pour se préparer mentalement à ce qu'il allait nous dire, se
eur, il pouvait sincèrement compatir en tant que parent et savoir qu'il serait dans un désespoir similaire s'il s'agissait du sien. Il n'y avait, pourtant, dans son bureau aucune photo ou aucun dessin indiquant qu'il aurait pu avoir ne serait-ce qu'un enfant. Je m'étais dit qu'il les réservait à son casier parce qu'il ne se voyait pas accueillir des familles parfois proches de l'endeuillement, avec des photos de lui, sa fem
llateur. Agathe a eu le poumon droit perforé à cause du choc provoqué par la vitesse à laquelle elle a été percutée. Elle est sous assistance respiratoire et plongée dans un coma artificiel. Elle a également plusieurs fractures, dont la plus importante reste celle de son bassin. Nous verrons pour la réduire, lorsque son état nous le permettra. Madame, Monsieur, nous ne pouvons d'ailleurs pas nou
y avait trop de tristesse, il faisait trop lourd et j'avais besoin d'air. Je suis sortie de la pièce, sans que personne ne me remarque ou alors tout le monde avait fait comme si et on s'occuperait de mon cas, plus tard. Tout était aussi blanc et avec un aspect deux fois plus aseptisé à l'extérieur, mais au moins je n'étai