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Le lys et le cyprès

Chapitre 2 No.2

Nombre de mots : 1474    |    Mis à jour : 09/11/2021

'elle jugeait ridiculement long et complexe, par l'emploi d'un surnom. « Dona » avait été son premier choix, mais il suffit que Earl lui fasse un jour

. Pensant que leur fille était atteinte d'une humeur fatale, ou pire encore, d'une entité démoniaque dont la foi chrétienne des Heaventon les avait appris à se méfier, ceux-ci eurent tôt fait d'amener la jeune Dolly auprès des plus grands médecins de York ; le village de Riverhive ne comptant qu'un vieux docteur à la renommée discutable, et qui s'était contenté de déclarer l'enfant maudite en psalmodiant des prières. Mais en dépit de cette pâleur cadavérique et ces yeux sanglants, la fillette semblait pourtant en parfaite santé. C'est d'ailleurs finalement non pas l'aide d'un médecin, mais bien d'un historien qui permit d'amener la lumière sur cette étrange particularité. Il y avait en effet, dans les archives

enaient pour un ange descendu sur Terre. D'autres encore, la voyaient au contraire comme la manifestation de terribles présages, ou l'incarnation d'un quelconque mauvais démon. Quoi qu'il en soit, il n'était pas peu dire que Dolly Heaventon faisait parler d'elle. Outre ses particularités physiques, elle était aussi excellente cavalière, meilleure même qu'Earl, poète à ses heures vagabondes, et violoncelliste de talent. Elle était, d'ailleurs, la seule dans la famille à posséder la « main musicale » comme disait Ms Copstone, une gouvernante au service des Heaventon lui ayant fait don de ses savants enseignements, ainsi que de son impressionnante érudition, aux enfants Heaventon depuis leur plus jeune âge. Dolly et Earl avaient appris la musique ensemble à un assez jeune âge, et l'on remarqua assez tôt que, pour n'importe quel enseignement ou

lly jouait de tout, adaptait tout : elle récitait sagement les suites de Bach, interprétait avec aisance les concertos de Boccherini et les sonates de Beethoven, sublimait Schumann, Vivaldi, Dvořák Fauré, Saint-Saëns, Tchaïkovski, Paganini, et adaptait même au violoncelle des morceaux prévus initialement pour d'autres instruments à l'instar de Chopin, Liszt, Mendelssohn, Mozart, Debussy, Wagner, Brahms, Satie ; son archer expert magnifiait tout avec une force d'âme et un cœur d'une mélomanie phénoménale, presque irréelle. Jouer

ons plus intellectuelles ne venaient à manquer. Qu'ils ne fassent de longues promenades dans le bourg, les bois ou les chemins de campagne, à pied comme à cheval, ou qu'ils ne s'occupent par des temps moins cléments à lire, philosopher, poétiser et autres, le simple fait de ne pas être dans la même pièce attisait leur plus vive envie de se voir. Earl avait plaisir à étudier ses manuels d'allemand et de français, à l'écoute d'un air de Schumann ou de Berlioz interprété par Dolly, tout comme celle-ci aimait à s'émerveiller devant la dextérité de son frère lorsqu'il s'entraînait au fleuret. Enfants déjà, rien n'aurait été en mesure de les séparer plus de cinq minutes l'un de l'autre, et le temps n'avait que davantage

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