Âmes sauvages
oujours près d'elle, comme une boussole fragile pointant vers une vérité enfouie. Son sac ne quittait jamais c
t avec précaution, comme on déploie un objet sacré. Elle passait ses doigts sur la couverture de cuir usée, tiède et presque vivante, comme si un souffle ancien circulait sous s
issait une urgence, une angoisse profonde. Certaines phrases semblaient griffonnées à la hâte, d'autres soigneusement calligraphiées, comme si chaque lettre avait été déposée avec
l'invisible, entre ce qui se montre et ce qui se cache, entre la chair et l'esprit. Un dialecte des âmes anciennes, murmuré entre les lignes,
codées. Elle déchiffrait chaque mot, chaque symbole, cherchant une logique cachée. Elle photographiait les dessins étranges – cercles brisés, triangles imbriqués, runes et animaux hybride
s recherches la menèrent à des pages obscures, souvent traduites maladroitement d'anciens dialectes autochtones. Elle recoupait les sources, écrivait des mots-clés sur des post-it qu'elle colla
s montagnes. Des visages flous apparaissaient dans la brume, des mains tendues, des silhouettes drapées de plumes et de fourrures. Elle se
n ancienne : TĀH'KOTA. Ce mot vibrait au fond de son être, évoquant un appel, une promesse, une fissure dans le silence de son histoire. Elle ne pouvait expliquer pourquoi,
s légendes parlaient comme ceux qui changent de forme, des hommes et des femmes capables de parler aux loups et de revêtir la peau des animaux lors de cérémonies lunaires sacrées. Cette men
ant à nouveau les photos glissées entre les pages. L'une d'elles, jusque-là oubliée, attira son regard. On y voyait un homme torse nu, de dos, tatoué de symboles tribaux, un tambo
iation culturelle autochtone. Au milieu de la page, une annonce : un Pow Wow Intertribal, une célébration annuelle dans la vallée de Two Moons, au Montana. Le titre promettait
devant son écran
t ici que son voya
oient réservées aux membres de la communauté, sur invitation seulement. Moïra n'était pas invitée. Elle
e pouvait p
« folklore et traditions » lui offrirait une couverture crédible. Elle écrirait un article sur les Pow Wow modernes,
parmi eux, écouter leurs histoires, capter les regards, les silences. Et p
elle savait que ce n'
t une
e pour c
ouver ses
tambours battants dans la nuit glacée, entre les danses
son tour, quelqu'un r
s pas la peine d'attendre la réponse pour commencer à préparer son voyage. Elle acheta un petit carnet de terrain, une enregistreuse, des vêtements adaptés à un climat montagnard, un sac à dos solide. Elle planifia
s. Un loup sur une affiche de film dans le métro. Le hurlement d'un chien au loin, à la pl
ffle, une respiration, un murmure à peine audible, comme si les mots du carnet s'a
ait cet homme,
r des messages que seule elle pouvait lire. Il souriait parfois. D'autres fois, il l'appelait sans parler, tendait
ient pas d'explication, comme si une présence ancienne l
llait trouver là-bas. Mais elle
plus rester da
chose l'
– ou quelqu'un