La sauvagerie des anges
s c
uis allée voir l'infirmière pour qu'elle me donne des feuilles de papier et un stylo. Les ordinateurs, ils ne connaissent p
s. De toute façon, il n'était pas viable, car il présentait des malformations congénitales. Détail surprenant, cet enfant était dépourvu d'organes sexuels. Mes parents lui donnè
i parfaits, se tordaient de haine, et où son silence éclaboussait tout ce qui l'entourait. J'étais nourrie, lavée, habillée et éduquée. Elle était présente sans l'être vraiment. Phobique de tout. Mais de quoi pouvait-elle bien avoir peur ? Je n'ai jamais compris. Ce qu'il y a de certain est qu'elle devait me détester, car j'étais la cible permanente de son aliénation. Et si, par excès de zèle, mon père se mêlait de la dispute, il en subissait les cons
une sorte d'antichambre intemporelle et délétère. Elle savait créer le Néant. Elle était le Néant. Nous étions sous son emprise. Mon p
âce qui le subjuguaient totalement. Les beaux moments avaient duré quelques mois, puis il avait constaté au cours des tournées qu'elle ne supportait plus la pression et la foule. Souvent prostrée derrière les rideaux de la scène, avant le début de chaque récital, elle avait des sortes de spasmes et ses mains qu'elle frottait frénétiquement l'une contre l'autre restaient désespérément glacées. Son corps se raidissait lorsqu'elle était face au piano, sa mémoire lui jouait des tours. Très vite, elle avait prétexté des fièvres, des malaises, pour échapper à ce désastre. Les contrats se
sé sur le couvercle, le piano avait révélé son corps de palissandre. Sa peau de bois était tiède et lisse. Ses courbes, parfaites. Comme par magie, le clavier s'exposait, impudique. Un froissement derrière moi m'avait fait me retourner d'un bond... Personne. Mon cœur battait à un rythme d'enfer, mais je poursuivis mon inspection. Mon index d
! tranch
depuis le début. Je savais que je n'aurais jama
e n'expri
eds-
re, tirai le siège pour m'y asseoir. J
jouer du
-la, C
Ève ? Est-ce que tu veux apprendre
sais
ut à sa place et je ne veux plus jamais te revoir t'approcher de mon pi
au avoir peur de ma mère, je
eux bien
elle veut jouer du piano
ris. Je venais de sceller un contrat avec le Diable. Je n'avais pas perçu les conséquences de mon « oui » et comprenais mieux le dépit de mon père lors de mon acquiescement. Cet instrument me répugna rapidement au point que j'avais la n
e temporalité fracturée d'un « avant » et d'un « après ». Parfois, ces espaces-temps sont si rapprochés qu'ils annihilent alors tout espoir de sas ou de reprendre son souffle. C'est une apnée perpétuelle qui tisse du vent. Nous redevenons l'esclave des Moires en pleine conscienc