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Anne-Claude
— Anne-Claude! Ton rendez-vous de quatre heures est arrivé... signale la secrétaire dans le téléphone.
Je la remercie et raccroche le combiné. Je me presse ensuite de retirer plusieurs portraits à la droite de mon écran d’ordinateur sur mon bureau et de les ranger dans un des tiroirs. Je me lève ensuite et je lisse mon tailleur, je jette un œil à mon reflet dans la baie vitrée de mon cubicule. Ma tignasse rousse est parfois trop rebelle.
Enfin, je prends une profonde inspiration avant de franchir la séparation entre mon espace de travail et celui des autres dans la grande banque. Je traverse la vaste aire ouverte et je me dirige vers la salle d’attente. Je peux déjà l’apercevoir, grand et costaud, blond et les yeux bleus, sa barbe courte soigneusement rasée tout comme sa chemise propre, son gilet en cuir et ses pantalons à bretelle…
Il a comme toujours de la prestance, de la noblesse.
Je vais accueillir le chef d'entreprise Islandais. Enfin, c’est ce qu’il prétend être comme toujours...
— Monsieur Drakniss!
Il se lève de sa place avec élégance, ne me quittant pas du regard. Un regard charismatique.
— Mam’zelle Eckhart! Toujours aussi séduisante!
Je lui rétorque de manière sarcastique, prenant cette main tendue:
— Monsieur Drakniss... toujours aussi irrévérencieux!
Il sourit de manière tout à fait arrogante tandis qu’il me serre la main avec une légère pression, son pouce sous mon poignet, comme pour assurer sa dominance sur moi tout en me témoignant de la tendresse. C’est son petit rituel... Chaque fois, ça ne rate pas de faire son petit effet sur moi. Mon tailleur me parait soudain trop serré, la température a grimpé de quelques degrés et un frisson me parcourt l’échine.
Je combats cette émotion pour conserver un calme apparent quand je l’invite à me suivre dans mon bureau.
Son homme de main sur sa droite demeure assis comme toujours, jouant à un jeu stupide sur son cellulaire en patientant après son boss.
Khan Drakniss en profite toujours pour me draguer lors de notre rendez-vous bisannuel... Moi, je demeure très polie avec lui, mais je n'entre pas dans son jeu. Je me contente de lui donner les résultats de ses derniers placements en bourse, de lui conseiller quelques investissements. Comme toujours, il aura de l’argent liquide, beaucoup d’argents liquides, qu’il désire transférer dans un autre compte offshore, d’une de nos succursales qui se situe dans les iles Caïmans.
Comme toujours bien sûr, je ne poserai aucune question parce que notre banque du Luxembourg se spécialise dans ce genre de transactions, pour ce genre de client... et jamais au grand jamais je ne chercherais à savoir ce que vend monsieur Drakniss, autre que des spiritueux et des bières de microbrasserie, entreprise qui doit lui servir de couverture à des activités bien plus louches.
Je suis suffisamment bien payée pour fermer les yeux devant des clients comme cet Islandais et je suis également suffisamment bien payée pour supporter qu’il me drague à chacune de ses visites.
Cette fois, le trafiquant de je-sais-quoi me demande une autre carte Amex Black pour son cousin qui a perdu celle qu'il lui avait remise la dernière fois. Il désire aussi en avoir une autre, toujours reliée au même compte, cette fois pour sa sœur Emma, qui s'en va étudier à Oxford... Tout comme lui. Eh! Il en est très fier.
Je suis tout de même un peu surprise qu’il ait une sœur, car il ne l’a jamais mentionné auparavant.
Pendant que j’entre les informations de la nouvelle carte, il remarque alors le dessin d'un enfant épinglé sur mon babillard. Mon cœur cesse de battre une fraction de seconde. J’avais complètement oublié ce dessin! Je m'efforce de ne pas montrer mon trouble quand je lui prétexte que c’est mon neveu qui l’a fait.
Rapidement, j’attire son attention sur le lecteur que je viens de placer devant lui pour qu'il entre un code pour la nouvelle carte, celle de sa jeune sœur... et monsieur Drakniss me demande de le faire à sa place. Cette carte pourrait même être la mienne si j’acceptais de le suivre dans sa chambre d'hôtel...
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