Paul en appartement pdf

Lyanna était assise sur le rebord d'une fenêtre dans la petite maison en pierre qu'elle partageait avec sa famille. Le vent froid de l'aube caressait son visage, lui rappelant combien elle était insignifiante dans un monde où chaque membre de la meute avait un rôle défini. Les autres se préparaient pour la grande cérémonie, mais elle, elle n'était qu'une ombre, un simple pion dans les plans de sa famille.

La voix tonitruante de sa mère brisa le silence.

- **Lyanna ! Pourquoi es-tu encore là à rêvasser ? Descends immédiatement !**

Lyanna soupira et ajusta le col usé de sa robe. Elle descendit à contrecœur, ses pieds nus effleurant les marches froides. Sa mère, une femme imposante aux traits durs, l'attendait dans la cuisine, un air exaspéré sur le visage.

- **Combien de fois devrai-je te rappeler que tu n'as pas le droit à l'erreur aujourd'hui ?** lui lança-t-elle.

- **Et pourquoi ?** murmura Lyanna, ses yeux baissés. **C'est un mariage que vous avez arrangé, pas moi.**

Sa mère claqua la main sur la table, faisant sursauter Lyanna.

- **Assez de cette insolence ! Ce mariage est ta chance de racheter ton inutilité ! Tu devrais nous remercier. Si Kael accepte une incapable comme toi, c'est un miracle.**

Ces mots la transpercèrent comme des lames. « Incapable. » C'était le mot préféré de sa famille, celui qu'ils utilisaient pour décrire l'unique louve de la meute incapable de se transformer. Tandis que ses frères et sœurs excellaient dans l'art de la guerre et les responsabilités, Lyanna n'était qu'une tâche dans le tableau parfait de leur lignée.

- **Mais pourquoi moi ?** demanda-t-elle doucement.

Son père entra dans la pièce, sa stature imposante projetant une ombre intimidante.

- **Parce que tu es la moins utile à notre cause, Lyanna. Nous ne pouvons risquer de sacrifier tes frères ou sœurs pour un mariage politique. C'est toi ou personne. Et si tu refuses...**

Il laissa sa phrase en suspens, mais Lyanna savait ce que cela signifiait. Elle n'avait pas le luxe de refuser.

Quelques heures plus tard, Lyanna se tenait devant un miroir fissuré, habillée d'une robe simple. Contrairement aux autres mariées qui rayonnaient de bonheur, elle était pâle, presque fantomatique. Sa sœur cadette, Althea, entra dans la pièce, un sourire narquois aux lèvres.

- **Tu as l'air pathétique, comme d'habitude,** ricana-t-elle.

Lyanna serra les poings.

- **Pourquoi es-tu ici, Althea ?**

- **Pour m'assurer que tu ne fais pas honte à la famille, bien sûr. Et pour te rappeler que Kael ne sera pas indulgent. Tu ferais mieux de garder la tête basse et de ne pas le contrarier. Il n'a pas la réputation d'un homme patient.**

Lyanna resta silencieuse, absorbant les mots venimeux de sa sœur. Elle savait que Kael, le roi de leur région, était connu pour sa froideur et son autorité implacable. Elle avait entendu des histoires sur ses conquêtes militaires et sa manière brutale de gouverner. Il n'était pas du genre à tolérer la faiblesse, et elle, avec son absence de pouvoir, était la faiblesse incarnée.

La cérémonie eut lieu dans la grande salle de la meute. Le sol en pierre lisse était éclairé par des torches, et des dizaines de visages s'étaient tournés vers Lyanna lorsqu'elle avait fait son entrée. Les murmures ne s'étaient pas arrêtés depuis qu'elle avait franchi la porte.

- **Regardez-la. Une incapable, et pourtant elle va épouser le roi. Quelle honte pour notre meute.**

- **Je parie qu'elle ne tiendra pas un mois.**

Lyanna fixait le sol, faisant de son mieux pour ignorer les commentaires cruels. Puis, elle sentit une présence imposante devant elle. Elle leva les yeux et croisa le regard de Kael pour la première fois.

Il était grand, ses traits durs et parfaitement ciselés. Ses yeux gris perçaient comme des lames, et sa mâchoire carrée donnait l'impression qu'il n'avait jamais souri. Il portait une cape noire brodée d'or, symbole de sa puissance.

- **Lyanna,** dit-il d'une voix grave.

Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun mot ne sortit. Kael plissa les yeux, comme s'il jaugeait chaque détail d'elle. Puis, sans un mot de plus, il se tourna vers l'ancien pour commencer la cérémonie.

L'union fut scellée rapidement, presque mécaniquement. Aucun sourire, aucun mot doux. Juste un serment échangé dans un silence tendu.