Le soleil se levait doucement sur la petite ville de Saint-Pierre, répandant une lumière dorée à travers les fenêtres du lycée. Claire, une lycéenne studieuse et introvertie, ajustait nerveusement ses lunettes en se dirigeant vers sa salle de classe. C’était la rentrée, et malgré son habitude de ce rituel annuel, elle ressentait toujours une légère appréhension à l'idée de rencontrer de nouveaux camarades.
Claire aimait la littérature. Pour elle, les livres étaient des refuges, des mondes dans lesquels elle pouvait se perdre et oublier la réalité parfois ennuyeuse ou oppressante de la vie quotidienne. Ce matin-là, elle se rendait à son cours préféré, un cours de littérature avancée que peu d'élèves choisissaient, préférant les matières plus pratiques ou scientifiques.
En entrant dans la salle, Claire remarqua tout de suite une nouvelle tête parmi ses camarades habituels. Assis à l'arrière, un garçon qu'elle n'avait jamais vu auparavant regardait pensivement par la fenêtre. Il avait des cheveux bruns en bataille et des yeux d'un bleu profond qui semblaient contenir des océans de secrets. Claire ne pouvait s'empêcher de le fixer, intriguée.
La professeure de littérature, Madame Bernard, une femme d'âge moyen au sourire chaleureux et aux cheveux grisonnants, prit la parole.
« Bonjour à tous et bienvenue en cours de littérature avancée. Avant de commencer, j'aimerais vous présenter un nouvel élève qui a rejoint notre école cette année. Lucas, peux-tu te présenter à la classe ? »
Le garçon mystérieux se leva lentement, les mains enfoncées dans les poches de son jean. Il esquissa un sourire légèrement désinvolte avant de parler d'une voix douce mais assurée.
« Salut, je m'appelle Lucas. J'ai récemment déménagé ici de Paris. J'aime beaucoup lire et écrire, donc je suis ravi d'être dans ce cours. »
Il s'assit aussitôt, sans ajouter davantage. Un murmure d'intérêt parcourut la classe, mais Claire se contenta de noter mentalement ces quelques informations. Paris, pensa-t-elle. Il doit avoir beaucoup d'histoires à raconter.
Le cours commença, et Madame Bernard lança une discussion sur "Les Fleurs du Mal" de Baudelaire, l'une des œuvres préférées de Claire. À sa grande surprise, Lucas participa activement, partageant des observations pertinentes et des analyses profondes. Claire, d'habitude réservée, se sentit poussée à contribuer à la discussion.
« Je pense que Baudelaire utilisait la dualité entre le bien et le mal pour refléter ses propres luttes internes, » dit-elle timidement, les yeux baissés.
« C'est un point de vue intéressant, » répondit Lucas en la regardant pour la première fois directement. « On peut aussi voir ça comme une critique de la société de l'époque, non ? »
Claire acquiesça, surprise par l'intensité de son regard. Ils continuèrent à échanger des idées tout au long du cours, trouvant des points communs dans leurs interprétations. À la fin de la séance, Madame Bernard les félicita tous les deux pour leur participation.
En sortant de la classe, Claire sentit une main se poser légèrement sur son épaule. Elle se retourna et se retrouva face à Lucas.
« Hé, c'était cool de discuter avec toi. Tu es vraiment calée en littérature, » dit-il avec un sourire sincère.
Claire rougit légèrement. « Merci, toi aussi. C'est rare de trouver quelqu'un qui partage cette passion. »
« Ouais, la plupart des gens trouvent ça ennuyeux, » répondit-il en haussant les épaules. « Tu veux marcher un peu ? J'aimerais bien apprendre à connaître mes nouveaux camarades. »
Ils sortirent du bâtiment et commencèrent à se diriger vers la cour. Le soleil était maintenant haut dans le ciel, et les autres élèves profitaient de leur pause pour discuter ou jouer.
« Tu es ici depuis longtemps ? » demanda Lucas.
« Oui, depuis toujours, » répondit Claire. « Saint-Pierre est une petite ville, mais elle a son charme. »
« C’est vrai, » dit Lucas en regardant autour de lui. « C’est différent de Paris, mais ça a l’air sympa. »
Ils continuèrent à marcher, échangeant des anecdotes sur leurs vies respectives. Claire apprit que Lucas avait déménagé à cause du travail de ses parents et qu'il avait dû quitter ses amis et ses habitudes parisiennes. Elle, en retour, parla de ses livres préférés et de son amour pour la photographie, une autre de ses passions.
« C’est drôle, je n’avais jamais vraiment exploré la photographie, » dit Lucas. « Peut-être que tu pourrais me montrer quelques trucs. »
Claire sourit timidement. « Avec plaisir. »
Ils arrivèrent devant une grande maison aux volets bleus. Claire s'arrêta, surprise.
« C’est chez toi ? » demanda Lucas.
Claire regarda la maison, puis Lucas, les yeux écarquillés. « Tu habites ici ? »