Isolde Valmer, restauratrice d'œuvres d'art solitaire, est appelée à une abbaye transformée en hôtel de luxe pour restaurer une fresque mystérieuse représentant un pacte légendaire. Sur place, elle découvre un passé oublié lié à l'énigmatique propriétaire, Auguste Calderon, et à la fresque elle-même. Un passage secret derrière la fresque mène à une crypte où repose une boîte gravée de son nom. Alors qu'elle recouvre des fragments de mémoire, Isolde réalise qu'Auguste est lié à un ancien pacte l'ayant privé d'émotions profondes. Ce qui fait qu'il est condamné à vivre toute sa vie sans connaître l'amour. Entre passion, danger et mystère, Isolde doit choisir entre briser une malédiction et se laisser aller à des sentiments amoureuse pour Auguste ou préserver son propre esprit. Le contenu de la boîte détient la clé de leur destin commun.
Le téléphone vibra contre la table en bois, brisant le silence de l'atelier plongé dans une lumière tamisée. Je sursautai légèrement, fixant l'écran où s'affichait un numéro inconnu. Mes doigts hésitèrent un instant avant de décrocher.
« Allô ? » dis-je d'une voix prudente, presque cassée par la fatigue accumulée.
« Mademoiselle Valmer ? » La voix au bout du fil était grave, autoritaire. Pas de doute, ce n'était pas un appel ordinaire.
« Oui, c'est moi. À qui ai-je l'honneur ? »
« Auguste Calderon. Je gère l'Abbaye de Saint-Lys. Nous avons un projet... particulier, et votre nom est revenu à plusieurs reprises. »
Je fronçai les sourcils, attrapant un chiffon pour essuyer machinalement la poussière sur une statuette antique.
« Une abbaye, vous dites ? Je ne comprends pas bien... »
Il m'interrompit, impassible : « Nous avons une fresque ancienne, un chef-d'œuvre oublié qui demande une restauration urgente. Votre expertise en la matière est bien connue. L'offre est généreuse, et votre travail pourrait remettre cette œuvre sur le devant de la scène. »
Je me figeai. Un mélange d'excitation et d'appréhension montait en moi. Travailler dans une abbaye... Cela semblait irréel. Mais avant même que je ne puisse répondre, il ajouta d'un ton qui ne laissait pas place à la négociation :
« Je vous ai envoyé un email avec les détails. Prenez le temps d'y réfléchir, mais pas trop. L'œuvre n'attendra pas éternellement. »
Et il raccrocha. Pas de salutations, rien. Juste une coupure nette.
Je laissai échapper un soupir et posai le téléphone. Une part de moi était intriguée, mais l'autre hésitait. Est-ce que c'était vraiment une bonne idée ? Je me retournai pour contempler l'atelier exigu où je passais la majeure partie de mes journées. Mes finances étaient dans un état lamentable, et cet appel ressemblait presque à une bouée de sauvetage.
C'est alors que la porte s'ouvrit avec fracas, et Gabriel fit irruption dans la pièce, son éternel sourire narquois sur le visage.
« Tu pourrais au moins faire semblant d'être ravie de me voir, » lança-t-il, posant son sac sur le comptoir.
Je levai les yeux au ciel. « Gabriel, qu'est-ce que tu fais encore ici ? On avait dit que tu chercherais un autre endroit où dormir. »
Il haussa les épaules avec une désinvolture exaspérante. « Je cherche, mais tu sais, les loyers sont exorbitants. En plus, tu sembles t'en sortir toute seule. »
Je serrai les dents. Cette conversation, je l'avais eue des dizaines de fois. Partager l'appartement avec mon ex était un enfer quotidien. Il était passé maître dans l'art de me faire sentir coupable pour ses échecs.
« Gabriel, écoute-moi bien, » dis-je, ma voix tremblant légèrement d'agacement. « Tu ne peux pas rester ici indéfiniment. Ce n'est plus sain, ni pour toi, ni pour moi. »
Il se pencha vers moi, son sourire s'effaçant pour laisser place à une expression plus sombre. « Tu sais quoi ? Peut-être que je resterais si tu n'étais pas si froide, si obsédée par ton foutu travail. »
Sa remarque me frappa comme une gifle, mais je ne laissai rien paraître.
« Et peut-être que je serais moins froide si tu n'étais pas un parasite, » rétorquai-je sèchement, regrettant presque mes mots aussitôt prononcés.
Un silence tendu s'installa. Gabriel me regarda fixement, son visage fermé. Puis, sans un mot de plus, il attrapa son sac et quitta l'atelier en claquant la porte derrière lui.
Je restai immobile un moment, le cœur battant. La solitude me serra la gorge, mais aussi un étrange sentiment de soulagement.
Je me tournai vers mon ordinateur pour ouvrir l'email dont Calderon avait parlé. Les mots sur l'écran semblaient presque irréels : un contrat lucratif, un hébergement assuré dans l'abbaye, et une fresque remontant à plusieurs siècles. Tout cela sonnait trop beau pour être vrai, mais que risquais-je à tenter l'expérience ?
Plus tard dans la soirée, alors que je tentais de me détendre avec une tasse de thé, un colis inattendu fut glissé sous ma porte. Je l'ouvris avec précaution, découvrant un vieux carnet relié en cuir, usé par le temps. À l'intérieur, des dessins détaillés de ce qui semblait être des fresques, ornées de motifs étranges.
Mais ce qui me troubla le plus fut une page particulière. Au centre, une figure féminine masquée se tenait, entourée d'ombres sinueuses. Et en bas de la page, griffonné à l'encre, se trouvait mon nom : Isolde.
Mon cœur se serra. Ce n'était sûrement qu'une coïncidence. Mais alors, pourquoi avais-je l'impression qu'une présence invisible m'observait depuis l'ombre de la pièce ?
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