Un amour inébranlable
Le retour de l'héritière adorée
Une autre chance avec mon amour milliardaire
L'épouse en fuite du PDG
Reviens, mon ex-femme
La contre-attaque du milliardaire déguisé
Coup d'un soir avec le PDG
L'ex-femme muette du milliardaire
Ton amour me fait souffrir
L'amour possessif : mon mari handicapé
Préface
Didier Prieur, né en 1950, dans une famille ouvrière, a passé ses quinze premières années dans un village près de Tours, en Indre-et-Loire.
C’est toute la société des années 60 qu’il nous décrit, et surtout la vie d’un petit français dans ces années qui ont vu la naissance d’un nouveau monde
Avec les yeux d’un gamin, il nous parle de la classe du certif, du catéchisme, des parties de foot avec le petit portugais du coin et les fils de harkis, de l’arrivée de la télévision qui va peu à peu supplanter la radio.
Le milieu qu’il décrit, père ouvrier dans la métallurgie, mère couturière, fratrie de quatre enfants, a rarement fait l’objet d’une description aussi précise, aussi vivante : c’est toute la vie provinciale des classes moyennes ouvrières dans ces années qu’on appellera plus tard les « trente glorieuses ».
Plus qu’un roman, c’est véritablement un document sur un monde disparu dont on peut encore regarder, émerveillés, les derniers feux lancés par la mémoire de ceux qui l’ont vécu.
Michèle Urbanek
Sésame
Quelle horreur ! Jamais Bertrand n’aurait pensé se trouver à terre collé au prêtre. Il en resta stupéfait un court instant puis, réalisant que l’école ne l’attendrait pas, se dégagea et se releva en constatant qu’il ne s’était pas fait mal. Était-ce le cas de l’abbé Perrier ? Il ne pouvait pas se sauver sans savoir ! Encore que…
De toute sa hauteur, Bertrand regardait le prêtre qui ne bougeait pas et semblait avoir les yeux dans le vague. Et s’il l’avait tué ? Quelle catastrophe ! Il ferait la Une du journal… avec toute la honte qui retomberait sur la famille. Que faire ? Il saisit son cartable et se tourna vers la porte qui donnait sur l’extérieur. Il n’y avait pas de clef, mais trouva le verrou qu’il ouvrit. Il pouvait s’en aller…
— Bertrand, aide-moi ! Tu ne vas pas me laisser par terre… entendit-il alors qu’il entrouvrait la porte.
Non, il ne devait pas l’aider. Le curé était le seul responsable et l’avait bien cherché…
— Bertrand, aide-moi à me relever ! entendit-il à nouveau.
Le prêtre le suppliait. Devait-il revenir sur ses pas ? Le plaisir était trop grand pour se voir priver d’une soudaine domination.
Bertrand ouvrit la porte, posa son cartable à l’extérieur, attendit quelques secondes, puis revint vers le prêtre.
— Tu as des remords, ça ne m’étonne pas… Au fond, tu n’es peut-être pas si mauvais que ça, dit l’homme à soutane.
— C’est vous qui êtes mauvais ! Vous êtes méchant ! Je ne viendrai plus à la petite messe… Je vais dire à ma mère ce que vous m’avez fait ! cria Bertrand en tendant avec méfiance la canne qu’il avait ramassée et pointait vers le prêtre allongé sur le sol du vestibule du presbytère.
— Tu vas perdre des sous.
— Je m’en fous, je dirai à ma mère que j’ai plus envie de la faire.
— Tu ne peux pas ! Rappelle-toi, c’est toi qui as décidé de continuer la petite messe.
— Je n’l’ai jamais dit ! Vous mentez ! hurla Bertrand devant le prêtre toujours à terre.
— Oui, mais c’est ce que j’ai dit à ta mère. Et entre ta parole et la mienne, laquelle va-t-elle croire ?
— Je lui dirai ce que vous m’avez fait.
— Elle ne te croira pas.
— Si, elle me croira ! Et mon frère dira pareil ! hurla Bertrand plein de colère.