[réécris/changement de temps de narration]
— Allez, gémis ! Petite cochonne...
Aeria fixait le plafond, pendant que le goujat crasseux à l'haleine pestilentielle prenait plaisir à lui infliger ses coups de reins négligés. Elle se trouvait sur un lit qui grinçait, les pieds dans le vide, au travers du matelas. Son corset était délacé, sa poitrine s'en échappait, ses cheveux étaient emmêlés et son maquillage avait coulé. Elle restait concentrée sur le plafond, comptait encore et encore les tâches de moisissure qui y étaient incrustées.
Chaque fois qu'elle subissait les vices de ces messieurs, Aeria fixait les plafonds dès qu'elle le pouvait et y décelait les moindres détails ; que ce soit les défécations de mouches, les tâches, la peinture qui craquelle, elle savait, à la fin de son calvaire, combien d'imperfections comptait le plafond et quelles étaient-elles.
L'homme au dessus d'elle, un Duc un petit peu trop épris de l'alcool, la gifla puis saisit son visage de ses doigts moites pour la forcer à le regarder.
— Gémis, je t'ai dit ! grogna-t-il.
— Oh... oui... Monsieur le Duc... c'est... c'est si bon... feignit-elle.
Cela semblait même donner encore plus de plaisir à ce bougre. Lorsqu'elle le regardait, elle le méprisait, ressentait un terrible dégoût et de la haine à son égard. Cependant, Aeria n'était pas une mauvaise personne. Elle n'avait jamais cessé d'être gentille avec ses semblables et quand bien même elle se retrouvait dans ces situations par la faute de ses parents, elle continuait de les aimer. Elle espèrait par dessus tout, que tous ses efforts payent et que grâce à cela, ses parents l'aiment en retour.
Aeria était une amoureuse de l'amour, mais n'avait jamais pu entretenir une relation amoureuse comme nous les connaissons. Elle fut amoureuse une fois, d'un jeune garçon de son école, elle n'était pas plus vieille que treize ans et lorsque ses parents eurent vent de cette amourette, ils lui interdirent de retourner à l'école. C'était à ses quatorze printemps qu'elle commença à jouer les filles de joie, mais uniquement pour les hommes les plus haut placés.
Aeria n'eut guère une enfance joyeuse, cependant, elle était dotée d'une beauté inégalable dès son plus jeune âge et les hommes, peu importe leur titre, se l'arrachaient. Ses parents y virent une façon de gagner de l'argent et n'hésitèrent pas une seule seconde.