Babylone pdf

La pluie tombait drue sur les trottoirs gris de Los Angeles. Alexia Taylor, une jeune fille de 15 ans, errait dans les rues bondées, son sac à dos élimé accroché à une épaule frêle. Ses cheveux blonds, enchevêtrés par l'humidité, collaient à son visage. Elle avait faim, mais plus encore, elle avait froid. Les frissons parcouraient son corps, et son manteau troué n'était qu'une maigre défense contre le vent glacial qui soufflait à travers les buildings.

Cela faisait six mois qu'elle avait fui sa maison dans l'Ohio. Une maison qu'elle ne regrettait pas. Son père, alcoolique et violent, était une ombre menaçante dans sa vie, et sa mère, trop soumise, regardait ailleurs lorsque les coups pleuvaient. Alexia avait pris le bus de nuit avec à peine 200 dollars en poche, persuadée que Los Angeles lui offrirait une nouvelle chance. La ville des anges, avait-elle pensé. Mais elle avait vite découvert qu'ici, les anges avaient des ailes brisées.

Elle s'arrêta devant une vitrine illuminée, les yeux rivés sur des pâtisseries exposées derrière le verre. Son ventre grogna violemment. Elle se tourna, jaugeant les passants d'un regard discret. Ils étaient trop pressés pour remarquer une adolescente affamée. Son regard se posa sur une table où un couple dégustait des croissants. Elle sentit une pointe de jalousie, mais plus encore, un besoin urgent.

Avec une rapidité qu'elle avait affinée ces derniers mois, elle s'approcha de la table, attrapa un croissant et disparut dans la foule avant que quiconque ne puisse réagir. Ce n'était pas glorieux, mais c'était nécessaire.

Elle trouva refuge sous un porche, à l'abri du regard des policiers qui patrouillaient parfois. En déchirant le croissant, elle se força à manger lentement, même si tout son être voulait engloutir cette maigre pitance d'un seul coup.

Alors qu'elle finissait sa maigre portion, une voix grave retentit derrière elle.

- Joli coup, petite.

Elle sursauta, son instinct de survie s'éveillant. Un homme dans la trentaine se tenait devant elle. Il portait un costume impeccable, trop parfait pour ce quartier. Ses cheveux noirs étaient coiffés en arrière, et son sourire dévoilait des dents blanches, presque trop blanches.

- T'inquiète pas, je ne vais pas te dénoncer, reprit-il en levant les mains pour montrer qu'il était inoffensif. Je voulais juste te dire que tu es rapide. Très rapide, en fait.

Alexia resta silencieuse, méfiante. Son cœur battait à tout rompre. Cet homme ne ressemblait pas à ceux qu'elle avait l'habitude de croiser dans la rue.