Le destin de Sophie
- Maman où est mon manteau? Demanda Melissa ma fille aînée.
- Ton manteau est dans ta garde-robe, dois-je te le répéter tous les jours?
Sans le vouloir, je répondis sur un ton furieux que je ne pouvais m'expliquer.
Seule à la maison, je m’étais levée très tôt comme à l’accoutumée pour apprêter les enfants. Leur papa était parti comme d'habitude en voyage d'affaire dans une ville voisine. Tout d’un coup, j’avais commencé à me sentir mal dans ma peau. J'avais des sauts d'humeur et vociférais à la moindre contrariété.
- Et où est ta petite sœur? Demandai-je d'un ton colérique.
- Wendy est encore couchée.
- Non mais elle fait encore quoi au lit? demandai-je en sortant de la salle de bain avec l'intention d'aller la soulever de là.
En longeant le couloir qui menait à leur chambre, le téléphone sonna. Je regardai l'heure en me demandant qui pouvait bien m'appeler à cette heure du matin. Il était 06h25min. J'avais d'abord voulu laisser sonner, le temps pour nous de nous apprêter avant de rappeler, mais mon sixième sens me dit qu'on ne sait jamais, de décrocher le téléphone. Ce que je fis.
- Allo
- Oui Allo. C'est madame Djomo à l'appareil?
- Oui c'est moi. À qui ai-je l'honneur?
C'était une voix bizarre et le code du numéro n'était pas celui de Hambourg mais plutôt de la ville voisine où Claude était en voyage. J'entendais l'écho des voix de partout. Mon cœur se mit à battre. D'une voix tremblante je lui demandai, intriguée:
- Que puis-je faire pour vous?
La voix répondit:
- Nous vous appelons depuis l'hôpital Saint Francis de Flensburg. Votre époux a eu un grave accident sur l'autoroute.
- Pardon? Je ne comprends pas bien. Que dites-vous?
- Madame dépêchez-vous. Nous avons besoin de votre signature pour prendre certaines décisions.
Ainsi me répondit sèchement la dame au téléphone.
Je commençai à trembler, mes mains devinrent moites. J'avais l'impression que mes pieds ne touchaient plus le sol. Je n'entendais plus rien. J'étais devenue subitement douce et Melissa ne comprenait pas ce changement subite.
- Qu'est-ce qui ne va pas maman? C'était qui au téléphone? Demanda Melissa étonnée avec son regard d'enfant.
Je ne sus quoi lui dire sur l'instant. J'étais loin dans mes pensées. J'avais déjà tout imaginé. Je me posais des questions. Accident grave comment? Il était d'habitude très prudent sur la route, au point où j'avais l'habitude de me moquer de lui pour ce comportement d'éternel débutant. Il me répondait toujours qu'il préfère cette prudence et éviter les accidents plutôt que de jouer aux experts et risquer des accidents. Ça nous faisait rigoler.
Nous avions sans tarder pris le chemin de la garderie. Melissa n'avait cessé de me reposer sa question. Je lui dis à la fin pour avoir un peu de paix qu'il s'agissait d'une fausse alerte. Bien évidement qu’elle n’y crut pas!
Je les avais déposées et informé le directeur de la situation tout en les prévenant qu’une autre personne allait éventuellement les récupérer. On avait l’habitude de les récupérer tous les jours à 16 heures et là je n'étais pas sûre d'être de retour à temps.
Après la crèche j'ai appelé mon lieu de service, Séraphin son cadet qui vit à Francfort et sa tante Yolande qui est dans la même ville que moi, pour les informer.