À petits pas avec mes chats

À petits pas avec mes chats

promotion

5.0
avis
42
Vues
23
Chapitres

À petits pas avec mes chats raconte la vie d'une femme, les affres de sa séparation avec l'être cher. Cette dernière exprime sa douleur, ses regrets et ses remords, mais surtout son passage du « monde des deux » à celui des célibataires. Pas encore dans l'un et plus tout à fait dans l'autre, elle est désormais l'étrangère qui observe à distance l'univers qui l'entoure. Au moyen d'une description ironique des situations, et avec un regard apitoyé et perplexe sur ces nouveaux êtres qui peuplent sa vie, elle pratique l'autodérision vis-à-vis de celle qui est devenue fragile et paumée. Dans ce monde sans repères, seuls les chats lui offrent un point d'ancrage. Leur amour fait partie intégrante de son salut. Ainsi, c'est à petits pas incertains, portée par la présence permanente de Bambou et Saha, qu'elle s'achemine vers la guérison.

Chapitre 1 No.1

Absence

Tu n'es pas là, tu n'es plus là. Tu es absent, c'est cela l'absence... oui c'est cela tout simplement. D'ailleurs, le dictionnaire l'atteste en termes analogues. J'ai vérifié. J'entends pourtant ta voix qui me raille :

- C'est la vérité de la Palisse, l'évidence même... Voyons réfléchis !

- Mais que veux-tu, cette certitude-là n'est pas la mienne et quelque chose me dérange dans cet article. Allons, allons, ne te gausse pas, car enfin tu le sais aussi bien que moi, tu es parti mais tu es toujours là.

Tes chaussures, ta robe de chambre, tes pantoufles, tes jeans oubliés ont gardé tes empreintes. C'est grâce à eux que tu surgis marchant, courant, taillant la haie du jardin. Le vieux fauteuil dont les creux et les bosses épousent les contours de ton corps m'offre ta fatigue, ton attitude d'abandon, tes cheveux en désordre. Le dernier livre que tu lisais est toujours sur ton bureau. Je le caresse du plat de la main et le tâte du bout des doigts, je l'ouvre et le respire. Oh ! Oui tu es toujours là ! Ton stylo n'est posé sur une page blanche que pour écrire une seule histoire : la nôtre dont les mots éclatent déjà, bruissent, brûlent, se tordent, s'amusent plus vivants que jamais. Je n'ai qu'à fermer les yeux pour entendre le crissement de la plume sur le papier.

Mais peu à peu, les objets se détraquent. Tes chaussures baillent, la trame usée de tes jeans se craquelle comme mitée, tes stylos bavent de l'encre pour toute littérature. La pendule s'est arrêtée. Quelque chose ne tourne pas rond dans le petit monde des objets. Ratatinés au fond de leur tiroir, palis, raidis, muets, ils ne me renvoient que poussière et moisissure. Mais je te connais trop bien pour savoir qu'avec toi il ne faut pas se fier aux apparences ! Comme le phénix tu vas bien sûr renaître de tes cendres.

Un matin au saut du lit, encore à moitié endormie, un bruit de vaisselle au rez-de-chaussée monte jusqu'à moi. L'arôme du café, l'odeur du pain grillé viennent me titiller les narines. Je descends les escaliers où tu viens me frôler... Pendant que je beurre des tartines, tu rôdes autour de moi, je sens ton souffle et ton odeur. Puis c'est le ronron de ton rasoir électrique qui me parvient de la salle de bain.

Oui tu es toujours là. C'est une clef qui tourne dans la serrure, ton cartable jeté à terre, tes manteaux en désordre sur le divan, tes yeux au sourire qui danse et ton sourire que je dévore des yeux. Parfois, tu viens vers moi les bras chargés de câlins et je te tends les miens mais j'embrasse du vide, étreins du vent. Tu n'es plus là. Ce n'est pas grave, je sais que tu vas revenir.

Ton armoire pourtant vide hurle ta présence. D'ailleurs, j'entends vibrer ta voix dans tous les bruits de la maison. Elle murmure, éclate, bougonne.

Voilà mon absence à moi à quoi elle ressemble. Souvent, mes amies me racontent les soirées en tête à tête avec l'étranger qu'est devenu leur mari. Un fossé les sépare, et parfois elles finissent par oublier jusqu'à sa présence. Moi je leur confie la tienne, obsédante, envahissante. Je ne crois pas les gens quand ils me parlent d'hallucinations. La preuve ! Quand Mathilde est partie à l'université, je ne la sentais pas qui rôdait autour de moi, je n'ai jamais été poursuivie par son rire de perle. Pourtant, comme elle me manquait !

Alors moi, j'ai une explication toute simple.

Enfant, tu adorais le spectacle des magiciens. Les lapins dans les chapeaux, la femme coupée en deux puis ressuscitée, les disparitions et les apparitions te plongeaient dans une sorte de transe. Tu jouais à cache-cache des après-midi entières. On ne savait où te chercher et on te trouvait où on ne t'attendait plus. Plus tard, tu t'es mis à faire semblant. Pince sans rire tu faisais semblant d'être sérieux, tu faisais semblant d'être fatigué pour soudain, à la plus grande joie des enfants, annoncer une journée de promenades, de sport et de pique-nique. Puis tu as fait semblant de me tromper pour me rendre jalouse. Semblant, semblant, toujours semblant ! Petit, me disait ta mère, tu faisais semblant d'avoir mal au ventre et tu te roulais par terre. À l'école, tu faisais semblant de ne rien comprendre. Et aujourd'hui, tu fais semblant d'être parti. Ce jeu t'a toujours amusé. Cette fois, il dure plus longtemps, voilà tout. Finalement, on joue à cache-cache tous les deux ou plutôt non tous les quatre, car les chats sont aussi de la partie. Tous les soirs à la nuit tombée, ils se postent face à l'escalier où les ombres se sont amassées. Assis sur leur train de derrière, les pupilles dilatées, ils suivent tes allées et venues que tu permets à eux seuls de percevoir, de leur petite tête pointue qui oscille au rythme de tes mouvements. Moi je suis privée de ce bonheur, mais qu'importe puisque Saha et Bambou me confortent dans la certitude de ta présence. Je m'endors paisible le nez collé à la fourrure de mes deux amours qui me transmettent ton odeur. Lorsque tu disparais dans le premier rayon du matin qui traverse la cuisine, j'ai pris l'habitude d'attendre que tu te manifestes à nouveau, mutin, charmeur. Je sais bien que tu vas revenir !

Au fil du temps, j'ai remarqué un phénomène bizarre : tes visites n'ont lieu que lorsque nous sommes seuls. Je m'isole donc de plus en plus. Je ne veux en aucun cas rater une seule de tes apparitions.

Et je t'attends.

À l'affût, crispée, je t'imagine, cruel, venant sur la pointe des pieds pour que je ne puisse pas t'entendre. C'est ta nouvelle règle du jeu. Alors, j'ai ôté tous les tapis pour percevoir le moindre de tes pas dans le silence recueilli de la maison. On joue au plus malin. Je me concentre pour que tu viennes. Mais horreur, ces pas quasi inaudibles se raréfient. J'ai alors l'idée de créer une atmosphère pour te séduire. Des bougies, des essences brûlent jour et nuit dans toutes les pièces, des tentures doublent toutes les portes de couleurs chaudes. Le décor est dressé, tu peux entrer en scène.

Mais ne voilà-t-il pas que tu as encore changé les règles du jeu ! Si je ne t'attends pas de longues heures, tu ne viens pas. Or connaissez-vous pire chose que l'attente ? J'ose à peine aller faire les courses pour ne pas te manquer. Je me suis mise en maladie. Et je t'attends de toutes mes forces, de toute mon âme. Je me rends disponible, ouverte.

Et je t'attends.

Je deviens fébrile, nerveuse. Est-ce toi cette nuit qui as déplacé ce vase sur la commode ? Et toi encore qui as allumé le gaz sous la casserole, pendant que je m'absentais dans le jardin ? Désormais, je vérifie tout pour ne perdre aucune de tes facéties. Après la carafe, c'est le bougeoir de l'entrée que tu changes de place, puis l'une après l'autre, les poupées en porcelaine font le tour de la pièce. Mes livres, mes classeurs ne tiennent pas en place. Je suis obligée de chercher mes vêtements car tu me les caches désormais et j'ai du mal à m'habiller le matin. Tu ne me laisses plus un seul moment de tranquillité. Les lumières se rallument, la porte d'entrée reste béante toute la nuit, un soir tu t'amuses même à me serrer la gorge. Je ne parviens plus à m'adapter à ces variations permanentes. Je t'explique cela, oui il faut que tu comprennes, on a peut-être passé l'âge de jouer à cache-cache, lorsque soudain, un bruit là-haut dans notre chambre. Je me précipite dans l'escalier, cette fois tu vas me faire un signe. Je pousse la porte. Le rideau n'a pas le moindre frémissement, le dessus de lit pas un pli. Ni murmure ni soupir, pas le moindre souffle : la chambre est vide. Je hurle, je t'appelle « reviens, pouce je ne joue plus ».

Soudain, un bruit sec d'ampoule qui se grille. Je me retrouve dans le noir.

Échec et mat.

Mais on ne meurt pas d'amour, c'est un jeu qui un jour se termine. C'est tout.

Continuer

Autres livres par promotion

Voir plus

Inspirés de vos vus

Amoureux de la déesse vengeresse

Amoureux de la déesse vengeresse

Nico Krayk
5.0

Sabrina avait été abandonnée dans un village pendant vingt ans. Lorsqu'elle a retrouvé ses parents, elle a découvert son fiancé en train de la tromper avec sa sœur adoptive. Pour se venger, elle a couché avec l'oncle de son fiancé, Charles. Il n'était un secret pour personne que Charles était resté célibataire après le décès prématuré de sa fiancée, il y a trois ans. Mais cette nuit mémorable, ses désirs sexuels ont pris le dessus. Il ne pouvait tout simplement pas s'empêcher de succomber à son charme. Après leur nuit de passion, Charles a déclaré qu'il ne voulait rien avoir à faire avec elle. Sabrina était furieuse. Elle a frotté sa taille douloureuse tout en disant : « Tu appelles ça du sexe ? Je n'ai rien ressenti du tout. Quelle perte de temps ! » Le visage de Charles s'est assombri instantanément. Il l'a plaquée contre le mur et a demandé d'une voix menaçante : « N'as-tu pas gémi sans honte pendant que j'étais en toi ? » Les événements se sont enchaînés et Sabrina est bientôt devenue la tante de son ex-fiancé. Lors de la fête de fiançailles, le tricheur fulminait, mais il ne pouvait pas exprimer sa colère car il devait la respecter. Les élites pensaient toutes que Sabrina était une parvenue sans manières. Cependant, un jour, elle s'est présentée à une soirée très exclusive en tant qu'invitée d'honneur, avec des milliards à son nom. « Les gens disent que je suis une profiteuse et une croqueuse de diamants. Mais ce ne sont que des foutaises ! Pourquoi aurais-je besoin de l'or de quelqu'un d'autre quand j'ai ma propre mine d'or ? », a déclaré Sabrina, la tête haute. Cette révélation a fait l'effet d'une bombe dans toute la ville !

Quand l'amour arrive, mais en retard

Quand l'amour arrive, mais en retard

Fifine Schwan
4.9

Pour réaliser le dernier souhait de son grand-père, Stella s'est marié en hâte avec un homme ordinaire qu'elle n'avait jamais rencontré auparavant. Cependant, même après être devenus mari et femme sur le papier, ils menaient chacun leur vie séparément, se croisant à peine. Un an plus tard, Stella est revenue à ville de Seamarsh, espérant enfin rencontrer son mystérieux mari. À sa grande surprise, il lui a envoyé un message, demandant inopinément le divorce sans même l'avoir rencontrée en personne. Grinçant des dents, Stella a répondu : « Très bien. Divorçons ! » Suite à cela, Stella a fait un geste audacieux et a rejoint le Groupe Prosperity, où elle est devenue une attachée de presse travaillant directement pour le PDG de la société, Matthew. Le PDG, beau et énigmatique, était déjà marié et réputé pour sa dévotion inébranlable à sa femme en privé. À l'insu de Stella, son mystérieux mari était en réalité son patron, sous une identité différente ! Déterminée à se concentrer sur sa carrière, Stella gardait délibérément ses distances avec le PDG, bien qu'elle ne pût s'empêcher de remarquer ses tentatives délibérées de se rapprocher d'elle. Avec le temps, son mari insaisissable a changé d'avis. Il a soudain refusé de poursuivre la procédure de divorce. Quand son identité alternative serait-elle révélée ? Au milieu d'un mélange tumultueux de tromperie et d'amour profond, quel destin les attendait ?

Une autre chance avec mon amour milliardaire

Une autre chance avec mon amour milliardaire

Arny Gallucio
5.0

Rena est entrée dans une liaison avec Waylen, un milliardaire, un soir où elle avait trop bu. Elle avait besoin de son aide, tandis qu'il était attiré par sa beauté. Ainsi, ce qui devait être une aventure d'une nuit s'est transformé en quelque chose de sérieux. Tout allait bien jusqu'à ce que Rena découvre que le cœur de Waylen appartenait à une autre femme. Lorsque son premier amour est revenu, il a cessé de rentrer à la maison, laissant Rena seule toutes les nuits. Elle a supporté cela jusqu'à ce qu'elle reçoive un chèque et une note d'adieu un jour. Contrairement à ce à quoi Waylen s'attendait, Rena avait un sourire sur son visage en lui disant au revoir. « Ça a été amusant, Waylen. J'espère que nous ne croiserons jamais nos chemins. » Mais comme le destin l'aurait voulu, leurs chemins se sont de nouveau croisés. Cette fois, Rena avait un autre homme à ses côtés. Les yeux de Waylen brûlaient de jalousie. Il a craché : « Comment as-tu pu te mettre avec un autre homme ? Je pensais que tu n'aimais que moi ! » « Comme tu l'as dit, aimais, c'est du passé ! » Rena a jeté ses cheveux en arrière et a rétorqué : « Il y a plein de poissons dans la mer, Waylen. De plus, c'est toi qui as demandé une rupture. Maintenant, si tu veux sortir avec moi, tu dois attendre ton tour. » Le lendemain, Rena a reçu sur son compte des milliards et une bague en diamant. Waylen est réapparu, s'est agenouillé et a dit : « Puis-je m'intercaler dans la file d'attente, Rena ? Je te veux toujours. »

Chapitres
Lire maintenant
Télécharger le livre