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Le Foudre-diamant

Le Foudre-diamant

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5.0
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Chapitres

La premiĂšre Lune rouge du vingt-et-uniĂšme siĂšcle empourpre le ciel d'Auvergne. Thibaut tombe Ă©perdument amoureux de Johanne-Rose dont il est officiellement le demi-frĂšre. Agent secret d'une secte diabolique, il a pour mission de voler des vestiges antĂ©diluviens puis de libĂ©rer la cruelle reine Kickmongwuity. Cette opĂ©ration Ă©choue et il disparaĂźt dans les rĂ©pliques d'un tsunami. Treize ans aprĂšs, il rĂ©apparaĂźt sous une autre forme charnelle. Comment est-ce possible ? Johanne-Rose va-t-elle reconnaĂźtre l'homme qu'elle aime ? À PROPOS DE L'AUTEURE PassionnĂ©e d'archĂ©ologie antĂ©diluvienne, LĂ©once Caliel en nourrit son imaginaire. Ainsi, elle nous propose Le Foudre-diamant, empreint de romance fantastique et de mythe revisitĂ©.

Chapitre 1 No.1

PremiĂšre partie

Le certificat de vie

Chapitre 1Noël solaire

Un Noël sans neige s'annonçait le soir du vingt-quatre décembre 1998. Depuis plusieurs minutes, des centaines de regards étonnés se levaient vers la voûte céleste, noyée sous des milliards de flashs aveuglants.

Le dĂ©cor changeait constamment, des voilages irisĂ©s s'envolaient de fenĂȘtres inexistantes dans un ciel silencieux. Subitement, un tsunami de vagues pourpres submergea le ciel.

La grande roue installée place de Jaude tournait dans cet univers étrange, drapé de mousseline fluorescente. Une salve de sifflements et d'applaudissements s'élevaient des nacelles qui effleuraient cet octopode psychédélique.

Les artisans du marché de Noël situé place de la Victoire conversaient sur ce phénomÚne inconnu. Un groupe de trois SDF profita de la distraction occasionnée par l'évÚnement pour chaparder quelques bouteilles de vins millésimés et autres spécialités gastronomiques à l'insu des commerçants.

- Bon sang, grouille-toi Louis, avant qu'on se fasse courser ! J'ai pas envie de passer le réveillon en cellule comme l'année derniÚre. Tu te souviens ? Ces salopards de flics nous ont confisqué nos victuailles et se sont goinfrés devant nous en se marrant !

- Jacky, je ne vois plus Camille ! Mince alors, elle s'est probablement perdue dans la foule.

- Tant pis, elle sait oĂč nous rejoindre de toute façon. Ne perdons pas de temps, j'ai trop la dalle !

Des fumées noires se dégagÚrent d'un transformateur électrique installé à la sortie de la ville. Un brouhaha de foule couvrit les sifflets d'admiration.

Les rangées de guirlandes et les lumiÚres des boutiques de la zone piétonniÚre s'éteignirent sans préavis. Des cris et des gémissements d'angoisse parvenaient des nacelles de la grande roue qui s'était immobilisée brusquement. Pourtant, il faisait clair comme en plein jour.

Un bouchon de plusieurs dizaines de voitures obstruait la rue principale, engendré par un conducteur qui s'était évanoui au volant. Depuis plusieurs minutes, les klaxons s'exaspéraient sans obtenir satisfaction.

Solange croisa un individu sur le trottoir qui se convulsait, tenant son téléphone portable en main qu'il venait d'activer pour alerter les secours. Il perdit connaissance et chuta sur le sol, les yeux fixes. Elle essaya de le ranimer en lui pratiquant les gestes de premiers secours ; mais chose étrange, il se consumait comme une bougie, frappé d'un phénomÚne rarissime de combustion humaine spontanée. Un crémier, qui observait la scÚne de l'intérieur de sa boutique, sortit précipitamment avec une couverture pour étouffer le feu sur la victime.

- Merci, monsieur Langlois. Vite, il faut appeler les pompiers, cet homme est en arrĂȘt cardiaque.

Des surtensions parcouraient les cùbles électriques fixés le long des murs des échoppes, lesquels se mirent à grésiller. Ces feux-follets déchaßnÚrent des scÚnes de panique, des bousculades. Quelques personnes devenues hystériques s'affalÚrent dans un salmigondis de cartons éventrés dégoulinant de sauces diverses et variées.

Un camion de pompiers s'immobilisa en haut de l'artÚre principale qui se trouvait pour l'heure paralysée par ce chaos généralisé. Un bataillon descendit du véhicule plusieurs civiÚres pour administrer les premiers soins aux blessés.

- Madame, je vous remercie de vous ĂȘtre occupĂ©e de cet homme, mais malheureusement il est mort. C'est incroyable, son corps s'est calcinĂ© sans comburant !

Un jet privĂ© apparut dans le ciel en zigzaguant comme dĂ©sorientĂ©. AprĂšs de sĂ©vĂšres ratĂ©s, les moteurs prirent feu l'un aprĂšs l'autre et des Ă©clairs bombardĂšrent la carlingue sans relĂąche. Thibaut ValciviĂšre, s'Ă©jecta de l'appareil et ouvrit son parachute quelques secondes avant que son avion ne se fracasse sur un entrepĂŽt dĂ©saffectĂ©. Une dĂ©flagration souffla entiĂšrement le bĂątiment qui s'effondra sur lui-mĂȘme comme un chĂąteau de cartes. Un champignon constituĂ© de particules ionisĂ©es s'Ă©leva Ă  son emplacement puis s'Ă©vapora dans l'atmosphĂšre. Des milliers de corpuscules lumineux fusionnĂšrent pour constituer des fantĂŽmes affamĂ©s qui s'Ă©lancĂšrent vers le cƓur de la ville.

Au-dessus de la gare, un dÎme transparent s'élevait lentement et vibrait comme une énorme sphÚre de savon irisée, fixée sur la tige d'un souffleur à bulles. Il éclata subitement dans une longue détonation dont l'écho résonna jusque-là ville de Riom, située à quinze kilomÚtres. Deux rames d'un TGV furent propulsées à une dizaine de mÚtres au-dessus du sol et retombÚrent dans un vacarme assourdissant. Une onde de choc se propagea dans le sous-sol sur plusieurs kilomÚtres.

Le conducteur d'un break Audi sortait d'un parking proche, lorsqu'il fut surpris par les violentes secousses. Il perdit le contrÎle de son véhicule et tamponna un camion stationné en face. Bernard, accompagné de sa fille Johanne-Rose, quittÚrent aussitÎt leur voiture pour se réfugier à l'intérieur d'un hÎtel voisin.

Des personnes blessées jonchaient le sol depuis le hall d'entrée jusqu'au fond du restaurant. Le propriétaire et le personnel de service s'activaient à les soigner avec les trousses de secours. Toutes les chambres étaient occupées par les cas les plus graves. Un coursier de l'hÎtel s'était rendu à la caserne de pompiers pour réclamer une intervention rapide

Johanne-Rose s'approcha d'un homme, ùgé d'une quarantaine d'années, qui était inconscient, allongé sur la derniÚre banquette de la salle de réception. Elle s'empara d'un torchon propre sur une étagÚre et s'appliqua à lui nettoyer son visage ensanglanté. Il ouvrit les yeux un bref instant.

- Je suis mort et vous ĂȘtes un ange.

- Rassurez-vous, monsieur, vous ĂȘtes vivant. Le SAMU va bientĂŽt venir vous chercher. Tenez bon !

- Mademoiselle, s'il vous plaĂźt, restez prĂšs de moi.

- Quel est votre nom, monsieur ?

Il perdit connaissance avant d'avoir eu le temps de lui répondre.

Le pĂšre de la jeune fille s'accroupit prĂšs de la victime et lui tĂąta le pouls.

- Il semble commotionné et les pulsations sont faibles. J'espÚre qu'il va s'en sortir.

L'Ă©quipe du SAMU fit son entrĂ©e et se dĂ©ploya rapidement sur les lieux. Johanne-Rose chercha discrĂštement des papiers d'identification sur l'homme blessĂ© sans succĂšs. En dĂ©sespoir de cause, elle lui ĂŽta sa mĂ©daille de baptĂȘme et la glissa dans la poche de son manteau.

- Johanne-Rose, laisse les urgentistes lui installer la perfusion ! Les minutes perdues dans sa prise en charge peuvent lui ĂȘtre fatales. Je suis Ă©tonnĂ© de te voir prodiguer les premiers soins Ă  un inconnu. Aussi loin que je me souvienne, tu n'as jamais supportĂ© la vue du sang.

- JĂ©rĂŽme, arme le dĂ©fibrillateur cardiaque, on est en train de le perdre. Écartez-vous, mademoiselle.

- Un, deux, trois, je déchoque !

Johanne-Rose serra la médaille dans sa main et ressentit une émotion intense.

- C'est bon, le cƓur est reparti. Il faut l'Ă©vacuer en prioritĂ©, son pronostic vital est engagĂ©.

- Oh, papa ! une voix intérieure m'a sollicitée afin que je m'occupe de lui, c'était plus fort que moi. Je suis dévastée, j'aimerais tellement sauver cet homme.

- Pour le moment, nous ne pouvons qu'espérer qu'il survive. Rassure-toi, dans quelques minutes il sera hospitalisé en soins intensifs.

Johanne-Rose ouvrit sa paume de main et remarqua qu'un motif en forme de cƓur s'y Ă©tait imprimĂ©.

La rue principale s'Ă©tait maintenant vidĂ©e de sa tumultueuse population. Devant la vitrine d'un restaurant, une femme sans domicile fixe tremblait en claquant des dents. La peur lui attribuait la gestuelle d'un mime en fin de carriĂšre. Solange Ă©tait la seule spectatrice de cette scĂšne pitoyable et affligeante. Un adolescent en proie Ă  l'affolement heurta le mime qui laissa Ă©chapper son sac Ă  dos usagĂ© dont le contenu s'Ă©parpilla sur le trottoir gris. Sans rĂ©flĂ©chir aux consĂ©quences de ses actes, Solange saisit le bras de la femme tout en scrutant son visage pĂ©trifiĂ© et lui proposa de l'assister. Elle acquiesça de la tĂȘte, ramassa ses affaires puis les deux femmes se dirigĂšrent vers le sud. Au bout d'une vingtaine de minutes, elles atteignirent un quartier rĂ©sidentiel oĂč se dressait une bĂątisse d'architecture contemporaine de couleur vert amande. Maintenant, le feu cĂ©leste pulsait dans le ciel

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