Valérie, la jeune flic ; Francis, le livreur malchanceux ; Piotr, l'Ukrainien et Lloyd, le barman inquiétant ont tous un point commun : ils sont des nighthawks. Leurs chemins se croisent pour le meilleur ou pour le pire. Les plus ambitieux d'entre eux, attirés par la gravité de l'astre lunaire, connaîtront le destin d'Icare. Attention ! le diable pourrait bien se cacher dans ces quelques pages... À PROPOS DE L'AUTEUR Ayant été pendant des années un lecteur assidu, Enzo a découvert dans l'écriture le plaisir d'assembler les mots pour voir naître quelques phrases, un chapitre, puis un roman. Pour lui, cet exercice est un formidable espace de liberté dans lequel un univers est créé afin de séduire le lecteur.
Chapitre 1
Deux employés d'une entreprise industrielle de curage de canalisations au travail :
- Robert !
- Ouais ?
- Que fait un Shadock pendant une interro ?
- Ben, euh, j'sais pas moi !
- Ben y pompe.
- Ah ouais ! Oh, putain t'es con !
- Ouais, mais moi au moins je l'sais.
- Hein ?
- Laisse tomber. Pompe, Robert, pompe !
La nuit venait tout juste de tomber. La ville était éclairée de ses plus belles lumières. Elle aimait la nuit, elle était ce qu'on appelle dans la profession une « nuiteuse ». Une atmosphère différente enveloppait les rues, les immeubles ; les gens eux-mêmes semblaient changer de comportement à la tombée de celle-ci, peut-être devenaient-ils un peu plus sombres et étranges lorsque la lumière du soleil s'en était allée de l'autre côté de l'hémisphère. Elle ressentait un léger spleen malgré les sapins éclairés de guirlandes multicolores et lumineuses. C'était un peu normal après tout, car elle avait perdu son père un vingt-quatre décembre, comme aujourd'hui. Il s'en était allé discrètement, à l'hôpital en réanimation, emporté par un cancer de la gorge. Elle l'avait assisté jusqu'à son dernier souffle. La morphine faisant son effet, son père était toutefois resté conscient jusqu'au bout. Bien sûr, il ne pouvait plus parler, mais elle avait vu, aux derniers instants de sa vie, une bienveillance et un amour sans borne dans ses yeux.
Ces pensées réchauffèrent son cœur et voilèrent en même temps son regard. Elle n'écoutait pas ses deux collègues qui discutaient déroulement de carrière et mutations. Ils tchatchaient, ils tchatchaient, ils tchatchaient tout le temps de toute façon ; comme s'ils redoutaient le silence.
- J'aime pas trop le capitaine, dit l'un deux. Tout le temps à faire des remarques pas bien pertinentes, tout le temps à se mettre en valeur alors qu'il reste la journée le cul sur sa chaise, à compulser ses mails et ses tableaux Excel.
- Tu m'étonnes, répondit l'autre, ce vieux crabe, malgré sa cinquantaine passée se comporte comme s'il sortait tout juste de l'école, comme s'il attendait un galon qui lui passera de toute façon sous le nez. Un peu naïf, le vioque.
- Ouais, ce serait pas mal qu'il nous lâche un peu la grappe avec ses objectifs. De toute façon, perso à mon âge, j'acquiesce poliment, mais c'est comme s'il parlait à un mur. Il a qu'à aller faire chier les jeunes, il gagnera du temps et évitera ainsi de gaspiller de l'énergie pour rien.
- Tiens, regarde, un client ; va te garer près de lui, on va aller discuter un peu avec lui. Je te parie cent balles qu'il est en train de se faire sucer, c'est bien le coin des michetonneuses par ici. On va lui casser son plan, hé hé ! Pas de chance, mon coco !
La voiture de police se gara près de la Twingo et les trois policiers en sortirent. Une fois les présentations faites, les papiers furent contrôlés : permis, carte grise et certificat d'assurance. Le type était en effet en train de se faire tailler une plume par une prostituée bulgare qu'ils connaissaient bien. Celle-ci s'en alla. Le plus âgé des policiers demanda ensuite à leur client de sortir de la voiture.
Valérie, la jeune flic observait le type. Il semblait gêné en bouclant sa ceinture (du jean, pas celle du véhicule, car il était sorti un peu débraillé !). Toutefois, il n'était pas agressif ni énervé. Plutôt un beau gosse. Avec la tête qu'il avait et le corps assez musclé sculpté probablement par le sport, pourquoi s'embêtait-il à solliciter une prostituée ? Marre de sa concubine ? Il n'avait qu'à aller dans n'importe quel endroit festif pour emballer facilement une femme de son âge. De belles célibataires en demande, il y en avait à tous les coins de rue ; il y avait même plus de femmes que d'hommes. Plus d'une aurait accepté sans problème de se faire draguer puis emballer par ce type, d'ailleurs il lui plaisait un peu ; un peu ténébreux. Ce gars-là présentait bien, a priori, il n'avait pas une tête de cassos ni les problèmes qui vont avec. Sa voiture paraissait propre et entretenue donc pas de problème d'argent. Sûrement célibataire alors. Il s'exprimait avec aisance, poliment, Il semblait un peu introverti, mais sûr de sa personne, car a priori il assumait sans problème le contrôle policier et la situation.
Valérie ne comprenait pas...
Farid n'avait pas trop la pêche cette nuit-là. Il avait bringué tout le week-end, fumé les vingt grammes de super bon shit que lui avait vendu un de ses potes d'enfance à Vénissieux. Il était content de l'avoir retrouvé à sa sortie de prison. Probablement feraient-ils encore des affaires ensemble, car son pote lui avait proposé de rentrer dans son équipe de fourgues ; c'était normal, la demande explosait. De plus, Farid jouissait d'une excellente réputation : il n'avait donné personne quand il était tombé. Il avait assumé tout seul comme un grand le braquage qui avait mal tourné pour lui. Heureusement, il n'y avait pas eu de victime, son équipe s'était dispersée dans la nature à la sortie du supermarché. Lui avait enfourché sa bécane et s'était enfui sans difficulté jusqu'au moment où une stupide crevaison l'avait empêché de semer les flics qui le poursuivaient. La tuile ! Sans ça, il aurait pu facilement prendre la tangente. Cinq années de rate, ça avait été dur sur le coup, mais il était fier d'avoir tenu sa langue malgré les coups et les pressions diverses des policiers. Ceux-ci avaient bien eu les boules de ne pas avoir attrapé le reste de l'équipe, mais ils étaient limités par leurs méthodes d'interrogatoire qui interdisaient désormais l'usage de la gégène. C'est pourquoi ils l'avaient chargé au maximum pour lui faire payer son manque de coopération.
Chapitre 1 No.1
29/11/2021
Chapitre 2 No.2
29/11/2021
Chapitre 3 No.3
29/11/2021
Chapitre 4 No.4
29/11/2021
Chapitre 5 No.5
29/11/2021
Chapitre 6 No.6
29/11/2021
Chapitre 7 No.7
29/11/2021
Chapitre 8 No.8
29/11/2021
Chapitre 9 No.9
29/11/2021
Chapitre 10 No.10
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Chapitre 11 No.11
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Chapitre 12 No.12
29/11/2021
Chapitre 13 No.13
29/11/2021
Chapitre 14 No.14
29/11/2021
Chapitre 15 No.15
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Chapitre 16 No.16
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Chapitre 17 No.17
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Chapitre 18 No.18
29/11/2021
Chapitre 19 No.19
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Chapitre 20 No.20
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Chapitre 21 No.21
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Chapitre 22 No.22
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Chapitre 23 No.23
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Chapitre 24 No.24
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Chapitre 25 No.25
29/11/2021
Chapitre 26 No.26
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Chapitre 27 No.27
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Chapitre 28 No.28
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Chapitre 29 No.29
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Chapitre 30 No.30
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Chapitre 31 No.31
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Chapitre 32 No.32
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