Je cours Ă en perdre haleine, mon souffle est saccadĂ©, mon cĆur bat tellement fort dans ma poitrine qu'une impression me submerge : il va sortir et tomber sur le sol jonchĂ© de feuilles. Devant moi cours une femme lĂ©gĂšrement plus ĂągĂ©e. Elle porte une robe blanche presque transparente qui Ă©pouse parfaitement ses courbes, elle est trĂšs belle. La forĂȘt nous entoure, les branches s'agrippent dans nos cheveux et nos vĂȘtements, je me retourne pour voir s'il est proche, je ne vois rien, mais j'accĂ©lĂšre de plus belle malgrĂ© mon Ă©puisement. J'ai un mauvais prĂ© sentiment et mon 6Ăšme sens ne me trompe jamais. La femme qui courait devant moi n'est plus lĂ , mais cela ne m'Ă©tonne pas, ça devait se passer comme ça, je le sais. Une douleur intense se fait ressentir sur mon crĂąne, le bruit rĂ©sonne dedans et mes yeux se ferment. Tout devient noir. Suis-je morte ?
Mon corps sursaute et doucement mes paupiĂšres s'ouvrent, ce n'est qu'un rĂȘve ? Il semblait pourtant si rĂ©el ! Mes bras sont engourdis, mes jambes aussi, une Ă©trange sensation emplit mon corps, quelque chose ne va pas, qui sont ces gens qui grouillent autour de moi ? J'ai des fils dans les bras, la piĂšce est blanche, les personnes portent des blouses, suis-je Ă l'hĂŽpital ? Que s'est-il passĂ© ? J'observe. Ces gens se penchant sur moi, leurs lĂšvres bougent, mais je n'entends rien d'autre qu'un acouphĂšne dans mes oreilles. Je suis Ă l'hĂŽpital, il n'y a aucun doute.
Je lĂšve la tĂȘte et mes cheveux me chatouillent le cou. Que s'est-il passĂ© ? j'essaye de me redresser mais Ă peine je bouge les bras pour prendre appui dessus qu'un homme m'en empĂȘche. Ses lĂšvres bougent mais je n'entends toujours rien. Mes yeux doucement se ferment contre mon grĂ©.
Je suis Ă nouveau dans cette forĂȘt Ă l'atmosphĂšre lugubre, les branches sont tordues Ă©trangement dans tous les sens, ils sont nus, il n'y a pas une feuille dessus, pourtant la femme devant moi porte simplement une robe blanche, il ne fait pas froid, c'est le soir. Cette forĂȘt a quelque chose d'Ă©trange. Elle semble ensorcelĂ©e, fĂ©erique. OĂč sommes-nous ? Ce n'est pas la mĂȘme femme qu'avant, celle-ci est beaucoup plus ĂągĂ© et ses cheveux sont tellement long et soyeux, ils flottant derriĂšre elle comme une cape au vent. Nous courrons encore mais cette fois je suis plus sereine, je baisse la tĂȘte vers mon corps, j'ai Ă©galement une robe blanche. Je suis sĂ»r de moi, je me sens en forme, je prends mon temps, j'aime ĂȘtre ici. Que ce passe-t-il ?
J'ouvre Ă nouveau mes yeux dans cet hĂŽpital, rien n'a changĂ© depuis la premiĂšre fois, combien de temps ai-je dormi ? Cette fois-ci j'entends le bruit, d'abord tout doucement puis de plus en plus fort. Un homme me regarde droit dans les yeux en parlant, je n'arrive pas Ă distinguer ce qu'il dit, tous les bruits se mĂ©langent dans ma tĂȘte. Ses yeux sont marrons, presque orange, il a l'air bienveillant. « ... Mademoiselle... ? » Il s'adresse Ă moi. « ... Vous m'entendez... » Je distingue de mieux en mieux ses paroles, j'ouvre la bouche, elle est tellement sĂšche, c'est dĂ©sagrĂ©able, murmure un « Oui » avant de me mettre Ă tousser. L'homme se prĂ©cipite pour me tendre un grand verre d'eau. J'ai l'impression de n'avoir pas bue depuis des mois, je me sens vraiment Ă©trange. Que s'est-il passĂ© ? Pourquoi suis-je ici ?
« - Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer maintenant, le plus dur est passé. Me dit l'homme en posant sa main sur mon épaule. Je suis le docteur Weisz
- Que s'est-il passé ?
- Ă vous de nous le dire, un passant vous a retrouvĂ© inconsciente Ă un arrĂȘt de bus, vous ĂȘtes restĂ© dans le coma pendant deux semaines et vous voilĂ rĂ©veillĂ©e. »