Un Destin Douloureux, Un Amour Fort

Un Destin Douloureux, Un Amour Fort

Gavin

5.0
avis
2
Vues
11
Chapitres

Manon Dubois était cette énigme ambulante, une lycéenne qui portait des vêtements usés mais parlait de jets privés et de réceptions d'ambassadeurs suédois. Assise à côté de moi en cours de français, elle lançait avec une désinvolture feinte : « L'université ? Oh, mon père a déjà tout arrangé avec le doyen de la Sorbonne. C'est juste une formalité. » Ce mensonge, insulte directe à notre labeur, a glacé l'atmosphère, et ma colère a explosé : « Arrête tes bêtises, Manon. Tout le monde sait que tu mens. » Un masque de supériorité s' est brisé, laissant apparaître une douleur si vive, si profonde, que je l'ai regretté instantanément : « Tes parents, au moins, ils existent. » C'était méchant, gratuit. Et la douleur a cédé la place à une fureur blanche, suivie d'un claquement. Sa main sur ma joue. Le lendemain, la culpabilité me rongeait. Je l'ai aperçue dans les toilettes, lavant à la main son unique polo blanc, un spectacle d'une tristesse infinie. Mon offre d' aide, un sweat-shirt propre, a été rejetée avec mépris : « Je n'ai pas besoin de ta pitié. J'ai plein de vêtements de marque, pas tes trucs bas de gamme. » Puis, au conseil de classe, elle a affirmé que ses parents étaient « rappelés d'urgence à l'ambassade de France à Washington », nous laissant tous sidérés. Plus tard, la proviseur a annoncé que Manon recevait une bourse d' études pour les élèves méritants en difficulté financière. Les mensonges de Manon l' avaient piégée. La foule s'est déchaînée, la jugeant sur ses propres affabulations. Les accusations de favoritisme fusaient, exacerbées par des récits de sacrifice de la part d'autres élèves. Poussée à bout, elle a rétorqué, la voix brisée : « Je refuse votre aumône ! Je n'en ai pas besoin ! Gardez-la pour les vrais pauvres ! » Je suis alors intervenue, folle de rage de la voir se détruire : « Arrête de mentir ! Dis-leur la vérité ! Dis-leur pour tes vêtements ! Dis-leur que tu n'as rien ! » Son visage s'est décomposé, trahi. Elle a hurlé, vidant des années de douleur : « Tes parents, au moins, ils sont là pour toi ! Ils ne sont pas allés se faire tuer bêtement pour des inconnus ! » Ces mots, un venin, ont anéanti ma raison. Folle de rage, je l'ai poussée, violemment. Elle est tombée. La violence physique avait éclaté. Après notre suspension, Manon a réaffirmé, à des élèves plus jeunes, qu'elle avait refusé la bourse pour un stage à l'ONU. La spirale du mensonge continuait. Mais le coup de grâce fut les résultats du baccalauréat. Manon, mention Très Bien, avec un bonus de 20 points. Elle a jubilé : « Un petit coup de pouce du ministère des Affaires étrangères. Mes parents tiennent toujours leurs promesses. » La salle s'est transformée en arène hostile. Je me suis sentie mal. Comment un tel bonus était-il possible ? Le soir, j'ai surpris Manon et le proviseur. Elle implorait : « Vous devez les enlever. » Ces vingt points, elle n' en voulait pas. « C'est une mesure nationale », répétait le proviseur. « C'est un hommage. » « Charité posthume », balbutiait Manon. Le mot m' a glacée. Elle se battait pour retirer ces points, tout en narguant le monde. Un mensonge pour en cacher un autre. L' affaire a explosé en ligne. #BacCorrompu est devenu viral. Les insultes fusaient, des photos d'elle circulaient. Elle était lapidée publiquement. Manon avait disparu. Son numéro résilié, ses profils désactivés. Elle était seule face à cette haine. Il fallait que je la retrouve. Le proviseur, accablé, m' a donné son adresse. Une cité. Loin. Très loin. Là-bas, une voisine m'a tout dit. Ses parents n' étaient pas diplomates, mais policiers. Morts en service. Il y a dix ans. Elle les haïssait de l'avoir laissée seule, les détestait d'avoir choisi leur travail plutôt qu'elle. Tout s'expliquait. La voisine m' a donné une autre adresse. Un mémorial. Le seul lieu où elle trouvait la paix. C'est là que je l'ai trouvée, assise devant un mur de granit noir, où étaient gravés des centaines de noms. Parmi eux, JEAN-PIERRE DUBOIS, ISABELLE DUBOIS. Manon a avoué. Ses parents étaient morts. Assassinés en service, des héros qui avaient démantelé un grand trafic de drogue. Ce bonus de 20 points, c' était la reconnaissance des « pupilles de la Nation », le prix de leur sacrifice. « Vingt points en échange de leur vie. » Elle a éclaté en sanglots, une douleur indicible jaillissant d'elle. Je l'ai serrée dans mes bras, au pied de ce mur froid. Au milieu de cette tempête médiatique, le commissaire Bernard, un collègue de ses parents, a organisé une conférence de presse. Il a rétabli la vérité. Il a raconté l'héroïsme de Jean-Pierre et Isabelle Dubois, morts en mission. « Ils ne sont pas morts bêtement. Ils sont morts en héros. » Il a expliqué la nature du bonus : « la plus haute marque de reconnaissance de la Nation envers les enfants de ses serviteurs morts pour la France. Ce n'est pas un cadeau. C'est le prix du sang. » L'opinion s'est inversée. La haine a cédé la place à la honte, puis à l'admiration. Manon était libérée. Quelques semaines plus tard, Manon n'a pas accepté l'admission à la Sorbonne. Elle a choisi les officiers de police nationale. Pour vivre. Pour que leur sacrifice ait un sens. Elle était Manon Dubois. Fille de Jean-Pierre et Isabelle Dubois. Et pour la première fois de sa vie, elle en était fière.

Introduction

Manon Dubois était cette énigme ambulante, une lycéenne qui portait des vêtements usés mais parlait de jets privés et de réceptions d'ambassadeurs suédois.

Assise à côté de moi en cours de français, elle lançait avec une désinvolture feinte : « L'université ? Oh, mon père a déjà tout arrangé avec le doyen de la Sorbonne. C'est juste une formalité. »

Ce mensonge, insulte directe à notre labeur, a glacé l'atmosphère, et ma colère a explosé : « Arrête tes bêtises, Manon. Tout le monde sait que tu mens. »

Un masque de supériorité s' est brisé, laissant apparaître une douleur si vive, si profonde, que je l'ai regretté instantanément : « Tes parents, au moins, ils existent. »

C'était méchant, gratuit. Et la douleur a cédé la place à une fureur blanche, suivie d'un claquement. Sa main sur ma joue.

Le lendemain, la culpabilité me rongeait. Je l'ai aperçue dans les toilettes, lavant à la main son unique polo blanc, un spectacle d'une tristesse infinie.

Mon offre d' aide, un sweat-shirt propre, a été rejetée avec mépris : « Je n'ai pas besoin de ta pitié. J'ai plein de vêtements de marque, pas tes trucs bas de gamme. »

Puis, au conseil de classe, elle a affirmé que ses parents étaient « rappelés d'urgence à l'ambassade de France à Washington », nous laissant tous sidérés.

Plus tard, la proviseur a annoncé que Manon recevait une bourse d' études pour les élèves méritants en difficulté financière. Les mensonges de Manon l' avaient piégée.

La foule s'est déchaînée, la jugeant sur ses propres affabulations. Les accusations de favoritisme fusaient, exacerbées par des récits de sacrifice de la part d'autres élèves.

Poussée à bout, elle a rétorqué, la voix brisée : « Je refuse votre aumône ! Je n'en ai pas besoin ! Gardez-la pour les vrais pauvres ! »

Je suis alors intervenue, folle de rage de la voir se détruire : « Arrête de mentir ! Dis-leur la vérité ! Dis-leur pour tes vêtements ! Dis-leur que tu n'as rien ! »

Son visage s'est décomposé, trahi. Elle a hurlé, vidant des années de douleur : « Tes parents, au moins, ils sont là pour toi ! Ils ne sont pas allés se faire tuer bêtement pour des inconnus ! »

Ces mots, un venin, ont anéanti ma raison. Folle de rage, je l'ai poussée, violemment. Elle est tombée. La violence physique avait éclaté.

Après notre suspension, Manon a réaffirmé, à des élèves plus jeunes, qu'elle avait refusé la bourse pour un stage à l'ONU. La spirale du mensonge continuait.

Mais le coup de grâce fut les résultats du baccalauréat. Manon, mention Très Bien, avec un bonus de 20 points.

Elle a jubilé : « Un petit coup de pouce du ministère des Affaires étrangères. Mes parents tiennent toujours leurs promesses. » La salle s'est transformée en arène hostile.

Je me suis sentie mal. Comment un tel bonus était-il possible ? Le soir, j'ai surpris Manon et le proviseur.

Elle implorait : « Vous devez les enlever. » Ces vingt points, elle n' en voulait pas. « C'est une mesure nationale », répétait le proviseur. « C'est un hommage. »

« Charité posthume », balbutiait Manon. Le mot m' a glacée. Elle se battait pour retirer ces points, tout en narguant le monde. Un mensonge pour en cacher un autre.

L' affaire a explosé en ligne. #BacCorrompu est devenu viral. Les insultes fusaient, des photos d'elle circulaient. Elle était lapidée publiquement.

Manon avait disparu. Son numéro résilié, ses profils désactivés. Elle était seule face à cette haine.

Il fallait que je la retrouve. Le proviseur, accablé, m' a donné son adresse. Une cité. Loin. Très loin.

Là-bas, une voisine m'a tout dit. Ses parents n' étaient pas diplomates, mais policiers. Morts en service. Il y a dix ans.

Elle les haïssait de l'avoir laissée seule, les détestait d'avoir choisi leur travail plutôt qu'elle. Tout s'expliquait.

La voisine m' a donné une autre adresse. Un mémorial. Le seul lieu où elle trouvait la paix.

C'est là que je l'ai trouvée, assise devant un mur de granit noir, où étaient gravés des centaines de noms. Parmi eux, JEAN-PIERRE DUBOIS, ISABELLE DUBOIS.

Manon a avoué. Ses parents étaient morts. Assassinés en service, des héros qui avaient démantelé un grand trafic de drogue.

Ce bonus de 20 points, c' était la reconnaissance des « pupilles de la Nation », le prix de leur sacrifice. « Vingt points en échange de leur vie. »

Elle a éclaté en sanglots, une douleur indicible jaillissant d'elle. Je l'ai serrée dans mes bras, au pied de ce mur froid.

Au milieu de cette tempête médiatique, le commissaire Bernard, un collègue de ses parents, a organisé une conférence de presse. Il a rétabli la vérité.

Il a raconté l'héroïsme de Jean-Pierre et Isabelle Dubois, morts en mission. « Ils ne sont pas morts bêtement. Ils sont morts en héros. »

Il a expliqué la nature du bonus : « la plus haute marque de reconnaissance de la Nation envers les enfants de ses serviteurs morts pour la France. Ce n'est pas un cadeau. C'est le prix du sang. »

L'opinion s'est inversée. La haine a cédé la place à la honte, puis à l'admiration. Manon était libérée.

Quelques semaines plus tard, Manon n'a pas accepté l'admission à la Sorbonne. Elle a choisi les officiers de police nationale. Pour vivre. Pour que leur sacrifice ait un sens.

Elle était Manon Dubois. Fille de Jean-Pierre et Isabelle Dubois. Et pour la première fois de sa vie, elle en était fière.

Continuer

Autres livres par Gavin

Voir plus
Renaissance après l'abîme

Renaissance après l'abîme

Nouvelle

5.0

Pendant vingt et un ans, j'ai tout donné, corps et âme, pour accomplir ma mission : obtenir l'amour de quatre hommes exceptionnels. Mais au lieu de l'amour, je n'ai récolté que leur haine la plus profonde. J'ai été jetée dans un « palais froid », réduite en paria, accusée de tous les maux par celle que tous voyaient comme une sainte, Sophie Martin. Antoine, mon ami d' enfance et premier amour, m' a reniée sans la moindre hésitation, me livrant aux brimades et à la solitude. Pierre, mon frère adoptif, m' a brisé le cœur et les doigts, me chassant de ma propre maison. Vincent, mon artiste torturé, m' a abandonnée, me jugeant trop simple, et a même pris ma vie en me poignardant, sous les yeux des autres, manipulé par les mensonges de Sophie. Lucas, mon ami d'enfance, mon promesse de mariage, m'a laissée tomber car je n'avais pas "besoin" de lui. Comment pouvaient-ils être si aveugles ? Comment ont-ils pu croire à ses larmes de crocodile plutôt qu'à tant d'années de dévouement ? Je leur ai offert ma vie, ma loyauté, mon soutien inconditionnel, et ils m'ont tout pris, ne laissant que désespoir et trahison. Alors, j'ai décidé de partir, de m'arracher à ce monde qui ne voulait plus de moi et de retrouver la paix de l'anéantissement. Pourtant, à chaque tentative, ils me repêchaient, non par pitié ou amour, mais par une cruauté insoutenable : ils me forçaient à rester pour que leur prétendue sainte, Sophie, ne soit pas « triste ». Jusqu'à ce que, à un pas de la mort, avec mon corps torturé par la 'sainte' elle-même, un mince fil de vie me fut arraché des entrailles, et la vérité éclata, trop tard. Alors que leurs cœurs se brisaient de remords, que leurs suppliques résonnaient dans le vide, j' ai fait mon dernier acte de défi. J'ai sauté. Non pour la mort que j'avais tant cherchée, mais pour la liberté. Une liberté qui allait me ramener chez moi, loin de ce cauchemar, laissant derrière moi ces hommes brisés et une victoire amère.

Elle a Tout Quitté : Sauf Son Destin

Elle a Tout Quitté : Sauf Son Destin

Nouvelle

5.0

Mon fils de neuf ans, Léo, m'a regardée avec un mépris glacial, tenant une bouteille de vin vide. « Tu n'es qu'une paysanne sale, indigne de porter le nom des Larson. » Puis, il a violemment abattu la bouteille sur mon épaule, alors que des photos de moi en lingerie – des faux – circulaient parmi tous les parents. Rentré à la maison, mon mari, Jean-Luc, ne m'a même pas regardée, s'empressant de consoler sa maîtresse, Élise, qui venait de piétiner le carnet de dégustation de ma mère, mon dernier lien avec elle. « C'est encore de ta faute, Juliette ! » m'a-t-il lancé, alors qu'Élise remettait un morceau du carnet déchiré à Léo, qui le déchiquetait avec joie sous mes yeux. La douleur de la trahison de mon mari, de l'humiliation publique orchestrée par sa maîtresse, et surtout la haine que mon propre fils me portait, alimentée par des mensonges, m'ont vidée de toute substance. J'étais enceinte d'un enfant qui ne connaîtrait jamais l'amour d'un père, de la même lignée que ceux que sa grand-mère m'avait forcée à avorter par le passé. Face à leur complot, à leur froideur, et à l'accusation d'agression qu'Élise a simulée, mon cœur, autrefois brisé, s'est transformé en pierre. « C'est fini, » ai-je calmement déclaré. « Je demande le divorce. » J'ai signé les papiers, renonçant à tout, même à la garde de Léo, et ai disparu dans la nuit, vers Antoine, mon amour secret de Bourgogne, décidée à reconstruire ma vie loin de ce cauchemar.

Mon Mari, Mon Inconnu

Mon Mari, Mon Inconnu

Nouvelle

5.0

Mon visage a claqué. La douleur aiguë sur ma joue n\'était rien comparée au choc causé par les mots de mon père : « Inutile ! Tout ce que tu sais faire, c\'est nous faire honte ! » Mon ancien amour, Marc Leclerc, venait de me larguer publiquement pour une autre, Chloé, pure et innocente aux yeux de tous. Sept ans de ma vie. Sept ans passés à le servir, à sacrifier mes rêves pour le sien, transformée en une poupée docile. Même après la perte déchirante de notre bébé, arraché à moi par sa brusquerie, il m\'avait abandonnée seule dans une chambre d\'hôpital. Ma tentative désespérée de le reconquérir avait seulement fait de moi la risée de la ville, une femme "ennuyeuse" qu' il jetait comme une "vieille chaussette" . Pire encore, face à leur honte et à la ruine financière de la famille, mes parents ne voyaient en moi qu\'un outil. « Va le supplier », ordonnait mon père, soutenu par ma belle-mère indifférente. Lorsque j\'ai refusé, ils ont décidé de sacrifier ma jeune sœur, Clara, la mariant à Thomas Moreau, un homme dans le coma, pour sauver leur fortune. Pourquoi moi ? Pourquoi cette humiliation sans fin ? Pourquoi ma famille me transformait-elle en monnaie d\'échange, toujours ? Pourquoi n' avaient-ils jamais vu ma valeur, mon sacrifice ? Les larmes brûlaient mes yeux, mais une étincelle, froide et implacable, s\'alluma en moi. Je ne pouvais plus être la victime. « Non. » Ma voix fut un murmure, puis un cri. « Ne touchez pas à Clara. C\'est moi qui vais l\'épouser. J\'épouserai Thomas Moreau. » Pour la première fois de ma vie, je prenais mon destin en main. Pour la première fois, j\'étais libre. Mais ce mariage avec un "légume" allait-il être la fin ou le début de ma véritable histoire ?

Inspirés de vos vus

Chapitres
Lire maintenant
Télécharger le livre