L'annonce est tombée un mardi matin, glaçant l'open-space surchauffé de l'agence. Un tirage au sort inique devait désigner l'architecte maudit, exilé sur un chantier perdu en Provence, sous la coupe d'un maître d'œuvre tyrannique. Mes collègues paniquaient, mais moi, Jeanne Dubois, l'angoisse me rongeait d'une autre trahison. Mon fiancé, Pierre, fils du directeur, que je cherchais pour un réconfort, était ailleurs. La porte de son bureau vitré était entrouverte. J'ai tendu attentivement l'oreille et j'ai entendu des voix chuchoter. Celle de Pierre et celle, doucereuse, de sa cousine Sophie. « Pierre, j'ai si peur, » murmurait Sophie, sa voix tremblante. « Si mon nom sort... Je ne pourrai pas... C'est trop dur, trop loin. Je suis trop fragile pour un chantier pareil. » Le sang a glacé dans mes veines quand j'ai entendu sa réponse. « Ne t'inquiète pas, ma chérie. J'ai tout arrangé. » Mon nom, ensuite, a été prononcé. « Jeanne ? Ne t'en fais pas pour elle. Au pire, si elle est tirée au sort, elle s'en sortira. Elle est coriace, et avec son père derrière elle, elle n'a rien à craindre. Ce n'est pas la même chose. Elle a l'habitude d'avoir ce qu'elle veut. Ce poste, ce serait presque une formalité pour elle. » Chaque mot fut un coup. L'homme que j'aimais, celui avec qui j'allais me marier, me décrivait comme une intouchable, coriace, dénuée de toute fragilité. L'humiliation, le mépris dans sa voix... Mon cœur s'est brisé en mille morceaux. Pétrifiée, j'ai vu mes espoirs s'effondrer. Plus tard, le verdict est tombé : « Jeanne Dubois ! » Le monde s'est arrêté. Pierre, livide, comprit l'ironie cruelle de son piège. Ses suppliques pour que je refuse le poste résonnaient. « Refuse, » a-t-il supplié, sa voix un murmure pressant. « Je t'en supplie, refuse ce poste. Dis que tu ne peux pas, invente quelque chose. Je parlerai à mon père, on trouvera une solution. » Je l'ai regardé, lui, le lâche qui venait de me jeter aux loups. Un sourire froid se dessina sur mes lèvres. « Pourquoi je ferais ça, Pierre ? » Je n'allais pas refuser. Je n'allais pas lui faire cette faveur. Je partais. Mais pas en victime. En guerrière.
L'annonce est tombée un mardi matin, glaçant l'open-space surchauffé de l'agence.
Un tirage au sort inique devait désigner l'architecte maudit, exilé sur un chantier perdu en Provence, sous la coupe d'un maître d'œuvre tyrannique.
Mes collègues paniquaient, mais moi, Jeanne Dubois, l'angoisse me rongeait d'une autre trahison.
Mon fiancé, Pierre, fils du directeur, que je cherchais pour un réconfort, était ailleurs.
La porte de son bureau vitré était entrouverte.
J'ai tendu attentivement l'oreille et j'ai entendu des voix chuchoter.
Celle de Pierre et celle, doucereuse, de sa cousine Sophie.
« Pierre, j\'ai si peur, » murmurait Sophie, sa voix tremblante. « Si mon nom sort... Je ne pourrai pas... C\'est trop dur, trop loin. Je suis trop fragile pour un chantier pareil. »
Le sang a glacé dans mes veines quand j'ai entendu sa réponse.
« Ne t\'inquiète pas, ma chérie. J\'ai tout arrangé. »
Mon nom, ensuite, a été prononcé.
« Jeanne ? Ne t\'en fais pas pour elle. Au pire, si elle est tirée au sort, elle s\'en sortira. Elle est coriace, et avec son père derrière elle, elle n\'a rien à craindre. Ce n\'est pas la même chose. Elle a l\'habitude d\'avoir ce qu\'elle veut. Ce poste, ce serait presque une formalité pour elle. »
Chaque mot fut un coup.
L'homme que j'aimais, celui avec qui j'allais me marier, me décrivait comme une intouchable, coriace, dénuée de toute fragilité.
L'humiliation, le mépris dans sa voix...
Mon cœur s'est brisé en mille morceaux.
Pétrifiée, j'ai vu mes espoirs s'effondrer.
Plus tard, le verdict est tombé : « Jeanne Dubois ! »
Le monde s'est arrêté.
Pierre, livide, comprit l'ironie cruelle de son piège.
Ses suppliques pour que je refuse le poste résonnaient.
« Refuse, » a-t-il supplié, sa voix un murmure pressant. « Je t\'en supplie, refuse ce poste. Dis que tu ne peux pas, invente quelque chose. Je parlerai à mon père, on trouvera une solution. »
Je l'ai regardé, lui, le lâche qui venait de me jeter aux loups.
Un sourire froid se dessina sur mes lèvres.
« Pourquoi je ferais ça, Pierre ? »
Je n'allais pas refuser.
Je n'allais pas lui faire cette faveur.
Je partais.
Mais pas en victime.
En guerrière.
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