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Wild cats also fall in love

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Chapitres

Chuuya est un adolescent passionné de musique qui vit paisiblement son histoire d'amour secrète avec celui que tout le monde voit comme son meilleur ami, Matt. Un jour, après avoir éconduit une fille de son lycée, il est violemment agressé et la vérité sur leur relation éclate au grand jour. Totalement brisé, il va devoir repartir à zéro et affronter ses doutes et ses peurs. Pour trouver la force de se relever et d'avancer malgré son traumatisme, le jeune homme va laisser la musique envahir de plus en plus sa vie.

Chapitre 1 No.1

La musique est l'aliment de l'amour.

William Shakespeare

Chapitre 1

Le professeur déclamait en rythme un passage de l'ouvrage qu'il tenait avec une désinvolture empruntée. Dans la classe, les quelque trente élèves écoutaient pour la plupart d'une oreille distraite. La voix grave et profonde de l'enseignant faisait résonner les mots, dont l'esthétisme désuet ne touchait pas leur âme d'adolescents du 21esiècle. Dans la salle, plusieurs d'entre eux en profitaient pour dormir, cachés derrière leur livre dressé en barrière sur leurs tables. Les rayons de soleil faibles en cette journée de janvier suffisaient à peine pour éclairer l'intérieur de la pièce. La lumière crue des lampes en tube collées au plafond donnait à l'endroit une atmosphère chaleureuse que le froid qui s'infiltrait par les fenêtres mal isolées essayait de détruire. Alors que la voix de l'homme s'éteignait sur le dernier mot d'un vers, la sonnerie retentit avec son habituel strident qui laissait les tympans légèrement endoloris. Aussitôt, le silence se mua en un brouhaha qui monta peu à peu autour des tables. Plus aucun élève n'écoutait l'enseignant qui poussa par-dessus la clameur :

- Lisez bien la pièce en entier. Je vous ai noté au tableau les questions auxquelles j'aimerais que vous répondiez pour le prochain cours. L'oubli n'est pas une option, encore moins une excuse.

- Quoi, le tout ?

- Pour que ce soit intéressant, j'interrogerai trois d'entre vous au hasard.

- Tu parles d'une motivation !

- La flemme !

- M'sieur Callaghan vous abusez !

- Songe d'une nuit d'été est un classique de la littérature anglaise. De plus, je suis gentil, je vous ai noté l'acte où trouver chaque réponse, ajouta l'enseignant en souriant.

- Vous êtes un sadique, prof !

Encore à leur place, les élèves protestaient et soupiraient face à l'homme qui les considérait avec bienveillance.

- Moi ? Mon seul désir est de communiquer aux lycéens motivés que vous êtes l'amour des belles lettres.

- Tss ! Vous voulez juste nous torturer !

- Ouais, matez son sourire diabolique ! C'est forcément un sadique !

La pause du midi venait de sonner. Le bruit des chaises traînées sur le sol s'ajoutait aux voix des adolescents qui chahutaient dans les couloirs. Matsunaga Chuuya finissait de recopier les questions sur son agenda. Des cheveux s'échappaient de l'élastique qui les maintenait en une queue de cheval négligée et il écarta une mèche de son champ de vision tout en continuant à écrire sur son cahier. Concentré, le jeune homme semblait imperméable à l'agitation autour de lui. Il fit une moue, son crayon levé, puis fronça les sourcils. Depuis l'extérieur de la salle, une voix l'interpella :

- Yo ! Chuuya dépêche-toi sinon il ne va plus rien rester de bon.

Il releva la tête et sourit en voyant dans l'encadrement de la porte le visage au regard ambré de l'adolescent qui l'attendait. Ses cheveux blonds aux reflets d'or et de cuivre s'agitaient sur un rythme que lui seul entendait. Les fils qui dépassaient de la capuche de son sweat trahissaient la musique qui l'accompagnait à longueur de journée. Chuuya griffonna rapidement les derniers mots inscrits au tableau, pendant que son professeur salua son ami.

- Bonjour Donovan ! Comment vas-tu ?

- Professeur Callaghan ! J'ai faim et vos devoirs prolongent mon agonie, fit Matt.

Il en retira ses écouteurs pour les ranger dans la poche de son survêtement.

- Ah ah ! Tu y survivras.

- Êtes-vous aussi insensible que vous en avez l'air ? grimaça le jeune homme espiègle.

- Je n'ai de cœur que quand il le faut.

- Pas de ça devant moi, intervint Chuuya qui s'était rapproché de Matt.

- Tss ! C'est toi qui me fais attendre.

- Maintenant, je suis là !

- À la prochaine, m'sieur.

- À plus vous deux, dit l'enseignant en les suivant du regard.

Les adolescents répondirent d'un signe de la main sans tourner la tête. Le sourire qui avait fleuri sur les lèvres de Chuuya s'élargit pendant que son ami d'enfance bavardait en avançant vers le réfectoire. Ils arrivèrent rapidement dans l'espace couvert où les rires et les discussions animées fusaient de part et d'autre des grandes tables. L'ambiance de la cantine s'opposait à la morosité du temps. La salle était remplie plus que d'ordinaire en raison des températures trop basses pour que les élèves déjeunent à l'extérieur. En un rien de temps, plus de la moitié des places étaient déjà prises. Une dizaine de personnes attendaient en file devant eux. Matt poussa un soupir et Chuuya se tourna vers lui.

- Désolé, j'ai tardé.

- Non, c'est cool. Je ne suis pas vraiment à l'agonie, je voulais juste que tu te dépêches parce qu'il fait froid dans les couloirs, annonça-t-il en attrapant son téléphone dans la poche de son jean.

- C'est vrai qu'on est gelé

Le sac à bandoulière du jeune homme vibra alors que Matt verrouillait son smartphone, sourire en coin. La file avançait assez rapidement et il se pencha pour choisir son plat parmi les options du jour. Il se retourna vers son ami qui fixait maintenant l'écran de son portable. La dame de cantine le pressa, mais il eut le temps de voir le trouble sur le visage de Chuuya derrière lui. Ce dernier avait brusquement rougi et Matt afficha une expression de joie non dissimulée.

- Je vais prendre des places, dépêche-toi, annonça-t-il enjoué.

- Hm...

Il acquiesça vaguement. Matt posa son plateau-repas et se laissa tomber de tout son poids sur le banc. À peine installé, son camarade l'avait déjà rejoint et s'asseyait de l'autre côté de la table.

- Tu sais, tu devrais éviter ce genre de choses ici...

- Quoi ? Tu veux dire, ma façon de parler avec Callaghan ? dit-il en feignant l'ignorance. Il est cool comme professeur, je l'ai eu l'année dernière...

- Arrête de faire semblant.

Chuuya s'assit. Le haut de ses oreilles trahissait ses émotions, mais il affichait un air affecté. Matt le scruta, amusé, pendant qu'il attrapait sa fourchette, avant de fixer à nouveau son attention sur son propre déjeuner. En bougeant, l'adolescent colla sa cheville contre son pied. Surpris, Chuuya sursauta légèrement et vérifia discrètement autour de lui que personne ne l'avait remarqué. Matt tentait de faire la conversation à Chuuya de plus en plus rouge :

- Tu ne manges pas ? Ça ne va pas ?

- Très bien !

- Tu es sûr ? Tu as l'air...

- Ose dire encore un mot et...

Il s'arrêta en pleine phrase pour lever enfin la tête vers Matt qui le fixait sans ciller, les commissures de ses lèvres relevées. Il soupira et il fourra son dessert à l'intérieur de son sac. Il mordit dans la tranche de pain qu'il garda entre ses dents avant d'enjamber le banc et tourner les talons.

- Hey ! Où tu vas ?

Le jeune homme continua sans prendre la peine de se retourner. Matt le regarda débarrasser son plateau et se diriger vers les portes battantes. La silhouette de Chuuya disparut et le sourire que Matt contenait depuis plusieurs minutes illumina son visage.

Chuuya était assis en haut des marches menant au dernier étage du bâtiment de sciences. Il avait fermé les yeux et enfoncé les écouteurs dans ses oreilles avant de pousser le volume de la musique à son maximum pour s'empêcher de penser. Le rythme entêtant de Use somebodyrésonnait faiblement quand il sentit la présence de quelqu'un à ses côtés. Il garda les paupières closes pendant encore quelques secondes et les ouvrit lentement pour découvrir Matt, penché en arrière, en appui sur ses mains :

- King of Leon ? J'adore !

- Tu m'as suivi ? Il fait froid ici.

- Oui justement, j'ai besoin que tu me réchauffes.

- Va chercher ton manteau !

- Il est dans mon casier.

- Tu aurais pu y passer en sortant de la cafétéria.

L'attitude désinvolte et la lueur provocatrice dans ses yeux le firent capituler. Sans lui répondre, Chuuya se leva et dénoua son écharpe. Il se plaça derrière lui et se rassit de façon qu'il soit calé entre ses jambes. Dans l'intimité volée de ce coin de bâtiment, le jeune homme enroula le tissu épais autour de leurs deux cous. Triomphant, Matt se laissa aller contre son buste avant de tourner son visage vers lui.

- Et si... ?

- Il n'y a jamais personne ici. Dépêche-toi, embrasse-moi, dit Matt en levant la tête.

- Tss...

La bouche de Chuuya s'empara de celle de Matt, sa main délicatement posée pour maintenir l'étreinte de leurs lèvres. Chaque doigt semblait plus sensible là où il touchait la peau de Matt. Comme si les sensations étaient décuplées juste pour rendre plus intense le moindre contact. Il oublia vite sa réticence en approfondissant leur baiser. Un des écouteurs glissa de son oreille et diffusa le rythme brut et saccadé de la musique qui venait de changer. Contre sa bouche, il sentit Matt sourire :

- C'est une invitation ?

- Quoi ?

- La chanson ! reprit-il avec une lueur malice. C'est Sex on fire, non ?

- Ce n'était pas mon intention, mais maintenant que tu en parles...

- OK alors ! Allons-y avant que quelqu'un ne débarque. J'ai froid et je n'ai pas fait mon arithmétique, je vais squatter une salle.

Chuuya dénoua l'écharpe qui les attachait l'un à l'autre et les deux garçons se levèrent pour retourner vers la zone des casiers.

- Comment se fait-il que tu n'aies pas fait tes exercices ? Quand on s'est parlé hier tu m'as dit que tu étais en train de les finir.

- Je me suis endormi avant la fin vu que j'ai terminé tard mon entraînement avec le groupe. T'inquiète, il ne me reste que quelques questions.

- Excusez-moi ! interrompit une voix féminine.

- Oh, Briannah !

Briannah Mc Douglas venait d'apparaître à côté de Chuuya. Les joues roses, la jeune fille fixait les casiers pour indiquer qu'elle voulait y accéder.

- Désolé, je ne t'avais pas entendu arriver. Ça va ?

- Salut, Chuuya, salut, Matt ! Non t'inquiète ça ne fait rien. Vous parlez des devoirs de notre classe ?

- Oui, lui répondit Matt. Comme le professeur à la manie de m'interroger quand je n'ai rien fait, j'essaie de m'éviter une heure de colle.

- En effet, c'est mieux. Tu veux que je te prête mon cahier ? proposa l'adolescente en jouant avec ses cheveux.

- Oh non ça va, il ne me reste pas grand-chose à faire, ça ira vite si je m'y mets.

- OK ! Si tu as besoin, je suis là, ne te gêne pas.

Elle ferma la porte métallique sans rien avoir pris et hésita une seconde avant de tourner les talons. Elle s'arrêta puis revint sur ses pas et se planta face à Chuuya.

- Comme Matt va travailler, tu as un moment s'il te plaît ? Je voudrais... Te demander quelque chose.

Ses yeux bleus fixaient Matt avec insistance. Une fraction de seconde lui suffit pour comprendre les intentions de sa camarade et sa main se crispa sur son sac à dos. Troublé, il ouvrit la bouche sans parler. Son regard alla de Briannah à Chuuya qui s'empressa de répondre :

- Oui, bien sûr. Matt, tu me textes la salle où te rejoindre plus tard !

Sans lui laisser le temps de réagir, il partit avec la jeune fille et ne se retourna qu'au moment où il refermait la porte, le visage révélant une expression qu'il aurait préféré ne plus voir.

Ils s'éloignèrent en silence, Briannah continuait de jouer avec ses cheveux. Elle triturait et lissait en vain ses larges boucles aux reflets châtains, tout en se mordant la lèvre, nerveuse. Chuuya ne put s'empêcher de l'observer du coin de l'œil. Ils arrivèrent rapidement dans la zone des classes de musique. Ces salles étaient les plus prisées durant les pauses de midi à cette période de l'année. Les professeurs se taisaient plus facilement sur leur occupation puisque les instruments restaient enfermés à l'abri dans un débarras à part. À cause de ça, il n'était pas rare que des élèves les utilisent pour étudier où juste pour traîner en attendant la reprise des cours. Le lycéen stoppa et vérifia par la vitre qu'elle était libre :

- C'est bon, il n'y a personne. Après toi.

- Merci, c'est gentil.

Alors qu'il s'effaçait pour la laisser entrer, elle s'empourpra encore un peu plus. La jeune fille avançait dans la salle de classe et fit volte-face pendant que Chuuya ferma la porte.

- Alors ? De quoi tu voulais me parler ? Je suppose que ce n'est pas un problème de math ? plaisanta-t-il.

- Non ! En effet, ça n'a rien à voir.

Elle sourit à nouveau, mais ses doigts qu'elle entrelaçait révélaient la nervosité qui l'habitait :

- Je m'y prends très tôt, cependant... comme tu le sais, il y a la soirée de printemps du lycée qui aura lieu en mars et... Voudrais-tu être mon cavalier ? acheva-t-elle le visage totalement cramoisi.

- Ah ah, en effet, c'est vraiment tôt, commença Chuuya. Je suis très touché que tu aies pensé à moi...

- Je sens venir un mais...

- Désolé Briannah. J'ai déjà des projets pour cette soirée.

- Oh... ? C'est-à-dire, avec quelqu'un en particulier ? Une petite amie ?

- Hm oui, c'est ça. Je... Je sors avec quelqu'un, je suis vraiment désolé.

- Désolé de quoi ? C'est plutôt à moi de m'excuser. Je ne savais pas que tu avais quelqu'un. Tu es soit avec Matt soit avec des gens de ta classe, mais je ne t'ai jamais vu traîner avec une fille, alors j'étais loin de m'en douter. Enfin, c'est vrai que c'était bête de supposer quoi que ce soit juste à partir de ça...

Elle parlait de plus en plus vite, visiblement embarrassée et fixait le sol pour cacher sa gêne :

- Tu dois me trouver totalement ridicule, poursuivit-elle mal à l'aise.

- Non ! Absolument pas, je t'assure. Je suis surtout surpris. Je ne pensais pas que tu me voyais de cette façon.

- Vraiment ? Je ne suis pas la seule, pas mal de filles sont intéressées. Tu es très populaire...

- On reste amis ? coupa le jeune homme. Je veux dire... S'il n'y a pas de malaise bien sûr.

- Évidemment.

- Bon et bien, j'y vais. À plus tard.

- D'accord. À plus.

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