Dans un monde où les mariages arrangés sont la norme pour les loups-garous de sang royal, une femme loup-garou forte et indépendante est forcée d'intervenir lorsque sa demi-sœur refuse d'épouser le prince destiné à être son compagnon. À son arrivée au palais royal, elle découvre que le prince l'a déjà rejetée et en a choisi une autre. Déterminée à reprendre le contrôle de son destin, elle s'entraîne secrètement avec un groupe de rebelles loups-garous. Mais à mesure qu'elle gagne en puissance et en admiration, elle attire également l'attention de ceux qui veulent préserver le statu quo, ainsi que du prince qui complotait secrètement pour reprendre le trône à son oncle. Cette fois, le prince doit non seulement gagner le soutien de la femme, mais aussi son cœur.
- « Tu dois partir à sa place. »
La voix de son père résonnait dans l'air lourd de la pièce. Un silence oppressant s'installa, brisé seulement par le craquement du bois dans l'âtre. Elle resta immobile, les poings serrés, le souffle court.
Elle avait espéré, prié, que cette conversation ne viendrait jamais. Mais elle était là, implacable, comme une lame effleurant la peau avant l'estocade finale.
- **« Non.»
Son refus claqua, sec, brutal. Elle leva les yeux vers son père, cherchant une faille dans son regard impassible. Il était assis sur son grand fauteuil en chêne, le dos droit, les mains jointes devant lui. Un loup vieillissant, mais toujours redoutable.
- **« Tu n'as pas le choix. »**
Sa mère, assise à ses côtés, baissa les yeux. Quant à sa demi-sœur, la cause même de ce chaos, elle se tenait debout près de la cheminée, crispée, évitant soigneusement son regard.
- **« Alors elle, elle a le choix ? »** cracha-t-elle en désignant la jeune femme aux cheveux d'or. **« Pourquoi est-ce que c'est moi qui dois payer pour son caprice ? »**
- **« Ce n'est pas un caprice, »** murmura sa demi-sœur, les yeux brillants de larmes. **« Je ne peux pas... je ne veux pas de cette vie. »**
- **« Comme si moi je la voulais ! »**
Son père soupira et se leva lentement. Son ombre s'étira sur les murs de pierre.
- **« Nous avons une dette envers la famille royale. Si cet accord est rompu, ils prendront cela pour une insulte. Tu connais les conséquences. »**
Elle savait. Une guerre, des représailles, des morts. Ils ne pouvaient se permettre une telle folie.
- **« Pourquoi moi ? »** demanda-t-elle d'une voix plus rauque, plus amère.
Son père s'approcha, posa une main sur son épaule.
- **« Parce que tu es plus forte qu'elle. »**
Elle sentit une rage sourde monter en elle. Forte. Toujours cette maudite force. Celle qui lui valait d'être l'héritière en cas de malheur. Celle qui lui faisait endurer les pires entraînements, les pires missions. Celle qui, aujourd'hui, la condamnait à être sacrifiée pour préserver la paix.
Elle recula brusquement, arrachant son épaule à l'emprise paternelle.
- **« Je ne suis pas un pion. Je refuse. »**
- **« Si tu refuses, nous serons tous punis. Et toi la première. »**
Une menace déguisée. Elle n'était pas idiote. Elle savait ce que cela signifiait. Si elle n'obéissait pas, elle serait reniée. Un loup-garou sans meute était un loup mort.
Sa mère s'approcha enfin, son regard doux mais suppliant.
- **« Ma fille... fais-le pour nous. »**
Elle sentit sa gorge se nouer. C'était injuste. Profondément injuste. Mais face à elle, une famille entière comptait sur son sacrifice.
Sa demi-sœur osa enfin croiser son regard.
- **« Je suis désolée. »**
Elle aurait voulu la haïr. Elle aurait voulu l'attraper par le col et la forcer à accomplir son devoir. Mais elle vit la peur dans ses yeux. La peur d'une cage dorée, d'un mariage forcé avec un prince inconnu, d'une vie sans choix.
Elle inspira profondément, tremblante de colère. Puis, après un long silence, elle laissa tomber ses bras le long de son corps.
- **« Très bien. J'irai. »**
Sa demi-sœur eut un hoquet. Sa mère posa une main sur sa bouche. Son père hocha simplement la tête.
Le destin venait de se refermer sur elle.
***
Le lendemain, elle boucla sa cape d'un geste sec et lança son sac sur l'épaule. Le vent du matin était mordant, mais elle ne frissonna pas. Elle ne pouvait pas se permettre d'être faible.
Derrière elle, sa mère retenait des larmes. Son père se tenait droit, impassible. Sa demi-sœur, elle, n'osait même pas la regarder.
- **« Le voyage durera trois jours. »** déclara son père. **« La garde royale t'escortera jusqu'au palais. »**
Elle ne répondit pas. À quoi bon ? Elle était déjà enfermée dans cette destinée qui n'était pas la sienne.
Un hennissement lui fit lever les yeux. Devant le manoir familial, des cavaliers en armure attendaient, visages masqués sous leurs capuchons.
Leur chef s'approcha, un homme à la stature imposante, le regard perçant.
- **« Nous partons immédiatement. »**
Elle hocha la tête, saisit les rênes de son cheval et monta en selle sans un mot.
Sa mère fit un pas en avant.
- **« Attends... »**
Elle se tourna vers elle. Un instant, elle crut que sa mère allait la supplier de revenir, lui dire qu'ils trouveraient une autre solution. Mais tout ce qu'elle fit, ce fut lui tendre un médaillon en argent.
- **« Pour te protéger. »**
Elle hésita, puis le prit, serrant le métal froid dans sa paume.
Sans un dernier regard, elle enfonça ses talons dans les flancs de sa monture et partit au galop.
***
Les jours passèrent dans un silence pesant. Ses compagnons de route ne parlaient que lorsqu'ils en avaient l'obligation, et elle ne cherchait pas la conversation.
Les paysages défilaient, vastes plaines, forêts denses, rivières miroitantes sous la lune. Tout semblait calme. Et pourtant, son cœur battait plus fort à chaque kilomètre.
À quoi ressemblait ce prince qu'elle devait épouser ? Un tyran arrogant ? Un noble sans âme ? Ou peut-être... un loup brisé, comme elle ?
Elle n'avait pas eu le droit de voir son portrait. Sa famille avait pris toutes les décisions pour elle.
Le soir du troisième jour, alors qu'ils s'approchaient du palais, elle sentit une tension nouvelle dans l'air.
Les gardes semblaient plus nerveux. Le chef de l'escorte se tourna vers elle.
- **« Nous arrivons. »**
Elle releva les yeux. Devant elle, dressé dans la nuit, le palais royal surgissait des ténèbres.
Immense. Impénétrable.
Et au fond d'elle, une certitude l'écrasa : elle n'était pas seulement venue pour un mariage.
Elle entrait dans la gueule du loup.
Alors que les portes massives du palais se dressaient devant elle, son cœur battait un peu plus fort. L'air était chargé d'une tension presque palpable, et le silence qui régnait parmi les gardes ne faisait qu'accentuer son malaise.
Le capitaine de l'escorte descendit de cheval et s'approcha de la grande porte en bois massif, frappant trois coups secs. Un bruit sourd résonna dans la nuit, et quelques secondes plus tard, les battants s'ouvrirent lentement, laissant apparaître une cour pavée éclairée par des torches vacillantes.
- **« Descendez. »**
Elle hésita, puis obéit, glissant de sa monture avec souplesse. Dès que ses bottes touchèrent le sol, elle sentit le regard pesant des sentinelles postées sur les remparts. Ils l'observaient comme une étrangère, comme une intruse.
Un homme aux vêtements somptueux s'avança. Son manteau en velours noir bordé d'or indiquait qu'il occupait une fonction importante. Son regard, froid et calculateur, se posa sur elle.
- **« Vous êtes enfin arrivée. »**
Elle soutint son regard sans ciller.
- **« On dirait que personne ne m'attendait avec impatience. »**
Un sourire bref, à peine perceptible, étira les lèvres de l'homme.
- **« Venez. Le roi souhaite vous voir immédiatement. »**
Elle se raidit légèrement. Ce n'était pas le prince qui l'accueillait, mais le roi lui-même. Pourquoi cette urgence ?
Sans un mot, elle le suivit à travers l'immense cour, ses bottes résonnant sur la pierre humide.
Les portes du palais se refermèrent derrière elle dans un grondement sourd.
***
L'intérieur était aussi grandiose que froid. Des lustres en cristal pendaient du plafond, projetant une lumière dorée sur les tapis rouges qui s'étendaient à perte de vue. Des statues d'anciens rois-loups trônaient le long des murs, leurs regards de pierre semblant la juger à chaque pas.
Le majordome s'arrêta devant une grande porte ornée de symboles gravés à la main.
- **« Entrez. »**
Elle inspira profondément, redressa les épaules et poussa la porte.
La salle du trône était imposante. Des colonnes noires soutenaient une voûte peinte à l'effigie d'une meute en pleine chasse. Au fond de la pièce, assis sur un trône sculpté dans l'onyx, le roi l'attendait.
Il était plus âgé qu'elle ne l'avait imaginé. Ses cheveux, encore noirs malgré l'âge, encadraient un visage marqué par le temps et les batailles. Ses yeux, d'un gris perçant, la scrutèrent avec intensité.
- **« Vous êtes la remplaçante. »**
Pas de salutations, pas de bienvenue. Juste une déclaration sèche, presque méprisante.
Elle croisa les bras.
- **« C'est ainsi qu'on accueille une future épouse royale ? »**
Le roi haussa un sourcil.
- **« Vous ne serez l'épouse de personne ici. »**
Un silence glaçant s'abattit dans la pièce.
Son cœur rata un battement.
- **« Pardon ? »**
Le roi se leva lentement, avançant de quelques pas.
- **« Le prince a déjà choisi une autre fiancée. Il a refusé cette union. »**
Elle sentit une brûlure monter en elle. On l'avait envoyée ici, on lui avait imposé ce destin... pour quoi ? Pour être rejetée avant même d'avoir pu parler au prince ?
Ses poings se serrèrent.
- « Alors pourquoi suis-je là ? »
Le roi la fixa sans ciller.
- « Parce que vous appartenez désormais à ce palais. »
Un frisson glacial lui parcourut l'échine.
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