La vie bien rangée et stable de Mathieu bascule lorsqu'il reçoit un appel tardif de son père, lui annonçant que son jeune frère, Ethan, est hospitalisé après un accident grave. De retour dans sa ville natale, Mathieu est confronté à des souvenirs qu'il avait soigneusement enfouis. Une rancœur silencieuse s'est installée entre lui et Ethan depuis des années, une blessure jamais refermée. Mais face à la fragilité de la vie, les deux frères tentent de reconstruire leur lien brisé. C'est alors que Mathieu rencontre Clara, une jeune femme lumineuse et empreinte de douceur, qui s'occupe d'Ethan avec une bienveillance touchante. Ce qu'il ignore au début, c'est que Clara n'est pas une inconnue : elle est la fiancée de son frère. Il essaie de l'ignorer, de la tenir à distance, mais chaque regard échangé, chaque conversation volée, le rapproche un peu plus d'elle. L'interdit donne à cet amour une intensité insupportable. Comment combattre une passion qui vous consume ? Comment renoncer à celle qui semble être votre évidence ? Parfois, l'amour se présente sous la pire des formes : celle qui ne vous appartient pas.
La pluie fine martelait les vitres du taxi tandis que Mathieu fixait le paysage défilant sous ses yeux. Il n'était pas revenu ici depuis si longtemps que les bâtiments semblaient avoir perdu leur familiarité. Pourtant, cette ville natale qu'il avait fui restait la même, figée dans le temps.
Son téléphone était encore dans sa main, l'écran éteint. L'appel de son père résonnait toujours dans son esprit. Les mots avaient été simples, tranchants, comme une lame fendant son armure de détachement :
- Ethan a eu un accident. Il est dans le coma.
Aucune émotion dans la voix de son père. Pas de supplication, pas de chaleur. Juste l'information brute, un ordre silencieux. Rentre.
Mathieu avait hésité. Il avait regardé son appartement impeccable, son verre de whisky à moitié plein sur la table basse, et s'était demandé s'il voulait vraiment affronter tout ça.
Mais le sang appelait le sang, n'est-ce pas ?
Il était là maintenant, devant l'hôpital, l'immense bâtisse grise se dressant sous un ciel menaçant. Il inspira profondément avant de pousser la porte.
L'odeur du désinfectant lui prit à la gorge. Tout était silencieux, oppressant. À l'accueil, une infirmière lui lança un regard fatigué.
- Vous cherchez quelqu'un ?
Il déglutit, puis hocha la tête.
- Ethan Lebrun. Il a été admis ce soir.
Elle tapota sur son clavier avant de lever les yeux.
- Deuxième étage, service des soins intensifs.
Il remercia d'un signe de tête et se dirigea vers l'ascenseur. Chaque pas était lourd, pesant. Il n'avait aucune idée de ce qu'il allait dire en voyant son frère.
Les portes s'ouvrirent sur un couloir éclairé d'une lumière blafarde. Au bout, il aperçut une silhouette qu'il connaissait trop bien.
Son père était là, assis sur une chaise, le dos droit, les mains croisées sur ses genoux. Il ne tourna même pas la tête à son approche. À côté de lui, sa mère, le regard perdu, une main crispée sur un mouchoir en papier.
- Vous êtes venu... finit par murmurer son père.
- Tu crois que j'allais rester à Paris en sachant que mon frère est entre la vie et la mort ?
Son père eut un rictus amer.
- Je n'étais pas sûr que ça suffirait à te ramener.
Mathieu serra les poings. Les reproches, déjà. Il n'avait même pas encore vu Ethan, et son père trouvait le moyen de le piquer.
- Comment il va ?
Sa mère releva des yeux rougis.
- Il est toujours inconscient. Les médecins disent que les prochaines heures seront cruciales.
Mathieu hocha la tête, incapable de répondre.
Et puis, il la vit.
Un peu plus loin, debout près d'une fenêtre, une femme. Brune, élancée, vêtue d'un jean et d'un pull trop grand pour elle. Ses bras étaient croisés sur sa poitrine, comme pour se protéger de quelque chose d'invisible.
Lorsqu'elle tourna la tête, leurs regards se croisèrent.
Elle était belle, terriblement belle, mais ce n'était pas ça qui lui coupa le souffle.
C'était la douleur dans ses yeux.
Une douleur qu'il reconnaissait, car elle lui ressemblait trop.
Il ignorait encore qui elle était, mais une chose était certaine : cette femme allait bouleverser son monde.
La lumière blafarde des néons du couloir accentuait la pâleur des murs, leur donnant un aspect presque spectral. L'hôpital dégageait cette ambiance si particulière, mélange d'angoisse et d'attente interminable. Mathieu avançait lentement, les mains enfoncées dans les poches de son manteau, chaque pas résonnant faiblement sur le carrelage. Il n'avait pas remis les pieds ici depuis des années. Trop de souvenirs encombraient ce lieu.
Son père, Henri, était resté assis, droit comme un piquet sur sa chaise, le visage figé dans cette expression dure et fermée qu'il avait toujours eue. Sa mère, Isabelle, assise à côté, semblait usée, ses doigts crispés sur un mouchoir qu'elle tortillait nerveusement.
- Il est là, dit-elle doucement en désignant la porte derrière elle.
Mathieu ne répondit pas tout de suite. Il s'arrêta un instant, le cœur battant plus vite qu'il ne l'aurait voulu. Voir Ethan, dans cet état... Est-ce qu'il était prêt ? Il n'en savait rien.
Il posa la main sur la poignée, l'hésitation le clouant presque sur place. Il ne voulait pas entrer. Il ne voulait pas voir la fragilité de son frère, celui qu'il avait laissé derrière lui il y a des années. Pourtant, il poussa la porte.
La chambre était silencieuse, juste le bip régulier du moniteur cardiaque pour troubler l'air pesant. Sur le lit, Ethan semblait minuscule, un fantôme d'homme, la peau livide, des ecchymoses marquant son visage. Une minerve soutenait son cou, et une perfusion pendait à son bras.
Mathieu s'avança lentement, son regard détaillant ce frère qu'il connaissait si bien, mais qui lui semblait pourtant si loin.
- T'as toujours eu un don pour te foutre dans la merde, murmura-t-il, plus pour lui-même que pour Ethan.
Il s'approcha du lit, glissant une main sur la rambarde métallique. Une vague d'émotions contradictoires le traversa : la rancœur, la culpabilité, la tristesse.
Il avait toujours eu une relation compliquée avec son frère. Trop d'incompréhensions, trop de disputes, trop de silences. Et maintenant, alors qu'Ethan était là, allongé, incapable de répondre, il se demandait ce qu'il ressentait réellement.
Un bruit léger derrière lui le fit sursauter. Il tourna la tête et son regard rencontra celui de la jeune femme qu'il avait aperçue dans le couloir.
Elle se tenait là, immobile, comme figée dans le temps. De près, elle était encore plus belle, mais ce n'était pas la beauté qui frappait Mathieu. C'était autre chose. Quelque chose de plus profond, de plus désarmant.
Ses yeux brillaient d'une tristesse indicible, d'une douleur silencieuse qui semblait refléter la sienne.
- Vous êtes son frère, souffla-t-elle enfin.
Sa voix était douce, presque tremblante, comme si elle avait du mal à formuler ces quelques mots.
Mathieu hocha la tête sans répondre.
Elle fit un pas en avant, comme hésitante.
- Je suis Clara, dit-elle.
Il répéta son prénom dans sa tête, essayant de l'associer à un souvenir, à une mention quelconque dans les discussions familiales qu'il avait évitées depuis des années. Mais rien ne lui revenait.
- Vous... vous le connaissiez bien ?
Elle eut un sourire triste.
- Je suis sa fiancée.
Mathieu sentit un léger vertige le prendre. Il se redressa instinctivement, comme si un choc venait de le frapper. Il posa à nouveau les yeux sur Ethan, cherchant une quelconque confirmation silencieuse. Fiancée ? Il ne s'y attendait pas.
Clara observa Ethan avec une tendresse infinie avant de reporter son attention sur Mathieu.
- Il parlait peu de vous, avoua-t-elle dans un souffle.
Il esquissa un sourire sans joie.
- Ça ne m'étonne pas.
Un silence pesant s'installa entre eux.
Mathieu ne savait pas quoi dire. Il ne connaissait pas cette femme, pourtant, il ressentait une étrange connexion. Elle semblait sincèrement affectée, profondément attachée à Ethan.
- Il va s'en sortir, souffla-t-elle, comme pour se convaincre elle-même.
Mathieu détourna le regard. Il n'était pas du genre à s'accrocher aux promesses vides. L'état d'Ethan était grave, et il le savait. Mais il n'était pas question de briser l'espoir de cette femme qui se tenait devant lui, luttant déjà contre ses propres peurs.
Il plongea ses mains dans ses poches et recula légèrement.
- Je vais vous laisser, murmura-t-il.
Clara leva un regard surpris vers lui.
- Vous ne restez pas ?
Il secoua la tête.
- Pas maintenant.
Il vit une lueur de déception traverser ses yeux, mais elle ne dit rien.
Alors qu'il franchissait la porte, il se surprit à penser que cette femme était bien différente de ce qu'il avait imaginé. Elle n'était pas une étrangère anodine. Il ne savait pas encore pourquoi, mais elle le troublait d'une manière inexplicable.
Et il n'aimait pas ça. Pas du tout.
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Chapitre 3 Chapitre 3
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Chapitre 4 Chapitre 4
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Chapitre 5 Chapitre 5
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Chapitre 6 Chapitre 6
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Chapitre 7 Chapitre 7
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