Après un divorce humiliant avec son mari, Roxane quitte sa ville natale brisée mais déterminée à se reconstruire. Six ans plus tard, elle revient, transformée : médecin de renommée mondiale et mère de jumeaux, elle n'est plus la femme qu'ils ont connue. En ouvrant une clinique pour les plus démunis, Roxane entend prouver que les jugements d'hier n'ont fait que renforcer sa résilience. Mais son passé la rattrape lorsqu'elle recroise Victor, son ex mari qui l'avait quitter pour se remarier à une femme plus jeune. Ruiné par un second divorce, Victor rongé par les regrets est bien décidé à regagner son amour. Tandis que des secrets enfouis refont surface, Roxane doit faire face à des choix déchirants : céder à son cœur qui bat toujours pour Victor le père de ses jumeaux ou protéger la vie qu'elle a courageusement bâtie seule pour elle-même et ses enfants.
Les pneus de la voiture crissèrent légèrement sur le gravier alors que Roxane s'arrêta devant ce qui avait été sa maison d'enfance. Un souffle nerveux s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle posait une main tremblante sur le volant. Ce retour, elle l'avait planifié pendant des mois, mais la réalité de revoir ces lieux imprégnés de souvenirs la frappait comme une vague glaciale.
Éléa, sa fille, étira le cou depuis son siège arrière.
- Maman, c'est là où tu habitais avant ?
Roxane sourit faiblement en hochant la tête, mais son regard restait fixé sur la façade vieillissante. Elle se souvenait des journées passées à courir dans ce jardin, des éclats de rire qui emplissaient l'air... avant que tout ne s'effondre.
- Oui, ma chérie, murmura-t-elle. C'est là que tout a commencé.
Mathias, plus calme, observait la scène depuis sa place à côté de sa sœur.
- C'est plus petit que je pensais, dit-il avec une honnêteté brutale qui fit sourire Roxane malgré elle.
Elle ouvrit la portière et descendit, inspirant profondément pour contenir l'angoisse qui montait. Le vent froid de janvier caressa son visage, mais elle n'y prêta guère attention. La maison familiale se dressait devant elle, témoin silencieux des jugements qu'elle avait subis. Les rideaux de la fenêtre du salon bougèrent, et Roxane devina une silhouette furtive, probablement un voisin trop curieux pour ignorer son arrivée.
Elle n'eut pas à attendre longtemps avant que ce voisin ne fasse une apparition plus ouverte. Monsieur Legrand, un vieil homme aigri, traversa la rue avec son chien en laisse. Son regard s'attarda sur elle avec une lueur de reconnaissance mêlée à une pointe de mépris.
- Eh bien, qui voilà, lança-t-il d'une voix traînante. Roxane Villeneuve. On disait que vous ne reviendriez jamais, après tout ce qui s'est passé.
Roxane força un sourire poli.
- Les choses changent, Monsieur Legrand.
Il haussa un sourcil, visiblement peu convaincu.
- Je suppose qu'on verra ça.
Elle resta immobile jusqu'à ce qu'il parte, laissant un goût amer derrière lui. Son passé était une toile complexe, et des figures comme Legrand rappelaient les moments où cette ville semblait s'être retournée contre elle.
Elle fit signe aux enfants de la suivre et retourna dans la voiture, dirigeant le véhicule jusqu'à leur nouvelle maison. Une maison moderne, lumineuse, nichée dans un quartier paisible loin des jugements du centre-ville. Éléa et Mathias bondirent hors de la voiture dès qu'ils arrivèrent, excités à l'idée d'explorer.
Roxane les regarda courir à l'intérieur, laissant échapper un rire à leurs exclamations émerveillées devant les grandes fenêtres et la cuisine ouverte.
- Maman ! Il y a deux salles de bains ! cria Éléa.
- Et un jardin, ajouta Mathias en inspectant les lieux.
Roxane sourit en secouant la tête. Elle aimait les voir si heureux. Ces six dernières années avaient été difficiles, mais ses enfants avaient été sa lumière dans l'obscurité. Elle rejoignit les jumeaux, admirant la maison qu'elle avait choisie avec soin, un espace qui leur offrirait la stabilité dont ils avaient besoin.
Un léger coup à la porte attira son attention. Elle alla ouvrir, découvrant une jeune femme aux cheveux châtains et aux yeux pétillants.
- Bonjour, dit-elle joyeusement. Je suis Alice. Vous m'avez engagée comme assistante.
Roxane lui rendit son sourire, reconnaissante pour cette aide précieuse.
- Oui, bien sûr, entrez.
Alice s'avéra être chaleureuse et pleine d'énergie. Elle plaisanta avec les enfants, leur promettant de cuisiner des biscuits si Roxane lui en laissait le temps, ce qui fit éclater de rire Éléa et Mathias.
La journée passa rapidement dans un tourbillon d'installations et de rires, mais une tension persistante pesait sur Roxane. Elle savait que ce retour dans sa ville natale n'était que le début d'un chemin semé d'embûches.
En début de soirée, elle réalisa qu'ils avaient besoin de courses. La cuisine, bien que moderne, était désespérément vide. Après avoir installé les enfants devant un dessin animé, elle se rendit seule au supermarché local.
Chaque rayon qu'elle parcourait réveillait des souvenirs, des fragments de son ancienne vie. Elle essayait de se concentrer sur sa liste, mais son esprit vagabondait, absorbé par ces fantômes du passé.
Alors qu'elle atteignait le rayon des produits frais, une voix grave interrompit ses pensées.
- Roxane ?
Elle se figea, son cœur battant à tout rompre. Elle tourna lentement la tête et croisa le regard de Victor Delorme.
Il semblait surpris, presque perdu, comme s'il ne s'attendait pas à la voir là. Ses cheveux étaient plus courts qu'avant, quelques mèches grises parsemaient ses tempes. Son visage, bien que marqué par le temps, restait aussi troublant qu'autrefois.
- Victor, dit-elle d'un ton neutre, serrant nerveusement la poignée de son panier.
Le silence qui suivit était lourd, chargé de tout ce qui n'avait pas été dit depuis leur séparation. Finalement, il brisa la glace.
- Alors... tu es de retour.
Roxane hocha la tête sans répondre, cherchant à garder son calme.
- Et ces enfants ? Ils sont à toi ? demanda-t-il, sa voix teintée d'une curiosité troublante.
Elle sentit son estomac se nouer, mais elle resta impassible.
- Oui, répondit-elle simplement, sans s'étendre davantage.
Victor semblait vouloir poser d'autres questions, mais quelque chose dans le regard de Roxane l'en dissuada. Il recula légèrement, laissant entrevoir une émotion indéfinissable. Peut-être du regret, ou de la confusion.
- Bonne soirée, finit-il par dire avant de tourner les talons.
Roxane resta immobile quelques instants, tentant de calmer les battements frénétiques de son cœur. Elle savait que cette rencontre était inévitable, mais elle n'était pas prête à affronter tout ce que Victor représentait.
Elle termina ses courses rapidement et rentra chez elle, les pensées tourbillonnant dans sa tête. Pendant ce temps, Victor, assis dans sa voiture, fixait l'entrée du supermarché, perdu dans ses propres réflexions.
L'image des jumeaux lui revenait sans cesse. Il y avait quelque chose chez eux, une ressemblance qu'il ne pouvait ignorer. Une question insidieuse se forma dans son esprit, et il sut qu'il ne pourrait pas la laisser sans réponse.
Je me rappelle encore ce jour précis, comme si c'était gravé dans ma mémoire. Le bruit des verres qui tintaient, les éclats de rire artificiels, et l'odeur du champagne bon marché masquée par des parfums bien trop coûteux. Le gala organisé par les familles Delorme et Villeneuve était une soirée où tout semblait prédestiné. Je ne voulais pas y aller, mais mon père avait insisté, arguant que ces événements "consolidaient des alliances essentielles". Ce soir-là, tout changea.
Je l'avais remarqué dès mon arrivée. Victor Delorme, debout près d'une arche ornée de roses blanches, semblait étrangement détaché de l'agitation ambiante. Sa chemise noire contrastait avec son teint pâle, et ses yeux gris scrutaient la foule avec une nonchalance qui m'avait intriguée. Il était beau, mais d'une beauté froide, presque intimidante. J'avais croisé son regard une fois, puis deux, avant qu'il ne décide de s'approcher.
- Roxane Villeneuve, dit-il en tendant la main. On m'a parlé de toi.
Sa voix était grave, posée, et il y avait un sourire en coin qui semblait vouloir me défier. Je m'étais forcée à sourire, bien que je déteste ce genre de cérémonial.
- On dit beaucoup de choses, répondis-je en serrant sa main. Pas sûr que tout soit vrai.
Il avait ri, un rire léger, presque imperceptible, avant de répliquer :
- On dit aussi que tu es brillante et terriblement obstinée. Ça, c'est vrai ?
Je m'étais surprise à apprécier son audace, cette façon qu'il avait de briser les convenances sans les écraser totalement. Ce fut le début d'une danse étrange entre nous, faite de mots tranchants et de regards intenses.
Notre romance avait été fulgurante, presque irréelle. Il m'emmenait dans des endroits improbables, loin des mondanités auxquelles nous étions habitués. Pourtant, au-delà de nos moments volés, il y avait toujours l'ombre de sa famille. Les Delorme ne voyaient pas d'un bon œil notre relation. Ils avaient des plans pour lui, des ambitions auxquelles je n'appartenais pas. Je n'étais pas assez "convenable" pour eux, disait-on à demi-mot.
Cette pression constante avait fini par saper ce que nous avions. Je revois encore le jour où tout s'est effondré, les mots amers qu'il m'avait crachés au visage sous l'influence de ses parents. Et moi, trop fière pour implorer, avais choisi de partir.
Revenant à la réalité, je secouai la tête. Ce n'était pas le moment de me noyer dans ces souvenirs. Alice, toujours efficace, était en train de ranger quelques cartons dans la cuisine quand elle me lança un regard malicieux.
- Vous avez déjà fait forte impression en ville, me dit-elle.
Je fronçai les sourcils.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Elle s'approcha, un torchon à la main, et baissa légèrement la voix comme si elle s'apprêtait à révéler un secret d'État.
- J'ai entendu deux femmes parler de vous au marché ce matin. Elles disaient que vous étiez "la femme abandonnée" qui revenait pour se donner une seconde chance. L'une d'elles a même suggéré que vous aviez sûrement des choses à cacher.
Un rire nerveux m'échappa, mais mon estomac se nouait.
- Les gens ont toujours besoin d'une histoire à se raconter, répondis-je, feignant l'indifférence.
Alice posa une main sur ma hanche et sourit doucement.
- Ne les laissez pas vous atteindre. Vous êtes plus forte que ça.
Je hochai la tête, mais l'angoisse me rongeait. Je n'étais pas revenue ici pour affronter le jugement des autres, mais il semblait que je n'avais pas le choix.
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