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La vie c'est une chanson de Francis Cabrel

La vie c'est une chanson de Francis Cabrel

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Chapitres

Chaaya est une jeune fille dont la musique et le prénom sont un héritage paternel qui l'a guidée dans tous les domaines de sa vie. Elle saisit l'opportunité d'un travail au Canada pour changer de focalisation, parcourir le monde à la recherche des réponses à ses multiples questions, consciente qu'elle ne les trouvera pas totalement. Guidée par la musique et l'écriture, Cécilia Amand nous communique son vécu et ses expériences avec l'idée que ceux-ci peuvent aider ou plus simplement parler aux personnes qui les découvriront à travers son premier ouvrage.

Chapitre 1 No.1

Prologue

Je n'avais pas vu que tu portais des chaĂźnes, Ă  trop vouloir te regarder, j'en oubliai les miennes...

Francis Cabrel

Cette fille est mon ĂȘtre humain prĂ©fĂ©rĂ©, son rire est si bruyant, contagieux, et gĂȘne ces gens-lĂ  dont parlait monsieur Brel dans sa chanson. Il y a quelque chose de si innocent dans sa dĂ©sinvolture. Savez-vous ce qu'on dit sur les personnes qui sourient tout le temps ? Que ce sont les fissures que le temps a crĂ©Ă©es qui laissent passer autant de lumiĂšre. Chaque Ăąme a ses histoires et la sienne n'a pas toujours Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©e, un peu comme la mienne, mais nous sommes deux jeunes femmes d'une force et d'une humanitĂ© indĂ©fectibles. C'est elle et moi contre le monde.

- Je n'en reviens pas que tu me fasses ça Chaaya, lança-t-elle en fermant la portiÚre de sa petite Renaud blanche bien usée, mais décoré tout à son image, de grosses fleurs artificielles, d'une perruque de clown rouge qui traßne sur la plage arriÚre, et de quelque chose qui ressemble à des os humains.

- Tu oses partir à l'autre bout du monde et m'abandonner à cette vie si déroutante ? continua-t-elle avec un sourire qui marquait son entrain habituel. Parce que malgré tout elle sait, oui, elle sait que je dois suivre cette petite voix en moi qui me dit qu'il est temps d'assouvir ma soif de liberté, j'ai presque 30 ans et ce monde m'ouvre les bras.

- Toronto n'est pas l'autre bout du monde, tu sais, et puis tu as plutĂŽt intĂ©rĂȘt Ă  venir me voir. Sinon, comment ça va avec ton monsieur Darcy1?

- Bien, il est si prévenant, respectueux et patient. Il me propose tout le temps de faire plein de choses, mais c'est un peu trop et puis je...

- Et puis tu n'es pas amoureuse, la coupais-je en plein élan. Elle avait beaucoup de charme avec ses cheveux noirs bouclés et sa peau légÚrement mate, ses converses et ses t-shirts colorés lui donnaient un air femme-enfant. Néanmoins, elle était trÚs complexée, mais comme dit le dicton : « une femme est encore plus belle quand elle ne le sait pas. »

Élise et moi faisons partie de ces jeunes femmes qui croient encore que l'amour c'est quelque chose qui doit te retourner le cerveau, qui doit te faire brĂ»ler de l'intĂ©rieur. L'amour pour moi, sincĂšrement, je pense que ce n'est pas quelque chose que tu cherches, que tu trouves, que tu crĂ©es ou que tu calcules, que tu inventes ou que tu conçois. Cela doit ĂȘtre un peu comme dans la chanson de Garou : « Et juste au moment oĂč j'Ă©tais bien tout seul, tu m'arrives comme un coup de poing sur la gueule, l'autoroute de ma vie filait tout droit devant, notre rencontre est un accident... L'amour ne vient jamais, lĂ  oĂč on l'attendait, je l'ai cherchĂ© mais sans le trouver, quand ça vous surprend comme un coup de sang, on redevient adolescent ». En fait, on tombe dedans c'est tout, et c'est pour ça qu'on dit tomber en amour, non ? Je vais vous faire une confidence ; je crois que je cherchais l'amour mais que je n'osais pas le dire.

- C'est ça oui, je n'ai pas la flamme, tu vois, le palpitant quoi, et j'ai l'impression que lui s'attache vraiment. Je commence Ă  me sentir coupable, je ne veux pas ĂȘtre ce genre de femmes, tu sais ces...

- Non, jamais, tu n'es pas comme ça, toi et moi nous sommes des personnes bien, point Ă  la ligne ! je rĂ©pondis avec une conviction et une volontĂ© Ă  couper le souffle, pour ĂȘtre sĂ»r que mes mots la percutent Ă  tel point qu'elle ne puisse jamais en douter. Les gens n'ont-ils jamais conscience de leurs valeurs et de l'amour qu'ils mĂ©ritent ? Moi, j'ai passĂ© la moitiĂ© de ma vie Ă  me sous-estimer, j'en ai assez souffert. Ma confiance, plus personne ne viendra la mettre Ă  mal.

C'Ă©tait notre derniĂšre soirĂ©e avant mon dĂ©part et je voulais en profiter comme il se doit. Elle Ă©tait la seule chose de ma vie actuelle que je ne voulais pas changer. Nous nous dirigions dans notre bar habituel qui faisait aussi office de bowling du coin, avec ses pistes bien usĂ©es et ses lumiĂšres rĂ©tros. Les petits fauteuils en cuir rouge, les grandes tables rondes entourĂ©es de tabourets, les tableaux de voitures amĂ©ricaines donnaient Ă  cet endroit un air vintage et charmant. C'Ă©tait devenu notre quartier gĂ©nĂ©ral pour boire notre cocktail habituel fait de jus de fruits et de vodka, le sex on the beach, celui qu'Élise va toujours commander pour nous, car je suis toujours gĂȘnĂ©e Ă  l'idĂ©e de prononcer ces mots aux serveurs. Bizarre, je sais. Comme Ă  chaque fois que je bois un verre ou deux, j'ai cette pensĂ©e pour ma mĂšre, sait-elle qu'on peut ĂȘtre libre et vibrer sans ĂȘtre ivre et dans l'excĂšs ?

- Et toi alors, tu crois que tu vas rencontrer ton Édouard Cullen2Ă  Toronto ? me demanda-t-elle en me dĂ©fiant du regard.

Cette simple idĂ©e me faisait sourire jusqu'aux oreilles. NĂ©anmoins, elle me faisait un peu peur aussi. Il faut dire que jusqu'ici, je n'avais connu que des amours sans excĂšs, le genre de sentiment qui ne te fait en aucun cas et sous aucun prĂ©texte perdre le contrĂŽle de toi-mĂȘme, le risque calculĂ© quoi. Je me suis toujours protĂ©gĂ©e, peut-ĂȘtre avais-je associĂ© l'amour Ă  la faiblesse et cette conclusion avait fait naĂźtre en moi une fiertĂ© dĂ©mesurĂ©e face Ă  ce sentiment. Je suis tout de mĂȘme prĂȘte Ă  faire tomber les barriĂšres, Ă  ne plus ĂȘtre lĂąche. La vie est courte et je l'ai bien compris aprĂšs avoir perdu mon papa il y a quelques annĂ©es.

- Je vais déjà me concentrer sur ma vie professionnelle, mon frÚre m'a trouvé le poste parfait, je veux faire mes preuves et ne pas le décevoir. Travailler en tant qu'éducatrice spécialisée pour pouvoir aider des enfants qui ont déjà connu des horreurs sans nom à se reconstruire est une réelle opportunité pour moi. Il faut que mon vécu serve à d'autres, je sais aujourd'hui qu'on peut se remettre de tout.

La soirĂ©e passa Ă  une vitesse vertigineuse, comme tous ces moments qu'on a traversĂ©s ensemble ces 6 derniĂšres annĂ©es. Avec elle ? J'ai trouvĂ© la dĂ©finition mĂȘme de l'amitiĂ©, la loyautĂ©, la fidĂ©litĂ©, l'Ă©coute, et l'acceptation. Enfin mĂȘme si j'ai fini par dĂ©tester ce mot, parce que, concrĂštement, toute ma vie, j'ai pensĂ© qu'il fallait qu'on soit juste nous-mĂȘmes et que les gens devaient nous accepter comme on est, mais comme dit mon petit frĂšre Cyril : « il n'y a personne qui doit t'accepter, tu es qui tu es, point ! » Vous comprenez toutes cette subtilitĂ© que je n'avais jamais acquise, et oui, je suis comme je suis, tu aimes tu restes, tu n'aimes pas tu pars. Parce que demander Ă  ĂȘtre acceptĂ© revient Ă  devoir se battre pour un droit que tout le monde devrait avoir dans l'Ă©galitĂ©. Être soi-mĂȘme ne devrait pas ĂȘtre une demande ou un combat

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