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Rosie a un journal

Rosie a un journal

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Chapitres

Rosie est une adolescente de la campagne presque comme une autre. Sa tante, en lui offrant un journal intime, ouvre une fenêtre sur une âme moderne en perte de repères identitaires. On y découvre les conflits d'une jeune fille avec la famille, la religion, les amitiés, les ruptures et surtout la rencontre avec le grand amour, celui qui bouleverse tout... Biographie de l'auteur Magali Ernouf est titulaire d'un DEA en sociologie. Pour écrire, elle s'inspire de sa vision du monde et des autres.

Chapitre 1 No.1

Il était une fois, à notre époque, une fille qui n’a pas envie qu’on l’aime parce que le sexe l’intéresse davantage. Rosie rêve d’aventures peu ordinaires. Le quotidien ne semble pas être son truc. Seulement, dans ce village qui n’adopte pas forcément les nouveaux arrivants, comment réellement penser que l’on puisse avoir un destin si ce n’est en grisé, en action, ou par omission du train-train ?

Un site, pourtant, où la petite histoire mériterait bien de côtoyer la grande. Un courant d’air électrique convole en noces d’acier avec une atmosphère festivalière lorsque l’énergie solaire veut bien être de la partie. Imaginez un horizon de foin et une verdure opulente et vous aurez en face de vous une terre. Bordée de mer, celle-ci pèche par défaut d’activités à but non lucratif. L’économie n’est en rien souterraine. Tout se cultive dans le petit bourg de cette presqu’île. Surtout l’ennui qui rend vaches la mère au foyer, les gamins de la petite école ainsi que les retraités. Lorsque le facteur n’apporte que des factures, il faut bien que les habitants s’occupent à s’inventer une utilité morale. Il y avait donc trois cent soixante habitants, tous gardiens de la salubrité publique, tous prêts à se méfier d’elle.

Rosie, née de parents modestes, mais surtout de personnes réputées pour être des zélés ouvriers au service de leurs patrons, qui ne lui offraient rien a prioriqui eût pu illuminer d’espoir les ambitions d’une jeune fille de quinze ans à peine. Et ce n’est pas son parcours scolaire qui influence Rosie vers cette envie furieuse d’être libre. Peut-être que ses fréquentations de l’époque ont fait d’elle cette adolescente qu’il est à présent temps de présenter plus amplement. La profondeur, c’est ce qu’elle aime, la Rosie, comme le dirait son dernier soupir en date, s’il nous était possible de l’interpréter à l’image des rêveries d’une autre époque.

Jolie, Rosie ? Oui. Comme le fruit vert qui va rougir bientôt d’être butiné par toutes sortes d’oiseaux. Son physique semble attendre le moment de se laisser déformer. Tout comme ses idées, l’émancipation des boutons juvéniles n’ose pas encore se laisser dégrafer. Une couleur de peau, à rendre mal à l’aise en public tous ceux que la chair attire, était son plus bel attrait. Une belle peau de rousse, blanche comme le lait qui pourrait tout droit provenir de ses seins pas si petits que ça déjà. À condition qu’elle se laisse féconder. Or, elle n’est pas si facile à traire, la Rosie. Jamais, hormis sa cousine Jeanne, quiconque ne lui avait frôlé un téton. À l’époque, elles prenaient leurs bains toutes les deux. Jeanne la brune que l’on pourrait, en ne la flattant pas, décrire comme boulotte sainte nitouche. Elle est l’enfant d’un cœur brisé de femme à qui l’homme de sa vie a volé le droit de vieillir en famille. Jeanne veut de l’amour autant que d’autres (des musiciens) veulent du soleil. Jeanne a le cœur prêt à être vendu tandis que Rosie, paradoxalement, ne croit pas à ces sentiments pompeux mais surtout incompatibles avec l’idée de quête. De tels penchants conduisent inévitablement à la perte d’une partie de soi d’après elle. Et quoi ? Faire comme ses parents ?

Cette partie, bien cachée entre ses jambes, constitue un jeu de moi en perpétuelle représentation. Rosie a bien l’intention de l’exposer au regard de tous les milieux qui l’insultent sans même la connaître. Non ! Ne jamais ressembler à ses géniteurs. Telle est la devise de celle que le mépris étouffe par manque de culture, et que l’avenir doit compenser par un effort de dénégation.

Jeanne, sans doute parce qu’elle est plus jeune, ne comprend rien aux ambitions dénuées de tout sentiment adolescent de Rosie. Une famille recomposée : voilà toute la grandeur d’une vraie quête d’après elle. Mieux : une famille tout court est le rêve de Jeanne. Pas d’autres voies pour une telle projection de ne penser qu’au mariage. Car l’héritage post soixante-huit est arrivé tard dans les rases campagnes. De plus, l’adolescence n’est-elle pas une période où l’on se cherche par le biais d’autrui ? En d’autres termes beaucoup moins clairs : l’adolescence n’est-elle pas qu’une transition vers la quête transcendantale de l’ego par l’union avec un autre ? La quête de l’Ego Somme ?

Toute la difficulté de la syntaxe représente exactement ce que Rosie va tenter de dépasser durant sa vie. Et c’est cette existence, créée par un hasard et des circonstances, que l’adaptateur vous propose de retrouver en souvenir d’elle, ainsi que ce passage que toute individualité vit avec plus ou moins de facilité. Rien sauf de la banalité déconcertante. Et pourquoi pas ? Après tout, la culture, c’est comme la confiture : on l’étale sans toujours en connaître la recette. Voici donc le voyage au travers de la mémoire figée de Rosie que je vous invite à lire article par article. Une question demeure : si on l’interrogeait aujourd’hui, se reconnaîtrait-elle dans son propre récit de vie ?

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