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Sous le coup de l'émotion

Sous le coup de l'émotion

Smile

5.0
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Chapitres

Camille et Léa ont partagé bien plus qu'une simple amitié : des secrets, des rêves, des nuits d'insomnie à refaire le monde ensemble. Mais parfois, il suffit d'un seul mot, d'un message envoyé sous le coup de l'émotion, pour faire s'effondrer tout ce que l'on croyait immuable. Rongée par le regret, Camille cherche à recoller les morceaux, mais découvrir que certaines blessures ne se réparent pas si aisément. Alors que les souvenirs hantent ses journées, elle devra affronter la perte de l'irréparable et trouver la force de reconstruire une vie marquée par le manque et les regrets.

Chapitre 1 Chapitre 1

Camille avait toujours cru que son amitié avec Léa était indestructible. Elles se connaissaient depuis le lycée, et malgré les petits accrochages, rien n'avait jamais vraiment entamé leur lien. Elles étaient devenues des piliers l'une pour l'autre : les confessions à cœur ouvert à trois heures du matin, les voyages improvisés, les soirées passées à rire jusqu'aux larmes. Elles partageaient tout, même ce que personne d'autre n'aurait pu comprendre. Mais il y a des jours où les émotions prennent le dessus, et il suffit d'un seul mot mal choisi pour réduire à néant ce qu'on croyait éternel.

Ce matin-là, Camille s'était réveillée avec un nœud à l'estomac. Le stress du travail l'assaillait, son copain venait de partir après une dispute, et une migraine naissante martelait ses tempes. Alors, quand Léa lui avait envoyé un énième message pour lui demander si elle pouvait lui emprunter sa robe préférée pour une soirée, Camille avait senti son irritation bouillir sous la surface. D'habitude, ce genre de demande ne la dérangeait pas, mais ce matin-là, c'était la goutte de trop.

Elle avait commencé à taper une réponse courte et polie. « Désolée, pas ce soir, je suis fatiguée. » Mais quelque chose l'avait retenue. Son pouce flottait au-dessus de l'écran, et sans même s'en rendre compte, une vague de frustration s'était emparée d'elle. Pourquoi devait-elle toujours être disponible pour Léa ? Pourquoi Léa ne comprenait-elle jamais quand il fallait laisser les gens tranquilles ? Elle avait l'impression de toujours être celle qui donnait sans jamais rien recevoir en retour.

Avant même d'avoir réfléchi, ses doigts avaient tapé une réponse bien plus acerbe :

**« Tu sais quoi, Léa ? J'en ai marre que tu me demandes toujours des trucs sans jamais te demander si j'en ai envie. T'as jamais pensé que j'avais peut-être mes propres problèmes ? Je suis pas ton dressing ambulant. »**

Le message était envoyé avant qu'elle ne puisse le relire. L'adrénaline battait dans ses veines. Sur le moment, Camille avait ressenti une satisfaction étrange, comme si elle avait enfin dit quelque chose qui avait longtemps mûri en elle.

Quelques secondes plus tard, son téléphone vibra. Un simple :

**« Ok. »**

Ce petit mot, sec et froid, lui fit plus mal qu'elle ne l'aurait cru. Elle resta immobile, son téléphone dans la main, fixant l'écran comme si elle espérait qu'un autre message arriverait, quelque chose de plus léger, une tentative de plaisanterie pour désamorcer la tension. Mais rien d'autre ne vint.

Les heures qui suivirent furent un supplice. Elle n'arrêtait pas de repasser le message dans sa tête, analysant chaque mot. La satisfaction initiale s'était évaporée, laissant place à une angoisse rampante. Camille connaissait Léa. Elle savait à quel point son amie pouvait être sensible. Elle savait aussi que, si elle ne rattrapait pas cette situation rapidement, quelque chose se briserait entre elles.

Elle hésita à renvoyer un message. Elle ouvrit et referma plusieurs fois la conversation, tapant des excuses maladroites qu'elle finissait par effacer avant d'appuyer sur « Envoyer ». Elle n'avait jamais été très douée pour les excuses.

Le lendemain, elle décida de prendre son courage à deux mains et d'appeler Léa. La sonnerie résonna une fois, deux fois... puis le silence. Léa ne répondit pas. Camille essaya encore et encore, mais chaque fois, la sonnerie se perdait dans le vide.

Les jours passèrent, et le silence de Léa devint insoutenable. Camille ne savait plus quoi faire. Elle avait envie de la voir, de lui expliquer qu'elle ne pensait pas ce qu'elle avait écrit, que c'était juste un mauvais moment, que ça n'avait rien à voir avec elle. Mais Léa ne lui en laissa pas l'occasion. Elle évitait les endroits où elles avaient l'habitude de se retrouver, ne répondait ni aux appels ni aux messages.

Camille se rendit compte, avec une douleur sourde, que leur amitié était peut-être terminée. Elle avait brisé quelque chose qui ne se réparait pas avec de simples excuses. Léa avait toujours été là pour elle, toujours patiente, toujours présente, et elle l'avait blessée par pure impulsivité. Elle se demandait comment elle avait pu être aussi stupide.

Un soir, après une journée particulièrement éprouvante, Camille se retrouva assise sur son canapé, les yeux rivés sur son téléphone. Elle hésita une dernière fois, puis tapota sur l'écran :

**« Léa, je suis désolée. Je ne voulais pas te blesser. Je traverse une période difficile et je me suis laissée emporter. J'aimerais vraiment qu'on puisse en parler quand tu te sentiras prête. »**

Elle appuya sur « Envoyer », puis posa son téléphone à côté d'elle. Elle savait que c'était peut-être trop tard. Parfois, un message de trop suffit à détruire ce qu'on croyait inébranlable. Mais elle devait essayer.

Les jours passèrent sans réponse. Camille s'enfonça dans un mélange d'inquiétude et de tristesse. Elle essayait de se convaincre que Léa finirait par la rappeler, mais chaque jour de silence creusait un peu plus le fossé entre elles.

Un mois plus tard, alors que Camille feuilletait distraitement un magazine dans un café, elle aperçut Léa entrer. Leur regard se croisa, brièvement. Léa détourna les yeux et continua son chemin, comme si Camille n'existait plus.

À cet instant, Camille comprit que leur amitié appartenait au passé. Le message qu'elle avait envoyé sur un coup de colère avait laissé une cicatrice trop profonde. Elle aurait voulu remonter le temps, ravaler ses mots avant qu'ils ne sortent, mais la vie ne fonctionne pas ainsi.

Certaines choses, une fois dites, ne peuvent être reprises. Et certaines amitiés, même les plus fortes, ne survivent pas aux blessures qu'on leur inflige.

Camille rentra chez elle ce soir-là, le cœur lourd. Elle s'allongea sur son lit et fixa le plafond, l'esprit encombré de souvenirs d'une amitié perdue. Elle savait qu'elle apprendrait à vivre avec ce regret, mais il serait toujours là, comme une ombre silencieuse.

Elle réalisa alors une vérité douloureuse : parfois, ce ne sont pas les grandes trahisons ou les actes monstrueux qui détruisent les relations les plus précieuses. Parfois, il suffit d'un simple message. Un message de trop.

---

Ce chapitre illustre la façon dont une émotion passagère peut mener à des décisions irréversibles. Il montre que même les liens les plus solides peuvent se briser sous le poids des malentendus et que le regret, bien qu'inévitable, arrive souvent trop tard.---

Dans les semaines qui suivirent, Camille s'efforça de reprendre le fil de sa vie. Mais quelque chose en elle restait bloqué. Chaque matin, en consultant son téléphone, elle espérait voir apparaître un message de Léa, quelque chose d'aussi simple qu'un "ça va ?". Mais le silence restait complet. L'absence de réponse pesait comme un écho, un rappel constant qu'une partie d'elle-même s'était envolée avec cette amitié.

Elle se surprenait parfois à écrire de nouveaux messages sans jamais les envoyer :

- **"Tu me manques."**

- **"Je suis vraiment désolée."**

- **"Est-ce qu'on pourrait au moins se parler ?"**

Mais chaque fois, elle effaçait les mots avant de céder à la tentation d'appuyer sur « Envoyer ». Le silence de Léa était un message en soi : il n'y aurait pas de retour en arrière.

Camille repensait souvent à leur amitié, aux moments où elles avaient ri, pleuré, et grandi ensemble. Elle se demandait quand elles avaient commencé à se perdre de vue émotionnellement, malgré leur proximité physique. Peut-être que cette rupture n'était que la fin logique de quelque chose qui s'effritait lentement. Ou peut-être que cela aurait pu être évité si elle avait pris le temps de respirer avant de répondre à ce satané message.

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