Il était une fois, deux royaumes prospères vivaient en harmonie : le royaume de Verden et celui de Kalmaris... Jusqu'au jour où le roi de Kalmaris périt mystérieusement, laissant son trône au jeune prince Dorian. Dorian, avide de pouvoir, se laisse emporter par une ambition démesurée après son couronnement. Désireux de conquêtes, il décide d'attaquer Verden sans préavis. L'attaque fut si soudaine que Verden, dans sa paix durable, n'était pas préparé. Pris par surprise, le royaume s'effondra. Le roi et la reine furent assassinés, et le prince héritier, Orlan, fut capturé et réduit en esclavage. Les survivants de Verden, hommes et femmes, furent également asservis, leurs terres arrachées et leur liberté détruite. Les femmes devinrent des proies, réduites à des esclaves sexuelles, tandis que tout ce qu'ils possédaient disparaissait sous l'emprise de Kalmaris. Le malheur qui s'abat sur Verden porte désormais le nom du tyran Dorian, et son ombre grandit alors que le prince Orlan endure son asservissement, rêvant de vengeance et de justice.
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La chaleur d'une matinée tranquille baignait le royaume de Verden. Le soleil dardait ses rayons dorés sur les vastes plaines verdoyantes, illuminant les champs regorgeant de blé doré et les rivières scintillantes qui serpentaient à travers le paysage. La paix régnait ici depuis des décennies, et cette quiétude s'était enfoncée dans les racines mêmes de la terre, imprégnant chaque brin d'herbe, chaque feuille d'arbre, et chaque sourire des habitants.
Le palais de Verden, perché majestueusement sur une colline, surplombait cette sérénité. Ses grandes tours blanches se dressaient telles des sentinelles immuables. À l'intérieur, le marbre clair des couloirs reflétait la lumière du jour tandis que les serviteurs, vêtus de tuniques immaculées, s'affairaient silencieusement. C'était un lieu de prospérité et de douceur, un royaume où la paix n'était pas un idéal lointain, mais une réalité tangible, ancrée dans chaque aspect de la vie quotidienne.
Dans une des grandes salles du palais, Orlan, prince héritier de Verden, se tenait près de l'une des grandes fenêtres ouvertes. Une légère brise faisait onduler ses cheveux bruns. Son regard, fixé sur l'horizon, semblait lointain. Bien qu'il soit né dans la paix, il sentait au fond de lui que celle-ci n'était jamais totalement acquise.
Son mentor, le vieux conseiller Fendral, s'approcha en silence, posant une main amicale sur l'épaule du jeune prince. « Votre père vous cherche, Orlan. Il veut discuter des prochaines alliances. »
Orlan se retourna doucement, sortant de ses pensées. « Encore des alliances, » soupira-t-il. « Le royaume est déjà en paix. Pourquoi nous concentrons-nous tant sur ces traités et négociations ? »
Fendral sourit, ses rides se creusant davantage. « La paix est fragile, mon prince. Même dans un jardin luxuriant, il faut constamment arracher les mauvaises herbes avant qu'elles ne prennent racine. »
Orlan hocha la tête, bien qu'une part de lui trouvait ces préoccupations quelque peu superflues. Il avait été formé à comprendre la politique et les enjeux, mais son cœur aspirait à autre chose, une aventure plus grande que les cérémonies et les dîners diplomatiques.
« Très bien. Allons voir mon père. » Orlan fit signe à Fendral de le suivre, et ils traversèrent les vastes couloirs du palais.
Le roi Aldar, souverain de Verden, se tenait dans la grande salle du trône, entouré de ses conseillers. Malgré les années qui commençaient à peser sur ses épaules, sa prestance demeurait intacte. Son regard perçant observait chaque détail, chaque mouvement, comme s'il cherchait toujours à anticiper la prochaine tempête. Assis sur le trône de marbre, il paraissait à la fois bienveillant et imposant.
« Ah, Orlan, te voilà enfin, » déclara Aldar en voyant son fils approcher. « Nous discutions de Kalmaris. »
À l'évocation de ce nom, Orlan sentit une pointe d'inquiétude percer le calme habituel de la salle. Kalmaris, le royaume voisin, était une terre de mystères et de secrets. Autrefois puissant, il avait sombré dans l'ombre après la mort prématurée de son ancien roi. Maintenant, c'était le prince Dorian, jeune et ambitieux, qui gouvernait.
« Kalmaris ? » Orlan fronça les sourcils. « Cela fait des années que nous n'avons plus eu de nouvelles de leur cour. Pourquoi maintenant ? »
Aldar croisa les bras, son expression devenant plus grave. « Le silence peut parfois cacher des dangers. Dorian est jeune, et son règne commence à attirer l'attention. Il semble avoir des... ambitions que nous ne pouvons ignorer. »
Fendral prit la parole. « Le royaume de Kalmaris a récemment accru son armée. Nous avons reçu des rapports indiquant des manœuvres militaires près de nos frontières, bien qu'ils restent discrets. »
Orlan serra la mâchoire. « Vous pensez que Dorian pourrait menacer notre paix ? »
Le roi Aldar soupira. « Je ne sais pas. Mais je veux que nous soyons prêts à toute éventualité. Une rencontre a été proposée entre nos deux royaumes. Je veux que tu m'accompagnes, Orlan. Il est temps que tu comprennes les subtilités de la diplomatie. Dorian n'est pas à prendre à la légère. »
Orlan acquiesça, bien que son cœur brûlait de l'envie de voir plus clair dans les intentions du prince de Kalmaris. Kalmaris était un royaume qu'il n'avait jamais visité, mais il en avait entendu parler depuis son enfance : une terre froide, au climat austère, où les montagnes étaient plus hautes que les plus grandes tours de Verden, et où l'obscurité semblait toujours planer, même en plein jour. Il avait également entendu des récits troublants sur Dorian, des histoires de cruauté, de trahison et d'une ambition insatiable.
Le roi se leva, indiquant ainsi que la réunion touchait à sa fin. « Prépare-toi, nous partirons pour Kalmaris dans deux jours. »
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Pendant ce temps, loin des plaines ensoleillées de Verden, le royaume de Kalmaris baignait dans un crépuscule perpétuel. Des montagnes imposantes encerclaient la capitale, et le vent glacial qui soufflait à travers les rues sombres portait avec lui une tension palpable. Le palais, une forteresse d'obsidienne noire, se dressait au sommet de la ville, dominant tout.
Dans la salle du trône, Prince Dorian observait silencieusement les flammes qui dansaient dans l'âtre. Son visage, éclairé par les lueurs vacillantes, était impassible, mais ses yeux brillaient d'une intensité dangereuse. Devant lui, ses conseillers chuchotaient des plans et des stratégies, mais Dorian ne les écoutait pas. Son esprit était déjà ailleurs, en train de façonner des plans bien plus grands que ceux que ses conseillers pouvaient imaginer.
« Que savent-ils de la peur ? » murmura-t-il pour lui-même.
L'un de ses généraux, un homme robuste au visage marqué par la guerre, s'avança prudemment. « Mon prince, les troupes sont prêtes. Si vous donnez l'ordre, nous pourrions... »
Dorian leva une main, stoppant net ses paroles. « Pas encore. »
Un sourire glacial se dessina sur ses lèvres. « Verden. Ils croient encore que leur paix peut durer éternellement. Ils ne savent rien du véritable pouvoir. Bientôt, tout cela changera. »
Le général, mal à l'aise, se racla la gorge. « Ils ont accepté votre invitation pour une rencontre diplomatique, mon prince. »
Dorian acquiesça lentement. « C'est exactement ce que je voulais. Ils viendront à nous, croyant pouvoir éviter un conflit. Mais la guerre n'est pas quelque chose que l'on fuit. C'est quelque chose que l'on embrasse. »
Il se leva et fit quelques pas vers une grande carte étalée sur la table centrale. Ses doigts effleurèrent les frontières de Verden. « Nous les laisserons croire à leur paix un peu plus longtemps. Mais quand ils réaliseront la vérité, il sera trop tard. »
Le général inclina la tête, sentant l'imminence de la tempête qui allait bientôt s'abattre sur Verden. « Et le prince Orlan ? »
Dorian sourit, un sourire cruel qui ne touchait pas ses yeux. « Lui ? Il n'est qu'un pion, un fils de roi qui ne sait rien des vraies batailles. Mais bientôt, il apprendra ce qu'est le pouvoir. Et il verra de ses propres yeux ce qu'il en coûte de défier Kalmaris. »
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De retour à Verden, Orlan se préparait pour la rencontre. Tandis qu'il enfilait son armure légère, symbole de son rang, une sensation étrange l'envahit. Comme si, en quittant son royaume pour cette rencontre diplomatique, il pénétrait dans un autre monde. Un monde où la paix et la justice n'étaient plus garanties. Il avait toujours su que Kalmaris était différent, mais il ne se doutait pas encore à quel point cette différence marquerait sa destinée.
« Qu'importe, » murmura-t-il en regardant son reflet dans le miroir. « Je suis Orlan de Verden. Et je ne reculerai jamais devant une menace, quelle qu'elle soit. »
Mais, dans les ombres qui s'étendaient à l'horizon, un avenir sombre attendait, prêt à dévorer la lumière de Verden.
Les grandes salles du palais de Kalmaris, bâties de pierre noire et froide, étaient étrangement silencieuses. Le seul son qui résonnait était celui des bottes lourdes des gardes, défilant lentement dans les couloirs sombres. Le roi de Kalmaris venait de mourir.
Dorian, fils unique et héritier du trône, se tenait seul dans une antichambre, un peu à l'écart de la pièce où reposait encore le corps de son père. Il n'avait pas pleuré. Pas une seule larme. En fait, il n'éprouvait rien d'autre que l'impatience. Depuis des années, il attendait ce jour. L'ancien roi était faible. Il ne comprenait pas ce que signifiait vraiment être un roi dans ce monde. Il avait régné en privilégiant la stabilité, laissant d'autres royaumes prospérer pendant que Kalmaris s'affaiblissait sous le poids des compromis.
Dorian leva les yeux et fixa son reflet dans une grande fenêtre aux vitres teintées de gris. Son visage, jeune mais déjà marqué par des traits durs, semblait refléter la froideur de ce palais austère. Il était enfin le roi. Mais pour lui, ce couronnement n'était que le début.
Une voix le sortit de ses pensées. « Mon prince... » Le général Kael, un homme robuste avec une barbe grisonnante et des cicatrices qui racontaient des décennies de batailles, s'inclina légèrement en s'approchant. « Le Conseil attend votre présence. Tout est prêt pour la cérémonie. »
Dorian acquiesça sans répondre, son regard encore fixé sur l'horizon brumeux au-delà des murs du palais. « Mon père était un idiot, » murmura-t-il, la voix pleine de mépris. « Il a laissé Verden prospérer sous nos yeux. Nous aurions dû les écraser il y a des années. »
Kael se redressa, légèrement surpris par l'amertume dans la voix de son nouveau roi. « Votre père pensait qu'il valait mieux maintenir une paix fragile pour ne pas risquer la destruction. Kalmaris n'était pas prêt pour une guerre. »
Dorian tourna lentement la tête vers son général, ses yeux sombres perçant Kael comme des lames. « Une paix fragile est pire que la guerre. Elle laisse les ennemis croire qu'ils sont en sécurité. Qu'ils peuvent nous surpasser. » Il marqua une pause, serrant les poings. « Verden. Leur royaume scintillant sous le soleil, leurs terres fertiles, et ce prince Orlan... Ils croient que nous sommes faibles. Ils pensent que Kalmaris est une relique du passé, une menace oubliée. Mais je vais leur prouver qu'ils se trompent. »
Kael n'osa pas répondre. Il sentait l'ombre grandissante de l'ambition de Dorian, une ambition bien plus effrayante que celle de son père. Dorian n'était pas intéressé p »r la diplomatie, ni par le compromis. Il voulait conquérir, imposer son règne par la force. Et Kael savait que, sous cet égard glacial, brûlait un feu dangereux.
Les portes de la salle du trône s'ouvrirent avec fracas, révélant un large espace éclairé par des chandeliers accrochés aux hauts plafonds. Des drapeaux noirs et rouges, les couleurs de Kalmaris, pendaient des murs, et un trône de pierre, gravé d'anciens symboles, trônait au fond de la pièce. Une centaine de nobles, soldats et conseillers étaient rassemblés, murmurant entre eux. À la vue de Dorian, le silence s'imposa d'un coup, comme une chape de plomb.
Dorian marchait droit vers le trône, chaque pas résonnant dans la grande salle. Il portait une armure légère, noire et brillante, ornée d'insignes royaux. Sa cape, rouge comme le sang, traînait derrière lui, accentuant son allure impérieuse.
L'archiprêtre de Kalmaris, un vieil homme courbé avec une longue robe noire, se tenait devant le trône, tenant la couronne royale dans ses mains tremblantes. « Dorian, fils du roi Alaric, » commença-t-il d'une voix solennelle, « aujourd'hui, vous prenez la place qui vous revient de droit, celle de roi de Kalmaris, en acceptant la responsabilité de régner avec justice et... »
« Justice ? » Dorian interrompit, ses yeux se posant sur l'archiprêtre avec un éclat dangereux. « Kalmaris n'a pas besoin de justice. Elle a besoin de puissance. » Le murmure parmi les nobles s'intensifia, surpris par son interruption. Mais Dorian ne leur prêta pas attention.
Il avança d'un pas décidé, prenant lui-même la couronne des mains de l'archiprêtre sans attendre la fin de la cérémonie traditionnelle. Le vieil homme se figea, choqué, alors que Dorian plaça la couronne sur sa tête.
« Je suis Dorian, roi de Kalmaris, » déclara-t-il, sa voix forte résonnant dans toute la salle. « Et sous mon règne, Kalmaris ne sera plus une nation oubliée, confinée dans l'ombre. Nous ne serons plus ceux qui observent de loin pendant que d'autres royaumes prospèrent. Kalmaris deviendra le centre de ce monde, et tous ceux qui s'opposeront à nous... seront écrasés. »
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