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Entre devoir et désir

Entre devoir et désir

Djimadjimbaye

5.0
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13
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8
Chapitres

L'histoire se déroule dans un pays imaginaire nommé Sangara, précisément dans la capitale Zamar. Isabelle Doumdanem, une jeune femme ambitieuse et talentueuse, travaillant dans une prestigieuse entreprise familiale, est promise à un avenir brillant, mais son destin semble tracé par les attentes rigides de son père, Charles Doumdanem, un homme puissant et influent qui dirige l'empire familial avec une main de fer. Malgré les obligations familiales et la pression constante pour perpétuer la tradition, Isabelle aspire à une vie où elle pourrait suivre ses propres passions, notamment l'art et le voyage, loin du carcan imposé par sa famille. Sa vie bascule lorsqu'elle rencontre Krist Djimadjimbaye, un artiste rebelle au charme mystérieux, lors d'une exposition d'art à Zamar. Krist incarne tout ce qu'Isabelle désire secrètement : liberté, passion, et une vie menée par l'émotion plutôt que par le devoir. Leur relation tumultueuse déclenche une série de conflits internes pour Isabelle, tiraillée entre son amour naissant pour Krist et son engagement envers sa famille, en particulier envers son fiancé choisi par son père, Antoine Kayada, un homme bien sous tous rapports mais avec qui elle ne ressent aucune véritable passion. À mesure que la relation d'Isabelle et Krist s'intensifie, les enjeux deviennent de plus en plus élevés. Charles, ayant vent de cette liaison, met en place un plan pour séparer les deux amants, menaçant de détruire la carrière de Krist et d'humilier Isabelle publiquement. En parallèle, Antoine, malgré sa nature réservée, commence à montrer un côté plus sombre, prêt à tout pour préserver les apparences et sa position. Entre devoir et désir explore les thèmes de la loyauté, du sacrifice, de l'amour interdit, et des choix difficiles qui déterminent notre destin. Isabelle devra choisir entre une vie de confort et de sécurité, dictée par le devoir familial, et une vie incertaine mais passionnée, guidée par ses désirs les plus profonds.

Chapitre 1 Une vie sous contrôle

La lumière du matin perçait à travers les lourds rideaux de velours bleu qui encadraient les hautes fenêtres de la chambre d'Isabelle Doumdanem. Les rayons dorés se faufilaient sur les murs décorés de papier peint à motifs floraux délicats, projetant des ombres dansantes sur les meubles antiques soigneusement disposés. La chambre, à l'image de la vie d'Isabelle, était un mélange de luxe et de retenue, un sanctuaire qui, malgré sa beauté, avait toujours semblé plus une cage dorée qu'un véritable foyer.

Isabelle se redressa lentement dans son lit, les draps en soie glissant sur sa peau, et porta son regard vers la fenêtre. Dehors, le vaste domaine des Doumdanem s'étendait à perte de vue, un océan de verdure parfaitement entretenue, où chaque arbre, chaque haie, chaque parterre de fleurs semblait avoir été planté avec une précision militaire. Le manoir, avec ses pierres anciennes et ses toits en ardoise, trônait fièrement au centre de ce domaine, témoignant de la richesse et du pouvoir de la famille Doumdanem.

La vie d'Isabelle avait toujours été ainsi : parfaitement organisée, minutieusement planifiée, sans une once de spontanéité. Chaque détail, chaque décision avait été soigneusement orchestrée par son père, Charles Doumdanem, un homme de principes stricts et de volonté de fer. Charles n'était pas seulement le patriarche de la famille, mais aussi le dirigeant d'un empire financier bâti sur des décennies de travail acharné et d'alliances stratégiques. Son influence s'étendait bien au-delà des murs du manoir, touchant tous les aspects de la vie d'Isabelle.

Isabelle soupira en se levant, consciente de la journée qui l'attendait. Chaque matin suivait le même rituel immuable, comme si sa vie était réglée par une horloge invisible dont elle n'avait pas le contrôle. Elle enfila une robe de chambre en soie avant de se diriger vers la salle de bains attenante, où elle s'immergea dans une routine de soins parfaitement exécutée, chaque geste aussi automatique que respirer. Dans le miroir, le reflet d'une jeune femme d'une beauté classique lui renvoyait une image familière mais dénuée de vie. Ses cheveux châtain clair, toujours impeccablement coiffés, encadraient un visage aux traits fins et délicats, mais où l'ombre d'une mélancolie latente persistait.

Une fois prête, Isabelle descendit les grands escaliers en marbre qui menaient au rez-de-chaussée. Ses talons claquaient doucement sur les marches, produisant un écho léger qui résonnait dans le silence imposant de la demeure. La maison était silencieuse, presque trop silencieuse, à l'exception du tic-tac régulier des horloges anciennes disséminées dans les couloirs. Ce silence pesant était une autre des nombreuses choses qui rendaient la vie dans le manoir Doumdanem étouffante pour Isabelle.

Dans la grande salle à manger, la table était déjà dressée pour le petit-déjeuner. Tout était disposé avec une précision maniaque : les assiettes de porcelaine fine, les couverts en argent, les verres en cristal brillant sous la lumière du lustre en cristal. Isabelle s'assit à sa place habituelle, une chaise ornée de sculptures complexes, et attendit que le majordome lui serve son café. Le rituel se répétait chaque matin, invariable et sans surprise.

Charles Doumdanem fit son entrée peu de temps après, vêtu d'un costume sombre parfaitement taillé. Ses cheveux gris argentés, peignés en arrière, ajoutaient à l'image d'un homme en total contrôle de lui-même et de son environnement. Il s'installa à l'autre bout de la table, jetant un bref coup d'œil à sa fille avant de se plonger dans la lecture de son journal, un geste qui soulignait davantage la distance qui les séparait.

Isabelle observa son père en silence, comme elle l'avait fait des centaines de fois auparavant. Malgré sa présence imposante, Charles était un homme d'une froideur presque clinique. Il dirigeait sa famille comme il dirigeait ses affaires, avec une rigueur impitoyable, une attention aux détails qui frôlait l'obsession. Les conversations lors des repas étaient rares, et quand elles avaient lieu, elles étaient formelles, dénuées de toute chaleur ou affection.

« As-tu prévu quelque chose aujourd'hui ? » demanda Charles, sans lever les yeux de son journal.

La voix de son père était basse, mais portait une autorité indiscutable. Chaque mot semblait pesé, mesuré, comme s'il était conscient que même les plus petites choses avaient le pouvoir de perturber l'ordre qu'il avait si soigneusement établi.

« Rien de particulier, père. Je pensais travailler sur les comptes de la fondation et peut-être rendre visite à Élise plus tard dans l'après-midi », répondit Isabelle, sa voix douce mais contrôlée, parfaitement en ligne avec les attentes de son père.

Élise, la mère d'Isabelle, était une femme effacée, souvent reléguée à un second plan dans les affaires familiales. Elle passait la plupart de son temps dans ses jardins, s'occupant des fleurs et des plantes, une passion qui lui permettait d'échapper, du moins partiellement, à la pression constante exercée par Charles.

Charles hocha légèrement la tête, une expression neutre sur son visage. « Assure-toi que tout est en ordre pour le gala de ce week-end. Il est essentiel que nous maintenions une image irréprochable. »

Isabelle acquiesça, sachant parfaitement ce que cela impliquait. Les événements sociaux organisés par les Doumdanem étaient réputés pour leur grandeur, mais aussi pour leur rigidité. Chaque détail était scruté à la loupe par Charles, chaque invité était soigneusement sélectionné pour correspondre à l'image qu'il souhaitait projeter. Pour Isabelle, ces galas étaient des épreuves, des moments où elle devait jouer un rôle, celui de la fille parfaite, de la femme élégante et discrète, toujours souriante, mais profondément insatisfaite.

Après le petit-déjeuner, Isabelle se retira dans son bureau, une pièce plus petite et plus intime que les autres salons du manoir, mais tout aussi somptueusement décorée. Ici, elle se sentait légèrement plus libre, entourée de ses livres et de ses souvenirs. C'était son refuge, un espace où elle pouvait être elle-même, du moins en apparence. Mais même ici, l'ombre de son père planait toujours. Le bureau, tout comme le reste de la maison, avait été aménagé selon ses goûts et ses instructions. Rien n'était vraiment à elle, tout était un reflet de la volonté de Charles.

Isabelle s'assit à son bureau et commença à travailler sur les finances de la fondation familiale, une œuvre de charité créée par sa mère, mais largement contrôlée par Charles. La fondation soutenait diverses causes, mais surtout celles qui servaient les intérêts de la famille, une façon habile de renforcer leur influence sociale tout en jouant les philanthropes. Isabelle était en charge de la gestion quotidienne, un rôle qui lui avait été imposé dès son plus jeune âge, sans qu'elle ait vraiment eu le choix.

Elle passa des heures à analyser les comptes, à rédiger des rapports, à planifier les prochaines actions de la fondation. Son travail était méthodique, précis, mais dépourvu de passion. Chaque tâche accomplie ne faisait qu'accentuer son sentiment de vide, comme si elle était un simple rouage dans la grande machine familiale. Le temps s'écoulait lentement, ponctué par le tic-tac de l'horloge sur le mur, un rappel constant de l'emprise du temps et des attentes sur sa vie.

À l'heure du déjeuner, Isabelle rejoignit sa mère dans le petit salon. Élise était déjà assise, une tasse de thé à la main, son regard perdu dans la contemplation des jardins à l'extérieur. Elle tourna la tête en entendant Isabelle entrer, un sourire doux mais fatigué apparaissant sur son visage.

« Bonjour, ma chérie. Comment s'est passée ta matinée ? » Demanda Élise, sa voix légèrement voilée par une mélancolie qu'Isabelle connaissait trop bien.

« Comme d'habitude, maman. J'ai travaillé sur les comptes de la fondation. Rien de très excitant », répondit Isabelle, s'efforçant de paraître enjouée malgré son humeur morose.

Élise hocha la tête, ses yeux trahissant une compréhension silencieuse. Elle connaissait le poids que portait sa fille, même si elles n'en parlaient presque jamais ouvertement. Dans la famille Doumdanem, les émotions étaient souvent réprimées, cachées derrière des façades de respectabilité et de contrôle.

« Tu devrais prendre un peu de temps pour toi cet après-midi. Peut-être une promenade dans les jardins ou une visite à la galerie. Cela te ferait du bien », suggéra Élise, son sourire s'élargissant légèrement.

Isabelle acquiesça, même si elle savait qu'elle ne le ferait probablement pas. Les rares moments où elle parvenait à s'échapper du manoir étaient toujours teintés de culpabilité. Charles avait inculqué en elle une discipline stricte, un sens du devoir qui la poussait à se concentrer uniquement sur les obligations familiales, laissant peu de place pour ses propres désirs ou plaisirs.

L'après-midi se déroula de manière similaire au matin.

Isabelle retourna à son bureau, reprenant là où elle s'était arrêtée, enchaînant les tâches avec une efficacité presque mécanique. La monotonie de sa vie était telle qu'elle ne se souvenait plus de la dernière fois où elle avait ressenti une véritable joie ou une excitation pour quelque chose. Tout ce qu'elle faisait semblait être dicté par un besoin de plaire à son père, de respecter les normes et les attentes qu'il avait fixées pour elle.

Mais au fond de son cœur, Isabelle ressentait un malaise grandissant, une insatisfaction qui se faisait de plus en plus présente. Elle savait qu'il y avait plus dans la vie que ce qu'elle avait connu jusqu'à présent, mais elle n'avait jamais eu le courage ou la force de défier l'autorité de Charles, ni de se libérer de l'emprise qu'il avait sur elle.

Alors qu'elle finissait de ranger ses papiers pour la journée, Isabelle leva les yeux vers la fenêtre de son bureau. Le soleil commençait à se coucher, teintant le ciel de nuances d'or et de rose. La beauté du spectacle contrastait cruellement avec la froideur de sa vie quotidienne, lui rappelant tout ce qui lui manquait, tout ce qu'elle avait sacrifié pour vivre selon les dictats de son père.

Elle se demanda, comme elle l'avait fait tant de fois auparavant, si elle serait un jour capable de briser les chaînes qui la retenaient, de trouver la force de choisir sa propre voie. Mais pour l'instant, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était suivre le chemin tracé pour elle, un chemin qui, bien que bordé de privilèges et de confort, semblait de plus en plus étroit et oppressant.

Le manoir Doumdanem se dressait toujours fièrement, mais pour Isabelle, il devenait chaque jour un peu plus une prison, un symbole de tout ce qu'elle avait perdu et de tout ce qu'elle espérait encore trouver, quelque part, au-delà des murs imposants qui la retenaient captive.

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