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Manipuler par mes sentiments

Manipuler par mes sentiments

RĂȘverie

5.0
avis
12
Vues
5
Chapitres

Dans les recoins obscurs du pouvoir, des romances interdites naissent et s'Ă©panouissent, loin des regards. Ces amours cachĂ©es, pourtant si intenses, se heurtent Ă  un monde de trahisons et de sacrifices. Alors que les forces en jeu dĂ©cident du sort du monde, les amants doivent naviguer entre passion et devoir, oĂč chaque choix peut devenir une arme redoutable ou une faiblesse fatale. L'amour, dans ce contexte de manipulations et de jeux de pouvoir, devient le champ de bataille ultime, oĂč les cƓurs se livrent une guerre aussi silencieuse que dĂ©vastatrice.

Chapitre 1 Chapitre 1

La premiÚre fois que vous m'avez aperçue, c'était comme si j'étais invisible à vos yeux. Pas un seul regard, pas un brin d'attention.

− Allez, Christiane ! Imaginez un peu : il est 22 heures, je viens de terminer une longue journĂ©e de cours Ă©reintante en Seine-Saint-Denis, et tout ce que je souhaite, c'est retrouver mon chez-moi. Mais Ă  peine passĂ© la porte de cet appartement sombre et froid, je me demande s'il s'agit vraiment de mon chez-moi. Les fĂȘtes de Michel transforment chaque fois mon refuge en un champ de bataille. Je suis hantĂ© par l'idĂ©e d'un dĂ©sastre : trop de drogue, une overdose fatale ; trop d'alcool, un coma Ă©thylique ; trop de bruit, les voisins frappent au mur, menaçant d'appeler la police. Les bougies, ou peut-ĂȘtre un joint mal Ă©teint, dĂ©clenchent un incendie, et je vois tout partir en fumĂ©e, mes guitares incluses.

− Mais non, rien de tout cela ne s'est produit. Nous n'Ă©tions qu'un petit groupe, bien sage. Nous avons respectĂ© votre espace, en particulier la chambre avec la belle guitare. Vous ĂȘtes allĂ© Ă  la cuisine, avez rapportĂ© des soucoupes que vous avez placĂ©es sous les bougies pour Ă©viter que la cire ne coule sur les meubles et pour que l'appartement ne prenne pas feu.

− J'aurais bien pris quelque chose Ă  grignoter, mais en voyant la vaisselle s'accumuler dans l'Ă©vier, les paquets de chips Ă©ventrĂ©s sur la table, et en entendant ce brouhaha assourdissant, accompagnĂ© de ce que vous appelez de la musique, j'ai renoncĂ©. Je me suis retirĂ© dans ma chambre, j'ai laissĂ© tomber mes vĂȘtements, et avec eux ma fatigue, avant de m'endormir.

− ... sans mĂȘme m'avoir remarquĂ©e. Mais plus tard, vous ĂȘtes rĂ©apparu, furieux, les cheveux en bataille, le visage crispĂ©, vĂȘtu seulement d'un pantalon de pyjama.

− L'odeur de brĂ»lĂ©... J'ai vraiment cru que l'appartement Ă©tait en feu. Il devait ĂȘtre quoi... deux heures du matin ?

− Vous n'aviez d'yeux que pour ce gaufrier qui fumait et crĂ©pitait dans la cuisine. Vous l'avez dĂ©branchĂ© en jurant. Et lĂ , je vous ai vu, torse nu, encore mince et musclĂ©, avec des poils sur le torse.

− Merci pour le « encore », Christiane.

− Michel a jetĂ© les galettes noircies et nettoyĂ© le dĂ©sordre autour du gaufrier, mais cela ne vous a pas calmĂ©.

− Est-il vraiment exagĂ©rĂ© de vouloir dormir quelques heures avant une nouvelle journĂ©e Ă©puisante ? Et je savais qu'en plus de mes tĂąches habituelles, il me faudrait tout nettoyer aprĂšs votre fĂȘte.

− Alors Michel a appelĂ© Ariane. Elle a un don pour vous apaiser, n'est-ce pas ? Pourtant, c'Ă©tait elle qui devait nous prĂ©parer des crĂȘpes, pas ces croĂ»tes carbonisĂ©es qui ont failli rĂ©duire Arcueil en cendres. DĂšs que vous l'avez vue, vous avez cessĂ© de rĂąler.

− Rñler ? Moi, rñler ?

− Pas longtemps. Elle sait comment s'y prendre avec vous. J'ai mĂȘme pensĂ© qu'elle allait vous caresser entre les oreilles, comme on le fait avec un chiot un peu trop excitĂ©.

Christiane Ă©clata de rire, espiĂšgle comme toujours.

− Et tu comptes intervenir souvent dans cette histoire pour me contredire ou me ridiculiser ?

− De temps en temps. Pour rĂ©tablir la vĂ©ritĂ©, compenser vos points de vue biaisĂ©s, dĂ©noncer vos mensonges, dĂ©voiler vos silences. Nous sommes tous les auteurs de nos vies, mais vous, Johan, vous exagĂ©rez parfois.

Le réveil de mon téléphone, avec son chant délicat de grillon, me tire du sommeil. Dans la salle de bains, un string mauve sÚche au-dessus de la baignoire. J'en déduis qu'Ariane a passé la nuit ici avec Michel. Les autres invités ont dû partir. J'évite la cuisine et le séjour, encore dévastés, et frappe doucement, puis plus fort, à la porte de Michel.

− Michel, vous allez ranger, faire la vaisselle, n'est-ce pas ?

− Mmmh...

− Michel, je rentre vers deux heures. Je veux que tout soit impeccable. Et faites une machine de blanc, le panier dĂ©borde.

− Mmmh...

Pas certain qu'il m'ait entendu. Mais restons optimistes. AprÚs tout, l'appartement n'a pas brûlé. Je sors. Devant l'entrée de mon HLM, attaché à un réverbÚre par une chaßne massive, ce qui reste de mon vélo : le cadre et une roue. La selle et l'autre roue ont été « empruntées » par un cycliste dans le besoin. La pelouse devant l'immeuble est jonchée de débris de verre, de canettes de biÚre et de quelques seringues, témoignant d'une activité nocturne intense dans le quartier.

Je roule vers le RER, en écoutant les infos. La crise, les génocides, les faillites, les grÚves, les meurtres, les séismes, les bébés congelés, le président qui promet de sauver le pays, le football et la bourse à Tokyo, une nouvelle cruciale pour les banlieusards d'Arcueil qui auraient investi dans la capitale japonaise.

Je me gare. Dix minutes de marche encore. Le temps est, comme toujours ici, ni chaud ni froid, sous un ciel gris dominĂ© par des HLM gris hĂ©rissĂ©s d'antennes de tĂ©lĂ©vision et de tĂ©lĂ©phonie mobile. Vous connaissez le RER aux heures de pointe ? C'est une expĂ©rience en soi, presque une Ă©preuve de survie. Excluez-en enfants, personnes ĂągĂ©es, femmes enceintes, claustrophobes, et bien sĂ»r guitares. Sur le quai, on attend parmi des centaines d'autres Ăąmes, toutes entassĂ©es dans ces wagons qui les Ă©crasent de moitiĂ©. Les regards fixĂ©s sur les panneaux Ă©lectroniques ; « sans arrĂȘt » Ă  l'approche. TĂȘtes qui hochent en rythme avec la musique martelant leur cerveau via des Ă©couteurs. D'autres sont au tĂ©lĂ©phone. « T'es oĂč ? À Laplace. Pas pu prendre le prĂ©cĂ©dent. Commencez la rĂ©union sans moi. »

La rame arrive, bariolĂ©e de bleu, blanc, rouge, et ouvre ses portes pour nous rĂ©vĂ©ler une vĂ©ritĂ© cruelle : elle est archi-pleine. Quelques courageux, bien entraĂźnĂ©s, prennent une grande inspiration et tentent quand mĂȘme d'y entrer. Si vous trouvez un point d'appui solide, rentrez le ventre, contractez tous les muscles, et poussez. Ne vous arrĂȘtez pas aux grognements et cris de douleur de vos voisins, ils peuvent encore cĂ©der un peu de place. Un sac vous enfonce dans les cĂŽtes, un parapluie vous pique le mollet, une jeune fille pĂąlotte menace de vous vomir dessus. Glissez quelques blagues pour dĂ©tendre l'atmosphĂšre. Profitez des rires pour pousser encore plus fort. Vous voilĂ  presque Ă  l'intĂ©rieur. Mais votre cartable de partitions dĂ©passe encore. « Veuillez ne pas gĂȘner la fermeture des portes. » AprĂšs plusieurs essais, le train dĂ©marre enfin avec sa cargaison humaine.

Mon nez est pressĂ© contre la vitre sale, ma poitrine Ă©crasĂ©e contre le mĂ©tal froid de la porte. Une variĂ©tĂ© d'odeurs me chatouillent les narines : relents d'alcool, de tabac, de shampoing, de dĂ©odorant, de sueur de la veille, et mĂȘme un mĂ©lange de lĂ©gumes : ail, oignons, poireaux, et Ă©pinards. Je n'ai jamais Ă©tĂ© aussi proche des autres ĂȘtres humains : je distingue les pellicules sur les manteaux, les boutons sur la peau, les poils dans les oreilles, le nez, le cou. Un voisin me torture avec un rap qui s'Ă©chappe de ses Ă©couteurs. Je regarde le paysage dĂ©filer. CitĂ©s-dortoirs, autoroutes, pavillons, entrepĂŽts taguĂ©s jusqu'aux toits, dominĂ©s par la silhouette massive de l'hĂŽpital de cancĂ©rologie de Villejuif. AccrochĂ©, ballottĂ©, je m'Ă©vade en Ă©coutant dans ma tĂȘte une douce sonate de Scarlatti.

À la CitĂ© Universitaire, l'arrĂȘt dure, sans raison apparente. L'impatience gagne peu Ă  peu les passagers. Le train redĂ©marre enfin, mais Ă  la vitesse d'un escargot jusqu'Ă  Denfert-Rochereau. LĂ , une foule de gens descend, remplacĂ©e aussitĂŽt par une nouvelle vague. Miracle, une place se libĂšre et je m'y affale. En face de moi, un homme en cravate lit le Figaro. La bourse reprend des couleurs, le CAC 40 au sommet. Les sonneries de tĂ©lĂ©phones massacrents du Vivaldi ou Mozart. Un ado, capuche de jogging enfoncĂ©e sur le crĂąne, dort la bouche ouverte malgrĂ© son baladeur qui lui matraque les tympans. Un prof corrige des copies. Une dame chinoise dĂ©chiffre un journal couvert de signes mystĂ©rieux.

Puis le train s'immobilise dans un tunnel. Les lumiĂšres s'Ă©teignent, et l'angoisse devient palpable. On sort frĂ©nĂ©tiquement les tĂ©lĂ©phones pour prĂ©venir d'un retard. Les Ă©crans des portables Ă©clairent faiblement l'obscuritĂ© comme des lucioles dans la nuit du mĂ©tro parisien. À ChĂątelet, les vagues humaines se transforment en vĂ©ritables tsunamis, un chaos que mĂȘme Scarlatti ne parviendrait pas Ă  adoucir.

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