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La Lignée Sacrée

La Lignée Sacrée

Tankred

5.0
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Chapitres

Depuis les temps antiques, les Dieux de la Grèce Antique se livrent un combat sans merci. Il y a trois mille ans, une malédiction les a plongés dans un sommeil inextricable mais leur combat n'a pas cessé pour autant. Leurs sbires continuent d'œuvre dans l'ombre de la société Humaine, responsables de grandes avancées technologiques comme des plus terribles calamités. Au milieu de cet échiquier divin se trouve les Sorciers de l'Ordre d'Hécate, les fidèles de la Déesse de la magie. A leur tête, la famille Danekis qui depuis ces temps reculés guident les soldats de la Déesse dans leur mission qu'est de protéger les Hommes et le monde de la folie des Dieux endormis et de leurs serviteurs. Seulement voilà... il existe une menace que l'Ordre lui-même doit maintenant déjouer : le retour d'un fantôme du passé, bien déterminé à se venger. Il est temps pour Alan et Duncan Danekis ainsi que leurs alliés d'affronter un ennemi qui les connait que trop bien.

Chapitre 1 Prologue

«Just like the white winged dove

Sings a song

Sounds like she's singing

Oh baby oh said oh»

La voix de Stevie Nicks résonne dans ses oreillettes. Les yeux clos, l'esprit focalisé sur la voix rocailleuse de la chanteuse, elle ne peut cependant s'empêcher de se triturer les doigts. Ils s'emmêlent, se tordent frénétiquement. La nervosité est palpable mais la musique tempère cette anxiété qui la guette. C'est sa première mission, elle ne veut pas « se foirer ». Elle n'est pas seule, elle le sait, ils ne sont pas loin. Elle le sent. La musique est son remède, son pilier pour ne pas flancher. Une technique qu'on lui a apprise à son arrivée dans le Cercle. Le destin vous impose de drôle d'épreuve. En l'occurrence un destin divin. Son cœur peut presque suivre le rythme rageur de la guitare qui ne s'exprimera jamais vraiment tout au long des cinq minutes vingt neuf secondes du morceau. Une grande inspiration, une grande expiration. Elle recommence et doucement tout s'apaise. Il n'y a que Stevie et elle dans cette forêt immense, au milieu de cette clairière avec la nouvelle lune pour témoin invisible et silencieux. Elle lève alors le nez en l'air sous un ciel sombre d'un printemps qui commence à peine et perçoit sa présence.

— Puissiez-vous être témoin de nos actions ce soir, ma Dame.

Chuchote t'elle sur le bout des lèvres avant qu'une voix grave la tire de ses rêveries et se fasse entendre dans l'oreillette. Une voix forte, un accent Ecossais à couper au couteau sur chaque mot et qui grésille un peu. La réception n'est pas idéale avec tous ces arbres.

— Tina ! Prépares-toi on arrive !

— B...Bien ! Je commence l'invocation du portail.

La voix est hésitante mais celui qui se trouve à l'autre bout de la communication a toujours le don de la mettre dans tous ses états, ce n'est pas de sa faute ! Tina s'éclaircit la gorge, puis se tourne vers la clairière qui s'étend à ses pieds. Une petite étendue d'herbe verte bordée par une rangée de pins maritimes qui allongent leur silhouette élancée tout autour d'elle. Des ombres impressionnantes qui ne la rassurent pas vraiment quand on l'a assigné là avec pour seule compagnie, une orbe de lumière qui diffuse sa magie à quelques mètres au dessus de sa tête. Au loin déjà, on peut entendre un bruit épouvantable de branches qui grincent, craquent, cèdent, des cimes qui gigotent et font envoler les oiseaux de nuit qui y avaient trouvé refuge. Un frisson lui tombe sur la nuque. La jeune femme secoue les épaules et se concentre. Musique éteinte, elle fait le vide, rassemble cette énergie qui court dans ses veines, un halo bleuté vient entourer ses mains. C'est prêt.

Loin devant la jeune femme solitaire, les choses sont moins calmes et c'est peu de le dire. Voilà deux heures qu'ils se sont lancés dans une traque qui leur donne du fil à retordre. Deux heures qu'ils arpentent la forêt d'Istarios à la recherche, puis la chasse, d'une créature qui n'a rien à faire dans ce plan de la réalité. Un petit groupe de Sorciers nés sous la bénédiction de Hécate, déesse des temps anciens présidant à la magie, jouent les trouble-fêtes dans une petite bourgade Grecque endormie depuis longtemps. Ces Sorciers - avec un grand "S" - font tous parti du Cercle, une organisation secrète qui perdure depuis l'antiquité au service des idéaux d'une déesse dont le nom est tombé dans l'oubli. Mais pas pour eux. Protéger les Hommes, préserver l'équilibre des mondes, voilà leur mission dans une époque où la technologie est omniprésente et où les légendes et les mythes ne sont plus que des contes désuets.

— Bon sang, ce Strygide est coriace !

Dit une voix masculine. Celle de Callahan.

— C'est ce qui fait parti de leur charme ! Empêche-le de déborder par la rivière. On doit le rabattre vers Tina.

Dit une autre, plus grave et toujours cet accent particulier qui rend les intonations de ses mots tantôt chantantes, tantôt gutturales. C'était celle d'Alan, le chef de cette petite troupe. Une autre voix, masculine aussi se fait entendre dans l'oreillette plus douce, grésillant légèrement due aux interférences que provoque ce terrain forestier.

— Nora bloque l'autre accès par la rivière. Il est prit au piège. Je rejoins Alan.

C'était Duncan, le frère cadet d'Alan.

— Tina ! Prépares-toi on arrive !

— B...Bien ! Je commence l'invocation du portail.

La petite voix fluette rassure le meneur de cette traque quant au déroulé du plan.

La créature insectoïde au sol stridule de panique. Elle se sait poursuivie sans réellement connaitre le sort que ses prédateurs lui réservent. Bientôt, la clairière est en vue. Le monstre, semblable à ces crabes de cocotier de la taille cette fois d'un grand chien, est rapide malgré son imposante carapace. De ses six pattes, il s'agrippe parfois au tronc des pins pour se balancer vers l'autre, se faire plus rapide. C'est alors que dans un sursaut d'audace, de désespoir peut-être, la créature profite d'un nouveau bond entre deux fenaisons pour se tourner et envoyer en direction de l'un de ses poursuivants, un jet de bile collante.

— Ah ! Bordel de merde !

Peux t'on soudainement entendre à la radio.

— Cette saloperie m'a tout englué !

La voix d'Alan se fait entendre à travers les communicateurs. L'ainé du groupe s'est fait surprendre comme un bleu et tout le monde peut l'entendre jurer comme un charretier sur toutes les fréquences. Un rire, celui de son cadet accueille la nouvelle.

— Tout va bien ?

— Ouais ! ouais ! Continuez et foutez moi ça dehors pour de bon !

Pendant ce temps, Tina a ouvert un portail spatio-temporel, pont entre ce monde et de multiples univers. C'était la porte de sortie de ce monstre qui a usé de la même faille pour venir s'infiltrer dans cette réalité qui n'est pas la sienne. Une intrusion qui perturbe l'équilibre si cher au Cercle et ses membres. Une intrusion devenue bien trop récurrentes aux yeux des membres de l'organisation.

La jeune sorcière se crispe légèrement quand elle voit d'un œil la créature lui foncer dessus en piaillant tout son saoul. Coriace mais peu rusé, le Strygide s'engouffre dans le portail pour disparaitre définitivement. Depuis quand a t'elle fermé les yeux ?

C'est une main douce sur son épaule qui la surprend. Un petit cri de souris effrayée lui échappe aussitôt.

— Tu peux le fermer, il n'est plus là.

C'était Duncan.

Toujours cet accent Ecossais mais pour une voix plus douce, plus jeune aussi, moins prononcé que celui de son aîné. Il est arrivé en premier dans la clairière pour épauler sa jeune coéquipière. C'est un homme d'une trentaine d'années bien tassées, un regard bienveillant d'un bleu d'azur. Tout comme le sourire qu'il lui offre alors. La jeune femme hoche la tête, soulagée. Le portail s'évanouit dans l'air et verrouille de nouveau leur réalité. C'est un don rare, inédit au sein du Cercle. Elle en est consciente sans comprendre pourquoi la déesse l'avait choisi elle, pour le porter.

— Bravo Tina ! C'est super pour une première !

Callahan arrive à son tour, le souffle court.

Un jeune homme d'à peine la trentaine, les cheveux noirs mi-longs, bouclés qu'il a attaché en une sommaire queue de cheval. Avec la course, nombre de ces boucles se sont échappées au passage pour barrer un visage rond mangé par une petite barbe de quelques jours. La jeune femme se mit à rougir jusqu'aux oreilles. La pénombre des lieux dissimule au moins sa gêne.

Elle se racle la gorge et lève le nez pour regarder au delà de l'épaule de Duncan qui se tient en face d'elle puis avise l'arrivée de deux retardataires. L'un était un homme de grande stature, les cheveux courts aussi noirs que les deux autres, il semblait avoir passé la quarantaine depuis quelques années déjà. A ses côtés, une jeune femme aux cheveux sombres et des yeux d'un bleu céruléens qui n'a rien de réel tant ils sont éclatants.

— Je l'ai trouvé sur le bord de la route, je vous le redonne ?

Dit elle, non sans un petit sourire en coin amusé.

C'était Nora, une nymphe, une créature mythologique que l'on pensait disparue ou n'existant que dans les mythes.

— AH ! AH ! Mais qu'elle est drôle !

Le géant se débat avec les restes de bile gluante qui était venue tâcher sa veste en cuir et cette fabuleuse chemise hawaïenne bleu à motif ananas. Il grimace de dégoût en sentant la liquide odorant dans sa barbe fournie qui lui donne par fois des airs d'ours mal léché. Duncan ne peut s'empêcher d'en rajouter une couche sur les taquineries de son amie.

— C'est l'occasion de jeter au feu cette hideuse...

Il n'a pas le temps de finir que son ainé le coupe, avec un air presque vexé.

— Cette chemise est très bien, c'est vous qui n'avez pas de goût c'est tout. Vous tous d'ailleurs !

Dit il alors en pointant chaque membre de ce petit groupe étrange qui finissent par éclater franchement de rire. Tina riait tellement qu'elle en avait mal aux joues. Finalement, cette place qu'elle recherchait tant, elle l'avait juste sous ses yeux. Il suffisait simplement de lui ouvrir les bras.

— Ouais ouais marrez vous ! Allez on rentre. J'ai vraiment besoin d'une douche.

— Vous ne trouvez pas que ça sent la fraise ?

Questionne l'un d'eux. Vrai que le mucus de l'insecte avait une petite odeur agréable à bien y penser.

— C'est Alan... Encore...

Répondit Nora du tac au tac. Et l'hilarité générale repart de plus belle.

— Putain, j'vous déteste...

Grommelle le concerné, dépité.

Il devait être trois heures, ou quatre heures du matin, la nuit sera courte pour ces Sorciers qui dans quelques heures devront jouer un tout autre rôle. Un quotidien bientôt bousculé de manière radicale.

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