MarlÚne Ossouka... Il me fallait trouver une solution rapide pour ma vie. Il ne m'est pas possible de croiser les bras et d'attendre tout du ciel, les miracles ne s'obtenaient plus sur une simple parole, encore moins une priÚre. Il fallait que je me mette en mouvement pour que le fameux adage « aide toi le ciel t'aidera » se matérialise dans ma vie.
MarlĂšne Ossouka...
Il me fallait trouver une solution rapide pour ma vie.
Il ne m'est pas possible de croiser les bras et d'attendre tout du ciel, les miracles ne s'obtenaient plus sur une simple parole, encore moins une priÚre. Il fallait que je me mette en mouvement pour que le fameux adage « aide toi le ciel t'aidera » se matérialise dans ma vie.
Madeleine, mon ainĂ©e avait Ă©tĂ© claire avec moi il y a une semaine. « MarlĂšne, cette annĂ©e est la derniĂšre oĂč je mets la main Ă la patte pour ta scolaritĂ©, contrairement aux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, je ne prendrai pas Ă ma charge ton transport, tu devras apprendre Ă te battre toi-mĂȘme. Je ne suis pas la sacrifiĂ©e de cette famille et je ne suis pas tes parents. Je ne leur ai jamais demandĂ© de faire un enfant quand ils Ă©taient en Ăąge avancĂ©. Sur les cinq de la fratrie que nous sommes, je suis la seule Ă leur venir en aide en m'occupant de toi, mais il est temps que je pense Ă faire avancer ma vie ».
Madeleine Ă©tait ma grande sĆur, je la suivais directement dans le ventre de maman mais avons un Ă©cart de plus de dix ans.
Je suis la derniÚre de mes parents, vestige perdu d'une pré ménopause trompeuse.
Ma mÚre croyait que c'était fini pour elle, elle avait déjà pris l'habitude de passer des longs mois sans menstrues et ne s'était donc pas inquiété de les voir disparaitre plus de cinq mois.
Elle eut un mal de ventre atroce aprĂšs avoir consommĂ© une salade de pomme de terre qu'avait fait une de mes grandes-sĆurs, la douleur ne se calmant pas on avait du l'amener Ă l'hĂŽpital pour se faire dire qu'elle Ă©tait enceinte de six mois et qu'elle attendait une fille.
Je devenais sa troisiÚme fille aprÚs Marcelle et Madeleine et venait chambouler le nombre pair qu'ils étaient avant mon arrivée.
Je n'aurai pas de binĂŽme, quand Marcelle Ă©tait celle de Dimitri et Madeleine celle de Steeve.
Maman avait cinquante-deux ans lorsque je suis née et je suis sur qu'elle ne savait plus comment on mettait les couches à un bébé et comment on s'en occupait.
Elle m'a racontĂ© que mes frĂšres et sĆurs lui avaient menĂ© la vie dure Ă l'annonce de ma grossesse et ne lui ont pas pardonnĂ© trĂšs vite le fait de faire un enfant tardivement.
Mon arrivée n'avait donc pas été accueillie avec des hourras et des applaudissements, au contraire c'était avec les mines boudeuses et sévÚres que mes ainés m'ont accueillies.
Je crois que je savais que je n'Ă©tais pas la bienvenue dans cette famille, maman racontait que je ne pleurais presque pas et qu'il lui arrivait mĂȘme d'oublier qu'il y avait un bĂ©bĂ© dans la maison.
Le tapis rouge m'ayant Ă©tĂ© refusĂ©, mes ainĂ©s n'ont pas aidĂ© maman dans sa fatigue dĂ» Ă l'Ăąge. On lui rappelait qu'elle l'avait cherchĂ© et devait elle-mĂȘme s'occuper de son enfant. Ce qu'elle a toujours fait jusqu'Ă ce jour fatidique de mes douze ans oĂč au volant de sa voiture, elle a Ă©tĂ© percutĂ©e Ă MindoubĂ© par un camion de la sociĂ©tĂ© des ordures. Dieu merci elle n'en est pas morte mais n'a plus jamais quittĂ© sa chaise roulante. Mon pĂšre s'est dĂ©vouĂ© Ă elle en oubliant mĂȘme mon existence. Heureusement que Madeleine Ă©tait lĂ pour prendre le relais, elle l'a fait de bon cĆur, mes autres frĂšres et sĆurs avaient clairement signifiĂ©s aux parents que je n'Ă©tais pas leur fille et n'avaient aucune obligation Ă mon Ă©gard. Ils ont rĂ©citĂ© leurs articles de droit et obligation, tout ce que j'ai retenu c'est que je n'Ă©tais qu'une obligation morale et non juridique pour eux, qu'ils n'avaient des obligations qu'Ă l'Ă©gard de leur pĂšre, de leur mĂšre et de leur famille. Ils sont donc une aide pour leur parent mais pas pour moi, mais n'oubliaient jamais de me booster et me gronder lors de leur passage Ă la maison familiale.
Steeve aimait bien demander mes notes et faire ses commentaires.
J'ai vingt-trois ans et suis à ma derniÚre année scolaire dans une école privée de la place, j'avais choisi de ne pas poursuivre à l'Université de Masuku à cause des grÚves incessantes, j'avais déjà perdu deux ans de ma vie aprÚs le bac quand Madeleine m'a proposé de chercher une école et promis de faire des frais de scolarité son affaire.
Je termine mon cycle d'ingénieur cette année, et préférais passer en cours du soir. Je trouverais certainement quelque chose à faire durant mes journées sans empiéter sur mes heures d'études. Je n'hésitais pas à demander du travail à toute personne que je connaissais, j'avais envoyé un nombre interminable de demande d'emploi ou de stage dans les sociétés de la place, mais aucune ne m'avait encore répondu.
Les cours reprenaient dans exactement un mois et je n'avais toujours pas trouvĂ© la solution Ă mon transport, je n'aimais pas embĂȘter mes parents mĂȘme si j'avais toujours de leur part une somme mensuelle d'argent quand ils allaient toucher leur pension. Madeleine avais dit qu'il fallait que je travaille, pourtant elle savait qu'hormis elle, les parents me donnaient quelque chose pour le transport, elle avait Ă©tĂ© clair « je veux que tu sois autonome, tu vis encore dans la maison familiale mais tu dois rĂ©pondre toi-mĂȘme Ă tes besoins. Il faut que tes mains te servent Ă quelque chose, je ne te demande pas d'aller te prostituer comme font plusieurs jeunes filles, je veux que tu apprennes Ă faire quelque chose de tes mains. Tu laisses papa et maman tranquille, ils peuvent nous quitter d'un moment Ă l'autre, que deviendras tu si cela arrivait ? Ne compte pas sur la maison, nous serons tous propriĂ©taire et pourrons la vendre en cas de non entente, et s'il y avait entente entre nous, je te dis dĂ©jĂ que tes grands frĂšres ont dit qu'ils la mettront en location et un turn over sera fait pour la rĂ©cupĂ©ration des loyers. Le temps que ton tour arrive je ne sais pas comment tu feras. »
Elle Ă©tait celle qui m'avais couvĂ©, elle se donnait la primautĂ© de me jeter dans la vie, fini la petite sĆur Ă Madeleine. Je ne savais pas si quelque chose en particulier m'intĂ©ressais, je ne savais qu'Ă©tudier et avoir des bonnes moyennes pour satisfaire Mado et Ă©tais quand mĂȘme flegme, mĂȘme les demandes de stage je les envoyais sans grande conviction, juste pour dire Ă mes ainĂ©s que j'en avais fait.
Un vendredi, Madeleine m'apporta le zoom Ă la maison alors qu'elle Ă©tait venue laisser des courses Ă ses parents, elle m'avait mĂȘme dit puisque tu n'as rien Ă faire de tes vacances ton grand frĂšre Dimitri cherche une dame de mĂ©nage, va travailler pour lui ce mois.
Moi, allé travailler pour Dimitri et sa famille ? jamais.
Sa femme, je ne la supportais juste pas, les seules fois oĂč j'y suis allĂ©e, je n'ai pas aimĂ© la maniĂšre qu'elle avait de traiter le personnel de maison, alors si en plus parmi ce personnel il y avait la petite sĆur de son mari, elle ne se gĂȘnera pas et ses deux petits diables me donneront du fil Ă retorde. Comme je n'avais pas envie de me faire crier dessus par mon grand-frĂšre et peut ĂȘtre mĂȘme me faire taper par lui, je prĂ©fĂ©rais me tenir Ă©loignĂ©e de sa maison.
J'avais donc entrepris de me chercher quelque chose rapidement avant que Madeleine ne revienne Ă la charge et partage cette idĂ©e venue de je ne sais quel mauvais cĆur Ă son grand frĂšre.
J'ai écumé ce jour les annonces du zoom et me suis décidée à appeler quelques-unes. J'ai finalement obtenu un rendez-vous le lendemain pour faire du ménage et du babysitting chez un particulier. Il promettait de bien payer, le montant qu'il m'avait annoncé était supérieur à celui que j'aurai eu en faisant un stage, puisqu'il était question d'argent du transport et que là -bas il pouvait me garder toute l'année. Je n'allais pas bouder ce travail.
L'entretien s'Ă©tait bien passĂ©, j'ai vu les enfants, deux magnifiques petites filles, ChloĂ© et ZoĂ©, le Monsieur s'en occupe tout seul, lorsque j'ai demandĂ© oĂč Ă©tait la maman, il m'a toisĂ© et rĂ©pondu froidement «ma vie privĂ©e ne doit pas ĂȘtre une prĂ©occupation pour vous Mademoiselle, tout ce que vous devez savoir c'est qu'elles sont sous ma charge et que je les Ă©lĂšve seul. »
Pardon oh, c'Ă©tait peut-ĂȘtre de la curiositĂ© qu'il jugeait mal placĂ© mais je me devais de savoir, je vois un monsieur et des enfants, je suppose qu'il y a une mĂšre, pourquoi il prend la mouche ?
« Votre niveau d'Ă©tude me satisfait, j'avais peur de prendre les nounous habituelles qui ne m'auront pas aidĂ© dans l'acquisition du langage pour les enfants, et pour ChloĂ© vous me serez d'une aide pour ses devoirs durant l'annĂ©e scolaire. Elle finira Ă treize heures, j'irai moi-mĂȘme la chercher et vous la dĂ©poserez ici. Pour ce mois je vous donnerai 150 000 fcfa et augmenterai de 50 000 l'annĂ©e scolaire puisque vous aurez Ă regarder le travail scolaire de ma petite ChloĂ© et leur faire Ă manger. Vous commencerez lundi, soyez ponctuelle s'il vous plait mademoiselle, j'ai moi aussi des obligations Ă respecter et ne tolĂ©rerai aucun retard. »
C'Ă©tait dit, il n'y avait rien Ă modifier.
Le monsieur Ă©tait trĂšs directif, si je faisais correctement mon travail, il n'y aurait pas de problĂšme entre nous.
Dieu m'avait aidĂ©, sa maison Ă©tait Ă l'ancien Sobraga et mon Ă©cole derriĂšre l'Ă©cole normale, juste Ă dix minutes de marche, je serai donc Ă l'heure au cours puisque j'arrĂȘtais Ă 17h30 et mes cours commençaient Ă 18h, tout s'emboiterait parfaitement, ma seule priĂšre Ă©tait que les enfants ne soient pas trop difficiles car c'Ă©tait un boulot en or. Qui paierai autant pour la garde des enfants de nos jours dans Libreville ?
Ma grande sĆur Madeleine pourra dormir tranquille sans plus se soucier de moi, j'avais la solution Ă mes frais de transport et mĂȘme pour plus. Tout ce que j'aurai Ă faire cette annĂ©e c'est de dĂ©crocher haut les mains mon master II en pĂ©trochimie, je ne me demandais pas ce que je ferai une fois ce diplĂŽme fini, je vivais au jour le jour.
J'avais caressĂ© le rĂȘve d'intĂ©grer une Ă©cole de pĂ©trole en France ou en Angleterre, sans le dire Ă mes parents et Ă mes frĂšres j'en avais fait la demande par le biais du net, ils attendaient les notes de cette annĂ©e, celles de l'annĂ©e derniĂšre avaient Ă©tĂ© envoyĂ©, pour statuer dĂ©finitivement sur mon cas.
Le plus difficile sera la question financiĂšre car ces Ă©coles coutaient extrĂȘmement cher, la plupart des gabonais qui y allaient, Ă©taient soit envoyĂ© par leur sociĂ©tĂ© soit avaient dĂ©jĂ travaillĂ© des annĂ©es et y allaient avec leurs Ă©conomies. Moi je levais les yeux au ciel et attendait un miracle, sait-on jamais..
si je pouvais obtenir une bourse et demander un dernier sacrifice Ă ma sĆur pour le reste, mais bon...
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Chapitre 5 05
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Chapitre 7 07
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Chapitre 8 08
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Chapitre 27 27
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