SYNOPSIS Brigitte est une Ă©pouse et mĂšre dĂ©vouĂ©e qui ne fait Ă©conomie d'aucun effort pour garder son foyer Ă flots, malgrĂ© les rĂ©currentes intempĂ©ries. Mais avec un mari dont l'attention se fait chaque jour un peu plus Ă©lusive, le sentiment de pĂ©daler dans la semoule s'installe, elle finit par craquer. Dans son trouble Ă©motionnel, une Ă©paule et une oreille attentive s'offrent Ă elle, elle ne rechigne pas Ă s'y appuyer et Ă y trouver consolation. Elle rĂ©alise assez vite que certaines voies ne doivent jamais ĂȘtre empruntĂ©es.
1. Brigitte
(Aimez avant lecture et laissez un commentaire aprĂšs)
Il est 10h lorsque mon mari gare le vĂ©hicule sur le parking de la belle demeure Ă deux niveaux dont la construction s'est achevĂ©e rĂ©cemment. Les dĂ©bris qui trainaient, les sacs de ciment et le matĂ©riel de construction qui encombraient la grande cour lors des visites antĂ©rieures ont Ă©tĂ© enlevĂ©es, tout est maintenant propre et j'adore ce que le paysagiste a fait avec le jardin. Les travaux ont durĂ© 2 ans et maintenant que l'habitation est enfin prĂȘte, j'ai hĂąte d'y amĂ©nager car ceci est une zone de la ville que j'ai toujours beaucoup apprĂ©ciĂ©e du fait de son calme et de sa proximitĂ© Ă l'Ă©cole des enfants.
La maison dans laquelle nous vivons actuellement est Ă©galement Ă nous, Franck et moi y avions amĂ©nagĂ© peu de temps aprĂšs notre mariage. Avec la venue des enfants et le progrĂšs social, nous avions jugĂ© bon d'acquĂ©rir ce terrain oĂč s'Ă©lĂšve aujourd'hui ce bijou, une habitation qui nous procure largement plus d'espace et qui est plus Ă l'image de notre situation actuelle. Mon mari Ă©tant lui-mĂȘme architecte, il en a dessinĂ© le plan. Sublime, ma fille aĂźnĂ©e qui a 9 ans est la premiĂšre Ă sortir du vĂ©hicule pour aller en exploration, ses deux frĂšres Alex et Maxime qui ont respectivement 7 et 5 ans s'empressent de lui emboiter les pas comme Ă leur habitude.
- Papa, la piscine est plus grande ici ! s'extasie ma fille, les Ă©toiles plein les yeux.
- Oui oui, je sais combien tu aimes t'amuser dans l'eau et j'ai tenu à ce que le bassin soit plus vaste ici, réplique mon mari en désembarquant.
Je dĂ©sembarque Ă©galement mais reste prĂšs de la voiture d'oĂč je regarde mon mari Franck aller rejoindre nos enfants. Avec un petit sourire flottillant sur mes lĂšvres, je les regarde qui discutent gaiement, ils s'en vont ensuite faire le tour du jardin. Il a toujours Ă©tĂ© un trĂšs bon pĂšre, mon Franck. De nous deux, je suis le parent strict, il est celui qui passe Ă nos enfants presque tous leurs caprices. Ils l'ont mis dans la bouteille, comme il aime lui-mĂȘme le rĂ©pĂ©ter avec un sourire attendri. Il est aussi un bon mari. TrĂšs bosseur, responsable, pourvoyeur, ambitieux, il voit grand et cherche toujours Ă se surpasser. Malheureusement, comme c'est toujours le cas sous ce soleil, il y a bien un revers Ă toutes ces belles qualitĂ©s...
Des propriĂ©tĂ©s, nous en avons pas mal dans la ville. Je dis « nous » car mĂȘme si 80% de l'argent investi est Ă mon mari, je considĂšre que ce qui est Ă Franck est Ă moi car non seulement nous sommes mariĂ©s sous le rĂ©gime communautaire, j'ai aussi eu Ă apporter ma pierre Ă l'Ă©difice de plusieurs maniĂšres. Ă ce stade, nous avons Ă notre actif quatre complexes rĂ©sidentiels sĂ©curisĂ©s avec des appartements modernes que nous faisons louer. Avec le taux de criminalitĂ© qui atteint chaque annĂ©e des cimes inquiĂ©tants, plusieurs prĂ©fĂšrent maintenant vivre en communautĂ©s clĂŽturĂ©es comme les nĂŽtres, pour plus de sĂ©curitĂ©. Nous nous sommes assurĂ©s d'en construire pour les nantis et les moins nantis, afin de couvrir toutes les bourses. Je suis d'ailleurs Ă la tĂȘte de l'agence immobiliĂšre qui gĂšre ces propriĂ©tĂ©s.
Je m'Ă©loigne du vĂ©hicule lorsque Franck qui a fini de faire le tour du jardin avec les enfants me signifie d'un signe de la main de les rejoindre. Nous faisons tous les cinq notre entrĂ©e dans la demeure qui sent bon le neuf et en faisons l'exploration dans une ambiance bon enfant. AprĂšs avoir travaillĂ© quelques annĂ©es pour une entreprise de construction de la place, mon mari a dĂ©cidĂ© d'ouvrir sa propre boĂźte appelĂ©e « Pioche construction ». Le dĂ©but n'Ă©tait pas trĂšs rose, mais il s'en sortait avec quelques contrats ici et lĂ . Le mariage de sa grande sĆur Ă un membre influent du gouvernement a ouvert des nouvelles portes, des plus gros contrats se sont mis Ă pleuvoir et cela a radicalement changĂ© notre situation financiĂšre. Nous avons pu acquĂ©rir des terrains, construire et nous offrir des voyages hors du pays. Le tĂ©lĂ©phone de Franck sonne, il s'excuse et va parler dans une autre piĂšce. Voulant savoir qui a appelĂ©, j'abandonne Sublime et ses frĂšres qui dĂ©battent sur qui aura telle ou telle autre chambre, j'avance Ă pas feutrĂ©s vers la piĂšce oĂč il a trouvĂ© refuge pour rĂ©pondre Ă l'appel et tends l'oreille. Une chose que mes ainĂ©es m'ont interdite de faire pas mal de fois.
Mais c'est simplement plus fort que moi.
J'arrive Ă capter quelques bribes de sa conversation, mon cĆur s'affaisse quand je comprends qu'il parle Ă une autre. Ă voix basse, il promet d'ĂȘtre à « leur rendez-vous ». Il poursuit, disant Ă son interlocutrice qu'elle aura intĂ©rĂȘt Ă reproduire toutes les vidĂ©os coquines qu'elle lui a envoyĂ©es. Il rit doucement et murmure un :
- Petite diablesse. Je vais te chauffer, tu vas voir.
Ceci n'est pas la premiĂšre fois que je dĂ©couvre qu'il me trompe, mais la douleur qui Ă©merge Ă chaque fois est toujours fraiche. Je croyais qu'au fil du temps et Ă force de conseils, je viendrais Ă m'y habituer et Ă faire abstraction. La douleur demeure cependant la mĂȘme. Tranchante, Ă©crasante. Je me demande toujours comment font les femmes qui arrivent Ă banaliser les infidĂ©litĂ©s de leurs maris, au point oĂč celles-ci ne les dĂ©rangent plus. Je regagne la piĂšce oĂč j'ai laissĂ© les enfants aussi silencieusement que je l'ai quittĂ©e et me compose une mine gaie, afin de ne pas laisser transparaitre mes Ă©motions. Franck revient une dizaine des minutes plus tard, j'Ă©vite son regard, prĂ©fĂ©rant me concentrer excessivement sur les enfants.
Le tour de la demeure terminé, il nous amÚne au restaurant, c'est notre rituel de tous les samedis. Pendant que nous nous repaissons, il me fait gaiement la conversation et joue à Papa-poule avec les enfants, alors que je sais qu'aprÚs ici, il pondra une raison pour aller rejoindre celle avec qui il me trompe actuellement.
Avant, je le confrontais lorsque je dĂ©couvrais ses tromperies. Cela ne contribuait qu'Ă ruiner l'atmosphĂšre Ă la maison, ce qui affectait les enfants. Car mĂȘme si je m'assurais de le faire dans le secret de notre chambre, loin de leurs regards, les enfants savent capter quand quelque chose ne va pas. Le plus difficile Ă©tait que, lors de ces confrontations, Franck s'assurait de me faire un gros gaslighting, quelque chose dont il a fait un art lorsque pris. Il manipulait la situation de maniĂšre Ă me faire douter de mes dĂ©couvertes, me faisant me sentir comme une folle, une excentrique qui prenait plaisir Ă inventer des histoires rien que pour le harceler. Il se mettait en colĂšre et me disait comment il se pliait en quatre pour ĂȘtre un bon mari et un pĂšre prĂ©sent, que voulais-je de plus ? Pourquoi l'accuser de ce qu'il n'avait absolument pas fait ? C'Ă©tait Ă la fois horripilant et Ă©puisant comment il rĂ©ussissait Ă faire Ă©merger de la culpabilitĂ©, alors que c'Ă©tait moi l'offensĂ©e dans le scĂ©nario. Une fois, j'ai fait secrĂštement installer sur son tĂ©lĂ©phone une application espionne qui enregistrait ses appels, car avec les captures des messages, il disait que c'Ă©tait le Photoshop. Lorsque je lui ai fait Ă©couter les Ă©changes avec sa bimbo, il a rĂ©pondu que ce n'Ă©tait pas sa voix. J'ai rejouĂ© l'enregistrement, il a continuĂ© Ă dire calmement que ce n'Ă©tait pas lui, qu'il ne parlait pas comme ça. J'ai cru devenir folle. J'avais Ă chaque fois l'impression de me battre contre des moulins Ă vent.
Etant quelqu'un de naturellement discret, les seules personnes Ă qui j'ai eu Ă parler de ce problĂšme qui persiste sont ma mĂšre et ma marraine. Leurs conseils :
« ArrĂȘte de fouiner et de l'espionner, ce n'est pas bien, ce n'est pas ça ton travail. Te quereller tout le temps sur ce problĂšme fera qu'il s'Ă©loigne. Les hommes aiment la paix. »
« Brigitte, il faut regarder le film 'War Room' à chaque fois que tu sentiras ta foi vaciller, ok ? C'est un trÚs bon film. Je t'envoie le lien pour visionner en ligne. »
« Tu ne t'attendais quand-mĂȘme pas Ă ce qu'il soit un ange ! Toute femme a quelque chose qui lui cale au cou concernant son mari. Ta part, c'est l'infidĂ©litĂ©. Prie ! »
« Fais-toi plus douce, concentre-toi sur ses qualités qui sont de loin plus nombreuses, innove dans la chambre et surtout, prie beaucoup pour lui. Il finira par changer. »
« Il y a un nouveau programme Ă l'Ă©glise cette semaine. Le thĂšme c'est : Femme vertueuse, sois la sentinelle de ton foyer. On va apprendre des nouvelles techniques sur comment ĂȘtre une trĂšs bonne femme debout et sur le dos. Tu ne dois pas manquer. »
J'ai mis en pratique les conseils car j'aime Franck qui est mon premier et mon dernier, je ne me vois pas le quitter. J'ai mĂȘme instaurĂ© le dialogue afin d'essayer de le conscientiser, mais aprĂšs dix annĂ©es de mariage et trois merveilleux enfants, monsieur n'a pas changĂ© de ce cĂŽtĂ©-lĂ . Et bien qu'il s'arrange de maniĂšre Ă bien cacher ses Ă©carts, je finis toujours par les dĂ©couvrir, mĂȘme quand je ne veux pas. J'ai dĂ©veloppĂ© un sixiĂšme sens qui me permet de faire la diffĂ©rence entre ces pĂ©riodes oĂč il me trompe et celles d'accalmie. Pendant ces saisons oĂč il est sur une proie, il a tendance Ă redoubler de soin sur son apparence et multiplier les raisons pour ĂȘtre dehors et rentrer tard. Tu le verras tout le temps bien sapĂ©, coiffĂ©, parfumĂ©, se raser les poils pubiens chaque semaine et garder ses tĂ©lĂ©phones en mode silencieux.
AprĂšs le restaurant, nous regagnons notre domicile. Une heure plus tard, comme je m'y attendais, monsieur me sort qu'il doit se rendre chez un de ses clients, et qu'il se pourrait qu'il rentre tard. Par la fenĂȘtre de notre chambre Ă coucher, le cĆur pris dans un Ă©tau douloureux, je le regarde monter dans la voiture, mettre le moteur en marche et quitter l'enceinte. Pourquoi diantre n'ai-je pas encore rĂ©ussi Ă arrĂȘter d'ĂȘtre aussi affectĂ©e par cette facette de sa personnalitĂ©, aprĂšs toutes ces annĂ©es ?
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