PassionnĂ© de littĂ©rature, Martin Tesson, Ă©tudiant en situation prĂ©caire, vit dans une chambre de bonne et fait la queue devant les banques alimentaires. Entre deux soirĂ©es alcoolisĂ©es et deux poĂšmes, cet artiste pessimiste rĂ©dige des articles pour un journal universitaire au sujet des conditions de vie de ses camarades Ă©tudiants. Un jour, alors qu'il se rend chez sa mĂšre, atteinte d'un Alzheimer prĂ©coce depuis quelques annĂ©es, une vengeance intĂ©ressĂ©e s'impose Ă lui : et s'il dĂ©robait l'argent de celle qu'il mĂ©prise ? Ă PROPOS DE L'AUTEUR Adrien Loesch considĂšre l'Ă©criture comme un besoin impĂ©rieux, un souffle brĂ»lant de l'Ăąme qui doit ĂȘtre expulsĂ©. Dans Silence, il explore un personnage aussi complexe que torturĂ©, dont l'Ă©tat d'esprit est tourmentĂ© par ses doutes et ses contradictions.
XXII â Parfum exotique
Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu'Ă©blouissent les feux d'un soleil monotone ;
Une Ăźle paresseuse oĂč la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l'Ćil par sa franchise Ă©tonne.
Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mĂąts
Encor tout fatigués par la vague marine,
Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se mĂȘle dans mon Ăąme au chant des mariniers.
Charles Baudelaire,Les Fleurs du mal
Le silence est une lune de miel avec la vie.
Puissiez-vous le dĂ©couvrir avant que dans votre cĆur il fasse nuit...
Partie 1
DĂ©clin
1
29 octobre 2021
Ă l'aube de sa vie, les perspectives de Martin Tesson Ă©taient inĂ©luctablement obscures, et parfois si dĂ©sespĂ©rantes que ses dĂ©ambulations nocturnes, chancelantes et avinĂ©es, risquaient Ă chaque occasion de mal se terminer. Si ce pessimiste n'avait pas eu en lui une Ăąme de poĂšte torturĂ©, un amour absolu pour les femmes, ainsi qu'une rage sourde envers l'administration et les institutions en gĂ©nĂ©ral, alors le fardeau qui pesait sur ses Ă©paules aurait Ă©tĂ© plus lĂ©ger. La vulgaritĂ© et la stupiditĂ© du monde l'Ă©cĆuraient avec une passion si violente qu'il se surprenait Ă ĂȘtre Ă©touffĂ© par ses propres ruminations. Son esprit Ă©tait pareil Ă un porte-foliot des dĂ©ceptions humaines que ses espĂ©rances inabouties rendaient davantage amĂšres et maussades. Ce qui avait eu lieu plus tĂŽt dans sa vie semblait lui dĂ©voiler, dans des lignes aussi sinueuses qu'entĂ©nĂ©brĂ©es, les alĂ©as furibonds de son avenir.
« Sur l'Ă©chelle des hommes, j'ai le malheur de me trouver sur les premiĂšres marches, parmi la jeunesse qui cĂŽtoie la faim au grĂ© des journĂ©es insensĂ©es qui s'Ă©ternisent », se disait-il Ă lui-mĂȘme, en patientant, comme Ă son habitude, devant la banque alimentaire du treiziĂšme arrondissement, Ă quelques centaines de mĂštres de la chambre de bonne qu'il louait Ă son oncle depuis maintenant deux annĂ©es.
Alors qu'un vent frais s'insinuait entre son Ă©charpe orange et son cou, provoquant un frisson, la jeune femme qu'il prĂ©cĂ©dait se retourna pour le toiser, le sortant ainsi du maelstrom mental dans lequel sa conscience s'Ă©tait Ă©garĂ©e. Il avait l'Ćil amĂ©ricain, et, dans un coin de son champ de vision, il avait aperçu son regard vert voyager jusqu'Ă lui pour l'observer.
En dépit de son nez busqué et de quelques défauts physiques, il y avait quelque chose dans son attitude légÚrement négligée qui le rendait attirant. DerriÚre ses lunettes rondes, ses yeux, d'un bleu électrique peu commun, lui conféraient un magnétisme déconcertant qui ne laissait pas les femmes indifférentes.
Elle devait avoir son ùge, soit vingt-trois ans, et portait une jupe courte qui, pour la période de l'année, constituait une entrave au confort personnel, mais renforçait toutefois l'aura sensuelle qui émanait de sa personne. Ses yeux de biche, plus verts que l'émeraude, soulignés par un fin trait de maquillage noir, dissimulaient une tristesse qui lui eût été impossible de ne pas discerner.
Martin ne regardait pas les autres, il les sondait avec une rare intensitĂ©. Des heures durant, il pouvait vous regarder et vous Ă©couter, et pendant tout ce temps, vous pouviez ĂȘtre certain qu'il avait saisi une grande partie de ce que vous dĂ©siriez cacher au monde, car vous vous seriez trĂšs sĂ»rement trahi par les imperceptibles et incontrĂŽlables soubresauts de votre ĂȘtre. Il n'y avait pas une contradiction inavouĂ©e, un habile mensonge, une discrĂšte omission ou un infime tremblement qui Ă©chappaient Ă son observation, pareil Ă un torrent d'intuitions le submergeant Ă son insu. Seule une poignĂ©e de secondes lui Ă©tait nĂ©cessaire pour dĂ©terminer s'il vous Ă©viterait ou pas, et ces derniers temps, il avait fait de l'Ă©vitement sa spĂ©cialitĂ©.
La premiĂšre lueur fĂ©brile qu'il discerna dans les deux prairies verdoyantes avec lesquelles elle regardait le monde fut celle de la solitude, et celle-ci semblait si abyssale qu'elle frappa violemment son Ăąme. Il la comprenait, d'autant plus qu'il partageait son malheur, celui d'ĂȘtre contraint Ă attendre dans le froid pendant plus de trois quarts d'heure pour enfin recevoir le repas chaud et insipide qui comblerait leur estomac d'Ă©tudiant en situation prĂ©caire.
Ce soir, il faudrait se contenter d'un couscous bon marché, quasiment immangeable. Martin l'acceptait, car il pensait que pour que l'on puisse considérer un produit comme excellent, il fallait bien qu'il existe des produits de qualité inférieure. Pour apprécier le bon, il fallait parfois manger du moins bon. « Les bons produits existeraient-ils s'il n'y en avait pas de mauvais pour les comparer ? Les pauvres existeraient-ils sans les riches ? Et si la réponse est oui, faut-il l'accepter ? L'un n'existe pas sans l'autre. »
Sans mot dire, tout en la fixant des yeux, Martin tira sur sa cigarette mal roulĂ©e, puis la coinça entre son pouce et son index pour lui tendre. Elle s'en empara d'un geste lent et la porta Ă ses lĂšvres bordeaux. Ses vĂȘtements, une veste en jean peu Ă©paisse, une jupe courte rouge et un dĂ©bardeur plongeant, qu'il supposait d'ailleurs volontairement aguicheurs, ne s'accordaient pas avec son apparente timiditĂ©. Il voyait qu'elle en faisait trop, mais aussi que, en dĂ©pit de cet attirail d'artifices, son charme aurait suffi Ă attendrir un cĆur de fer. Elle n'Ă©tait pas aussi authentique qu'elle aurait pu l'ĂȘtre, mais son joli visage Ă©bouriffa sa sensibilitĂ© d'esthĂšte.
Il était évident que ses ambitions personnelles étaient à des lieux de sa situation présente, et si elle s'était retournée, c'était parce qu'elle voyait en lui un moyen de résoudre, de la plus éphémÚre et charnelle des maniÚres, aux deux problÚmes de sa vie : le froid et la solitude. Alors que Martin était sensible à la singuliÚre beauté de son visage, il demeura de marbre et leva une main autoritaire pour que sa cigarette lui soit rendue.
Si elle n'avait pas été aussi timorée, elle n'aurait sûrement pas attendu aussi longtemps avant de débuter la discussion, ce que Martin, lui, n'aurait jamais fait.
Sans surprise, sa voix douce et tremblante s'harmonisait avec ses yeux clairs, sa peau blanche et ses joues lĂ©gĂšrement rosĂ©es par le froid, mais ne s'accordait pas avec l'inhabituelle impudeur qu'elle avait dĂ©cidĂ© d'exposer, et dont elle avait secrĂštement honte. En voulant se mettre en valeur, elle avait fait l'erreur de se vĂȘtir d'une vulgaritĂ© qui ne lui ressemblait guĂšre. C'Ă©tait parce qu'elle ne supportait plus le vide qu'elle ressentait Ă longueur de journĂ©e qu'elle s'Ă©tait risquĂ©e Ă s'habiller comme une putain, et Ă trop vouloir s'embellir, elle s'Ă©tait enlaidie. Si Martin eĂ»t Ă©tĂ© un prĂ©dateur sexuel, elle aurait Ă©tĂ© une proie facile, car au plus profond d'elle-mĂȘme, elle se sentait si morte que son dĂ©sir de goĂ»ter Ă nouveau Ă la vie Ă©tait devenu plus ardent que le plus vaste des brasiers. C'est pour cette raison que, contrairement Ă ses habitudes, elle avait quittĂ© son modeste appartement en laissant le plus de surface de peau possible Ă l'air libre.
- Ătudiant ? s'enquit-elle d'un Ćil scrutateur, en pointant du doigt le livre que tenait Martin.
- Oui. Nous portons le mĂȘme fardeau...
- En lettres ?
- Belle déduction. Et toi ?
- Je suis en Droit.
- Oh, mon vieil ennemi, fit-il avant de tirer sur sa cigarette. Je suis en troisiÚme année. J'écris pour une revue étudiante engagée : La Gazette. Je ne suis pas payé pour, mais je rédige la plupart des articles.
- J'imagine qu'avec l'actualité, les mots ne doivent pas te manquer.
- Eh bien, l'inspiration ne manque pas, et Ă mon plus grand regret, car c'est quand la bĂȘtise de l'homme atteint des sommets qu'il y a le plus de sujets Ă traiter.
- Il doit bien y avoir d'autres thÚmes dont tu apprécies l'exploration... Des sujets plus agréables, fit-elle avec un soupçon de malice dans les yeux.
- J'Ă©cris aussi sur les femmes. Vous ĂȘtes de passionnants sujets... Il est Ă©vident que c'est grĂące Ă vous que la poĂ©sie a Ă©tĂ© inventĂ©e. Vous et la nature ! lança Martin, faussement indiffĂ©rent, mais conscient de l'effet qu'il pouvait provoquer. Vous ĂȘtes sa plus belle crĂ©ation... Comment t'appelles-tu ?
- Julie, bredouilla-t-elle en fuyant son regard et en baissant la tĂȘte.
- Enchanté, Julie. Tu trembles, fit Martin en rallumant sa cigarette avec des gestes lents, et en préparant, avec une assurance mordante, sa prochaine phrase. Tu n'avais pas besoin de te découvrir pour te mettre en valeur... Il y en a pour un moment et les nuits d'automne ne sont pas propices aux séances de bronzage.
Un doux sourire vint Ă©claircir son visage, et de nouveau, elle baissa les yeux pour regarder ses bottines bordeaux, de la mĂȘme couleur que sa jupe et son rouge Ă lĂšvres.
Cette phrase, prononcĂ©e avec un calme fiĂ©vreux, fit trembler son fort besoin d'attention, et l'idĂ©e qu'elle puisse ĂȘtre le sujet d'un texte ou d'un poĂšme renforça l'intensitĂ© de ses dĂ©sirs, que le temps et l'isolation avaient rendus bien trop impĂ©tueux pour qu'elle puisse les dissimuler convenablement.
Ă l'issue de leur maigre collation et de quelques discussions amicales, Martin rĂ©prima le sentiment de pitiĂ© qu'elle faisait naĂźtre en lui, et l'invita chez lui, ce qu'elle accepta aussitĂŽt d'un subtil mouvement de tĂȘte.
Sur le chemin, sans qu'elle puisse en comprendre la raison, Martin s'arrĂȘta devant ce qui avait Ă©tĂ© le bar de son frĂšre. Cela faisait maintenant vingt mois qu'il Ă©tait fermĂ©, et Ă l'intĂ©rieur, derriĂšre les larges planches en bois qui condamnaient l'entrĂ©e, les Ă©tagĂšres, contenant autrefois d'interminables rangĂ©es de spiritueux, prenaient la poussiĂšre. Par endroits, la vitrine Ă©tait brisĂ©e, et la porte, elle, Ă©tait dĂ©finitivement scellĂ©e.
Cet arrĂȘt provoqua en lui une dĂ©sespĂ©rante vague de tristesse, aussi violente qu'irrĂ©pressible, d'autant plus que, deux jours auparavant, il s'Ă©tait jurĂ© de ne plus jamais emprunter cette ruelle. Ă compter d'aujourd'hui, en se le promettant Ă nouveau, il la contournerait, quitte Ă marcher davantage.
En quittant l'enseigne du regard, tout en dissimulant à merveille le désarroi qui le traversait, la seule chose à laquelle il pensa fut les sanglots de sa mÚre quand elle avait appris la nouvelle. S'il n'avait pas écarté cette image, il en était sûr, il aurait entendu ses cris résonner dans sa boßte crùnienne.
AprĂšs cet arrĂȘt, ils traversĂšrent un Ă un les halos lumineux des lampadaires qui Ă©clairaient le trottoir jusqu'Ă sa rĂ©sidence.
Sans qu'un mot ne soit échangé, dans la cage d'escalier qui menait à sa chambre de bonne, un modeste et morne placard de onze mÚtres carrés, il vit l'éclat brillant du consentement dans ses yeux, et hypnotisée, c'était comme si elle l'aimait déjà , lui qui, une heure et demie auparavant, était un simple inconnu à l'air sombre lui offrant ce dont elle désirait tant, une absence d'indifférence froide et brutale à son encontre.
Ă cet instant, le cĆur battant, le dĂ©sespoir fiĂ©vreux qui l'habitait rendit sa respiration bruyante et profonde. Quelques instants plus tĂŽt, aprĂšs qu'il eut pris sa main pour l'entraĂźner contre lui, elle lui avait susurrĂ© qu'elle n'avait plus de place en elle pour des regrets.
Martin approcha lentement ses lÚvres des siennes, et en réalité, jusqu'à ce qu'il soit impossible pour elle de ne pas céder à la tentation de se sentir humaine, désirée, et surtout, vivante.
Quelques moments plus tard, aprĂšs un soupir d'extase, elle le remercia d'un murmure dans le creux de l'oreille, avant de s'allonger sur son lit une place, comme si un grand service venait de lui ĂȘtre rendu, et pour lequel elle Ă©tait reconnaissante. Il avait Ă©tĂ© doux et passionnĂ©, et elle s'Ă©tait enfin sentie femme, lui enlevant ainsi les atroces sensations de brĂ»lure qui torturaient son Ăąme depuis de nombreux mois.
En s'endormant, elle lui avait rendu sa solitude, et il pourrait l'exploiter sans ĂȘtre dĂ©rangĂ©. Dans le calme de la chambre de bonne, Martin alluma une cigarette et la contempla dormir. Sa criniĂšre d'Ă©bĂšne cascadait sur ses Ă©paules de neige. Tandis qu'elle dormait Ă poings fermĂ©s, il caressa dĂ©licatement son bras dĂ©nudĂ©, puis Ă©teignit sa clope mal roulĂ©e, se leva pour prendre une biĂšre dans son petit rĂ©frigĂ©rateur et s'installa Ă la chaise de son bureau, en face de la page de traitement de texte qui attendait d'ĂȘtre assombrie.
En chassant la soudaine obscuritĂ© qui avait envahi son monde intĂ©rieur, il fit le vide en lui en tĂąchant de cerner ce que la vie avait de plus essentiel et de plus beau. Pour cela, il se devait d'ĂȘtre calme, authentique et synthĂ©tique.
La douceur de sa peau blanche avait rĂ©veillĂ© en lui un amour inassouvi, le seul vĂ©ritable qui ne l'eĂ»t jamais consumĂ©. Ă cet instant, tandis qu'il se dĂ©testait de ne pas avoir Ă©tĂ© Ă la hauteur, l'amertume d'un amour unilatĂ©ral le frappa en plein cĆur.
EntraĂźnĂ© par une force incandescente, il Ă©crivit les premiĂšres phrases qui lui passĂšrent par la tĂȘte, avant de les retravailler, encore et encore, jusqu'Ă ce qu'il en soit complĂštement satisfait.
Mais oĂč s'en vont les corbeaux et les nuĂ©es grises ?
J'entends au loin, apporté par la douce brise,
Que le printemps et l'été ont eu une fille.
De ce qui est conté, elle avait ton sourire,
Un mont de charmes, une peau saveur vanille.
Si demain, par malheur, je venais à périr,
Alors je braverais un océan de flammes
Pour contempler les belles couleurs de ton Ăąme.
Et si l'Ă©chec me barre la route Ă nouveau,
Alors, plus orgueilleux que le premier taureau,
Je frapperais la terre de mes propres mains,
Jusqu'Ă ce que tu sentes trembler ton destin.
Une fois qu'il eut terminé, il s'étira et alla s'allonger à ses cÎtés. Il fit courir ses doigts sur son dos brûlant et elle se retourna et barra son torse d'un bras blanc.
AllongĂ© sur le dos, une cigarette Ă moitiĂ© terminĂ©e au bord des lĂšvres, Martin observa le plafond de la minuscule piĂšce, oĂč son imagination fit dĂ©filer Ă son insu des fresques millĂ©naires telles que des combats Ă morts dans des arĂšnes bondĂ©es, de somptueux banquets organisĂ©s par de mystĂ©rieux oligarques, des miniers crasseux, prisonniers de longs tunnels souterrains, des militaires au garde Ă vous, et enfin, des cuisiniers dĂ©pĂȘchĂ©s autour de fourneaux bĂ©ants, de gĂ©antes gueules de flammes.
Ses visions tournoyaient dans son esprit dans un maelstrom d'images prĂ©cises et mobiles, tantĂŽt rĂ©alistes, tantĂŽt extraordinaires. Ses songes Ă©taient pareils Ă des terres fertiles sur lesquelles poussaient les fruits de son imagination. Si ces fugaces illusions n'Ă©taient pas si envoĂ»tantes, il aurait alors eu Ă faire face Ă la rĂ©alitĂ©, qui elle, paraissait, dans la grande majoritĂ© des cas, bien moins passionnante. RĂ©guliĂšrement, il se perdait dans d'Ă©ternels et chimĂ©riques vagabondages, avant d'ĂȘtre rattrapĂ© par les folies de la rĂ©alitĂ©. Tout ailleurs Ă©tait vital Ă sa santĂ© mentale, car s'Ă©chapper Ă©tait une nĂ©cessitĂ© imposĂ©e par sa condition, trop souvent insatisfaisante.
La fin du mois approchait Ă grands pas et il ne recevrait pas sa bourse avant quelques jours. Combien d'Ă©tudiants vivaient dans des circonstances similaires ? Il l'ignorait, mais il devait trouver un moyen de gagner un peu d'argent de poche, de quoi s'acheter quelques vĂȘtements neufs, car les siens Ă©taient si usĂ©s que d'ici quelques semaines, il serait confondu avec les jeunes sans-abri qui s'insĂ©raient discrĂštement dans les queues bondĂ©es des banques alimentaires avant de se faire refouler Ă l'entrĂ©e. Toutefois, les vĂȘtements ne constituaient cependant pas sa prioritĂ©, car son rĂ©frigĂ©rateur Ă©tait Ă l'image de son compte en banque, effroyablement vide.
Martin mit son réveil à six heures trente du matin et s'endormit deux heures plus tard, alors qu'il calculait le temps de sommeil qui lui restait.
Ă l'image des nuits prĂ©cĂ©dentes, celle-ci fut agitĂ©e par les rĂȘves Ă©tranges qui empoisonnaient ses repos.
Chapitre 1 No.1
26/05/2023
Chapitre 2 No.2
26/05/2023
Chapitre 3 No.3
26/05/2023
Chapitre 4 No.4
26/05/2023
Chapitre 5 No.5
26/05/2023
Chapitre 6 No.6
26/05/2023
Chapitre 7 No.7
26/05/2023
Chapitre 8 No.8
26/05/2023
Chapitre 9 No.9
26/05/2023
Chapitre 10 No.10
26/05/2023
Chapitre 11 No.11
26/05/2023
Chapitre 12 No.12
26/05/2023
Chapitre 13 No.13
26/05/2023
Chapitre 14 No.14
26/05/2023
Chapitre 15 No.15
26/05/2023
Chapitre 16 No.16
26/05/2023
Chapitre 17 No.17
26/05/2023
Chapitre 18 No.18
26/05/2023
Chapitre 19 No.19
26/05/2023
Chapitre 20 No.20
26/05/2023
Chapitre 21 No.21
26/05/2023
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