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Les histoires d'amour finissent mal

Les histoires d'amour finissent mal

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Chapitres

Samantha, une trentenaire lyonnaise, réalise que sa vie n’est pas aussi épanouie qu’elle le souhaite. Lorsqu’elle s’aperçoit que la relation avec l’homme qu’elle aime lui échappe, elle se laisse submerger par un flot intarissable d’émotions paradoxales, prête à craquer, dépassée et impuissante. Les nombreuses déconvenues et le retour inattendu de son premier amour la mettent face à une criante réalité. Peu à peu, la jeune femme glisse inexorablement vers les abysses. Elle doit trouver un moyen de s’en sortir, qu’importe lequel. À PROPOS DE L’AUTEURE Pour Sabrina Gayet, les mots ont la capacité de nous faire voyager et de nous faire vivre une autre vie en une fraction de seconde. Cette magie puissante l’a toujours portée pour la conduire finalement à l’écriture de Les histoires d’amour finissent mal.

Chapitre 1 No.1

Samantha ouvrit la porte à la volée, s’engouffra dans l’appartement et lança son trousseau de clefs dans le grand plat rond qui trônait sur la console de l’entrée.

Elle rangea sac, bottes à talons et manteau dans la penderie dissimulée par de nouveaux meubles intégrés subtilement lors de récents travaux, gérés par le brillant architecte d’intérieur Stéphane Poac, devenu un ami depuis la réalisation de ce projet.

D’une pression sur le bouton d’une télécommande, la jeune femme alluma instantanément plusieurs lampes d’ambiance, évitant ainsi la lumière directe et trop agressive des suspensions au plafond.

Elle vida ses poches et se dirigea dans la vaste pièce à vivre entièrement ouverte, dont les baies vitrées laissaient deviner, la nuit tombée, les illuminations de décembre dans les rues et le long du quai.

Posant son téléphone portable sur l’îlot de la cuisine, elle saisit un verre à vin et se servit un fond de Côte Rôtie tout en lançant une musique apaisante sur l’enceinte portable.

Enlevant la pince qui retenait prisonniers ses longs cheveux blonds, elle se laissa aller dans un des tabourets de bar à l’assise enveloppante qui faisait face au bar, au-dessus de l’îlot central.

Ainsi, appréciant les saveurs fruitées de son vin, elle s’affaissa quelques secondes sur le bar en soupirant.

Plusieurs minutes s’écoulèrent, nécessaires pour mettre de côté les aléas épuisants de sa journée. Elle laissa son esprit divaguer au gré des rythmes électroniques reposants qui s’enchaînaient sur la radio.

Après avoir vidé son verre, elle jeta un rapide coup d’œil à la gigantesque horloge romaine qui pendait ostentatoirement sur le mur du salon. Elle affichait vingt heures trente. Ian allait rentrer d’un instant à l’autre.

Lentement, elle se dirigea vers la salle de bain et prit une douche qui dura peu de temps. S’emmitouflant dans son épais peignoir, elle frissonna.

De retour dans le grand salon, elle éteignit certaines lampes et s’appuya contre le PVC immaculé de la grande fenêtre, observant la vie nocturne qui débutait à Lyon.

Son téléphone portable se mit à sonner, l’interrompant dans sa contemplation. Samantha s’arracha de la vue, regarda ce qui s’affichait sur l’écran de son smartphone et décrocha.

— Salut papa…

— Bonsoir Sammy ! Tu as passé une bonne journée ?

— On dira que oui, répondit Samantha avec un peu de lassitude.

La voix égale de son père avait pourtant quelque chose de rassurant et apaisant.

— Tu travailles beaucoup trop ! Vivement que les fêtes de Noël arrivent, tu viendras te changer les idées à la maison.

— Le réseau est tellement mauvais chez toi que la coupure est forcée ! lança la jeune femme en souriant. Mais en effet, j’ai hâte que l’on vienne te voir

— Ta sœur sera là le week-end précédant Noël. Avez-vous une idée de la date de votre arrivée ?

— Nous n’en avons pas encore parlé, avoua Samantha. Logiquement, nos congés sont validés, donc nous pouvons sans doute imaginer arriver le dimanche.

— Ce serait génial, je me réjouis de vous avoir tous ensemble ici… C’est désespérément vide…

La gorge de la grande blonde se noua. Son père évoquait parfois la vie sans sa femme – sa mère – décédée trois ans plus tôt, quelques semaines après les trente-deux ans de Samantha… Il supportait assez mal la vie de veuvage et se laissait parfois dépasser par des périodes moroses, voire dépressives.

Heureusement, il fréquentait encore quelques anciens cheminots, avec qui il avait travaillé toute sa vie. Ses collègues étant devenus des amis, ils continuèrent à se fréquenter une fois l’heure de la retraite arrivée.

Mais force était de constater que les divertissements ne suffisaient pas toujours.

Sarah, sa sœur cadette, habitait à moins d’une heure de route de Sancerre et pouvait aller le voir régulièrement. Samantha ne pouvait malheureusement pas se permettre d’en faire de même aussi souvent. Elle habitait à Lyon depuis de nombreuses années maintenant, toute sa vie se déroulait dorénavant au sein de cette zone très urbanisée…

— Nous serons là, ne t’en fais pas ! Tu en auras tellement marre au bout de quelques jours que tu nous supplieras de repartir !

Elle se mit à rire franchement, se remémorant des souvenirs précis.

— Nous verrons bien ! conclut son père.

La discussion dévia sur les occupations quotidiennes de Gilbert, ses sorties entre cheminots, ses après-midi hebdomadaires au bridge, ses visites diverses et variées, les dernières nouvelles des gens du pays…

La conversation prit rapidement fin, Gilbert annonçant que sa série télévisée allait commencer d’un instant à l’autre…

Samantha venait de poser son téléphone lorsqu’elle entendit le pêne de la porte claquer dans un bruit à peine perceptible, pourtant devenu très audible pour elle.

— Sam ? Tu es là ?

La voix grave mais chantante de Ian supplanta la musique d’ambiance.

— Oui !

Guidé par la voix de sa compagne, l’homme pénétra immédiatement dans la grande pièce de vie, jeta un sac de courses en travers du plan de travail, déposa une sacoche contenant son ordinateur portable – et sans doute des milliers de notes – dans un joli fauteuil de rotin sublimé par un coussin épais et moelleux, puis embrassa furtivement la jeune femme au coin des lèvres.

Sans plus de tendresse, il retourna du côté de la cuisine pour déballer ses emplettes et les ranger machinalement, avant d’ouvrir la porte du frigo et chercher ce qu’il allait bien pouvoir préparer pour le dîner.

Samantha assista à la scène, quotidienne et souvent identique, avec dépit.

Lorsqu’elle daignait regarder la situation telle qu’elle était vraiment, elle sentait qu’il lui manquait quelque chose…

Elle retourna dans la salle de bain afin de se sécher complètement, enfiler une tenue décontractée pour la soirée et enduire son visage d’une crème de nuit.

À son retour, une légère odeur exotique lui titilla les narines. Ian s’approcha d’elle, lui tendant le bout d’une cuillère en bois.

— Ton avis ?

La jeune femme goûta le plat qu’il était en train de réaliser.

— Ton curry de crevettes est toujours aussi bon !

Le sourire aux lèvres, l’homme satisfait retourna derrière sa plaque de cuisson. Samantha s’accouda au bar tout en leur servant deux verres de vin. Elle observa ensuite celui qui partageait sa vie depuis plus de sept ans. Les yeux verts de Ian étaient concentrés sur ses gestes, à peine dissimulés par les lunettes qu’il portait. Ses cheveux clairs étaient encore décoiffés, comme toujours ! Il partait le matin en ayant essayé tant bien que mal de les discipliner, mais ses incessants recoiffages tout au long de la journée désorganisaient irrémédiablement la chevelure rebelle.

Sa stature s’était dessinée avec le temps, transformant un jeune homme plutôt athlétique en homme presque quarantenaire bien bâti et toujours en excellente condition physique.

Elle se demanda intérieurement ce qui avait lentement effacé la magie des débuts. La routine s’était immiscée dans leur vie, leurs vies professionnelles prenantes accaparaient une énergie folle, et tout s’était lissé avec le temps…

Pourtant, elle aimait Ian. Elle se sentait bien avec lui, ils partageaient beaucoup de points communs et de centres d’intérêt, en avaient découvert également l’un avec l’autre, et par-dessus tout, ils se complétaient. Entre eux était née une certaine complicité et exclusivité, un petit monde parallèle dans lequel ils évoluaient quand bon leur semblait.

Mais ce petit monde semblait devenir un pays lointain, parfois.

Leur quotidien les enfermait, tandis qu’ils le subissaient.

— Et si on organisait une « soirée jeu » avant les fêtes ?

Ian leva le nez de sa plaque de cuisson, intrigué.

— Si tu veux… Tu as un souci ? Pourquoi cette envie subite ?

— J’ai l’impression qu’on s’enferme. Routine, boulot… On ne profite de rien, pas même de nos présences respectives… Depuis trois mois, on n’entend parler que de Noël, les illuminations fleurissent, la fête des Lumières nous est encore passée sous les yeux sans que l’on puisse y aller… On habite Lyon ! Et nous n’avons pas été capables de prendre une soirée pour voir tout cela… C’est affligeant.

Ian la regarda et sembla réfléchir à la question.

— Nous avons des jobs très prenants, des délais à tenir, des équipes à gérer… Je dois sans cesse avoir les yeux sur l’agence de Lyon et celle de Genève, je suis souvent en Suisse. Ce sont des responsabilités…

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