Son grand-père s'attendait-il à mourir ? Pourquoi cette lettre si énigmatique ? Que contient ce coffret qui pourrait mettre en danger ceux qui connaissent son existence ? Et qui est donc cette étrange inconnue ? Tant de questions qui taraudent l'esprit d'Anna, une jeune étudiante. Les réponses qu'elle cherche la mèneront, ainsi que ses amis, au cœur d'une incroyable aventure. Entre archanges, démons et autres créatures terrifiantes, laissez-vous guider au sein de cette épopée où se mêlent danger et romance. À PROPOS DE L'AUTEUR Mickaël Jouve a toujours été passionné par les récits d'action et d'aventure. Prenant du plaisir à s'inventer des histoires, le premier confinement lui offre l'occasion de s'investir davantage dans l'écriture. Il nous livre ainsi le premier tome de la saga intitulée La guerre éternelle.
Voilà une semaine que les vacances avaient commencé pour Anna et il était temps, s'était-elle dit en achevant son dernier examen. Cette année de faculté avait été longue et difficile mais elle s'en était plutôt pas mal sortie et les longues vacances d'été venaient récompenser ses longs mois de dur labeur. Elle allait enfin pouvoir revoir sa famille et ses amis. Malheureusement, toutes les histoires ne commencent pas bien et pendant qu'Anna achevait ce dernier examen, son grand-père, lui, s'éteignait dans son sommeil. Ce fut sa dernière sieste.
Anna était triste de ne pas avoir revu son grand-père avant sa mort, elle était très proche de lui et l'avait un peu perdu de vue ces dernières années à cause de ses études. Leur dernière conversation, elle s'en souvenait, c'était à Noël. Il lui demandait comment se passaient ses études, si elle avait un petit copain, les interrogations habituelles d'un vieil homme. Elle aurait préféré le revoir mais elle n'avait pas pu rentrer depuis les fêtes. Et après des mois d'absences, elle revenait enfin chez elle et lui en était parti. Les larmes lui venaient à ces pensées, quand le réveil se mit à sonner. Foutu réveil, pensa-t-elle, déjà huit heures, il fallait se lever mais elle n'y arrivait pas. Elle n'en avait ni la force ni l'envie. Surtout en pensant à la journée qui l'attendait, enterrement puis repas avec la famille afin de rendre un dernier hommage à son aïeul.
- Anna ? Lève-toi, j'entends ton réveil, lui cria sa mère.
Elle se résolut à se lever, à contrecœur, et descendit dans la cuisine. La pièce était lumineuse et elle mit une à deux minutes à s'accommoder tandis que sa mère lui servait son petit déjeuner. Elle s'installa à la grande table en bois au milieu de la pièce, en face de sa mère qui était déjà habillée pour l'occasion.
- Je sais que c'est dur mais mange un petit peu et prépare-toi, il ne faudrait pas que l'on arrive en retard aux funérailles de ton grand-père Fernand.
- Oui, maman, lui répondit-elle, où sont papa et Will ?
- Ton père et ton petit frère sont en train de finir de se préparer là-haut.
Anna but rapidement un café et mangea la moitié d'un croissant sous les ordres de sa mère et remonta se préparer. Après un brossage de dents, de cheveux et une pointe sobre de maquillage, elle retourna dans sa chambre enfiler sa tenue pour l'enterrement et redescendit retrouver sa famille qui l'attendait en bas.
- Tu es magnifique, ma chérie, lui dit sa mère quand elle descendit la dizaine de marches qui menait à l'étage de la maison.
- Merci, maman, lui rétorqua-t-elle sans trop d'enthousiasme.
Elle avait laissé ses longs cheveux noirs détachés, mis un peu de mascara pour faire ressortir ses jolis yeux marrons, mis simplement une pointe de rouge à lèvres, rien de bien exceptionnel mais sa mère la trouvait tout de même magnifique. Les mères ne sont pas toujours objectives. Tous étaient prêts, son petit frère, qui la dépassait déjà d'une tête alors qu'il n'avait que quatorze ans et elle vingt, était habillé comme leur père avec un costume noir, chemise blanche et cravate noire. Sa mère était, elle, en tailleur noir et avait coiffé ses cheveux en chignon. Tous s'installèrent dans la voiture. Anna conduisait, elle avait décroché son permis de conduire l'année passée mais n'avait quasiment pas retouché un volant depuis, les transports en commun étant plus pratiques que la voiture à Paris. Sa mère s'installa à côté afin de la surveiller et de la rassurer tandis que son père et son petit frère montèrent à l'arrière. Le voyage jusqu'au cimetière se fit en silence et sur place, tout le monde était déjà présent. Il y avait son oncle paternel, récemment divorcé avec ses deux garçons, sa grande tante et quelques amis de son regretté grand-père. Sa grand-mère paternelle était décédée des années auparavant et il était donc venu pour lui le moment de la rejoindre. Après des bonjours larmoyants, tout le monde prit place et les funérailles commencèrent. Anna fixa la tombe où était gravé « Fernand Ludovic Moreau, 20 avril 1935 – 6 juin 2019, père et mari aimant » durant la quasi-totalité de la cérémonie.
Durant l'office, son père ainsi que son oncle prirent la parole pour rendre un dernier hommage à leur père et cet enterrement s'acheva avec un dépôt de fleurs sur le cercueil. Anna était entre son petit frère et sa mère et quand vient son tour, elle s'arrêta quelques secondes pour regarder le cercueil dans ce trou qui devient la dernière demeure de son regretté grand-père qu'elle aimait tant. Elle y lança sa rose blanche tandis que les larmes lui montaient aux yeux et attendit d'être un peu éloignée pour éclater en sanglots.
Le reste de la journée fut fort pénible et long pour elle, il y eut tout d'abord le déjeuner avec toute la famille où chacun se remémorait les bons moments passés avec papi Fernand, certaines histoires étaient très récentes, lui rappelant qu'elle ne l'avait pas vu depuis des mois et comme si tout ceci ne suffisait pas, le notaire avait choisi ce moment opportun pour les convoquer pour l'héritage. Elle dut raconter de nombreuses fois sa vie d'étudiante dans la capitale car, comme pour son grand-père, les membres de la famille présents ne l'avaient pas revue depuis les fêtes. Il y avait toujours les mêmes questions qui tournaient en boucle, « Comment se passent tes études ? », « La vie dans la capitale se passe bien ? », « Arrives-tu à te faire des amis ? » et la classique « Est-ce que tu as un petit copain ? ». Elle avait tellement de fois répondu à ces questions durant le repas qu'elle avait fini par connaître par cœur le speech qu'elle prononçait à chaque fois. Le repas se termina enfin et, petit à petit, les convives partirent les uns après les autres. Il était plus que temps, se disait-elle, cette journée et surtout le repas lui avaient paru interminables. Après avoir tout rangé et mis en marche le lave-vaisselle, Anna alla se coucher tandis que le reste de sa famille regardait un film à la télévision.
La semaine entre l'enterrement et le rendez-vous chez le notaire ne fut guère remplie, elle occupa le plus clair de son temps à regarder des séries sur son ordinateur, répondre à ses amies de faculté qui lui demandaient comment c'était passé la cérémonie et donner quelques nouvelles à ses amies d'enfance. Comme ses deux meilleures amies, Elsa et Janie, n'étaient pas encore revenues, elle resta cloîtrée pendant une semaine dans sa chambre.
Le jour fatidique du rendez-vous chez le notaire Maître Albertazzi arriva, elle s'y rendit avec sa famille. Ils retrouvèrent l'oncle Ludovic qui était venu seul, alors qu'eux avaient fait le déplacement en famille, le notaire ayant demandé, à la surprise générale, à ce qu'Anna soit présente. Ils attendirent un bon quart d'heure, dans la salle d'attente, les sièges étaient très confortables, et au centre se trouvait une magnifique table en verre avec nombre de magazines. Sa mère eut le temps de lire la moitié d'un, tandis qu'elle préférait rester sur son téléphone. Son père, son frère et son oncle, quant à eux, discutaient entre eux. La secrétaire, une magnifique jeune fille brune qui devait être à peine plus âgée qu'elle, vint les chercher et les escorta jusqu'au bureau du notaire. Il les reçut dans une immense pièce, entre les grandes fenêtres se trouvaient des statues, il y avait beaucoup de luminosité avec ce magnifique soleil de la fin du mois de juin, ainsi que des tableaux d'art moderne sur les murs, certains étaient très laids pour elle, mais elle n'était pas très connaisseuse. Ils devaient peut-être valoir une fortune. Âgé d'une petite soixantaine, Maître Albertazzi devait bien gagner sa vie. Il était aussi grand que son père et seuls quelques cheveux poivre et sel parcouraient encore les côtés de son crâne.
- Bonjour messieurs dames, installez-vous, dit-il en se levant et en leur indiquant les sièges devant son bureau, vous êtes la famille Moreau. Successeur du regretté Fernand Ludovic Moreau ?
- Exactement, répondit son père.
- Messieurs Benoit et Ludovic Moreau, comme vous le savez, à la demande de votre père, sa demeure va être vendue ainsi que la plupart de ses biens et l'argent de la vente sera partagé entre vous deux.
- Oui, notre père nous avait prévenus à la mort de notre mère que le jour où il partirait à son tour, la plupart de ses biens seraient vendus, répondit l'oncle.
- Très bien, cependant votre père m'a laissé quelques directives, tous ses petits enfants vont recevoir un peu d'argent laissé sur différents comptes, ils en auront la jouissance à partir de leur vingt et unième anniversaire.
Il mit quelques secondes à retrouver le papier en question, il avait tellement de dossiers sur son bureau et semblait aussi organisé qu'Anna ! Il prit ses lunettes soigneusement rangées dans la poche de veste de son costume gris. Les parents d'Anna, ainsi que son oncle, furent agréablement surpris du montant de la somme léguée à chacun de leurs enfants. Fernand les aimait beaucoup et leur léguait de quoi bien démarrer dans la vie alors qu'il aurait pu en profiter un maximum de son vivant. Le notaire continua d'exposer l'ensemble des volontés du grand-père puis s'adressa à elle.
- Ton grand-père avait une dernière chose à te donner mais pour te la remettre j'ai besoin de te voir en privé, ta famille va devoir attendre dehors.
- D'accord, répondit Anna surprise.
La famille étonnée sortit du bureau, le notaire avait demandé qu'elle soit présente, mais personne ne s'attendait à ce que ce soit si secret. Qu'allait-il donc lui dire ? Et qu'est-ce que son grand-père avait décidé qui nécessitait une telle confidentialité ?
- Voilà, comme tu as vingt ans, donc majeure, ton grand-père m'a demandé explicitement de te remettre ceci en main propre et discrètement.
Il lui tendit une grande enveloppe blanche avec juste son prénom inscrit dessus. Elle reconnut son écriture. En prenant l'enveloppe, elle sentit quelque chose de dur, ce n'était pas qu'une lettre. Il y avait quelque chose en plus à l'intérieur mais quoi qui justifiait cette confidentialité ?
- C'est tout ? Tout ce secret, juste pour une lettre ! dit-elle méprisante, c'était fortement exagéré !
- C'est peut-être un peu extrême mais ton grand-père y tenait. Il serait d'ailleurs préférable que tu l'ouvres chez toi et que tu n'en parles pas à ta famille. Tu dois sûrement l'ignorer mais ton regretté grand-père et moi-même étions de vieux amis.
- Pourquoi n'étiez-vous pas à l'enterrement dans ce cas ? demanda-t-elle un peu agressive.
- C'est compliqué, cela aurait été un risque pour moi et ta famille, je pense que ton grand-père t'explique ceci dans son message.
Ces dernières phrases décontenancèrent au plus haut point Anna, qui trouvait cela de plus en plus absurde. Être aussi secret pour une simple lettre était déjà bizarre et légèrement extrême mais alors comment venir à l'enterrement d'un ami aurait pu mettre en danger sa famille et cet homme ?
Elle accepta tout de même de jouer le jeu pour son grand-père, cacha la missive dans son sac à main, se leva et quitta le bureau du notaire. Sa famille l'attendait dans le couloir.
- Alors que te voulait-il ? lui demanda sa mère.
Elle ne savait pas trop quoi répondre et détestait mentir en général mais là elle n'avait pas vraiment le choix.
- Rien... Il m'a juste fait signer quelques papiers.
C'était assez crédible heureusement, ses parents ne cherchèrent pas à en savoir plus : tant mieux. Une fois rentrée, Anna alla cacher la lettre dans sa chambre pour l'ouvrir plus tard, quand tous seraient couchés. Une peu plus tard, elle reçut un message d'Adrien, son meilleur ami qui après le baccalauréat était en faculté dans la région tandis qu'elle était partie à l'autre bout de la France. Il venait de terminer son année et, ayant appris qu'elle était rentrée à Grenoble, il voulait absolument la revoir. Ils discutèrent une bonne partie de la soirée avant de se donner rendez-vous le lendemain. Après le dîner, elle remonta dans sa chambre, ferma le loquet de sa porte, alluma son ordinateur qu'elle posa sur une petite table à côté de son lit, s'emmitoufla dans sa couverture pour regarder sa série sur des vampires. Elle affectionnait ce genre de série qui mêlait créatures fantastiques, romances et mystères. Elle jalousait aussi l'héroïne de sa série à qui il arrivait de nombreuses aventures aux côtés de beaux garçons prêts à tout pour la défendre. Cette jeune fille avait une vie trépidante et dangereuse alors qu'elle, elle était célibataire et sa seule aventure était ses voyages en train entre Grenoble et Paris pour ses études. Elle s'imaginait quelques fois, lors de ses longs trajets, vivre des aventures comme ça, où elle rencontrerait un beau jeune homme avec un lourd secret qui lui ferait vivre moult aventures ainsi qu'une romance que l'on ne voit que dans les films ou les livres. Mais elle revenait rapidement à la réalité car la magie, les êtres surnaturels n'existaient pas dans la vraie vie. Plusieurs épisodes défilèrent et, luttant contre le sommeil, elle finit par s'endormir. Elle se réveilla au milieu de la nuit, regarda son réveil :presque deux heures du matin, elle éteignit son ordinateur et allait se rendormir quand elle se rappela qu'elle avait oublié la lettre. Zut ! se dit-elle, elle devait l'ouvrir, découvrir ce que son grand-père lui avait légué. Elle alluma la petite lampe de sa tête de lit, sortit la missive de sa cachette et l'ouvrit aussitôt. Elle contenait une clé en argent avec un bout en forme de pic et une lettre manuscrite. Elle lut cette dernière :
Ma très chère Anna,
Si tu lis cette lettre, c'est que je suis parti avant que l'on ait eu l'occasion de se revoir une dernière fois et j'en suis désolé. Bien que le moment soit venu pour moi de rejoindre ta grand-mère, je voudrais que tu saches que j'ai toujours été incroyablement fier de ma petite fille.
Elle arrêta la lecture les larmes aux yeux et mit quelques minutes à calmer ses spasmes avant de reprendre.
C'est donc sans regret que je m'en vais la rejoindre car j'ai eu la chance de voir une personne aussi formidable que toi grandir. Tu es devenue une personne charmante, courageuse, intelligente, généreuse et je pourrai continuer ainsi pendant encore plusieurs pages. C'est en voyant l'exceptionnelle jeune femme que tu es devenue que j'ai décidé de te confier le plus grand secret de ma vie. Il s'agit de l'héritage familial le plus important transmis de génération en génération seulement à certains membres de notre famille. Je l'ai moi-même reçu de mon arrière-grand-père quelques mois avant sa mort. Je regrette de ne pouvoir te le confier en main propre, c'est pourquoi je t'explique tout ceci dans cette lettre et que je l'ai confié à un de mes plus vieux amis au courant de ce secret : Emilio Albertazzi.
Anna relut plusieurs fois ce passage. Elle se demandait certes ce que pouvait bien être ce secret mais quelque chose d'autre l'ennuyait. Pourquoi avoir écrit cette lettre et la donner à un de ses amis ? C'était comme s'il s'attendait à mourir. Était-il malade ? Pourtant le rapport du décès annonçait une crise cardiaque. Quelque chose ne collait pas. Sa curiosité reprit le dessus et elle continua la lecture.
Il est maintenant temps que je t'explique ce qu'il en est et en quoi, il s'agit de l'héritage le plus important de notre famille. Depuis maintenant plus d'un demi-siècle, je mène une double vie. Deux vies qui ont été chargées d'aventures et d'émotions. La première, de loin ma préférée, est celle que tu connais et dont tu fais partie. Elle m'a apporté énormément de joie et d'amour auprès de ta grand-mère, me donnant deux magnifiques enfants qui ont à leur tour fait mon bonheur en m'accordant le privilège d'avoir des petits enfants. La seconde est celle que j'ai cachée du mieux que j'ai pu et que mon métier m'a permis de garder secrète. En effet, comme tu le sais sûrement, pendant l'enfance de ton père et de ton oncle, j'étais souvent en voyage afin de répondre au mieux aux attentes de cette deuxième vie que je suis sur le point de te confier et qui sera la tienne dès lors. Je te conseille, te le demande même, de la garder secrète pour tout le monde, même pour la famille. Surtout pour la famille. Car toute personne ayant connaissance de ce secret est potentiellement en danger. Je sais que je t'en demande beaucoup, ainsi que de mentir à bon nombre de personnes alors que tu ne supportes pas ça, pourtant je sais que tu en seras capable. C'est pourquoi je t'ai choisie pour poursuivre mon œuvre.
Que pouvait être cette deuxième vie que son grand-père lui léguait ? Au début, elle avait imaginé plusieurs scénarios : une autre famille. Mais le fait qu'il lui léguait cette vie enlevait cette possibilité. Ce qui la décontenançait le plus était le secret de cette vie qui mettrait en danger quiconque au courant. Alors pourquoi son grand-père lui en parlait-il, serait-elle, elle aussi, en danger ? Elle voulait savoir et redoutait un peu cet avertissement, mais encore une fois la curiosité fut plus forte.
Je te demande donc de te rendre au plus vite dans ma maison, à la cave pour être précis. En cherchant bien, tu découvriras un coffret dissimulé. Tu verras il est doré et gravé de plusieurs petits personnages. Je pense que tu le reconnaîtras en le trouvant. Il n'existe qu'une seule et unique clé, que tu possèdes à présent. Je te demande donc de récupérer ce coffret, de le cacher et de ne surtout pas l'ouvrir !
L'avenir du monde en dépend, je compte sur toi. Conserve la clé avec toi en toute occasion ; fais bien attention de ne pas la perdre. Je ne te donne pas trop d'informations pour ne pas trop en révéler dans cette lettre. Je ne puis m'assurer que tu sois la seule à la lire mais tu auras très prochainement toutes les informations nécessaires pour comprendre au mieux cette mission. Cette tâche et cette seconde vie qui fut la mienne pendant si longtemps sont à présent à toi, jusqu'à ce que tu la confies à la personne en qui tu auras le plus confiance pour reprendre le flambeau lorsque ta vie s'achèvera.
Merci pour tous les sacrifices que tu devras faire. J'espère que tu auras la vie dont tu as toujours rêvé et n'oublie jamais que ton grand-père t'aime fort et qu'il a toujours et sera toujours très fier de toi.
Ton papi qui t'aime
Elle relut cette lettre plusieurs fois, jusqu'à quasiment la connaître par cœur, accrocha ensuite la clé à son collier et alla se coucher.
Ce fut une nuit très agitée, elle ne dormit quasiment pas. Trop de questions tournaient dans sa tête : que contenait ce coffret qui menaçait et pouvait mettre en danger le monde ? Quelle œuvre devait-elle poursuivre ? Quelles informations allait-elle recevoir ? Quelle était cette deuxième vie de son grand-père ? Il la lui léguait sans même lui dire ce qu'il en était réellement. Était-ce cette vie qui lui avait coûté la sienne ? Ça expliquerait la lettre mais il y avait aussi ce coffret qu'il lui léguait. Est-ce qu'elle se montrerait digne de la mission que lui avait confiée son grand-père ? Comment arriver à garder tout ceci secret ? Elle qui ne cachait rien à ses deux meilleures amies, Elsa et Janie. Que se passerait-il si ses parents venaient à être au courant ? Tant de questions qui restaient sans réponses. Elle commença alors à imaginer de folles histoires, vivait-elle le début d'une aventure digne des séries qu'elle affectionnait tant ?
Après une courte nuit et des questions plein la tête, elle se dirigea chez son grand-père. Elle était décidée à mener à bien cette mission : récupérer ce coffret, le cacher, dissimuler aussi la lettre pour que sa famille ne puisse la lire. Elle avait pensé tout d'abord à la brûler mais ne pouvait se résoudre à détruire les derniers mots de son grand-père. Sa famille respectait assez son intimité pour ne pas fouiller sa chambre, la lettre ne risquait rien. Ce qui l'ennuyait le plus, c'était le coffret. Elle devait le cacher mais où ? Elle espérait qu'il serait assez petit afin de le dissimuler facilement.
En chemin, un jeune homme souriant vint à sa rencontre, grand, les cheveux noirs en bataille un visage carré derrière des lunettes de soleil.
- Anna ? J'ai cru que tu m'avais oublié, j'allais t'envoyer un message, lui dit-il.
- Adrien, oh désolée.
La missive de la veille lui avait fait complètement oublier qu'elle devait le voir aujourd'hui et elle ne pouvait pas lui demander de partir comme ça ne s'étant pas vu depuis l'été dernier mais elle devait absolument récupérer ce coffret. Une seule solution s'offrait à elle, mentir à Adrien.
- Écoute, j'ai un léger contretemps ma mère veut que j'aille récupérer des affaires chez mon grand-père, on peut se voir après si tu veux ?
- C'est pas un problème, je vais te donner un coup de main, on ira plus vite comme ça, de toute façon je n'ai rien d'autre à faire et tu ne vas pas tout porter toute seule.
Adrien avait toujours été très serviable avec elle. Pour beaucoup, surtout ses deux amies, il était amoureux d'elle mais, elle le considérait comme un ami, un frère. Elle devait aller seule chez son grand-père, tant pis pour Adrien, c'était la mission qui lui avait été confiée. Elle se surprit elle-même, à prendre cela autant à cœur, elle était une James Bond girl qui ne devait faire confiance à personne !
- Non, je ne veux pas te déranger, j'en ai pour 15 à 20 minutes ce n'est pas grand-chose.
- Ça ne me dérange pas, comme je te l'ai dit, je n'ai rien de mieux à faire.
Maudit Adrien ! il n'allait pas la lâcher. Elle accepta son aide à contrecœur car elle savait qu'elle n'arriverait pas à se débarrasser de son ami et puis si le coffret était caché dans la maison, ils le trouveraient plus vite à deux. Il était fermé à clé donc aucun risque qu'Adrien l'ouvre. Ils partirent donc tous deux en direction de la maison et profitèrent du chemin pour discuter : comment se passaient leurs études, lui racontant sa vie ici et elle sa vie dans la capitale. Ses petites soirées avec ses amies de faculté dans un bar qu'elles affectionnaient beaucoup près de la Seine. Après une dizaine de minutes de marche, ils arrivèrent devant le portail noir de la maison. Derrière se trouvait une allée pavée qui menait au garage et un petit escalier le long du mur de la maison se terminait à la porte d'entrée. Elle ouvrit le portail avec les clés qu'elle avait subtilisées à son père le matin même et ils entrèrent. Le long de l'allée était jonché de fleurs multicolores où des abeilles venaient en nombre butiner. Elle adorait cette allée à cette époque de l'année : voir toutes ces fleurs illuminer le jardin comme un arc-en-ciel et tous ces petits insectes qui en faisaient un lieu de vie très animé. Durant des années, quand elle venait chez son défunt grand-père, elle contemplait toutes ces petites créatures qui virevoltaient de-ci de-là et qui faisaient vivre cet endroit telle une minuscule ville. De nombreuses fourmis parcouraient la terre à la recherche de nourriture pour passer l'hiver, de nombreux papillons de toutes les couleurs, de bourdons, des abeilles ou encore de guêpes arboraient les airs et tournoyaient autour d'eux. Elle se méfiait de ces dernières. Quand elle était petite, elle s'était fait piquer et son grand-père avait fait disparaître la douleur comme par magie. Il s'agissait plutôt d'un remède de grand-mère, mais pour les yeux d'une petite fille qui croyait au fantastique, la magie était plus poétique.
Ils pénétrèrent dans la maison, l'intérieur était lugubre, la décoration, les meubles, rien n'avait changé mais l'absence de son grand-père modifiait l'atmosphère. Elle avait l'impression de venir pour la toute première fois.
- Je dois récupérer un truc à la cave, dit-elle.
- Allons-y dans ce cas.
Adrien passa devant et commença à traverser le couloir devant eux. Il connaissait la maison aussi bien qu'Anna car il venait très souvent jouer ici étant petit. Le nombre d'après-midis à jouer à cache-cache dedans ou dans le jardin, ils avaient passé des moments merveilleux puis ils avaient grandi, ils avaient changé.
Les après-midis ne se passaient plus chez ses grands-parents. Bien sûr, elle continuait à venir les voir et un peu plus souvent après le décès de sa grand-mère. Et il y a deux ans, ses études les avaient quelque peu éloignés et aujourd'hui, la mort les avait même séparés.
Elle suivit son ami dans le couloir et regarda les différents cadres posés sur les meubles. Il y avait des photographies d'elle, de son frère et de ses cousins quand ils étaient bébés, puis enfants, quand ils venaient les dimanches. Il y en avait quelques-unes représentant des dîners de famille, son père, sa mère, son frère, son oncle, sa tante, aujourd'hui divorcés, leurs enfants, ses grands-parents et elle. Il y en avait même d'elle et ses amis, tous avaient énormément changé avec les années. Anna était devenue une jeune femme, elle avait conservé ses longs cheveux noirs lisses qu'elle laissait détachés, était devenue très féminine, ce qui attirait beaucoup le regard des garçons. Adrien aussi avait beaucoup changé, il avait toujours ses beaux yeux bleus et ses cheveux en bataille, il était grand et séduisant.
Il y avait aussi plusieurs photographies d'elle et de son grand-père, au fil des années. Elle voyait leurs différentes transformations. Lui ne changeait pas beaucoup : cheveux et moustache blanche, yeux marron dissimulés derrière des petites lunettes rondes et ses fameuses chemises à carreaux ! Il en avait de toutes les couleurs.
Elle regarda la dernière photo prise l'année dernière. Ils étaient souriants et heureux après un de ces après-midis où ils discutaient de tout et de rien, où ils philosophaient sur le monde, elle lui racontait ses séries de vampires. Ils regardaient des films et en discutaient ensuite et pouvaient philosopher pendant des heures !
Elle trouvait son grand-père cultivé et il remarquait toujours des choses qu'elle n'avait pas vues. Il allait à coup sûr beaucoup lui manquer mais ce n'était pas le moment de s'émouvoir, elle avait une mission. Ils arrivèrent à une porte, descendirent l'escalier qui menait dans l'obscurité de la cave, en bas, elle alluma la lumière et Adrien se tourna vers elle.
- Alors qu'est-ce qu'on doit chercher ?
- Un coffret doré avec des gravures de personnages dessus.
- Tu n'as pas plus d'informations ?
- Non désolée.
- Bon, mettons-nous au travail ça risque de nous prendre un moment de le trouver dans ce fouillis !
Adrien avait raison. Elle avait complètement oublié toute cette accumulation d'objets hétéroclites posés çà et là, et vu la taille de la cave, ils allaient mettre très longtemps pour trouver ce coffret. La cave occupait une bonne partie de la maison, il y avait un stock de bouteilles de vin sur un pan de mur et des rayons sur lesquels étaient entassés d'innombrables d'objets sur les autres. C'était sûrement la technique que son grand-père avait trouvée pour cacher au mieux le coffret afin que personne ne puisse tomber dessus par hasard. Elle s'était toujours demandé pourquoi son grand-père entassait tout ce bric-à-brac dans cette cave et maintenant elle avait la réponse, ils allaient mettre des heures pour retrouver ce coffre ! Ils commencèrent à chercher, il y avait de tout sur ces fichus rayons, ses vieux jouets d'enfance, des robots ménagers en fin de vie, des anciens habits démodés des articles d'un autre temps. Après un après-midi de recherche, à déplacer, à tousser à cause de la poussière accumulée, à s'effrayer d'une araignée qui avait élu domicile au milieu d'un tas de vieux objets, Adrien finit par le trouver. Il s'agissait d'un coffret doré d'une cinquantaine de centimètres de diamètre sur le couvercle duquel se trouvaient gravés deux personnages. C'était d'une grande précision, on discernait l'ensemble de leurs traits. L'un possédait des ailes d'oiseau avec une magnifique armure gravée de symboles qu'elle ne connaissait pas, quant à l'autre, il était beaucoup plus repoussant. Il avait des ailes de chauves-souris dans le dos, une longue queue s'achevant d'un pic et des cornes sur la tête. Son armure était parsemée de pics. Il avait l'air très hostile tandis que l'autre avec ses ailes d'oiseau semblait plus sympathique : il ressemblait plus à un protecteur. Pour elle, les deux personnages étaient une représentation d'un ange et d'un démon et ils se faisaient face. Le coffret était aussi décoré de pierres précieuses : les yeux de l'ange étaient en fait deux diamants alors que ceux du démon deux rubis. Ce coffre devait à lui seul valoir une petite fortune ! Adrien essaya de l'ouvrir mais comme il était verrouillé, il le regarda d'un peu plus près et vit une serrure dissimulée sous un petit rectangle doré qui pivotait. Ce dernier était décoré de deux épées s'entrecroisant. Elles étaient gravées de telle sorte qu'on pourrait croire que l'une étincelait tandis que l'autre brûlait.
- Tu as la clé ? demanda-t-il.
- Non, mentit-elle, mais je vais l'amener à ma mère qui doit l'avoir.
Anna récupéra le coffret et le rangea dans son sac, ils quittèrent ensuite la maison, elle profita de son passage dans le couloir pour récupérer la dernière photo d'elle et de son aïeul. En refermant la porte, elle espérait que ce ne serait pas la dernière fois. Qu'elle aurait l'occasion d'y retourner avant la vente afin de profiter une dernière fois de cette maison qui avait bercé une bonne partie de son enfance et que cette visite éclair, hormis celle de la cave, ne soit pas l'épisode final de ce chapitre de sa vie. Ils allèrent prendre un thé dans un café du coin, afin de discuter et finirent par rentrer chacun de leur côté.
Chapitre 1 Le secret de grand-père
19/04/2023
Chapitre 2 Une étrange inconnue
19/04/2023
Chapitre 3 Des révélations inattendues
19/04/2023
Chapitre 4 Une nouvelle menace
19/04/2023
Chapitre 5 Le Déchu
19/04/2023
Chapitre 6 Des vérités ou ses vérités
19/04/2023
Chapitre 7 Sur la piste du...
19/04/2023
Chapitre 8 second sceau
19/04/2023
Chapitre 9 Elle
19/04/2023
Chapitre 10 Une nouvelle mission
19/04/2023
Chapitre 11 Albertazzi
19/04/2023
Chapitre 12 Les membres de Lifaël
19/04/2023
Chapitre 13 Les artefacts
19/04/2023
Chapitre 14 Les Enfers
19/04/2023
Chapitre 15 Le château infernal
19/04/2023
Chapitre 16 Les deux frères
19/04/2023
Chapitre 17 La Singularité
19/04/2023
Chapitre 18 Le royaume des Cieux
19/04/2023
Chapitre 19 Le jugement d'un père
19/04/2023
Chapitre 20 Le septième sceau
19/04/2023
Chapitre 21 L'arme ultime
19/04/2023
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