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Assume Tonya !

Assume Tonya !

Tiya

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« Il faut que tu lui parles ! J'ai vraiment peur pour elle. Je ne sais pas pourquoi, mais ces derniers jours, j'ai un mauvais présentiment la concernant. J'ai peur qu'il lui arrive quelque chose. - ça va aller, tentai-je de la rassurer. » Je me levai de mon siège, contournai mon bureau pour aller la prendre dans mes bras et essayer de la réconforter. « Roland, j'ai tellement peur ! répéta-t-elle en sanglotant. » J'étais dans la même situation qu'elle. Je m'inquiétais également pour Tonya mais je ne pouvais pas le lui dire. Pas après l'avoir entendu exposer ses craintes et ses présentiments. En règle générale, elle ne se trompe jamais, surtout lorsqu'il s'agissait de Tonya. Elle avait et à toujours la capacité de sentir quand Tonya va avoir d'énormes problèmes et bien souvent, elle tentait d'avertir Tonya, ou passait directement me voir pour que je l'aide à trouver une solution, comme aujourd'hui. Bien qu'elle soit sortie du ventre de leur mère quelques minutes après Tonya, c'est toujours elle qui veille. « Cette fois, c'est différent. C'est vraiment grave. Je le sais, je le sens. Je ne sais pas dans quel bourbier elle est encore partie se fourrer et cette fois, elle ne veut pas m'en parler et je ne sais vraiment plus quoi faire. » Ses sanglots montaient en intensité pour devenir un torrent de larmes, et je continuais autant que je le pouvais à lui donner des paroles de réconfort. Je devais avouer que je n'étais moi-même pas convaincu de ce que je lui disais. Nous connaissions tous Tonya parfaitement et s'il y avait bien une activité dans laquelle elle excellait, c'était celle de se fourrer dans les embrouilles plus tordues les unes que les autres sans jamais prendre en compte les remarques, les considérations et les leçons que pouvait entraîner une situation. « Je vais lui parler. Ça va aller, t'en fais pas. - Je sais que tu es énormément pris mais, est-ce que tu pourrais le faire aujourd'hui. - Je vais même le faire tout de suite. » Je voyais le soulagement se dessiner sur son visage et pour cause ; avec moi Tonya n'avait jamais de filtre. Elle se sentait obligée de me dire tout, absolument tout la concernant, comme on confirait tout à son meilleur ami, quitte à m'irriter. J'ai fini par m'en accommoder et à apprendre à me détacher de ce qu'elle pouvait faire pour ne voir que ce qu'elle était. Je m'approchai de mon bureau et m'emparai du combiné téléphonique quand le portable de Maddy se mit à sonner. « Allo ? Oui c'est moi ? Quoi ? Oh Mon Dieu ! Oh mon Dieu ! - Ok, j'arrive ! J'arrive ! - Qu'est-ce qu'il se passe, lui demandais-je alors qu'elle retirait l'appareil de son oreille. - Tonya est à l'hôpital, elle a été tabassée et laissée pour morte. » Oh, c'est pas vrai...

Chapitre 1 Chapitre 01

Chapitre I :

« Je vais prendre le sac, non acheter la paire de chaussures, non prendre le sac. Rohh mince, je ne sais pas lequel choisir. »

J'étais en plein dilemme devant le site internet que j'étais en train de consulter. J'hésitais entre une paire de Louboutin et un petit sac Chanel tout mignon. Rien d'extravagant. J'aurais bien aimé avoir les deux mais Marco ne m'avait pas donné assez. C'était soit l'un soit l'autre. Je n'avais pas forcément envie de discuter avec lui, ni même de l'amadouer pour m'assurer d'avoir les deux. Résultat, je me retrouvais en plein dilemme. J'avais l'impression que l'un ne pouvait pas aller sans l'autre. Portés avec une petite robe noir fleuri, j'allais tout simplement être sublime.

Il me fallait peut-être revoir ma position, quant à Marco.

J'essayais de ne plus trop le solliciter car j'estimais être arrivée au bout de notre relation. Il devenait de plus en plus collant, m'appelait à des heures indues pour un oui ou pour un non et la gouttes d'eau a été son attitude lorsqu'il m'a surpris avec Ash. Un vieil ami de longue date que je n'avais pas revu depuis au moins trois ans. Il était rentré dans une colère noire et m'avait offert une scène dont je n'oublierai jamais la honte. Pourtant, il était supposé être marié. A croire que ça ne représentait réellement rien pour lui, et pour tous les hommes de son espèce.

« Tu vas prendre quoi ? me demandait Angie.

- Je ne sais pas encore.

- J'aurais pris les chaussures.

- Tu prends toujours les chaussures.

- Oui, parce qu'il n'y a que ça de vrai. Peu importe ce que tu as sur toi, si tu as une belle paire de chaussures, elle saura rehausser ta tenue et mettre tout le monde à tes pieds.

- Han, et comment avec ta théorie à deux balles, t'arrives pas à faire plier ton mari ? lui rétorquais-je le sourire aux lèvres

- Parce que c'est un homo refoulé qui déteste tout ce qui lui rappelle ce qu'il est réellement ! »

On éclatait de rire devant sa réplique. Elle était pas mal je devais l'avouer.

Je passais tout mon temps à dire que Charlie, son mari, était un homosexuel refoulé parce que j'avais essayé de le draguer et qu'il m'avait envoyé valser sur les roses comme si j'étais une pestiférée.

« D'ailleurs, vous en êtes où ? Tu me disais il y a quelques jours que vous vous revoyais, c'est donc sur la bonne voie pour redémarrer ?

- Pas vraiment, répondit-elle en détournant le regard. On est doucement, mais sûrement en train de prendre la voie du divorce.

- T'es sérieuse ? Mais ? Je pensais que vous vous reparliez !

- Oui, pour mettre en place la procédure !

- Oh, je suis tellement désolée pour toi.

- Non, t'as pas à l'être. C’est pas plus mal comme ça. On se mentait à nous même en espérant que l'on puisse y arriver, ensemble. »

Je décidai de rentrer dans son jeu et la laisser penser qu'elle venait de me convaincre. Qu'elle n'était effectivement pas atteinte par les démarches qu'elle était en train de réaliser avec l'homme de sa vie, qui allait dans pas si longtemps devenir son ex-mari.

Je n'étais pas surprise de cette annonce, pour moi, le mariage n'est plus ce qu'il était dans le passé et bien trop de personnes ne se rendent pas compte du travail et du dévouement que cela demande pour le maintenir. Aujourd'hui, dans le mariage, on trompe facilement, on ment facilement, on se déchire facilement et on divorce tout aussi facilement. La débauche dans les relations a tellement été normalisée qu'on ne s'étonne plus de la constater dans le mariage.

Les gens devraient faire comme moi, ne surtout pas s'engager et profiter du moment comme il vient. ça évite les souffrances inutiles.

« Je suis là pour toi dans tous les cas, tu le sais, lui rappelais-je en prenant sa main.

- Oui mais, t'inquiète pas ! Ça va, je suis bien.

- Ok. »

Encore une fois, je n'y croyais absolument pas, mais je savais que je devais être à ses côtes comme elle l'avait toujours été lorsque ça n'allait pas pour moi.

« Bon, si on allait manger, j'ai faim là. ça te laissera le temps de réfléchir sur ce que tu veux prendre.

- Bonne idée. On prend ma voiture ?

- Oui, j'ai dit à Tété de venir me récupérer dans trois heures.

- Ta vie est belle hein ! »

Nous quittions la maison en nous chamaillant comme toujours, puis rejoignions la nouvelle voiture que venait de m'offrir Benjamin, pour mon anniversaire. J'en étais complètement amoureuse. Une magnifique jeep cherokee blanche dans laquelle j'avais tout le loisir de me mouvoir dans n'importe quel coin de Brazza sans peur de me retrouver embourber ou autre, comme ça avait été le cas avec la petite Toyota Yaris que Samuel m'avait offerte. J'ai voulu la donner à Maddie pour lui faciliter ses déplacements mais son connard de mari a catégoriquement refusé, qu'elle prenne la voiture, sous prétexte qu'elle ne devait pas rentrer dans une voiture gagner à la sueur de mes fesses. J'avais bien envie de lui balancer une réplique salée, mais j'avais juré à Maddie de ne plus répondre à son mari. Je l'avais donc rendu à Samuel pour qu'il puisse la vendre et qu'il me donne le montant de la vente. Je devais d'ailleurs le retrouver en fin d'après-midi, aujourd'hui, mais je ne savais pas encore où ni à quelle heure.

Comme à chaque fois que l'on se retrouvait, on allait au "Jardin des saveurs" avant d'aller nager ou glander au bord d'une piscine.

« En montant dans la voiture j'avais une faim de loup mais là, plus rien. soupirai-je en descendant de la voiture. Je vais me contenter d'une salade ou …

- Excusez-moi, vous êtes Tonya Bakala ? m'interpella une femme. »

Je lui répondis machinalement oui, en rangeant mes clés dans mon sac, sans prendre le temps de regarder autour d'elle. Ce n'est qu'une fois que je l'entendis dire "C'est elle", que je levais la tête et constatais qu'il y avait plusieurs autres femmes à ses côtés, munies d'ustensiles qui n'avaient rien à faire dans les rues.

"Je t'avais déjà dit de laisser mon mari tranquille mais comme tu ne veux rien écouter, je vais te montrer pourquoi tu aurais dû m'écouter plus tôt, m'annonçait une femme qui s'était avancée pour me faire face.

Cette phrase aussitôt prononcée, je reçus un coup de pilon qu'elle tenait dans la main en pleine tête qui me désorienta littéralement. Je me retrouvai, au sol, la vision trouble, mais pas assez pour apercevoir une de ses amies se diriger vers moi et m'octroyer des coups de pieds dans le ventre. Je me tordais de douleurs tout en essayant de me recroqueviller et protéger mon visage. J'entendais au loin la voix d'Angie criant de la lâcher et d'arrêter de me violenter, mais elles n'en firent rien. Je me savais incapable de me défendre et espérais simplement que ce moment passerait vite.

Ce n'est que lorsque la douleur et la perception de ce qui se trouvait autour de moi me parurent flous, et que j'eue l'impression d'être plongée dans une pénombre totale que je crus pouvoir souffler. Je venais de m'évanouir.

« Tu devrais y aller David t'attend.

- Je lui ai dit que je ne rentrerai pas avec lui, je vais rester avec elle. Elle a montré des signes je te rappelle.

- Mais le médecin a dit que ça ne voulait rien dire. Qu'il pouvait simplement s'agir…

- Il ne s'agit de rien d'autres que du début de son réveil ! s'écria Maddie. Elle est en train de se réveiller et je veux être à ses côtés.

- Je te comprends parfaitement Maddison et c'est également mon souhait le plus cher mais….

- Il n'y a pas de mais Roland ! Je veux rester ici jusqu'à ce qu'elle se réveille. Je dois rester ici. Elle a besoin de moi, sanglota-t-elle. »

Je n'entendis plus rien si ce n'est des sanglots étouffés. J'en déduisis que Roland venait de la prendre dans ses bras. J'en eue la confirmation lorsque j'entendis comme des chuchotements. Ce devait être des paroles de réconfort qu'il était en train de lui donner. J'en étais presque persuadée. Pourquoi ? Parce que c'était l'un des rôles qu'il s'était octroyé dans nos vies ; celui de réconforter Maddison à chaque fois que je faisais une gaffe qui impactait sur elle.

Un autre de ses rôles était de me prendre la tête, d'autres diraient sermonner lorsqu'il estimait que j'allais trop loin.

J'étais certaine qu'avec ce qu'il venait de se passer, je n'allais pas y échapper et même pire, j'allais avoir droit à la grande leçon.

Ma tête était déjà en train de me faire mal mais rien que l'idée d'imaginer son monologue empirait ma douleur et je ne pus m'empêcher de gémir, ce qui attira leur attention sur moi.

« Tonya ! Tonya ! s’écria Maddie en me palpant un peu partout. Tu es réveillée ?

- Non je dors encore, c'est mon esprit qui parle seul, arrivai-je à articuler avant d'être prise d'une quinte de toux.

- Attends, Tiens, prends un peu d'eau. »

Maddie me tendit un verre avec une paille qu'elle porta à mes lèvres.

« Voilà, doucement… ça va mieux ?

- Oui, merci.

- Je vais appeler le médecin, entendis-je Roland dire.

- Ok, répondit Maddie le regard fixé sur moi, avec ce sourire bienveillant qu'elle m'offre constamment… même quand ça ne va pas. Tu sais que tu nous as fait peur ?

- Je suis désolée…

- Tonya, je t'aime et je ne supporterais pas qu'il t'arrive quoique ce soit, murmura-t-elle la voix presque éteinte.

- Il ne m'arrivera rien. Ce qu'il s'est passé était imprévu mais ne t'en fais pas, je vais rectifier tout ça.

- Justement non Tonya ! Y'a rien à rectifier, tu vas arrêter tout simplement ! cria-t-elle. J'ai pas envie de te perdre encore moins pour une histoire d'hommes ! »

Je grimaçais car le timbre de sa voix avait un effet sur mes maux de tête et elle le comprit car elle ne dit plus un mot jusqu'à ce que Roland revienne avec plusieurs personnes. Je compris qu'il s'agit de médecins et infirmiers.

Je réussis à garder les yeux ouverts pour répondre aux multiples questions que me posaient un des médecins avant de sombrer dans un sommeil.

*

*

*

« Non.

- T'as pas le choix Tonya, c'est ça ou tu viens chez moi, rétorqua Maddie les mains sur les hanches et l'air déterminé. »

Elle me faisait rire. Rare étaient les fois où dans le passé, je l'avais vu me tenir tête, parce qu'elle ne me tenait pratiquement jamais tête. Elle pensait ne pas en avoir les épaules, jusqu'au soir où elle tomba nez à nez avec la femme de Mathias qui, la prenant pour moi, la menaça verbalement. Elle était hors d'elle et la reprit comme il le fallait avant de venir me trouver et me reprendre à mon tour. Depuis, lorsqu'elle trouvait que je dépassais les bornes et qu'elle ne pouvait plus supporter, elle venait me le dire et m'arrêter avec le même air qu'elle prenait actuellement.

« Ce ne sera ni l'un ni l'autre, dis-je calmement en fermant ma valise avec la seule main valide qu'il me restait, la seconde étant plâtrée et en écharpe. »

Vraiment, cette bande d’idiotes avaient réussi l’exploit de me casser un bras, plusieurs côtes, une cheville et abimer mon visage avec quelques tuméfactions si et là, sur une lèvre inférieure fendue. Je priais intérieurement pour qu’elles se réjouissent de leur réalisation parce que le retour de bâton n’allait pas tarder et il allait faire mal.

« Mais si elle veut se débrouiller seule, laissez-la faire. C'est une grande fille.

- Merci pour ton soutien David, même si je doute qu'il desserve réellement mes intérêts. Enfin bon, ça va aller, je vais m'en sortir et si vraiment je n'y arrive pas, je t'appellerai. Je le jure sur la queue d'un homme marié infidèle.

- Tonya, soupira Maddie."

Je me retenais de rire devant sa mine gênée et fis descendre ma valise du lit, avec difficulté je devais l'admettre.

Elle n'avait pas l'intention de me laisser en paix alors je prévoyais de jour la carte de l'impudique de service.

Le jour de notre conception, je pense que c'est moi qui ai pris tous les mauvais gènes et qu'elle a récupéré tous les bons, résultat des courses, on se retrouvait avec une Maddie très prude n'aimant pas la façon dont je parlais avec autant d'aisance de tout ce qui avait attrait à "l'interdit". Ça la mettait tellement mal à l'aise que j'activais le mode "interdit" lorsqu'elle voulait trop me prendre la tête comme maintenant.

« On ne la fera pas changer d'avis, reprit David, alors laissons là faire.

- Pour une fois que ton mari dit quelque chose de sensé, tu devrais l'écouter !

- Tu vas parler autrement, s'irrita David.

- Sinon quoi ? lui demandai-je

- Sinon rien du tout, nous interrompit Maddie en se plaçant entre nous. David, descends d'un cran et Tonya arrête ce que tu cherches à faire. Tu vas venir avec nous.

- Encore une fois, il en est hors de question, mais merci pour l'invitation, terminai-je avant de me tourner vers ma valise."

Je voulus m'en emparer pour la faire rouler jusqu'à la porte, mais Roland, présent depuis le début mais toujours silencieux comme à son habitude s'en empara avec fermeté avant de déclarer très calmement.

« On vous appelle dès qu'on arrive. Si tu veux passer la voir Maddie, tu connais le chemin de la maison. David on s'appelle.

- Non mais qu'est-ce que tu fais là ? lui demandai-je surprise de son culot. Je viens de dire que je n'allais pas chez toi, ni chez Maddie ! Je peux me débrouiller seule. »

Je tendis ma main pour reprendre ma valise, mais il la fit changer de main et dis à mon attention :

« Tu viens de décider de ne pas aller chez Maddie et David, c'est forcément parce que tu viens chez moi et cette décision ne souffre d'aucune contestation. »

Je me mis à éclater de rire involontairement.

Je devais bien reconnaitre que cet air "je prends des décisions et tout le monde m'obéis", qu'il avait acquis et développé au contact de ses collaborateurs lui allait plutôt bien et avait son petit effet mais certainement pas sur moi. Je connaissais Roland, je le connaissais depuis notre plus tendre enfance. Je me revoyais courir après lui un margouillat dans les mains tandis qu'il me fuyait en pleurant et en appelant sa mère. C'était le petit intello de service qui passait son temps plongé dans les livres lorsque je ne m'amusais pas à préparer des coups tordus pour l'entendre crier dans la cour. Et aujourd'hui, il voudrait m'intimer de lui obéir ? Même si je le voulais ce serait impossible, c'est Roland, le chouchou à sa maman aka Roro le petit gros aka La binocle !

« Pardon garde ton français de dix mille pour ceux qui ne te connaissent pas et qui peuvent être impressionnés par toi, moi j'ai des choses à faire alors…

- A plus, lança-t-il à l'attention de Maddie et David avant de prendre ma pochette, la placer sous son bras et sortir avec ma valise.

- Roland ! »

Je me mis à crier son prénom dans le couloir et accélérai le pas pour le rejoindre avant qu'il n'atteigne la sortie, sans y parvenir. Il lui fallait deux ou trois enjambées là où il m'en fallait cinq voire six.

J'arrivai devant sa voiture complètement essoufflée et épuisée.

« La binocle ! l'intimai-je avant de prendre appui sur le capot de sa voiture, déstabilisée par le vertige qui s'emparait de moi. Un instant… il me faut un instant."

Je fermai les yeux pour tenter de m'apaiser rapidement et retrouver une certaine contenance.

Je sentis la main de Roland autour de ma taille, me diriger et je le suivis sans trop discuter.

« Assis-toi, me demanda-t-il en m'aidant à m'installer sur la banquette arrière de sa voiture.

- Ok, mais juste deux minutes, le temps que ça passe, dis-je en m'allongeant sur la banquette. Deux minutes, pas plus. »

Je n'aimais pas l'état dans lequel je me trouvais. Je m'épuisais rapidement en ne faisant pratiquement rien. Depuis maintenant une semaine que j’avais ouvert les yeux, je manifestais des symptômes, qui d’après les médecins annonçais ma guérison, bien étranges et frustrants : je m'endormais en pleine discussion, je me sentais toujours affaiblie et je n’arrivais pas à manger par moi-même. Ce n'était pas moi. J'ai toujours été celle qui se battait, celle qui osait, faisait preuve de pugnacité et d'audace en toute chose. J'étais vive, aux aguets et donc non vulnérable. Je n'avais pas le droit d'être vulnérable hier et aujourd'hui encore moins. Il fallait que je me reprenne. C'est sur cette pensé que je me sentis plonger de nouveau dans un sommeil.

Je me réveillai dans un lit douillet à souhait et sentant le frais. Un coup d'œil à la pièce me permis de deviner sans mal où je me trouvais : dans une des chambres d'amis de Roland.

Il y eue une période où certains soirs ou matins, la perception dépendait de l’angle que l’on choisissait pour voir les choses, après avoir consommé quelques litres d'alcool et avant de sombrer dans un profond sommeil alcoolisé, je contactais Roland pour qu'il vienne me chercher et je m'écroulais dans une de ses chambres. Il fallait reconnaître que sa maison était plus qu’accueillante et donnait envie d’y séjourner. Je me souvenais encore de son aménagement et du temps, ô combien long, qu’il avait pris pour sélectionner ses meubles et choisir sa décoration. Il expliquait cela par son envie de créer une atmosphère chaleureuse, familiale, où il fait bon vivre et que ses convives et lui-même quitteraient à regret. Comme toujours, je l’avais trouvé un peu trop sensible, sauf qu’une fois le résultat terminé, mon discours n’a plus était le même.

Mais enfin. Si dans d'autres circonstances, je pouvais profiter du moment pour me relaxer, aujourd'hui, je ne pouvais pas. Il était hors de question qu'il me voie dans un état aussi affaibli alors que je ne l'avais pas décidé.

J'entrepris de me lever et après avoir regardé l'heure et constaté que je dormais depuis au moins cinq heures, je gagnais son bureau où je le trouvai en train de travailler. Comme toujours. Dans cette pièce aussi, il avait pris le temps d’agencer la pièce parce qu’il savait qu’il y passerait énormément de temps. Tout en bois, il avait positionné des points de lumières colorés, à des endroits stratégiques de la pièce pour lui permettre d’optimiser son travail.

Sur le pas de la porte, je l’observais faire courir à vivre allure ses doigts sur le clavier de son ordinateur. Il portait ses lunettes de lecture et plissait légèrement ses yeux, signe qu'il devait être en train de bosser depuis un bon moment, probablement depuis qu'il nous avait conduit ici. Ce mec était vraiment un accro du travail. Je me demandais souvent s'il pensait à se détendre et faire autre chose que bosser ou aller à l'église. Oui parce que l'église c'est son autre obsession, m'enfin bon.

« La binocle, je dois rentrer chez moi alors lâche ton ordi et raccompagne-moi. »

Sans arrêter de tapoter sur son clavier, il leva les yeux un quart de seconde par-dessus ses lunettes puis les reposa de nouveau sur son écran d’ordinateur et fit comme si je n'avais rien dit.

« J'ai pas que ça à faire, repris-je, alors dépêche ! »

Il continuait de bosser comme si de rien n'était et lasse de son attitude, je finis par m’avancer pour refermer son ordinateur, ce qui le fit soupirer et retirer ses lunettes.

« J'avais oublié à quel point tu pouvais être chiante, lança-t-il en ouvrant de nouveau son ordinateur.

- Justement, je ne vais pas hésiter à être une vraie peste si tu ne me déposes pas dans les minutes qui suivent, annonçai-je avant de refermer de nouveau son PC.

- Tonya !

- La binocle ! »

Il se tut un instant puis s'installa confortablement au fond de son siège avant de reprendre.

« Tu ne vas pas rentrer ni aujourd'hui, ni demain ni à la fin de la semaine. Tu as besoin de repos et d'assistance. Ce n'est certainement pas chez toi que tu en trouveras.

- Et tu penses que c'est chez toi que je vais le trouver ? Ecoute, c’est super que tu veuilles m’aider mais je n’ai pas besoin de ton aide et si tu penses que cela te permettra de gagner des points avec moi, bah tu te trompes. On n’est pas dans un film, je ne vais pas tomber amoureuse de toi parce que je vais vivre ici. Toi et moi ça ne pourra jamais se faire même si tu étais le dernier homme sur la terre et même si on dormait nus dans le même lit, alors de grâce laisse tomber les plans sur la comète que tu prévoyais et laisse-moi rentrer chez moi. »

Je voyais bien qu'il n'était pas disposé à me laisser partir alors je décidais de sortir mon meilleur atout, le piquer là où ça pouvait lui faire mal. Je le savais amoureux de moi depuis notre enfance et espérer en secret une possible relation entre nous. Je m'évertuais à lui faire comprendre gentiment que ce ne serait pas possible excepté les fois où il me prenait la tête. Dans ces moments-là, je me montrais particulièrement virulente avec lui et usais de tout mon vocabulaire le plus odieux pour le lui faire comprendre. Ça le blessait toujours et je finissais toujours par avoir la paix.

« Tu veux que je te dise une chose, je ne le fais absolument pas pour toi mais pour Madison, parce que je sais qu'elle s'inquiète pour toi et que te savoir ici la rassure. Si tu ne veux pas rester tu en as le droit mais essaie pour une fois de ne pas penser qu'à toi. Ta sœur est paniquée à l'idée que tu puisses être de nouveau violentée dans la rue par une bande de femmes ou que tu ne te rétablisses pas de tes cicatrices qui sont bien plus profondes et intérieures que ce que l'on peut voir. Tu veux retourner chez toi pour monter ton plan et te venger, libre à toi, mais avant de le faire pense un instant à ta sœur et laisse-lui au moins le temps de souffler avant de se remettre à paniquer pour toi.

- Euh… depuis quand tu me parles comme ça ?

- Depuis que t'as un problème avec le fait qu'on te parle avec gentillesse.

- Et qu'est-ce qui te fait croire que j'ai l'intention de me venger ? »

Il arqua un sourcil l’air de me dire qu’il me connaissait depuis assez longtemps pour savoir que j’avais déjà fomenté un plan, tout ce qu’il y avait de plus tordu. Ce qui était vrai. Je décidai donc de changer de sujet.

« T'es maintenant amoureux de Maddie ? J'espère que t'es conscient que David est un gros connard et qu'il n'hésitera pas à te mettre la tête à l'envers si tu tentais quoi que ce soit.

- Merci pour l'information, j'en ferai bon usage le temps voulu.

- Donc t'es vraiment amoureux d'elle ? m'exclamai-je faussement choquée. »

Il poussa de nouveau un soupir puis reprit son ordinateur, mit de nouveau ses lunettes et se remit à pianoter dessus, faisant fi de ma présence.

Il savait qu'il venait de réussir à me convaincre et que je n'allais pas partir, du moins, pas maintenant.

Dans tous les cas, la vengeance est un plat qui se mange meilleur froid que chaud. Attendre quelques jours pour la mettre en place n’allait pas être plus mal.

« Bonsoir papa, bonsoir maman »

Je me tournai vers la porte où se tenait Sophia. Elle donnait l’air de vouloir se fendre dans la porte et ne faire plus qu’un avec elle. Elle donnait l’impression d’être de plus en plus timide et d’après les retours de Roland, elle ne semblait toujours pas s’être intégrée dans sa classe et ne semblait toujours pas avoir d’amis. Ça en devenait triste.

« Hey, coucou princesse, comment ça va ?

- Bien papa.

- ça s’est bien passé ton week-end avec mamie ?

- oui.

- Elle est là ?

- Oui. Elle est dans la cuisine.

- Okay, j’arrive. »

Il referma son ordinateur, contourna son bureau puis deux secondes plus tard, il sortit de mon champ de vision. Je suivais ses pas jusqu’à l’entrée des couloirs menant aux chambres, puis pivotais sur ma droite et m’empressais de me réfugier dans ce qui allait être ma chambre pour la semaine.

Je m’étalai sur le lit et entrepris d’envoyer un message à Angie quand des petits coups furent donnés à ma porte.

« Oui ? »

Sans surprise, la porte s’ouvrit sur Sophia, toujours aussi timorée et effacée.

« C’est… c’est mamie. Elle dit qu’il est l’heure de manger.

- Dis-lui que je n’ai pas faim.

- Elle, a dit… que…. Que si tu disais que …. Que… tu n’avais pas faim, elle, euh… Elle… »

Elle semblait chercher ses mots quand de façon très audible, on entendit :

« Je vais lui botter les fesses et la taper plus fort qu’on ne l’a fait jusqu’à présent. »

- Voilà, reprit Sophia. Elle… elle va faire ça. »

Je soupirai. Voilà pourquoi je ne voulais pas rester ici. Je ne suis pas prête à supporter tout ça.

Contre mon gré, je me levai du lit et suivis Sophia jusque dans la salle à manger où la table était dressée et où Roland et son altesse sa mère était déjà installée. Il y avait deux places vides ; une à côté d’elle et l’autre en face d’elle. Je pris place sur le siège en face d’elle et laissai à Sophia l’honneur de s’asseoir à côté de sa mamie. Mais à mon grand étonnement, elle prit ses couverts et son assiette pour s’asseoir à côté de moi.

« Tu préfères t’asseoir à côté de l’impoli qui te sert de mère ? demanda son altesse. »

Ce à quoi Sophia répondit par un acquiescement positif.

« Soit. Roland, tu peux prier ? »

Il acquiesça à son tour puis pria pendant de longues minutes avant de lâcher un « amen » de délivrance qui nous permis d’enfin nous servir. Je constatai qu’au menu, il ne figurait que des plats que je détestais royalement et que je pouvais vomir sans forcer. Je me préparais mentalement à constituer une assiette « acceptable » mais s’étant sans compter sur son altesse qui semblait avoir décidé de me faire chier aujourd’hui. Elle prit mon assiette et la remplit de soupe de bouillon sauvage accompagnée d’une tête de poisson silure et des épinards.

« Pourquoi tu fais ça, tu sais très bien que je déteste les bouillons et les épinards ?

- On s’en désintéresse de ce que tu aimes ou détestes. Tu es en convalescence donc tu dois manger ce qui est bon pour ta santé. Quand tu arrêteras tes âneries, et que tu te soucieras de toi-même, alors peut-être qu’à ce moment-là, on s’intéressera à ce que tu n’aimes pas. »

Je voulais lui répondre et elle le savait. Elle savait aussi que je n’allais pas le faire, non pas à cause de son âge ou même de qui elle était, il y avait bien longtemps que j’avais brulé cette carte, mais parce qu’il y avait Sophia. Je faisais des efforts lorsqu’elle était dans les parages. Ce qui fit sourire son altesse qui enfonça le couteau dans la plaie en ajoutant un :

« Bon appétit. »

Conneries.

Continuer

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