Nuit tombée
, du matin j
rs, Tibo fut tiré du sommeil par une agitation quelque peu inhabituelle qui s'efforçait de se faire discrète, mais que, collé à sa natte, les yeu
mains jointes, les paupières closes. Alors, tous unis dans cette posture d'humilité si caractéristique, les enfants se mettaient à l'écoute du père, offrant au Père Céleste leurs prières matinales entrecoupées d'une succession d'Amin! Amin! Amin! : « Ainsi soit-il ! » Et il en était ainsi tous les matins aux aurores ! Tous les matins, sauf les jours où, dû aux nécessités de son commerce, Père devait se rendre dans un pays lointain pour une plus ou moins longue absence. Tous le
ccomplir quelques gestes post-réveil essentiels. De retour, il manifesta à l'égard de chacun les égards rituels qui lui étaient dus, comme il seyait à chaque lever du jour. Or, tandis que Tibo eut l'impression quelque peu gênante de n'avoir pas été entendu par le père, la mère, elle, prit
« Omon Ogódó njá ekun
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le sens intime de cette parole lui était alors inconnu, voire inaccessible. Mais c'était la première fois qu'il se sentait si profondément touché, ému, bouleversé par les sonorités musicales et poétiques de ces
», que sa taille de bonsaï n'empêche guère de porter des « fruits d'argent » : tout un programme ! Un surnom cependant si long, si lourd à porter pour un bébé ! Grand-père aurait pu choisir quelque surnom du genre « Hau
e bord du lit en terre battue, à l'autre bout du salon, et à l'opposé du coin-cuisine d
par cet étrange lever du jour où les choses se déroulaient autrement qu'aux autres levers du jour, selon un ordre et sur un rythme tout à fait inhabituels. Au point que Tibo peut s'apercevoir, quelque peu perturbé que certains regards qu'il c
son retour, sans un mot ni un simple regard pour personne en cette demeure. Au point que le rituel matinal d'échanges de
omme ait entamé une période
mots et de la parole ! L'unique fois où le père daigna « détacher » cette bouche pour la première fois depuis son retour du temple, ce fut pour donner des instructions aux frères aînés, priés de s'en aller au champ là-bas, à Akiaga, où quelques tâches saisonnières seraient en attente d'être exécutées. Récupérant da
flammes ardentes enserrèrent d'une folle étreinte la marmite fermement soutenue par un trépied en terre cuite. Et il ne s'en fallut pas d'un long temps pour que toute la
istante Ersa d'éteindre le feu qu'elle avait allumé. En retirant du feu les bouts de bois, d'eau froide elle les aspergea d'un geste de la main qui déclencha aussitôt une violente éruption de cendres et de
Mais quel spectacle, quel spectacle grandios
ts s'apaisèrent, et les choses retour
il eût suffi de quelques restes du repas de la veille ou, à défaut, d'un bol d
et de la basse-cour mêlaient leurs chants aux chants du monde. Les chemins des champs, les chemins des marchés, les chemins du marigot s'animaient. Les salutations
. « Kókó mion dowu» – une bouillie ayant le « feu au corps » ! Comme si toute l'énergie reçue du feu était préserv
e d'où on vit s'échapper tout à coup une légère bouffée chaude quand elle en souleva le couvercle. Aussitôt servie, Lilly revint s'installer au bord du lit en sirotant sa bouillie subtilement aromatisée. Sans se faire prier, Ersa et Tibo se levèrent et allèrent tour à tour se faire servir. Au menu du petit-déjeuner ce
our de rôle ou à deux dans cette chambre des parents. À un moment donné, Père émergea, tenant à bout de bras une malle en bois d