Voyou et la loi du plus fort
, il lâcha le bonhomme pour rejoindre à grands pas l'endroit du mur indiqué par l'index du jeune homme lui montrant des traces de sang sur le mur. La façade de ce bâtiment,
t plus jamais parlé ainsi de Voyou à Gréco. Celui-ci se trouvait à présent dans la rue, plus vindicatif que jamais à suivre les traces laissées par le chien. La bête devait souffrir mais qu'importait, il vociférait, admonestant les voisins comme les passants ébahis en les agressant plus sûrement qu'il ne les suppliait de n'avoir pas su s'occuper de l'animal blessé. José demeura impassible face à cet être véritablement désaxé, n'ayant jamais atteint un tel paroxysme de haine, de violence et de douleur à la fois. Il en fut si indigné qu'il préféra laisser ses compères continuer sans lui cette démonstration de force. Témoin depuis toujours des humeurs fantasques de son ami, il décida dès cet instant de mettre de la distance entre eux et lui, pour un temps du moins. L'état d'esprit dans lequel il se trouvait ce matin lui ôta tout regret concernant le coup asséné à Gréco et, en y repensant, elle lui procurait même une certaine satisfaction tandis qu'il s'éloignait en pensant à Voyou. Les bruits de la rue ne l'empêchaient nullement de se souvenir de cette nuit et de toutes les autres avant elle où il assistait sans y prendre goût aux massacres de chiens. Lié à Gréco par des années d'obligations ou autres services rendus, il subissait sans broncher son emprise grandissante, le privant le plus souvent de l'unique argument qu'il possédait depuis toujours ; sa conscience. Combien de fois le sablier de sa petite existence a-t-il offert de temps à cet irresponsable donneur de leçons, convaincu de sa raison ? Parmi ses admirateurs, séduits par sa beauté sauvage et son corps d'athlète, nombreux furent ceux qu'il dupa dans ce quartier où l'apparence domine. Aussi, personne jamais, encore moins lui José, n'osa mettre en doute son talent de hâbleur ni la pertinence de ses propos lorsque le besoin s'en faisait sentir, était-ce de l'appréhension ou de la peur ? Sa suffisance ne vint que bien plus tard, lorsque la soumission de certains à sa volonté, opprimés ou non, firent corps avec son altière personne, grandissant son image, pour en faire un chef de bande, Gréco avait bien changé. Devenu le pivot de ce petit monde d'indisciplinés, il attira sur lui les feux de la rampe de cette petite banlieue, jusqu'à, peu à peu, faire le tri dans le rang de ses admirateurs. Les souvenirs de ses débuts parmi eux troublaient José, longtemps assujetti aux dures lois de la rue, le minus qu'il était aux yeux de tous, devint avec fierté le cadet d'un Gréco ambitieux. Celui-ci sachant manier son monde, se vit aussitôt promu au grade de « couillon » de service auprès de cet homme d'influence, pour le rester jusqu'à ce jour. Il n'en alla pas de même pour la bande qui, à force de conflits d'ambition et autres prises de position de certains à refuser son autorité, explosa po