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Dans les bras du Wendigo

Chapitre 5 Chapitre 5

Nombre de mots : 4695    |    Mis à jour : 03/11/2021

siette fumante et bien remplie devant moi, j'ai eu du mal à ne pas me jeter dessus comme un animal. En ce vendredi soir, après une longue semaine de travail, je ne peux que manger avec a

on hôte me fait face. Ses cheveux d'un noir lustré, qu'il a visiblement séchés avec une serviette puis brossés à la va-vite, sont en quelque peu bataille. Il a aussi changé de vêtements et un nouveau t-shirt gris met toujours en valeur ses impressionnantes épaules. Il est vraiment magnifique... et passionnant. Mon cœur s'

e d'hybrides il y a une décennie, lorsqu'il a recueilli une portée de louveteaux orphelins à quelques kilomètres d'ici; la chasse aux loups était autrefois pratique courante dans cette épaisse forêt entourant la propriété. Quoiqu'il en soit, au fil des années, sa meute n'a jamais cessé de grandir. Ce qui était d'abord son hobby s'est transformé en sa principale, puis son unique source de revenus... Aujourd'hui, entre diverses activités dont beaucoup d'attelage et l'entretien

n s'amusant bruyamment avec les jouets qu'on lui a donnés. Comme c'est bel et bien mon nouveau toutou, le trentenaire m'a gentiment permis de l'emmener avec nous.

aisant plus partie de ma vie, j'ai trouvé en eux un peu de compagnie. C'étaient des lévriers irlandais qui, pl

me glisse une première information personnelle à son sujet. Celle-ci retient mon attention et pique ma curiosité. Sa famille ne fait donc plus partie de sa vie... C'est aussi mon cas et je sais à quel point une telle chose est douloureuse. Bien sûr,

'est-il passé avec ta famille? Pardonne-moi si

n mignon. Je n'ai jamais invité quelqu'un dans cette maison avant toi,

lors ma propre figure aux joues rougies sur les ustensiles en argent qui la reflètent. Mes sourcils sont toutefois froncés, perplexes, et je hausse finalement les épaules avant d'oser parler avec plus de vigueur. Tandis que mes

quoi m'avoir invité mo

Jamie : tu as quelq

spectaculaires... Il attrape son verre de whisky afin d'en avaler dare-dare une quantité généreuse. Ni une ni deux, mon regard émeraude s'écarquille. De toute évidence, mon air sceptique ne lui plaît pas et surtout, j'ai l'impression qu'il me met au défi de creuser davantage. Il est prêt à m'expliquer exactement ce que

mon repas. C'est peut-être pathétique, naïf, mais la manière dont le colosse soutient fermement l'intérêt qu'il me porte me fait chaud au cœur... Rares sont les fois où quelqu'un

ines choses de moi que je ne pouvais pas leur offrir – enfin, que je ne voulais pas leur offrir. Prendre la relève, me marier avec une femme et avoir des enfa

e j'aperçois d'autant plus la tristesse voilant ce magnifique visage de dur à cuire, la compassion me fait souffrir de plus belle. L'or de ses iris n'est plus aussi éclatant et ces derniers s'égarent un tantinet dans le vide, ce qui ne lui ressemble pas. J'ai sur-le-champ envie de l

suis profondément dé

très bien, alors je t'en prie, ne fai

t immobile sur ma chaise, je suis du genre émotif... beaucoup trop émotif. Je déteste ça, pourtant je n'y peux rien. Jamais qui que ce soit ne m'a décrit quelque chose d'aussi familier auparavant et ça me prend aux tripes, point à la li

i « ce destin n'ét

t de m'apaiser un brin et de me remplir la panse pour de bon. Je l'imite donc, moins calmement cela dit, car ce suspense a de quoi me rendre nerveux. Mon petit corps athlétique est crispé, ce qui ne peut que sauter aux yeux vu ma moulante chemise marine. Le col de celle-ci est d'ailleurs en partie déboutonné, laissant ma gorge bien déco

ntant peut-être mon trac et m'apportant son soutien... Il attire ainsi mon attention et sa présence réussit d'emblée à me distraire agréablement. Je me penche alors tout en mastiquant, jusqu'à ce que sa truffe humide et mon nez retroussé se touchent. Mes doigts affectueux encadrent simultan

riangulaire et cette ravissante fourrure rousse, sa beauté est pourtant sans égal... Plus je le regarde, plus j'en tombe amoureux! Sur ce, mes prunelles balaient la pièce. La tapisserie murale, de couleur crème, imite la brique ici et là. Les meubles sont en bois m

c'était à

vrai délice! Merc

sir est pour m

iné. Il me fixe ensuite plus que jamais, tellement que mon pauvre cœur malmené en loupe quelques battements. Sa voix est toujours profondément chaleureuse et détendue, mais un sérieux incommensurable happe tout à coup sa figure. Cette mystérieuse lueur qui brille constamment dans ses billes ambre décuple en intensité. De vives flammes orangées s'élèvent dans son regard indétachable de mon être... L

pas parce que ce sont les hommes q

ine la gorge et la poitrine. Bien sûr, je savais déjà qu'il était gay lui aussi, même si je peinais à y croire. Après tout, comment ne pas s'en rendre compte? Il me dévore des yeux depuis que j'ai mis les pieds sur son balcon. Ce qui me surprend – et m'émeut – de la sorte, c'est plutôt la façon dont il l'énonce désormais haut et fort. C'est la réponse rêvée à ma question précédente. C'est ce que je souhaitais viscéralement entendre. Moi, j

s un seul bruit. L'ombre de sa carrure incroyable m'engloutit donc. Son souffle brûlant lèche mon minois abasourdi. À l'aide de ses iris d'or pur, il s'engouffre dans les tréfonds de mon âme tandis que nos nez se frôlent. Il est proche, tellement proche... Chacun de ses traits, endurcis au fil des années et d'une magnificence absolue, s'imprime sur ma rétine brouillée par les larmes. Quant à son odeur incarnant la virilité même, elle gorge mes narines qui

l a de toute évidence quelque chose de très intime à me dire d'abord. Je ne respire plus, comme si on m'avait enfoncé sous l'eau.

C'est la première fois que je croise de magnifiques yeux verts comme les tiens... Tu es un ange ou qu

'en prie,

e peu. En revanche, alors qu'ils sortent de cette séduisante bouche entourée d'une barbe sombre, ils me vont droit au cœur. Ils me touchent. C'est vrai, ils sont imprégnés par une sincérité et surtout une intensité qu'il m'est impossible d'ignorer... J'essaie quand même, en suppliant Lincoln d'arrêter à demi-mot et en fermant de plus belle les paupières. J

x et la sécurité : c'est tout ce que je veux en ce moment. Rien ne m'a autant excité, tenté, interpellé auparavant. C'est vrai, j'ai l'impression voire la conviction qu'il peut guérir mes mille et un maux en un éclair. Je suis sûr que je peux trouver tout ce dont j'ai cruellement manqué, tout ce dont j'ai toujours rêvé, tout ce dont j'ai tant besoin à ses côtés... Mon drôle d'instinct est

q ans et pas une seule fois dans mon existence de merde, quelqu'un n'a pu m'attendrir. J'a

rieure et vulnérable. À travers son t-shirt en coton gris, ses puissants pectoraux sont gonflés à bloc. Ses bras larges comme de satanés troncs d'arbres forment des barrières tout bonnement infranchissables. Leurs veines grouillent presque sous cette épaisse peau bronzée... Martelé par les battements de mon cœur en pleine panique, mon torse diablement menu en comparaison avec le sien est sur le point de fendre. Mes paumes moites, jusque-là clouées sur mes cuisses, plaquent maintenant ses épaules massives. Je pousse péniblement de

Même mes clébards, qui sont inapprochables d'habitude, t'ont tout de suite aimé! C'est dingue, c'

ux. Lui, en revanche, il est prêt à y succomber volontiers, là tout de suite. Ce n'est pas aussi simple pour moi. A-t-il oublié ce que je suis, ce qu'il me répète lui-même depuis tout à l'heure? Je suis un « gamin », un fichu gamin de vingt ans oui! Fuyant mon homosexualité et les gens en général, je n'ai même jamais eu de copain ni de rapprochement intime quelconque avec un autre mec... Une moue crispée, tourmentée se dessine alors sur mon minois parsemé de quelques grains de bea

ais le moindre mal. Je prendrai soin de toi, c'est une promesse. Reste avec moi cette

si entrouvertes, pour aller s'écraser contre celles appâtées de Lincoln... En un éclair, il passe enfin à l'acte. Il franchit les derniers millimètres nous séparant afin de m'embrasser. Le baiser si prometteur n'a pourtant pas lieu : il percute plutôt l'une de mes paumes, qui fait barrière entre nos bouches fébriles. En effet, je bloque de justesse sa tentative effroyablement romantique. Je presse alors très t

ncoln! Arrête,

doucement chacun de mes poignets réticents puis les déplace à sa guise, sans la moindre difficulté. Ceux-ci sont bientôt coincés ensemble, entre mes pectoraux qui se soulèvent à un rythme frénétique. À défaut de m'embrasser, il dépose longtemps ses lèvres minces, sèches et viriles sur mon front. Cette fois, je hoquète ma s

u devrais suivre ton ins

laissent... complètement bouche bée, éberlué. Je le contemple alors presque violemment, avec de gros yeux. Il ne bronche pas et mon expression se décompose peu à peu. Mon « instinc

salle de bains? S'il te plaî

es sont en profond désaccord. Putain. J'ai tellement envie de le laisser « prendre soin de moi », comme il me le propose si amoureusement... Aucun doute, rejeter ce formidable coup de foudre est un véritable supplice. Décevoir le séduisant trentenaire, qui vient de me déballer tout ce qu'il ressent sur un plateau d'argent,

e porte à droite. Prends tout le temps

ne me touche plus et se contente de me scruter attentivement du haut de ses deux mètres. J'ignore ses paroles encore une fois pesantes et m'empresse de me lever à mon tour. Mes jambes sont un peu faibles et i

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