Parcours de vie: Handicap, expériences et enseignements
d'être stigmatisé à leur égard. Il s'agit de monsieur Abdouraouf et Adifaon, tous deux originaires de Kangani. Notre amitié me paraît aujourd'hui très extraordinaire dans la mesure où il
s savez, chaque fois que je pense aujourd'hui à ces amis, je m'aperçois combien la vie est bel
hutes dont les conséquences pourraient être plus graves. Cependant, l'audace juvénile et la volonté de ne pas s'excommunier aux autres étaient encore vives. À l'époque, pour se baigner ou laver les linges, les garçons et les filles allaient à la rivière qui se trouvait, environ, à un kilomètre du village. Et ce, pendant les saisons des pluies mais pendant les saisons sèches, on en faisait encore plus. Tous les jeunes garçons y allaient pour prendre leur douche, y compris moi-même si ma mère ne le voulait pas. La rivière était non seulement loin mais aussi dans des endroits glissants et rocheux. Au sein du village, je participais à tous les jeux : les cache-cache, les cartes, les dominos, le box et les pétards. J'étais très audacieux et je ne voyais que mes aptitudes positives. À chaque situation, je trouvais toujours une manière ou une tactique qui facilitait ma participation et mon épanouissement. Aujourd'hui, tout cela, me semble-t-il, n'avait qu'un seul biais, celui de vouloir exprimer ma forte envie d'être célèbre et sociable malgré mes limitations. À huit a
suis retrouvé dans une désolation inédite. L'instituteur de la classe de CE1 refusa de m'accueillir dans la classe. Tous ses collègues essayèrent de le dissuader pour revenir à sa décision injuste mais il fit la sourde oreille. Mon père dut intervenir pour l'expliquer et le raisonner sur mes particularités mais ça n'a pas marché. Je fus expulsé de l'école et renvoyé à la maison. Je pleurais tous les jours car l'école me procurait une certaine vitalité à vivre et une perspective de réussite. Toute l'ardeur et l'enthousiasme que je ressentais pour la rentrée scolaire se transformèrent en une douleur morale dévastatrice. Je restais très accablé chaque fois que mes camarades passaient près de notre domicile à
he en 1989 par Handic
handicap aux Comores à 0,6 % en moyenne sur 2386 personnes handicapées. L'ONG ayant pour vocation la solidarité internationale, ne put appareiller que le 30 %. Je fus accompagné pour à peine six mois aux bâtiments du CHN - El-Maarouf à Ngazidja. Les deux jambes sont appareillées pour
e fille handicapée, marchant en fauteuil roulant manuel. Elle s'appelait Zaïnaba, originaire de Mohéli. Elle décéda au cours de notre séjour à l'hôpital. Que la paix soit sur elle. À mon âge, je ne pouvais pas savoir les causes de son décès. Mais