Chaïm, une itinérance
pit
mes frères,
ts de colè
hai Ge
lage, ou du moins ce qu'il en re
Les gestes saccadés de sa mère, elle si calme et posée à l'accoutumée, étaient éloquents. Les allées et venues de son père, de la cave au grenier, lui disaient qu'il allait se passer quelque chose. Chaïm enfant ressentait l'anxiété, le
écrouler. La promesse de vie soutenait l'enfant qui se croyait perdu au bord d'un abîme, ainsi que ce héros d'un conte qui venait d'échapper à un tigre en tombant d'une falaise. La bête rugissait, furieuse, tout près de lui. Dans l'effroi, Chaïm s'accrochait aux paroles, à la voix, comme cet homme tenait serrées les racines d'un arbre providenti
t ces chants, l'enfant ne le savait. Ô la voix de la mère ! Souple comme une chevelure, libre comme l'oiseau, elle était liane où la
, à cause du bruit, volatile. Quand les coups de hache ont entamé les volets, la peur cette fois-ci a vrillé les corps. Ils se sont tous assis par terre, collés au mur, comme pour s'y fondre, le traverser et attendre. Attendre que le dehors surgisse dans l
n ami. Il se souvient d'avoir refusé au plus profond de lui cette idée bouleversante. Il avait fermé les yeux, il avait serré très fort les paupières, il avait comprimé son souffle. Non, ce ne pouvait être lui, ce garçon avec lequel il aimait tant entrer en compétition, à l'
, ceux des parents où ni peur, ni supplication, ni agressivité, ni défi ne perçaient. Ils se rendaient, ayant perdu la bataille d
st tombé. Combien de temps cela avait-il duré ? Une éternité. Ce jour-là, l'horreur leur fut épargnée ; une voix au gr
rt. Ils n'osaient pas croire au reflux de la
ent été brisés, les vêtements déchirés, piétinés. Un
cliché qu'il a si souvent questionné pendant sa longue errance. Pas de haine dans les yeux ni même de résignation : à bi
ient, mains derrière le dos, jambes prêtes à prendre leur élan. Non pour fuir, mais pour partir. Il n'est déjà plus d'ici, se refuse au malheur. Il veut reconstruire sa vie ailleurs, ne pas s'acc
le grand-père, que ce dernier ne sera jamais le dévot qu'il aurait voulu qu'il soit. Pas de synagogue pour celui-là qui croit plu
est si fier et regarde l'objectif, affronte le photographe sans ciller. Il croit qu'il ne sera pas comme les grands. Qu'il osera résister, qu'il se battra. Il ne veut
ait déjà d'un autre monde. D'autres paysages lui avaient été offerts, d'autres mots, de ceux écrits par des gens d'ailleurs, qui ne pensaient pas comme ceux d'ici. Elle ne marchait pas, elle flottait ; tout lui était permis, ou presque. Elle se battrait pour vivre comme elle l'entendait. L'enfant avait lu cet espoir dans ses yeux et le partageait. Il avait souri pour dire sa tendresse et sa loyauté. Elle avait juste froncé légèrement les sourcils ; plus un questionnement qu'une crainte. Certes, Chaïm était encore trop jeune pour échapper lui aussi à la contrainte. Il subissa
Il avait terriblement froid l'hiver mais savait se réjouir de la fraîcheur qui y régnait l'été. Il ne se départait jamais d
depuis, l'avait si souvent remarqué ! Il ne manquait à cet homme que la parole. Seuls des bruits s'échappaient de sa bouche, des bruits qu'il ne maîtrisait pas, des bruits que l'on ne pouvait pas interpréter. Sauf le rire en cascade qui remuait toute sa carcasse, et donnait à chaque fois envie de l'accompagner. Chaïm s'était souvent senti comme rafraîchi, baigné par ce torrent de rire, il avait aimé cette gaieté qui le soulageait de ses inquiétudes, du poids de la douleur, de l'angois
ns gestes violents, sans morgue et sans provocation aucune, et imposaient le silence à ceux qui les insultaient. Il se souvient combien il avait été fier de les avoir vus réduire au silence un groupe de jeunes hommes agressifs qui les accusaient, à tort bien entendu, de vendre sur le marché des produits beaucoup trop chers et, qui plus est, avariés. L'enfant qu'il était avait reconnu les qualificatifs injurieux lancés en polonais par ces excités qui insultaient ses parents. Il avait senti en lu
amille. Aujourd'hui, à revoir cette photo, il ne regrette pas qu'elle ait été prise. Sa mémoire s'
rqué le coup d'arrêt de l'horreur ? Comment lui, enfant avait-il pu le regarder et comment pouvait-il aujourd'hui ne plus s'en souvenir ? Quelle douleur, quel malheur avaient gommé l'horreur ? Non, décidément Chaïm ne voit rien, il ne se souvient pas. Mais à cô
s et ne sont plus. Il a questionné les quelques survivants qui les avaient connus. Un seul a fini p