Les marionnettes de Lannu — Tome 2
nt encore sous le choc. Visiblement, il n'aimait pas le goût du sang humain. Mais aussi, quelle humiliation ! De chasseresse, elle éta
Un peu plus loin, elle aperçut quelques prises sur la paroi. Elle allait ramper jusqu'à là et essayer
continuait à couler à l'intérieur de la bouche tandis qu'il lui semblait sentir encore le souffle fétide du fauve. Et puis, surtout, elle avait honte d'avoir échoué ainsi et
e avait dissimulé sous une grosse pierre une couverture de peau d'ours, de la n
pression éternelle de sa déchéance. Elle se nourrit ensuite de viande séchée, presque à regret, sa mâchoire lui faisant mal et lui remémorant douloureusement sa mésaventure. Assise tristement sur l'herbe, elle cherchait en elle le courage pour rentrer au village, d'assumer son échec et sa honte. Elle tourna la tête vers la montagne et sursauta. La panthère, elle était là, assise sur un rocher, l'observant tranquillement, presque avec
it de sa complète déchéance, mais elle ne ralentit pas. Elle releva la tête, elle as
'un coup de lance dans le cœur. Après avoir tourné dans tout le village, elle finit par se diriger vers une des caches de nourriture, vide ! Les assaillants étaient venus piller leurs vivres. Cette année, la chasse avait été abondante et les réserves étaient pleines, mais elle avait entendu les hommes parler de tribus dont les réserves étaient si basses qu'ils risquaient de mourir de faim durant l'hiver à venir. Mais pourquoi un tel déchaînement de violence ? Pourquoi tuer les femmes, les enfants ? Quelle haine pouvait justifier cela ? Elle retrouva sa mère sous un tas de cadavres et se mit à genoux devant elle. Sa mère ne l'avait jamais aimé, la traitant durement, voire avec violence et mépris, mais c'était sa mère, les souvenirs de son enfance. Elle resta éveillée, prostrée, un peu perdue, durant toute la nui
pas vraiment triste, plutôt désolée. Ces hommes et ces femmes ne méritaient pas ça et avec ces flammes, c'était une partie d'elle-même qui
pourquoi. Que pouvait-elle faire contre ce qui semblait être une centaine de guerriers aguerris ? Mai
victime. Elle reconnut les agresseurs tout de suite, grands, la peau sombre et le crâne rasé. Des Natoufiens, ils étaient réputés pour leur cruauté et toutes les tribus les craignaient, ils vivaient de pillages, attaquant régulièrement les tribus
t criaient, certains luttant sous les hourras des autres. Ama comprit aussitôt, ils étaient saouls, buvant dans des gourdes de cuir qu'ils jetaient au sol une fois vide. L'alcool était un fléau dans les tribus. Distillé à base de blé
rc, encocha une flèche, banda son arme et tira. La flèche vint se planter dans l'œil du garde et finit sa course dans le bois de l'arbre, le maintenant ainsi dans sa position initiale. Sa pipe glissa de sa bouche et tomba sur le sol. Ama sentit ses mains trembler un peu et la douleur au bout de ses doigts se réveilla. C'était la première fois qu'elle tuait un homme et même si ce n'était qu'un meurtrier, elle ne ressentait aucune joie. Elle se reprit, il y avait deux autres guetteur
son carquois rempli de longues flèches noires, puis retourna près du premier guetteur qu'elle avait abattu. Elle ne le regarda pas, ce qui l'intéressait c'était le feu. Elle prit quelques flèches et en enroba les pointes avec des morceaux de vêtements de peaux qu'elle découpa sur les vêtements du mort. Elle versa dessus de l'alcool issu de la gourde posée à côté de lui et les enflamma avant de les tirer sur les tentes en contrebas. Les flèches se plantaient dans les tentes avec un petit bruit mat qui lui semblait assourdissant, mais personne ne ré
quelques hommes sortirent encore des tentes en hurlant, le corps en feu avant de s'effondrer après quelques pas. Ama se sentit ma
ue de tous, contemplant son œuvre comme paralysée devant ces conséquences. Elle se ressaisit, attrapa le carquois plein du premier garde et partit en courant vers la montagne. Elle savait q